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Compte-rendu de la conférence de Carlos González sur l’autorité

Par Lise

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Après sa conférence sur l’alimentation de l’enfant, dont vous pourrez trouver le compte-rendu ici, le docteur Carlos González, invité par l’association Grandissons à Cagnes-sur-Mer a développé le thème de l’autorité et les limites.

Pour rappel, ce pédiatre espagnol est fondateur d’une association catalane d’allaitement maternel, partenaire de La Leche League et auteur de plusieurs livres, dont deux qui ont été traduits en français (Mon enfant ne mange pas, et Serre-moi fort).

Des limites ?

Il démarre sa présentation en montrant plusieurs affiches d’associations d’enfants handicapés, dont les textes exaltent la volonté de leur permettre de « vivre sans limites », se demandant  pourquoi les parents dont les enfants ne sont pas porteurs de handicap tiennent tant à  en imposer à ces derniers. Bien sûr, dit-il, il existe de nombreuse limites « normales », telles que ne pas boire de lessive, ne pas posséder de chameau à la maison… toutes ces choses que chacun sait sans livre, qui ne sont pas des limites artificielles. Eh oui, le titre de la conférence était ambigu : ce dont parlera le docteur González, c’est des limites de l’autorité.

Des changements dans la manière de comprendre les enfants

Il cite ensuite deux exemples. Tout d’abord celui de Cajal, une célébrité espagnole, qui découvrit les neurones et leurs connections. A 11 ans, ce dernier brûla la porte du voisin avec un canon et de la poudre qu’il avait fabriqués. Son père médecin et le maire décidèrent de le mettre en prison pendant une semaine pour le punir. Le grand homme dit n’avoir retenu que les conséquences désagréables de ce qu’il continue à nommer sa « blague », et retiré la leçon d’être plus prudent lors de ses méfaits ultérieurs, continuant ses tirs au canon, mais dans la forêt. Le second est celui de Sainte Thérèse d’Avilla, qui, à l’âge de 7 ans, s’enfuit avec son jeune frère pour aller « chercher les martyrs dans la terre des infidèles » avant d’être retrouvée. Les textes d’alors mentionnent son courage, l’effort et la générosité dont elle fit preuve pour son âge, et non la désobéissance. Aujourd’hui, se demande le Docteur González, un garçon de 11 ans qui commettrait un tel « attentat » dans la ville sortirait-il à temps de prison pour entrer à l’université et obtenir un prix Nobel, à l’image de Cajal ? Dans le meilleur cas, ces enfants ne seraient-ils pas diagnostiqués comme hyperactifs et conduits vers la « normalité » via un traitement ? Ces quarante dernières années ont été marquées par un changement très net dans notre façon de comprendre les enfants.

S’il est vrai que la plupart des adultes ont un mode de vie semblable, nombre d’entre eux diffèrent : certains travaillent de nuit, d’autres dans des cirques ou des travaux acrobatiques… Pourtant, tous les enfants ont strictement le même quotidien, et fréquentent une école identique, les différences de personnalités et de besoins ne sont pas reconnues chez eux. Comme se conformer à ces exigences éducatives a dû être difficile pour les chasseurs de crocodiles ! Pour ces enfants-là, devenir adultes est vécu comme une libération.

L’autorité

Nous avons tous, poursuit le docteur González, de l’autorité, et ne pouvons pas y renoncer. Celle-ci est naturelle et automatique, il n’est pas nécessaire de la « mériter » parce qu’on serait plus intelligent, plus fort ou plus vieux.

L’autorité vient aux parents du fait que leurs enfants les aiment et ont un fort désir de leur obéir. Pourtant, comme l’affirme, paraît-il, la tante de Spiderman, « un grand pouvoir comporte de grandes responsabilités », et, malgré cela, on ne nous a jamais enseigné à avoir de l’autorité. Soudain, alors qu’on nous a toujours appris à obéir et seulement cela, on se retrouve, avec l’arrivée d’un enfant, aux commandes.

On peut alors rechercher des modèles sur lesquels s’appuyer. Dieu, par exemple, se contente de donner dix commandements, il n’a pas besoin de démultiplier les ordres. L’empereur ou le président non plus ne donnent pas de nombreux ordres et ne s’attachent pas aux détails. Seuls les parents assènent à leurs enfants des successions d’ordres (ne bouge pas sur ta chaise, ne mets pas tes doigts dans ton nez…), des reproches et des châtiments.

L’autorité serait pourtant comparable à l’argent. On peut faire beaucoup de choses avec, mais si on le dépense pour quantité de petites choses, on n’en a plus ensuite. Ainsi, l’autorité devrait être conservée pour les choses importantes (ne bois pas d’alcool lorsque tu conduis…).

Accepter les réactions à l’autorité

Pour en revenir aux empereurs, il semblerait que même Napoléon n’ait pas réussi à obtenir de ses grognards (ainsi nommés pour cause) qu’ils le suivent sans râler. Seuls les parents exigent cela de leurs enfants. En l’enjoignant d’éteindre la télévision au milieu de son programme, on attend qu’il nous remercie ? Acceptons au moins qu’il soit normal que l’enfant se sente fâché.

Flexibilité

Notre conférencier nous donne ensuite plusieurs pistes de réflexion, en comparant les situations à notre vécu d’adulte. Ainsi, les policiers donnent leurs ordres avec respect et professionnalisme. Prenons un exemple. Notre mari a besoin de Ventoline d’urgence et nous nous garons sur une place interdite pour aller à la pharmacie. Un policier intervient, expliquant qu’il est interdit de stationner à cet endroit, mais, suite à nos explications, répond « c’est bon pour cette fois, allez-y donc vite. » Pense-t-on alors aussitôt quelque chose comme « Il n’a vraiment aucune autorité, désormais je ferai tout ce que je veux ! », ou bien plutôt « heureusement que je suis tombée sur quelqu’un d’intelligent » ? Et si, au contraire, il refuse de nous écouter, un ordre étant un ordre ?… Alors, qu’attend-on d’un enfant que l’on vient de gronder et de punir ? Qu’il pense « Ah, merci pour les limites ! » ?

Formulation

En tant qu’animaux sociaux qui vivent en communauté, nous recevons et donnons tous des ordres et disposons tous d’autorité. Mais c’est aux ordres donnés de façon appropriée que nous obéissions. Au restaurant, par exemple, nous nous soumettons sans difficulté à « Asseyez-vous, je vous en prie, faites votre choix, donnez-moi votre manteau… ». Qu’en serait-il si nous entendions « Poussez-vous de là, asseyez-vous et dites-moi ce que vous voulez manger, allez, plus vite, je n’ai pas que ça à faire ! » ?

Ainsi, il est important de donner les ordres de façon appropriée aux enfants comme aux adultes. Par exemple : « Pourriez-vous finir votre jeu que nous puissions manger ? »

Collaboration de l’enfant

Carlos González présente ensuite une photographie sur laquelle posent un pédiatre, une mère et son enfant. Il décrit les personnages selon plusieurs niveaux de lecture : le pédiatre, qui est aussi en réalité un modèle, la mère, qui est aussi un modèle, et aussi une mère en vrai, et l’enfant, qui n’est rien d’autre qu’un enfant. Sur la photo comme en vrai, cet enfant regarde sa mère, il lance à sa mère un regard interrogatif pour savoir s’il doit laisser le médecin le toucher. Ainsi, jusqu’à 9 mois, si la mère manifeste de la peur, l’enfant l’imitera. On voit ainsi que l’enfant recherche l’approbation, et combien il est important pour lui d’obéir tant qu’il peut. Pour un enfant, il n’y a en effet rien de plus terrible qu’un parent en colère.

Pourtant, certains parents tendent à croire que les enfants sont de petits monstres, tyrans en herbe prêts à tout pour obtenir ce qu’ils veulent. En réalité, nous dit le docteur González, personne ne souhaite tellement obtenir l’autorité, qui n’est pas agréable, et les enfants non plus. On peut d’ailleurs noter que seules une vingtaine de personnes souhaitent une part d’autorité dans une ville, et moins d’une dizaine pour le pays. En effet, cela implique de prendre des décisions, de résoudre les problèmes, de se faire contrer… Et lorsque l’enfant fait une crise parce qu’il veut une glace, il ne souhaite pas être le roi, il veut seulement… une glace. On pourra décider d’accéder à sa demande ou non, mais on veillera à ne pas l’interpréter.

Sortir de ses gonds

Les crises font souvent sortir les parents de leurs gonds. Ainsi, certains s’écrieront : « Je lui défends de faire quelque chose, et il recommence ! »

Tout d’abord, il faut admettre qu’il est impossible d’obéir toujours. Ni Napoléon ni Hitler n’ont été obéis de tous et en toutes choses. Nous avons tous fait des excès de vitesse, triché un peu aux impôts… Il est donc déraisonnable d’attendre que notre enfant nous obéisse en tout toujours, et ce pour plusieurs raisons.

Tout d’abord, il est extrêmement difficile pour l’enfant de se souvenir des ordres. Nous-mêmes oublions beaucoup de choses. Par exemple, nous avons oublié une immense quantité de ce qu’on nous a enseigné à l’école. Ce dont on se rappelle est ce qui nous a été répété et qu’on a fait des milliers de fois (on se rappelle de comment on fait les additions et multiplications, mais pas des détails des cours de physique…) C’est pour cela qu’il est nécessaire de répéter mille fois chaque ordre.

Ainsi, l’ordre qui a probablement été le plus répété au monde est « buvez Coca-Cola. » Celui-ci apparaît toujours de la même manière, toujours avec la même patience, et ne devient jamais « Mais vous êtes idiots ou quoi, je vous ai dit mille fois de boire Coca-Cola ! » Les publicitaires savent en effet que ce que l’on n’obtient pas par la répétition, on ne l’obtiendra pas non plus par la menace.

Il ne le fait pas exprès

« Je lui dis de ne pas le faire, et il le fait devant moi, en me regardant dans les yeux et en souriant. »

Normalement, lorsque l’on décide de désobéir aux parents, on le fait en cachette. Ce n’est donc logiquement pas un acte délibéré que commet l’enfant qui agit en regardant son parent. Il demande des informations supplémentaires pour pouvoir obéir mieux. En effet, nos ordres ne sont jamais sans équivoque, et ils sont parfois difficiles à comprendre. Il est très difficile, en effet, de formuler un ordre qui ne soit pas interprétable, même les lois rédigées par des professionnels le sont souvent. Le docteur González détaille l’exemple de l’enfant qui dessine sur les murs. Lorsqu’on lui dira non, il pourra se demander « n’est-ce pas le bon mur (à l’école on dessine sur le mur noir), n’est-ce pas la bonne heure, aurais-je dû me laver les mains avant, ou bien utiliser une autre couleur peut-être… ? » Il recommencera donc d’une manière sensiblement différente, en observant notre réaction. Il ne s’agit pas là d’un défi, mais de la recherche de la compréhension de ce que le parent veut précisément. L’enfant sourit tandis qu’il recommence pour montrer qu’il n’est pas fâché… Il est difficile pour lui de comprendre qu’on ne peut dessiner sur aucun mur, d’aucune couleur, à aucune heure… mais lorsqu’il le comprendra, il arrêtera.

Prix et récompenses

Les prix et récompenses, nous dit le Docteur González, sont inutiles pour modifier le comportement, ainsi que le montrent plusieurs études. Ainsi, des ouvriers à qui on a promis une récompense un mois donné travaillent moins le mois suivant si on ne la leur promet pas à nouveau. Il faudrait donc toujours promettre la récompense et surenchérir.

De même, une étude a été réalisée dans deux classes : dans l’une on promettait un prix aux enfants qui dessinaient, dans l’autre pas, avant de leur laisser un temps de jeu libre. Durant ce temps, les enfants à qui on n’avait pas promis de prix précédemment dessinaient spontanément davantage que les autres.

Au-delà de cela, on peut se poser la question du choix de la récompense. Soit on offre une chose que l’on sait mauvaise (« les bonbons ne sont pas bons pour la santé, mais si tu étudies, je t’en donnerai »), soit on offre une chose bonne, dont on privera donc l’enfant qui n’accède pas à notre désir (« si tu n’étudies pas, je ne te donnerai pas de livre »), alors que cette chose bonne devrait être donnée à l’enfant quoi qu’il fasse.

Enfin, le prix détruit la qualité morale de l’acte. Par exemple, si mon enfant garde son petit cousin, joue avec lui et s’en occupe patiemment, il pourra se sentir fier de son acte, peut-être y voir la naissance d’une vocation professionnelle, etc. En revanche, s’il se voit promettre une récompense, il pourra douter lui-même de la raison pour laquelle il a agi, et en même temps son parent lui dit qu’il ne croit pas qu’il le ferait par pure bonté.

Une autre catégorie de prix est celui qui est inattendu, tel l’Oscar. Là, cela peut se révéler motivant. Mais c’est alors la valeur de l’acte du parent qui est dégradée. Ainsi, par exemple, ma fille qui a obtenu de bons résultats sait qu’elle a étudié par goût, mais je lui dis que je l’emmène à la campagne pour la récompenser de ses bonnes notes. Cela sous-tend le message que ce n’est pas juste parce que je l’aime, et que je n’aurais pas pris ce temps avec elle si elle avait obtenu d’autres résultats.

Punitions

Les études montrent que les punitions ne changent pas la conduite de la personne.

Pour commencer, un adulte ne se verra puni que pour des choses vraiment importantes (et pas parce qu’il a oublié de faire son lit), et il aura le droit de se défendre, de prendre un avocat, etc. Ensuite, si l’adulte change après son passage en prison, cela pourra être grâce à la prise en charge psychologique dont il aura bénéficié là-bas, mais en aucun cas grâce à la prison en soi.

Lorsque l’on parle de laisser l’enfant supporter les « conséquences naturelles de ses actes », il doit s’agir de conséquences vraiment naturelles (par exemple, les jouets doivent être vraiment perdus, et pas cachés exprès…). Quelquefois aussi, ces conséquences sont si graves qu’on ne peut pas laisser notre enfant les expérimenter (sauter par la fenêtre, boire de la lessive…). On pourra en revanche le laisser voir les conséquences naturelles qu’il y a à se mettre les doigts dans le nez (euh… il n’y en a pas !). Pour ce qui est du manteau on l’emportera quoi qu’il en soit au cas où. Si l’enfant sent la conséquence naturelle du froid, il pourra ainsi l’enfiler. Dans le cas contraire, c’est le parent qui se rendra compte de la conséquence naturelle de son obsession pour le froid et transportera le manteau toute la journée. Dans tous les cas, il est vraiment inutile de « marquer un point » (« je te l’avais bien dit ! »)

Carlos González détaille ensuite la parabole du Fils Prodigue. Ecrite il y a 2000 ans, elle met en scène un père qui accueille son fils fautif sans sermon, ni punition, ni conséquences, et qui va vers son autre fils pour le supplier de se joindre à eux.

Les enfants d’aujourd’hui

Ainsi, conclut notre orateur, les enfants d’aujourd’hui ont plus de limites que jamais. Ils se lèvent tôt pour aller à l’école, enchaînent avec la cantine, et ainsi de suite. Certes, les enfants de 12 ans ont plus de jouets qu’ils n’en avaient dans le passé. Mais un enfant de 1-3 ans ne demande rien d’autre que contact et attention, et de cela, ils ont bien peu.

Ainsi, une étude de Zussman montre que le fait que les parents qui tentent de se concentrer sur une distraction sans importance (style sudoku) modifient leur comportement vis-à-vis de leur enfant, par rapport à quand ils ne font rien d’autre que s’occuper d’eux. De même, les parents qui regardent la télévision grondent plus et parlent moins avec leur enfant.

Pourtant, il clôt sa conférence sur une note positive, citant une étude qui montre combien, sur 10 minutes, on observe d’interactions positives entre des parents et leurs enfants qui ne se savent pas observés, et d’une autre étude (1) qui montre les possibilités de résilience dont disposent les jeunes, notamment ceux dont les parents auront privilégié plusieurs des comportements suivants : encourager son enfant, passer beaucoup de temps avec lui et lui montrer tendresse et affection, ne pas le punir, encourager son autonomie, rester calme et privilégier la communication, partager des activités, offrir un modèle de conduite… Tous ces comportements, conclut le docteur González, sont accessibles à tous. En tant que parents, recherchons donc avant tout ce que l’on fait de bien…

Une question de sommeil

En réponse à une question du public concernant le sommeil des enfants, Carlos González cite une étude de Jenni (2), qui montre que de nombreux enfants éprouvent le besoin de dormir avec leurs parents, et que c’est à 4 ans que le plus grand nombre d’enfants le font (38% au moins une fois par semaine), pour diminuer ensuite jusqu’à l’âge de 10 ans. Il se demande si cela n’est pas dû au fait que les parents refusent aux enfants plus jeunes le cododo à cause des recommandations, alors que s’ils partagent la chambre de leurs parents dès la naissance, ce besoin diminue ensuite plus tôt, sachant que cette pratique n’est pas risquée si sur un lit et non un sofa et que les parents n’ont pas consommé d’alcool ou de drogue.

(1) https://www.questia.com/library/journal/1P3-2450753531/parenting-behaviours-associated-with-the-development

(2) http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/15866857

Compte-rendu de la conférence de Carlos González sur l’alimentation

 Par Lise

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Le 4 avril 2015, l’association Grandissons a invité à Cagnes-sur-Mer le docteur Carlos González. Ce pédiatre espagnol, fondateur d’une association catalane d’allaitement maternel et partenaire de La Leche League, est auteur de plusieurs livres, dont deux qui ont été traduits en français (Mon enfant ne mange pas, et Serre-moi fort). Il a présenté deux conférences, dont nous vous parlerons ici dans deux articles séparés.


Voici pour commencer ce que le Docteur González a expliqué au sujet de l’Alimentation de l’enfant. (*)

A titre d’introduction, notre orateur nous montre divers instruments et techniques utilisés pour convaincre les enfants de manger, de la cuillère-avion à la cuillère-bateau en plastique.

En tant que pédiatre, le docteur González remarque le nombre important de parents qui consultent au motif que leur enfant « ne mange pas. » Pourtant, dit-il, il y a en Espagne 30% d’enfants en surpoids, mais aucun qui souffre de malnutrition (pour info, environ 20% d’enfants en surpoids en France, selon l’HAS).

  1. Diversifier, pour quoi faire ?

L’allaitement maternel consiste consensuellement en la meilleure alimentation que l’on puisse proposer à l’enfant. Ni la mère ni le médecin ne savent exactement quelle est la quantité ni la composition de ce qu’ingère l’enfant, qui gère totalement ce qu’il prend (par exemple, la composition lipidique du lait varie au fil d’une même tétée, si bien que deux tétées de 50 ml offriront des apports différents d’une tétée de 100 ml.)

Et pourtant, une sorte de mythe vient affirmer que, brusquement, à l’âge fatidique de 6 mois, l’enfant ne trouve plus ce dont il a besoin dans le lait et ne sait plus gérer ce dont il a besoin. « Il devient idiot ! ». Il est alors nécessaire que le médecin précise quels aliments doivent être donnés à l’enfant, à quelle heure, etc. Ainsi tous les enfants d’Espagne se voient donner à 17h pile une demi-pomme, une demi-poire et une demi-banane ni plus ni moins.

Plusieurs recherches ont été menées pour tenter d’établir le nombre de calories dont les enfants auraient besoin selon leur âge. Les résultats en sont si variés selon les dates et les auteurs, et elles sont si peu précises au niveau des fourchettes d’âges, qu’on peut se demander quel est leur bien-fondé. Par exemple, on disait il y a quelques années qu’il fallait donner à un enfant 25 grammes de poulet, arrondissant ce chiffre à 50 grammes, alors que les besoins réels seraient plutôt situés autour de 15 grammes, et encore, de manière variable selon l’enfant et ses goûts « et s’il n’aime pas le poulet ?».

Besoins caloriques (kcal/jour)

Age (en mois)

FAO/OMS/UNU 1985 OMS/UNICEF1988 Butte2000

6-8

784 682

615

9-11

949 830

686

12-23 1170 1092

894

En effet, tous ces calculs ne tiennent pas compte des individus, ni précisément des âges. Pourtant, la docteure Butte a mené une étude bien plus précise, établissant des résultats selon le mode d’allaitement de l’enfant (le lait maternel contenant moins de calories que le lait infantile), son sexe, et son âge au mois près. Mais là encore, le tableau qu’elle a obtenu montre les résultats pour la moyenne de chaque groupe, donc des chiffres éloignés de la réalité pour un enfant donné. En effet, 5 % de la population normale se trouve mise à l’écart des + ou – 2 écarts-types. En bref, ce tableau permet d’observer que certains enfants sains et normaux mangent donc jusqu’à 2 fois plus que d’autres enfants sains et normaux.

En ce qui concerne les besoins en vitamines, à nouveaux les résultats fluctuent d’une étude à l’autre, allant, pour la vitamine C, à titre d’exemple, du simple au double selon si l’étude est américaine ou anglaise. La dernière étude de l’OMS tranche sur un besoin de 30 mg par jour. Cela signifie que les apports du lait maternel en vitamine C sont suffisants jusqu’à 3 ans. Pour ce qui est des nombreuses autres vitamines, on connaît encore moins les besoins réels, mais le lait maternel contient davantage de chacune que n’importe quel aliment, il est donc suffisant dans tous les cas.

Cela conduit notre orateur à mentionner cette fameuse phrase tant entendue : « ton lait ne suffit pas ! »

Et pourtant… Voici le tableau comparant l’énergie en kcal/100g de chaque aliment et celle du lait maternel :

Pomme de terre cuite

65

Pomme

52

Carotte cuite

27

Légumes avec viande (faits maison)

50

Lait maternel

70

Ainsi, même la pomme de terre cuite contient moins de calories que le lait maternel. C’est pourquoi, l’enfant prendra préférentiellement le lait. Si un enfant de 9 à 11 mois ne perd pas de poids, cela signifie qu’il consomme suffisamment de calories, soit environ 1 litre de lait maternel par jour, donc suffisamment de chaque vitamine (puisque le besoin en vitamines est couvert par moins d’un litre de lait).

9-11 mois Besoins/jour

Lait maternel

Energie

738 kcal

1054 ml

Protéines

9,6 g

914 ml

Vitamine A

400 µg

597 ml

Vitamine B12

0,5 µg

515 ml

Vitamine C

30 mg

750 ml

En outre, une étude montre que la quantité de lipides augmente au fil des mois d’allaitement (Mandel, D. et al. Pediatrics 2005;116:e432-e435).

La seule exception concerne le fer, tant en ce qui concerne le lait maternel que le lait de vache. Les réserves en fer de l’enfant (en particulier de celui dont le cordon aura été clampé immédiatement à la naissance) s’épuisent vers 6-12 mois. La consommation en fer de la mère ne permet pas d’augmenter sa quantité dans le lait maternel. C’est la raison pour laquelle on commence la diversification vers 6 mois : pour pallier à une éventuelle carence en fer de l’enfant. Si un enfant de 8-9 mois refuse de manger autre chose, en tant que pédiatre, le docteur González nous indique qu’il prescrit un complément en fer au cas où, sans s’inquiéter davantage (dans le cas d’un prématuré, il faudra le complémenter en fer dès la naissance).

Mais ce n’est pas là le motif principal de la diversification. Si c’était le cas, il serait facile de trouver des solutions moins incertaines que le poulet que mangera peut-être l’enfant, il suffirait de lui donner du fer en gouttes. Non, la raison pour laquelle on commence à diversifier l’enfant est bel et bien l’éducation.

On pourrait peut-être, nous dit le docteur González, continuer à se nourrir de lait maternel toute sa vie : je téterais ma mère, qui téterait ma grand-mère, laquelle tèterait mon arrière-grand-mère… Non, en effet, la chaîne se romprait forcément, il faut donc forcément se sevrer.

Les laits infantiles sont eux aussi plus nutritifs que n’importe quel aliment. On pourrait donc s’en contenter toute sa vie en ajoutant tout ce qui est nécessaire en fonction de notre âge, de notre profession, de notre mode de vie, ce qui nous permettrait d’éviter à tout prix diabète et cholestérol. On pourrait aller à la pharmacie, demander « du lait pour pédiatre espagnol de plus de 50 ans ». Mais, déclare notre conférencier, manger ce qu’il veut est un privilège, auquel il n’est pas prêt à renoncer, même si cela doit raccourcir sa vie de quelques années. Et ce privilège de choisir notre alimentation, nous souhaitons le transmettre à nos enfants. C’est pourquoi il faut le diversifier.

La diversification doit donc être proposée comme un privilège dévolu à une personne à part entière. Ainsi, en lui mettant les cuillères dans la bouche comme un avion et en le distrayant devant la télé pour qu’il avale, on s’éloignera de cet objectif.

 

  1. Mythes autour de la diversification

L’introduction de nouveaux aliments il y a un siècle était plus tardive, en particulier celle des fruits. On ne parlait pas alors de « manque d’appétit », mais on pouvait lire que « trop manger est dangereux ». Le terme de manque d’appétit n’apparaît dans les livres qu’en 1936, pour devenir le principal motif de consultation médicale en 1970.

Un autre mythe que dénonce le docteur González est l’idée que la purée fera prendre à l’enfant davantage de poids que le lait seul. Or, non seulement, comme nous l’avons vu, cela est impossible puisque le lait contient plus de calories et de vitamines que tous les aliments, mais c’est même l’inverse. On peut d’ailleurs observer que tous les enfants prennent plus de poids avant 6 mois, alors qu’ils boivent exclusivement du lait, qu’après. En ce qui concerne la soupe, tant plébiscitée par les parents, notre pédiatre nous explique à quel point elle est peu nutritive en réalité.

L’enfant de 6 mois environ mange tout : les clés, ses doigts, le papier… il mangera donc aussi la soupe le plus souvent. Mais l’enfant de 1 an-1 an ½ devient sélectif. Tous les enfants préfèrent les pâtes, le riz, les frites, le lait et les gâteaux. Ils choisissent plutôt les bananes et les petits pois (qui sont des légumineuses, comme les fèves, et non des légumes verts). En effet, les enfants n’aiment tout simplement pas les aliments pauvres en calories. Leur estomac étant très petit, il se remplit très vite.

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Illustration tirée de « mon enfant ne mange pas » :

« un bébé de neuf mois et une banane dessinés à la même échelle»

Si par exemple un enfant boit de l’eau, il n’aura plus de place dans l’immédiat pour du lait. Ils suivent, finalement, en sélectionnant leurs aliments, une « diète pour grossir ». L’adulte, lui, dispose d’un estomac suffisamment grand pour lui permettre de manger de plus importantes quantités pour obtenir ce dont il a besoin.

 

  1. Une diversification sensée pour une alimentation saine

Carlos González nous présente ensuite longuement la brochure du Health Promotion Unit, ministère de la santé irlandais, qui va à l’encontre de ce à quoi nous sommes habitués en Espagne ou en France à bien des égards. La couverture de cette brochure est illustrée d’un bébé tout sourire, tenant dans une main sa cuillère et dans l’autre son verre, devant son assiette remplie de morceaux. Visiblement, le fait qu’il ouvre ou non la bouche n’a aucune importance ici.

Starting to spoonfeed your baby : https://www.healthpromotion.ie/hp-files/docs/HPM00381.pdf

La suite de la brochure propose un début de diversification à 4 mois pour les enfants nourris au biberon. Celle-ci est prônée par quelques experts, car le lait artificiel n’est pas tout à fait complet encore de nos jours (bien que celui qui était utilisé il y a 50 ans soit aujourd’hui tout à fait interdit). Pourtant, le fait de commencer la diversification à cet âge-là suppose qu’on soit obligé d’ « enfourner l’enfant ». L’illustration montre toutefois qu’il faut laisser l’enfant attraper la cuillère s’il le souhaite, garder le sourire de part et d’autre, et, qu’une fois encore, le fait que l’enfant ouvre la bouche ou non n’a pas d’importance.

S’ensuit l’information selon laquelle il ne faut jamais ajouter de céréales dans le biberon, car la nourriture trop concentrée pourrait être nocive pour l’enfant. De même, l’enfant nourri au biberon se verra proposer de boire son lait au verre dès l’âge de 6 mois, de sorte à ce que le biberon puisse être supprimé avant 12 mois afin qu’il ne prenne pas l’habitude de s’endormir avec le biberon dans la bouche, ce qui peut être cause de caries (voir à ce sujet l’article d’Alice).

Enfin, il est montré que le repas de la famille, par exemple des pommes de terre, sera le même pour l’enfant, pour qui on aura pu écraser une portion à la fourchette, mais à qui on ne donnera pas de nourriture mixée. En effet, cette habitude de mixer est récente, et à l’époque où il fallait utiliser la moulinette manuelle, personne ne s’infligeait ce travail trois fois par jour.

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En ce qui concerne les aliments du commerce, s’ils sont pratiques pour les voyages, ils ne devraient pas être donnés tous les jours. Les céréales pour bébé, par exemple, en plus d’être chères, sont moins bien que celles contenues dans les pâtes, le riz, etc. D’une part elles contiennent beaucoup de sucres, et d’autre part, le goût vanillé qu’elles ont souvent n’enseigne pas le goût salé.

L’âge précis d’introduction d’aliments, l’ordre d’introduction, etc. n’importent pas. La seule chose qu’il faut prendre en compte est que les apports en fer soient comblés (viande…), puis ceux en calories (petits pois…) Le reste n’est proposé que dans l’objectif que l’enfant s’habitue aux goûts. Au-delà de 6 mois, la consistance sera en morceaux.

La règle de sécurité à suivre sera d’être toujours à côté de l’enfant qui mange. L’enfant ne s’étouffe pas avec la nourriture. Il peut lui arriver de s’étrangler, auquel cas il tousse, crache et… remange. Cela ne devient grave que si la nourriture entre dans les voix respiratoires, dans 75% des cas, cela se produit avec des cacahuètes, ce qui peut se produire avec des aliments durs et lisses qui, glissant entre les dents, sauteront et pourront être envoyés au fond de la gorge avec élan (noyaux, noisettes, os, graines…) Avec, par exemple, du pain, cela ne se produit pas, car ce dernier reste collé et mou. On pourra donc prendre quelques précautions avec l’enfant très jeune, telles que couper les pommes en lamelles. Bien sûr, il est important d’éviter d’ajouter sucre et sel aux aliments, de sorte à induire l’habitude à long terme d’en limiter l’usage. Cela devra donc être poursuivi, car ces ajouts sont aussi néfastes à 6 ans qu’à 2 ans, et que les conséquences néfastes, telles que l’hypertension, sont causées par une consommation dans la durée. C’est donc avant tout une habitude de diète avec moins de gâteaux et de sel qu’on s’attachera à transmettre à l’enfant.

Jusqu’à 1 an, le lait de vache et les laits végétaux ne pourront pas être considérés comme un aliment principal.

Avant 1 an, l’enfant devrait être capable de manger la majeure partie de ce que mange la famille. Cela ne signifie pas qu’il devra ingurgiter une certaine quantité, mais qu’il saura le faire. Par exemple, l’enfant qui a mangé seul un petit pois sera considéré comme capable de le faire. En revanche, l’enfant à qui on aura donné 250 grammes de purée-avion ne l’est pas.

L’anglais utilise le mot « baby-led weaning », qui désigne la période entre l’introduction du premier aliment et la fin du sein ou biberon. Il ne s’agit pas de sevrage, mais d’alimentation complémentaire.

Parallèlement à cela, l’enfant conduit plusieurs apprentissages : prendre en main, porter à sa bouche, comparer les goûts et les textures (par exemple des aliments qui comportent des parties molles et d’autres dures, comme le melon)… Il apprend à décider de ce qu’il mange, et ne mange que ce qu’il veut (comme le dit avec humour notre conférencier, cela l’entraînera pour, lorsqu’à 15 ans, il devra choisir une pizza en sortie avec les copains, ne pas avoir besoin de téléphoner à sa mère pour qu’elle lui dise laquelle choisir).

Si enfant mange peu mais seul, il compensera en prenant davantage de lait, que ce soit au sein ou au biberon. S’il mange une grande quantité de purée qu’on lui aura donnée à la cuillère, il lui manquera une grande quantité de vitamines, et il n’aura rien appris… De plus, forcer un enfant à manger est dangereux (risques d’obésité ou de refus) et inutile. Les autres causes de l’obésité sont les aliments pré-cuisinés, le manque d’exercice physique… Ainsi le docteur González nous recommande de ne « manger que ce que ma grand-mère aurait mangé » et de ne boire que de l’eau.

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Carlos González clôt cette conférence en montrant diverses photos et vidéos présentant des enfants de 6 mois et plus en train de manger des aliments divers, souriants et sales.

D’autres vidéos : https://www.youtube.com/watch?v=zzPMAJCPhmAhttps://www.youtube.com/watch?v=tdP1fe38cQY

Euh… oui, lesquels vous semblent prendre le plus de plaisir à manger ? (malgré les titres de cette seconde série de vidéos, oui, oui, avec le mot-clé « funny baby eating » ! [Attention, ils peuvent être durs à regarder])


D’autres vidéos : https://www.youtube.com/watch?v=f4xvuRGq2Sshttps://www.youtube.com/watch?v=nkhHKfmiUzw


(*) : voir aussi notre page sur l’alimentation

L’éducation bienveillante

Par Ariane

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La plupart des parents de France se comportent avec leurs enfants selon un modèle éducatif séculaire, partant de principes généraux tels que : un enfant a besoin de limites, de rudesse, d’autorité parfois violente, pour comprendre ce qu’il doit et ne doit pas faire. Le rapport parent-enfant suit généralement ce principe de domination : un enfant doit être dominé, un parent doit être dominant. Les émotions de l’enfant sont souvent réprimées, ses sentiments minimisés, et tout cela couvert d’un « c’est pour son bien ».

De plus en plus d’études récentes, cognitives et comportementales, nous informent sur le fonctionnement du cerveau d’un enfant, sur son développement. Elles nous amènent objectivement à reconsidérer les besoins de l’enfant, et l’impact que ces pratiques éducatives ont sur lui/elle. D’après ces études, le développement du cerveau de l’enfant est entravé par les violences subies, et son système cognitif ainsi que son comportement porteront les séquelles de toute forme de violence, physique ou psychologique. (1)

Il est également nécessaire de se poser la question des valeurs morales que ces violences lui inculquent. Etre menacé, frappé « pour notre bien », par quelqu’un qui est censé nous aimer, nous protéger… quel sentiment crée-ce chez un enfant ? Que l’on peut se montrer violent envers plus vulnérable que soi, que l’on peut faire du mal volontairement à quelqu’un qu’on aime, qu’il faut refouler ses propres émotions ?

On peut aussi se demander si la société dans laquelle nous vivons nous convient, si l’éducation reçue a permis le développement une société heureuse et équilibrée. Nous avons toujours privilégié une éducation violente, et le résultat n’a jamais été probant. Et si nous essayions autre chose ?

De nouveaux courants éducatifs, que l’on peut appeler « parentalité positive » ou encore « éducation bienveillante », émergent depuis un certain temps pour remettre en question le modèle éducatif qui fait loi. Ces courants prônent la bienveillance, le respect de l’enfant, de ses besoins, de son développement. Il s’agit principalement d’être attentif à son enfant, de l’écouter, de le laisser s’exprimer, et de substituer à la répression la communication, l’accompagnement, l’ouverture.

Un enfant qui grandit en étant accompagné, pris en compte, respecté dans son intégrité, ne deviendra pas un tyran ; il deviendra un être humain équilibré, qui vivra selon les valeurs qui l’auront fait grandir, et perpétuera ce modèle. La violence entraîne la violence, il va de soi que la bienveillance entraîne la bienveillance.

Il nous arrive souvent de nous retrouver pris dans un rapport de pouvoir avec nos enfants, avec cette idée de « mater » notre enfant, de le dominer, de « lui montrer qui commande ». Et souvent, en y réfléchissant, on réalise que la plupart des « non ! » que nous opposons à nos enfants ne sont finalement pas importants, pas nécessaires. Mais la vie quotidienne, souvent, nous entrave, nous frustre, et il peut arriver que nous éprouvions l’envie de faire subir cette colère, cette frustration, à plus vulnérable que nous, plus impuissant : notre enfant. C’est difficile d’être parent, mais cela ne le serait sans doute pas autant si notre société ne nous imposait pas autant de limites, de contraintes, suscitant forcément un sentiment de frustration bien naturel. Mais plutôt que d’être « contre », essayons d’être « avec » !

L’éducation bienveillante, inconditionnelle, joyeuse, positive, intervient dès la naissance, partant du principe qu’un bébé a besoin d’attachement sécure autant qu’il a besoin de se nourrir. Répondre à ses besoins lui permet de développer une confiance, un sentiment de sécurité, et un équilibre, qui ne remet pas pour autant le nôtre en cause. Certes, il implique de veiller sur son enfant, mais après tout, c’est une définition de la parentalité qui peut sembler appropriée…

On peut choisir le chemin de l’éducation non-violente par principe général : il est inacceptable de frapper un adulte ou un animal, il est donc tout autant (si ce n’est plus) inacceptable de frapper un enfant. On peut aussi faire ce choix par envie : la relation bienveillante avec nos enfants est plus agréable pour toutes les personnes concernées. On peut aussi le faire par esprit pratique : si les méthodes d’éducation sans punitions, sans répression, sans coups, sans chantages ni humiliations, prennent parfois plus de temps et surtout de créativité, elles sont aussi plus efficaces sur le long terme ; un enfant qui n’a pas peur d’être agressé, verbalement ou physiquement, est moins stressé, plus attentif, et davantage ouvert à la communication.

On apprend par-dessus tout par imitation. Le modèle de respect que nous donnons à nos enfants portera ses fruits. Ce respect implique la prise en compte de ses opinions ou de ses envies, l’acceptation de l’expression de ses émotions, bien légitimes, la réponse à ses besoins si elle est possible, et l’explication de nos actes à son égard.

Voilà un défi à notre hauteur : reconsidérer l’enfant. Ne plus l’envisager comme un tyran manipulateur qu’il faut « remettre à sa place ». Le traiter au contraire comme un être humain d’une valeur égale, dont les besoins, les sentiments, les émotions, ont autant besoin que les nôtres d’être pris en compte si ce n’est plus étant donné leur immaturité cognitive et leur vulnérabilité. Tout le monde en conviendra, on apprend mieux avec des explications, de la tendresse et des sourires que sous les cris, les coups et les humiliations.

Presque tout le monde en France a été élevé selon le modèle éducatif dominant (c’est le cas de le dire). Il est d’autant plus difficile de le juger objectivement, en particulier car cela implique de remettre en question le modèle éducatif parental. Mais pour le bien de nos enfants, il est indispensable de se poser la question de ce que nous voulons leur transmettre, de la part choisie de l’éducation que nous leur donnons et de la part inconsciente, reproduisant ce modèle qu’il nous est parfois si douloureux de considérer. (2)

Pour le bien-être de nos enfants autant que pour une société plus heureuse, intéressons-nous à notre modèle éducatif. Remettons-le en question, envisageons d’autres pistes, d’autres façons de voir les choses. Des ressources existent : livres, documentaires, sites internet… Ils présentent également des méthodes qui ont fait leurs preuves.  (3)

Einstein a dit : « La folie, c’est se comporter de la même manière et s’attendre à un résultat différent. » Et si on essayait autre chose ? Si on avançait avec nos enfants et non plus contre ?


  1. « Pour une enfance heureuse » de Catherine Guéguen
  2. Olivier Maurel et l’Observatoire de la Violence Éducative Ordinaire
  3. Voir notamment les ouvrages d’Isabelle Filliozat ou encore de Faber & Mazlisch (un article viendra bientôt ici sur les lectures de l’éducation bienveillante)

Petites dents

Par Dr Alice, dentistedentist-428646

Les dents de lait font leur apparition vers 6 mois, mais c’est une moyenne, j’ai une cousine qui est née avec 2 dents et une soeur qui a eu sa première dents à 15 mois… Les dents sont toutes là vers 3 ans. elles sont au nombre de 20 : 5 par cadran, (je dis ça pour votre culture générale, hein !) 2 incisives, une canine et 2 molaires.

La principale menace qui plane sur ces petites quenottes, ce sont les caries… La carie est un phénomène complexe dans lequel le terrain (c’est-à-dire la dent !) a une importance majeure, et ça on n’y peut rien !
La carie est provoquée par des bactéries (la plus importante est le Streptococcus mutans), il est donc recommandé d’éviter de sucer cuillères ou tétines avant de les donner à l’enfant, évidemment, c’est surtout le cas si vous êtes susceptible à la carie (une étude a ainsi montré que la contamination par Streptococcus mutans est plus fréquente entre enfants dans une crèche que de parent à enfant… On ne contrôle pas tout…).
Ces bactéries cariogènes mangent du sucre. Le sucre, à part que c’est bon, n’a que des inconvénients pour la santé (entre autre : surpoids, augmentation du risque de diabète), donc le sucre est notre ennemi ! Il faut limiter les apports sucrés des enfants, concernant l’action sur la carie, le pire c’est le biberon de sirop que l’enfant mâchouille toute la journée, ou pire toute la nuit. Cela peut être à l’origine d’un syndrome dit « de carie du biberon » avec caries très précoces et très rapides de toutes les dents (allez regarder les images sur google, c’est flippant et ça fait mal ). Le sucre c’est le saccharose, le glucose, mais aussi le fructose (donc éviter les biberons de jus de fruits à longueur de temps), et même le lactose… Des études montrent (sur modèle animal) que le lait est ainsi légèrement cariogène : le lait maternel un peu plus que le lait de vache (parce qu’il contient plus de lactose).
Les dentistes prônent ainsi des recommandations farfelues comme d’arrêter l’allaitement (au sein ou au biberon) à l’apparition de la première dent (comment ma cousine aurait-elle survécu à un  tel traitement ?!) ou au plus tard à 12 mois. En fait, les études autour de l’effet de l’allaitement maternel sur les caries sont très contradictoires, parce qu’il y a beaucoup de facteurs de confusion (notamment le fait que l’allaitement est plus répandu dans les classes sociales les plus pauvres qui sont les plus sujettes au caries, pour des raisons d’alimentation et de santé), mais on peut clairement accorder le bénéfice du doute à l’allaitement. Cependant, il est clair que l’allaitement de nuit, passé un an est un facteur favorisant des caries. En effet, la nuit le flux salivaire est diminué, les mouvements buccaux aussi, ce qui limite l’auto nettoyage tandis que le lait stagne.
Je pense que l’arrêt de l’allaitement de nuit après un an peut être à recommander s’il existe d’autres facteurs de risque (parent au dents fragiles, par exemple), ou si l’enfant commence à avoir des caries.
Mais, bien sûr, il existe des moyens de lutter contre les caries : le brossage des dents et l’apport de fluor.

Concernant le fluor, l’apport par voie générale n’est plus recommandé car l’effet local est limité et les surdoses sont fréquentes notamment la fluorose dentaire sur les dents définitives. Le fluor est apporté par le dentifrice. Là encore, vu que l’enfant l’ingère avant 3 ans, il faut se méfier des doses. Il faut choisir un dentifrice à 250 ppm (plutôt que 500ppm) avant 3 ans, puis choisir un dentifrice adapté à l’âge (les industriels ont prévu le coup, c’est écrit dessus !). On met une « trace » de dentifrice sur la brosse à dent à partir de 1 an, puis un « petit pois » ou la « taille de l’ongle de l’auriculaire » (de l’enfant !) à partir de 2 ans. A mon avis ces recommandations sont à suivre scrupuleusement si votre enfant présente un risque (parent aux dents fragiles, consommation de sucre importante, déjà des caries), dans le cas contraire, vous pouvez avoir la main plus légère : brossage sans dentifrice, ou alternance avec un dentifrice sans fluor.

Le brossage commence théoriquement à l’apparition de la première dent (on trouve mêmes des recommandations délirantes de passer une compresse sur les gencives des nourrissons…), mais c’est rarement avec enthousiasme qu’un bébé se laisse introduire un objet bizarre dans la bouche. Je pense donc qu’essayer de commencer à 1 an est plus raisonnable. Toutefois donner une brosse à dent au bébé pour jouer avec (et la machouiller !) et le mettre à côté de vous quand vous vous brossez les dents est un bon moyen de le familiariser avec le brossage. Le but c’est que le brossage soit un moment joyeux et non une punition !
Un brossage 2 fois par jour est le but à atteindre (le brossage 3 fois par jour relève du harcèlement !), il faut aider l’enfant à prendre conscience du fait qu’il ne faut pas seulement brosser, il faut brosser partout, et donc regarder ses dents, pour savoir où et comment elles sont et vérifier qu’elles sont propres ! Encore une fois, il faut prendre le temps, mieux vaut des dents mal brossées et un enfant curieux de mieux faire que… bon, enfin, vous me suivez !

En ce qui concerne la première visite chez le dentiste, les pédodontistes (spécialistes des soins dentaires aux enfants) recommandent une visite à 1 an, histoire de faire de la prévention le plus tôt possible. Ce n’est pas inutile, mais les pédodontistes ne voit que les enfants sujets aux caries, ce qui leur fait oublier que la susceptibilité à la carie est la principale cause de carie chez les enfants (et les adultes aussi, d’ailleurs…), et leur font mettre l’accent sur les facteurs extrinsèques sur lesquels on peut agir : comme arrêter l’allaitement et le biberon… Donc, je pense qu’une visite à partir de 3 ans (en l’absence de signe de problème dentaire, bien sûr) est plus utile : l’enfant a l’âge de comprendre de quoi il s’agit et il peut ainsi se familiariser avec le lieu et la personne dans des conditions détendues. C’est toujours utile de construire une relation de confiance avant qu’une intervention soit nécessaire, ça évite l’association dentiste = douleur qui est à l’origine de la plupart des retards de soins à l’âge adulte….

A 6 ans (enfin environ !), pousse la première dent permanente, c’est une molaire, elle pousse derrière la dernière dent de lait. C’est important parce qu’il faudra que l’enfant pense à brosser plus loin. C’est d’autant plus important qu’au moment de leur éruption les dents sont encore immatures et plus fragiles, il faut quelques mois pour qu’elles arrivent à maturité et que le risque de carie diminue. Puis à partir de 7 ans les dents de lait tombent et sont remplacées par des dents définitives jusqu’à 11 ans (mais ma sœur a perdu sa dernière dent de lait à 19 ans…).

En résumé, je dirai que les points essentiels ce sont : évitez le sucre, et apprenez à brosser, mais dans la bienveillance : la plupart des enfants (surtout en bas âge) ne suivent pas les recommandations des dentistes sans avoir la moindre carie et sans qu’il soit même possible de détecter la mauvaise hygiène bucco-dentaire (accumulation de plaque ou de tartre)… En revanche, au moindre doute (dent colorée ou effritée), il faut consulter.

Grandissons visite le musée Mundolingua à Paris

Par Lise

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En arrivant, une porte minuscule entr’ouverte sur une rue grise, on se demande même si on est à la bonne adresse. Timidement, on pousse le battant de verre pour pénétrer dans une entrée exiguë dans laquelle vous accueille une jeune femme avenante, qui vous munit d’un casque audio et vous fournit les explications nécessaires à la visite. Chaque écran que vous allez croiser est muni d’une prise jack multiple à laquelle vous pourrez brancher votre casque pour de plus amples explications, et, très important, la salle du rez-de-chaussée n’est pas seule, il faudra garder du temps pour celle du sous-sol, qui est bien plus vaste. Alors, on pénètre dans cette première salle, déjà grande tout de même, et surtout richement aménagée. Tout le musée unit une atmosphère chargée de boiseries, de vieux meubles, de voûtes et de poutres qui évoque une sorte de grenier désuet et magique, à ses dizaines d’écrans tactiles, pour notre plus grand plaisir.

Comme sorti d’une grande caisse de bois ouverte autour de lui, chaque écran détaille un thème précis.

Le rez-de-chaussée est dédié au langage et à ses définitions. Qu’est-ce que le langage ? Quelles formes prend le langage humain ? Comment fonctionne la phonétique ? Qu’est-ce que la syntaxe ? Comment s’articulent les langues ? Quelle est la part des gestes et expressions dans la communication ?… Autant de questions qui trouveront des réponses détaillées à travers des textes, des vidéos, et des jeux de manipulation.

Une arrière-salle présente l’apprentissage du langage, son lien avec le cerveau, l’enseignement des langues secondes, et les pathologies qui peuvent y être liées.

Le sous-sol est quant à lui destiné à l’histoire des langues du monde. Mythes et origines, langues, religions et sociétés, les différentes écritures, y sont détaillés. La deuxième partie de cet espace, enfin, décline les mots à la marge, codes, humour, jeux de mots, proverbes…

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Ce musée est véritablement un trésor pour tous. Stella, 2 ans, y a passé une heure à manipuler les cubes servant à symboliser les éléments de la syntaxe, à toucher les écrans, et à manipuler les quelques jeux de sociétés proposés en fin de visite. Bon, concrètement, je le recommande davantage à partir de 5-6 ans tout de même. Pour les personnes fatiguées ou âgées, il est tout à fait adapté, puisque la majeure partie de la visite s’effectue assis devant les écrans. La visite se décline sur autant de niveaux qu’on le souhaite, de la découverte jusqu’à l’approfondissement, y compris pour les professionnels. J’ai envie de conseiller de prévoir d’y passer une bonne demi-journée ou d’y retourner plusieurs fois, pour ne pas ressortir frustré de tout ce qu’on n’a fait qu’entrevoir.

Pour la petite anecdote, il y avait juste devant moi un jeune d’environ 14 ans accompagné d’une femme qui pouvait être son éducatrice ou son orthophoniste. Ils sont restés plus d’une heure. J’entendais parfois le garçon s’écrier « ah ! ouais, c’te langue-là, j’lai déjà entendu parler ! », ou « Genre, c’est trop comme ça qu’on parle, nous ! » Il a terminé sa visite en disant « j’étais jamais allé dans un endroit comme ça qui fait réfléchir. » Et à la question de son accompagnatrice qui lui demandait si cela lui avait plu « Ouaich. Tranquille. Ca gère… » Eh oui, il y en a vraiment pour tout le monde, dans ce lieu dédié à la communication !

Enfin, la visite pourra, après qu’on ait croisé le rouleau de papier hygiénique illustré de mots croisés, s’achever par un petit tour aux toilettes, face auxquelles une plante en plastique vous enjoindra de lui adresser de la parole. Pour voir…

http://www.mundolingua.org/

Les mandalas de fruits

Par Michela
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Je vais vous présenter un atelier-maison né de ma gourmandise pour les fruits, dont a également hérité le petit Achille.  
J’ai déménagé de l’Italie sur la côte française avec lui en septembre dernier. Avant nous vivions au nord de Milan, en province, dans une zone industrielle et nous n’avions pas beaucoup d’occasions d’acheter le nécessaire dans le marché de la ville. Entre le travail, les engagements, la vie trépidante, pour plus de commodité, nous achetions presque tout, de la nourriture emballée aux fruits et légumes, au supermarché. En déménageant dans un petit quartier à Cagnes-sur-Mer avec un marché au coin de la rue, j’ai commencé à m’en servir et ça a été une merveilleuse découverte. Achille et moi, nous étions perdus entre les variétés, couleurs et formes de fruits exposés dans ce petit marché local ! Nous avons commencé à acheter les fruits plus encore pour les explorer que pour les manger… et nous avons commencé à créer des compositions et à les photographier !
Les résultats sont très artistiques. Voici une vidéo et des photographies.

 altro cuore di frutta autunno cuore di fragole cuore di frutta autunno fiore di frutta autunno mandala di verdura autunno 2 mandala di verdura autunno maschera africana di frutta autunno maschera di frutta autunno mini mandala frutti misteriosi guava occhio di frutta autunno pianeta di frutta autunno stella di frutta autunno
Maintenant, les mandalas de fruits sont devenus une vraie passion ! 
(Et de temps en temps nous nous consacrons aux légumes aussi.)
 

Les nouvelles recommandations sur l’usage de la bromocriptine dans l’inhibition de la lactation

Ou Comment stopper la montée de lait sans se ruiner la santé

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 Par Marie

1. C’est quoi cette histoire avec la bromocriptine ? Puis d’ailleurs c’est quoi la bromocriptine ?

La bromocriptine (molécule que l’on retrouve dans les médicaments Parlodel ou Bromocriptine Zentiva) est un peptide dérivé de l’ergot de seigle (1) qui agit comme agoniste des récepteurs dopaminergiques D2 dans le cerveau. Elle est utilisée dans diverses pathologies, par exemple dans le traitement de la maladie de Parkinson.

Son action sur l’axe hypothalamo-hypophysaire diminue la sécrétion de prolactine, l’hormone responsable de la production de lait.

On peut souhaiter diminuer la prolactinémie (concentration de prolactine dans le sang) et ainsi inhiber la lactation physiologique dans le post-partum immédiat (et ça s’appelle l’ablactation) ou dans le post-partum tardif (lors du sevrage). Il est à noter qu’après le premier mois de l’enfant, le mécanisme de la lactation change et n’est plus aussi dépendant de la prolactine. Le sevrage ne sera donc pas aidé par la prescription d’un inhibiteur de l’hormone.

La bromocriptine est dans le collimateur depuis plusieurs années car plusieurs cas d’effets secondaires graves ont fait l’objet d’un signalement (2 morts en France quand même). Aux Etats-Unis, cela fait déjà 20 ans que ce médicament n’est plus prescrit… (2) L’Agence Nationale de Sécurité du Médicament et des Produits de Santé (ANSM) a donc demandé à l’Agence Européenne des Médicaments (EMA) une réévaluation du rapport bénéfices/risques de cette molécule dans l’inhibition de la lactation en post-partum (3).

Les effets secondaires sont décrits dans le Vidal, et on trouve parmi les fréquents (>1/1000) des hallucinations, vomissements, céphalées, hypotension artérielle, etc. Les effets secondaires à fréquence basse (<1/1000) incluent œdèmes, hypertension, narcolepsie, psychose, etc. Quant aux effets rares, ils sont terribles : infarctus et AVC notamment… (4)

Le rapport de l’EMA (5) indique qu’en raison de ces graves effets secondaires potentiels, l’usage de la bromocriptine dans l’inhibition de la lactation devrait être réservé au post-partum immédiat et pour raisons médicales (infection de la mère avec le VIH, mort péri-natale, etc.). En particulier, on entend bien que c’est une situation insoutenable que d’avoir les seins plein de lait pour un bébé qui n’est plus là… (et que cela justifie une certaine prise de risque).

De plus, le prescripteur devra être particulièrement vigilant aux facteurs de risques tels que « des troubles hypertensifs de la grossesse (tels que l’éclampsie, la pré-éclampsie ou l’hypertension liée à la grossesse) » mais aussi des « antécédents de maladie coronarienne ou d’autre affection cardiovasculaire grave, ou des symptômes/antécédents de troubles psychiatriques graves. »

Enfin, il est recommandé d’être très attentif à la tension des patientes dans le suivi du post-partum.

Ainsi, plus de prescription systématique aux patientes qui ne peuvent pas allaiter (pour raisons personnelles ou médicales).

2. Que faire si l’on souhaite tout de même empêcher la montée de lait de se mettre en place après l’accouchement ?

Plusieurs solutions existent : médicamenteuses avec inhibition spécifique, médicamenteuses pour aider à supporter les symptômes et non-médicamenteuses.

Dans la famille « inhibiteurs de prolactine », il n’y a pas que la bromocriptine. En effet, il existe plusieurs dérivés de l’ergot de seigle, également agonistes des récepteurs dopaminergiques mais qui ont des modes d’action un peu différents de la molécule décriée.

Entre autres, la lisuride (Dopergine, Arolac), la quinagolide (Norprolac) et la cabergoline (Dostinex) sont tous capables d’inhiber la montée laiteuse. Seule la lisuride a reçu l’Autorisation de Mise sur le Marché (AMM) pour cette indication dans le post-partum. Cependant, la Haute Autorité de Santé (HAS) indique qu’il n’a pas « d’amélioration du service rendu » par rapport au Parlodel (6).

La cabergoline, si elle n’est pas spécifiquement indiquée dans l’ablactation, est un traitement qui semble particulièrement intéressant. Le mémoire de recherche de la sage-femme Brune Galouzeau De Villepin compare l’utilisation de Dostinex à celle du Parlodel chez 99 patientes. Ce travail datant de 2011 fait une étude très rigoureuse de l’efficacité et des effets secondaires des deux traitements (7).

Le Dostinex diffère notamment du Parlodel par sa demi-vie beaucoup plus longue (environ 90 heures  versus  7  heures), ce qui a pour conséquence de pouvoir résumer le traitement à une prise pour le premier (2 comprimés de 0,5 mg) alors que le second est prescrit sur 21 jours (1/2 comprimé de 2,5 mg, 4 fois par jour, en augmentant progressivement les doses). L’observance est ainsi meilleure. Si la patiente change d’avis et souhaite finalement allaiter (ce qui est rare), il lui sera en revanche plus difficile de le faire si elle a été traitée au Dostinex.

Il semblerait également que les effets secondaires soient moins importants (les effets graves comme les effets plus légers, par exemple, nausées et vertiges). Un autre avantage de cette molécule est sa meilleure compatibilité avec des antécédents de problèmes psychiques (à la fois par rapport aux interactions médicamenteuses éventuelles et aux effets secondaires psychotiques).

Plus récemment, un avis de la HAS (en date du 7 mai 2014) porte sur l’usage de Cabergoline Sandoz, un générique du Dostinex. « Le laboratoire demande à présent l’inscription d’une présentation en boite de 2 comprimés (versus 8 pour le Dostinex (ndlr)), particulièrement dédiée à l’inhibition de la lactation due à des causes médicales. » Sa conclusion indique que « la Commission considère que le service médical rendu par Cabergoline Sandoz 0,5 mg est important dans l’indication « inhibition de la lactation due à des causes médicales » » (8).

3. Et sans inhibiteur de prolactine, comment ça se passe ?

Les inhibiteurs de prolactine ont une efficacité d’environ 75%. C’est-à-dire que pour 1 patiente sur 4, le médicament ne stoppera pas la montée de lait.

Il est essentiel que les patientes soient informées et rassurées sur ce qu’elles vivent. La montée de lait est un événement physiologique, qui se produit entre 2 et 5 jours après l’accouchement et qui est fréquemment synonyme d’engorgement, c’est-à-dire d’un afflux de lait associé à un œdème, ce qui entraîne une inflammation locale associée à une tension mammaire plus ou moins forte.

Mais cette montée de lait pourra ne pas se produire (en l’absence de tout traitement) : Brune Galouzeau De Villepin nous rappelle que « l’absence  de  stimulation  des  mamelons  et  la  non-présentation de l’enfant au sein suffisent à inhiber la sécrétion lactée chez 60 à 70% des femmes. » et, « Dans ces conditions, 40% d’entres elles signalent des douleurs, généralement  calmées  par  des  antalgiques  simples  et  par  l’application  de  glace. »

Si cela se produit, l’inconfort ne persiste pas au-delà de 1 à 2 semaines. Tout comme les difficultés rencontrées avec le nouveau-né, il est très rassurant de se rappeler que « rien ne dure » !

Les antidouleurs, et en première intention le paracétamol, pourront donc participer à calmer les douleurs et les anti-inflammatoires l’engorgement. Quant aux traitements locaux, le port d’un soutien-gorge adapté, l’application de froid ou de chaud peuvent aider. Des méthodes non-médicamenteuses sont décrites, telles que l’acupuncture ou l’homéopathie mais elles n’ont pas démontré leur efficacité et nécessitent l’adhésion de la patiente.  Des remèdes à base de plantes sont parfois cités, tels que les cataplasmes de choux ou de persil. Cependant, « Il n’y a pour l’instant aucune  preuve  scientifique  justifiant  le  fait  que  les  méthodes  « non » médicamenteuses soient plus efficaces que « aucun traitements » (9).

En conclusion, des effets secondaires très graves ont conduit à ne plus recommander la prescription de bromocriptine en première intention lors de l’inhibition de la lactation. Et à réserver celle-ci à l’ablactation pour raisons médicales, avec une attention particulière aux facteurs de risques présentés par les patientes et au suivi de leur tension.

D’autres molécules inhibitrices de la lactation seraient capables de remplacer avantageusement la bromocriptine, en particulier la cabergoline.

Cependant, des traitements symptomatiques et de la patience, lorsque l’on est bien informée, pourraient être la meilleure solution.


  1. Un champignon parasite du seigle et qui pouvait autrefois être responsable de l’ergotisme (ou « feu de St Antoine ») lorsqu’il se retrouvait contaminant du pain.
  2. FDA Drug  Bulletin:  post-partum  hypertension  seizures,  strokes  reported  with bromocriptine. FDA Drug Bull 1994; 14:3-4
  3. http://ansm.sante.fr/S-informer/Actualite/Bromocriptine-reevaluation-du-rapport-benefice-risque-dans-l-inhibition-de-la-lactation-Point-d-information
  4. http://www.vidal.fr/substances/4022/bromocriptine/
  5. http://www.ema.europa.eu/ema/index.jsp?curl=pages/medicines/human/referrals/Bromocriptine-containing_medicinal_medicines_indicated_in_the_prevention_or_suppression_of_physiological_lactation_post-partum/human_referral_prac_000031.jsp&mid=WC0b01ac05805c516f
  6. http://www.has-sante.fr/portail/upload/docs/application/pdf/ct031687.pdf
  7. Brune Galouzeau De Villepin. Inhibition de la lactation dans le Post-partum : Bromocriptine vs Cabergoline. Etude prospective, comparative réalisée auprès de 99 patientes à Necker et Port-Royal. Gynecology and obstetrics. 2011 http://dumas.ccsd.cnrs.fr/dumas-00623068
  8. http://www.has-sante.fr/portail/upload/docs/evamed/CT-13522_CABERGOLINE_SANDOZ_PIS_INS_Avis2_CT13522.pdf
  9. Oladapo et al. http://apps.who.int/rhl/pregnancy_childbirth/care_after_childbirth/cd005937/fr/ cité par Brune Galouzeau De Villepin.

 

L’article a aussi été publié chez les vendredis intellos : http://lesvendredisintellos.com/2015/03/07/les-nouvelles-recommandations-sur-lusage-de-la-bromocriptine-dans-linhibition-de-la-lactation-ou-comment-stopper-la-montee-de-lait-sans-se-ruiner-la-sante/

Peindre !

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Par Fred

Chacha aime beaucoup peindre, elle a commencé tôt vers 12 mois, avec des pinceaux adaptés aux petites mains, ainsi qu’avec des tampons en mousse, et de la gouache.

Depuis une petite année elle aime particulièrement peindre avec son corps, et aussi sur son corps : un soir, nous avons mis une très grande feuille au sol, et elle a commencé à peindre avec ses pieds, je lui avais enlevé ses chaussettes, et son pantalon, puis son t-shirt et puis sa couche et elle a fini par peindre avec ses fesses, un grand moment !

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Maintenant, nous ne faisons plus de peinture avec le corps parce que c’est trop salissant à l’intérieur, mais elle aime beaucoup peindre sa main avec le pinceau, parce que : « comme ça je peux mettre ma main sur la feuille et peindre la feuille ! » et puis ce qu’elle adore dans la peinture, c’est aller se laver les mains, 10 fois durant une séance de 20 minutes.

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Qu’est-ce que la parentalité positive ?

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Voici un ensemble de définitions, personnelles. Ajoutez la vôtre ?


 

Angélique :

Le bien-être de la famille. Comprendre son enfant, ses besoins, ses envies, ses refus…
Apprendre la patience à son enfant : tout vient à point :))
Voir le verre à moitié plein et non à moitié vide, l’enfant sera tout autant positif dans sa façon de voir la vie, sa vie :)))
Voilà pour mon point de vue.

 

Marine :

Pour moi, c’est se remettre en question, voir l’enfant autrement, essayer d’avancer en l’accompagnant. Main dans la main plutôt que face à face. C’est aussi avoir des objectifs précis, comme des challenges, essayer de s’améliorer. Zéro fessées, du dialogue. Essayer parfois des choses farfelues, mais qui fonctionnent. S’affranchir du regard des gens qui font autrement et pensent que forcément c’est mieux (ils n’en sont pas mort, la vie est dure il faut leur apprendre, bla-bla-bla). Pour moi c’est surtout lié par plein de petites ficelles à plein d’autres notions, comme le maternage, l’allaitement, le portage, la DME, la LSF, les couches lavables, le cododo, un côté aussi « responsable / écolo / bio », l’IEF, et sûrement d’autres que j’oublie ou que j’estime déjà englobés. Oui en fait je pense que c’est être parent acteur ou parent actif, comme être un peu militant ou à contre courant, c’est s’informer discuter, découvrir, se poser encore des questions. Enfin je déborde sans doute de la simple notion de « parentalité positive ».

 

Kristel :

La parentalité positive, c’est pour moi une façon de voir son enfant comme un être humain à part entière, avec ses désirs, ses peurs, ses besoins. Et essayer d’en tenir compte avec empathie et amour.

L’aider à grandir en se posant toujours la question : qu’est-ce que je souhaite lui transmettre ? Quels exemples de relations humaines je souhaite lui donner ?

Et non pas considérer un enfant comme un être dépourvu du droit de choisir, de penser par lui-même.

La parentalité positive c’est accompagner son enfant vers l’avenir, vers l’autonomie, sans chercher à le dresser.

Mais ce n’est pas toujours facile !

 

Vicky :

La parentalité positive est une nouvelle façon de considérer la famille: c’est vivre en famille sans rapports de force. Sans ces réflexes éducatifs qui nous amènent à considérer les enfants comme des êtres fautifs à corriger à tout prix. C’est une parentalité épanouissante dans l’amour, le partage et la reconsidération de nos positions de vie d’adultes. C’est le respect plein et entier, inconditionnel et non négociable de l’enfant en tant que personne différente, avec ses codes, besoins et représentations du monde propres. C’est aussi l’abandon de l’idée de possession et d’ascendant sur l’enfant. C’est ne pas se reconnaitre d’autre droit sur lui que celui de le protéger et de l’aider à se construire, quand bien même cela doit passer par l’intégration des codes sociaux. Et c’est aussi se renseigner, lire, apprendre et être humble en matière d’éducation, ne pas avoir la prétention de savoir faire instinctivement…

 

Cécile :

Pour moi, la parentalité positive c’est quand tout le monde est gagnant dans la relation, parents comme enfants, et qu’on arrive à sortir des schémas classiques de conflits et de luttes de pouvoir.
J’y vois aussi une part importante de joie, de gaieté et de petits bonheurs, dont on s’éloigne malheureusement facilement quand on est pris dans le tourbillon du quotidien.

 

Lise :

Pour moi, ce terme de « positif » se décline selon plusieurs définitions très proches des mots :

Tout d’abord, au pied de la lettre, j’entends le fait d’être positif dans sa parentalité dans le sens d' »optimiste », du fait de prendre les choses du bon côté. Je trouve que l’on entend et lit souvent des expressions négatives quant au fait d’être parent (tu n’as plus de temps pour toi, tu passes ton temps à faire le gendarme, fini tout ce que tu faisais avant) et des enfants en soi (un vrai démon, qu’est-ce qu’il est soûlant, oui là il n’a pas l’air, mais si tu le voyais quand il…, etc.) Bref, je regrette que verbalement, la parentalité soit souvent vécue de manière si pessimiste et sombre… ce qui ne peut qu’accompagner et influencer le quotidien. Premièrement, donc, être positif dans sa parentalité, c’est mettre en avant les bon côtés de son enfants, les bons côtés du fait d’être parent, c’est aller vers le haut…

Etre positif, ensuite, c’est être constructif, considérer au maximum les événements de la parentalité comme n’étant pas de simples « caprices » du destin qui nous a mis « un enfant pareil », ou de l’enfant, mais comme des situations ayant un sens qui demande à être réfléchi, personnellement, en couple et avec l’enfant. Cela aidera  d’une part d’être le moins souvent possible pris au dépourvu, et d’autre part trouver des solutions quand nécessaire. C’est aussi être constructif vis à vis de son enfant, et se demander sans cesse si la manière dont on agit avec lui permet de s’épanouir dans sa personnalité, c’est essayer autant que possible d’éviter tout ce qui pourrait être destructeur dans le développement de ses compétences affectives et intellectuelles, c’est, dans le difficile cheminement de la découverte de la parentalité, chercher à semer un chemin favorable pour soi, pour sa famille, et pour ses enfants.

Enfin -et surtout-, j’entends un sens résonnant comme « gai, léger, heureux ». Car, faisant écho à ma première définition, je crois sérieusement que l’idée et le langage influencent le quotidien et vice versa. Il me semble, au hasard de mes observations citadines, que les parents qui ne crient pas, ne menacent pas, ne semblent pas stressés, bref qui s' »entendent bien avec leur enfant », sont aussi des personnes avenantes, souriantes, drôles, qui semblent joyeuses, satisfaites, sereines (et les enfants aussi)… Je ne sais pas qui de la poule ou de l’œuf est arrivé le premier. La positivité entraînerait-il la positivité ? Probablement, et dans ce cas, elle est ouverte à tous.

Plus concrètement, la parentalité positive, oblitérant d’emblée tous les commentaires négatifs que l’on peut entendre autour de soi (ne lui donnez pas de mauvaises habitudes, ne vous laissez pas marcher sur les pieds, il fait cela pour vous embêter, il vous teste, l’enfant est un tyran qu’il faut mater au plus vite…) , permettra de s’orienter vers les biais plus simples et plus plaisants de ce qu’offre le fait d’être parent. Ainsi, portage à volonté (libère les mains, offre complicité), cododo (évite de se lever la nuit, offre complicité), communication bienveillante, signes, jeux (facilite la compréhension, offre… complicité !), allaitement et diversification menée par l’enfant (facilitent le côté pratique, évite les calculs, les préparations, etc., et offre… oui !).

 

Marie :

A mon sens, « positive » ne doit pas s’entendre comme à l’opposé de quoique ce soit. Il n’y aurait pas une bonne parentalité et une mauvaise parentalité : il y a des choses qui correspondent à telle ou telle famille. Je conçois la parentalité positive comme une mise en mouvement, quelque chose qui implique un effort : une volonté de remettre en questions nos pratiques éducatives, leur bien-fondé, de ne pas faire par défaut mais en conscience.

Pour moi, la parentalité positive est la recherche d’un vivre-ensemble joyeux et le plus serein possible.

Je mets dans l’idée de parentalité positive tout ce qui a trait à l’éducation non-violente, au parentage proximal, ludique et inconditionnel (voir en particulier Alice Miller, John Bowlby, Lawrence Cohen et Alfie Kohn).

 

Des histoires de pandas

Par Marie

Maintenant que Petit-puce va un peu à la crèche, elle a mille doudous, et pas toujours des peluches… (dernièrement, elle a dormi avec son flacon de liniment (vide) et la balle prêtée par la copine Sara). Mais la première peluche qui l’a vraiment intéressé c’est un panda. Elle avait 18 mois (les doudous de naissance ont été bien inutiles pour elle…).

Depuis, les pandas, on aime bien.

Je vais vous présenter notre petite collection de livres avec des pandas dedans.

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« Petit panda et le tigre volant » de Renata Liwska

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Grand-père panda raconte une histoire à son petit-fils. « Mais Grand-père, c’est idiot. Un tigre, ça ne vole pas ! » [spoiler : en fait, si]. Un livre tout tendre avec de très belles illustrations.


« Oops et Ohlala » (ou panda-koala selon ma fille) par Mellow et Amélie Graux.

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Une excellente série des éditions Talents Hauts (dont la qualité principale est d’agir pour l’égalité filles-garçons : on en a déjà parlé ici et ). Il existe sur leur site une version sonore des livres (voir par là). La série se présente en version française et en version bilingue anglais ; dans ce cas, les phrases ne sont pas traduites et on alterne juste l’anglais (avec le panda) et le français (avec la koala). La puce dit désormais « Ousp ! » quand elle fait tomber quelque chose !


« Pourquoi les pandas sont-ils noirs et blancs ? » par Karine Tournade et Julie Mellan.

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C’est l’histoire de la légende chinoise sur la couleur du pelage des pandas. Ici, la petite fille ne meurt pas (comme c’est le cas dans la légende) mais se fait enlever par un « méchant léopard des neiges ». Pourquoi ? Comment ? Et puis elle s’échappe. Pourquoi ? Comment ? Vous l’aurez compris, je lui trouve peu d’intérêt narratif.

La maison d’édition, Lire, c’est partir, est une association ayant pour but de favoriser l’accès à la lecture pour tous. A partir de 80 cts le livre (merci Fred pour la bonne trouvaille).

On peut trouver sur internet une fiche de lecture pour travailler sur ce livre.


« Arthur et le dragon » de Elisabeth Duval et Stéphane Sénégas

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Arthur (le panda) se retrouve dans sa nouvelle maison avec ses parents. Il y a des travaux à faire pour s’installer. Mais Arthur a beaucoup d’imagination : le bruit, ce n’est pas la perceuse, c’est un dragon qui hurle ! En comptant son trésor, il s’est coincé une pièce d’or sous l’ongle… Et Arthur a plein d’idées pour le délivrer.

J’aime beaucoup les différents niveaux de lecture de ce livre et l’idée du « pauvre dragon » qu’il faut sauver.

Encore un livre qu’on a acheté après l’avoir d’abord emprunté à la bibliothèque…


« Tchi le panda » de Neil Gaiman et Adam Rex

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Là, c’est Gaiman qui m’a fait acheter ce livre. J’ai découvert cet auteur grâce à sa collaboration avec Terry Pratchett pour « de bons présages » (que je vous recommande très fortement).

« Quand Tchi éternue, c’est la catastrophe. » Et il manque d’éternuer souvent : la poussière des vieux livres de la bibliothèque, le poivre du restaurant… Et quand il éternue enfin, c’est effectivement une catastrophe…

L’histoire est toute simple mais les pseudos-éternuements se prêtent bien au jeu du conteur et les détails nombreux (les souris avec leurs mini-ordinateurs dans les tiroirs de la bibliothèque, la troupe des musiciens de Brême dans le cirque, etc.) permettent de passer du temps sur les images.

(Neil Gaiman présente son livre dans la vidéo ci-dessous)


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