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Rencontre parents de 2 enfants et +

Quand la famille s’agrandit et que les enfants grandissent, nous voilà confrontés à de nouvelles problématiques et situations…

Retrouvons-nous un moment au calme pour partager sur nos difficultés parentales et nos joies, pour échanger sur nos craquages, le tout dans la bienveillance la bonne humeur et surtout sans jugement!

Les rencontres se font actuellement ONLINE et sont toujours gratuites.

Atelier Faber et Mazlish (1/7)

Atelier « Parler pour que les enfants écoutent, écouter pour que les enfants parlent » des Faber et Mazlish.

Attention, limité à 8 participants ! Réservez vite !

Que vous soyez parent, futur parent, grand-parent ou professionnel.le de l’enfance, on vous propose une série de 7 ateliers de communication intergénérationelle.

Tous les jeudis, du 5 novembre au 17 décembre.

Ces ateliers vous donneront les bases de la parentalité bienveillante ainsi que des outils concrets pour faire face aux différentes situations que l’on rencontre au quotidien avec les enfants.

Nous parlerons des émotions ainsi que des besoins des enfants. Nous apprendrons à les guider vers l’autonomie, sans cris, sans punitions, sans violence.

En participant à cet atelier vous apprendrez à:

– Accueillir les émotions difficiles des enfants

– Exprimer vos propres émotions, besoins et désaccords sans blesser

– Susciter le désir de coopérer chez l’enfant

– Utiliser des alternatives à la punition

– Résoudre les conflits familiaux dans une ambiance de calme et de coopération

… pour le plus grand bonheur de tous !

La fessée : un étrange débat

(par Lise)

En ce 22 décembre 2016, la loi interdisant « tout traitement cruel, dégradant ou humiliant, y compris tout recours aux violences corporelles » était votée (avant d’être, malheureusement, annulée). Aussitôt, les réactions fusaient. Et à chaque fois qu’il en est à nouveau question, cela recommence.

En cette fin d’année, j’ai eu la mauvaise idée de dépenser mon temps sur des forums évoquant cette loi. Beaucoup des réactions s’opposent à celle-ci et s’en indignent. Les mêmes arguments reviennent sans cesse, ceux qui tentent de donner un autre point de vue se fatiguent et se font rares. Ne pas répondre, me dis-je, c’est laisser penser qu’on donne raison à ceux qui s’élèvent contre l’interdiction des châtiments. Répondre, c’est s’exposer à s’épuiser à tourner autour des mêmes arguments fallacieux et catégoriques. J’ai envie de m’exprimer ici une fois pour toutes sur ceux qui reviennent le plus souvent.

Et cela d’autant plus que je n’arrive que très exceptionnellement, sur les forums, à obtenir de réponse, l’expression de mon opinion se heurtant immédiatement à une insulte, une menace, ou, au mieux un « je fais ce que je veux avec mes enfants. »

C’est bien beau, d’interdire la fessée, mais ce n’est pas ce qu’il y a de pire, une petite fessée, c’est pas si grave par rapport au reste…

(ou : « Donner une fessée, c’est pas taper, faut pas exagérer non plus ! »)

Elle est stupéfiante, cette levée de bouclier contre l’interdiction de « la Fessée », oui, avec la majuscule ! La sacro-sainte « Fessée-que-nous-avons-tous-reçue-étant-enfant-et-on-remercie-nos-parents-parce-que-sinon-on-ne-serait-pas-ce-qu’on-est-devenus-et-ça-fait-pas-de-mal-une-bonne-fessée-quand-c’est-mérité-et-d’ailleurs-on-n’en-est-pas-mort-et-on-en-donnera-aussi-à-nos-enfants-quand-ils-la-mériteront-pour-ne-pas-qu’ils-deviennent-des-enfants-rois-ou-des-délinquants ». Sur les arguments un à un, je reviendrai plus tard.

Mais sur le terme « fessée », j’interviens d’entrée. Est-ce un hasard si la plupart des médias la mentionnent en titre (mis à part le Monde et l’OVEO), évoquant seulement une « interdiction de la fessée ? » Je me surprends pourtant à croire (à rêver), que s’il avait été davantage fait mention de « violences corporelles », voire de « violence éducative ordinaire », les réactions auraient été moins vives… Alors que cette fessée est si simple, si classique, si habituelle, si connue, qu’elle s’élève comme le symbole du geste que tout adulte a reçu dans son enfance et peut (doit) destiner à tout enfant qu’il souhaite éduquer. La fessée comme allégorie de l’autorité. Ainsi, elle est si ancrée dans le vocabulaire et dans les actes qu’il semble essentiel de la défendre. Il faut fesser les enfants pour les éduquer comme il faut manger pour grandir. La certitude est si grande que la remise en question est à la frontière de l’impossible.

Quoi qu’il en soit, pour rétablir les faits, la fessée n’est en effet qu’un détail parmi d’autres, et la loi fait état de «  tout traitement cruel, dégradant ou humiliant, y compris tout recours aux violences corporelles », cela incluant par exemple les violences verbales et psychologiques (crier, injurier, se moquer, humilier, mentir, menacer, culpabiliser, rejeter, chantage affectif…), les violences physiques (gifler, fesser, pincer, tirer les oreilles ou les cheveux, donner des coups de pied, secouer, saisir brutalement, bousculer, pousser, contraindre l’enfant dans une position inconfortable, le priver de nourriture…) (1)

En attendant, bien peu débattent sur les autres formes de violences mentionnées ci-dessus, et on évoque encore moins leurs alternatives

 

Loi ou pas loi si mes enfants méritent une fessée ils en auront une ! C’est de l’éducation ! Et si le gouvernement n’est pas content, il n’aura qu’à prendre mes enfants lui-même pour voir s’il fait mieux, et me mettre en prison, tiens !

(ou « Qu’ils aillent se faire voir ailleurs ou se faire foutre chez les Talibans…toutes ces lois stupides et ineptes qui sont votées par des incapables se gavant à volonté sur notre dos tout au long de l’année…c’est à eux qu’on devrait leur botter les fesses!!! »)

Non, cette loi n’est pas assortie de sanction (elle appartient au droit civil), et personne ne vous enlèvera votre enfant si vous lui donnez une fessée. Je pense que tout son intérêt est d’inciter à la réflexion et de faire peu à peu changer la norme et la pensée ancrée et irréfléchie qui consiste en l’argument « j’en ai reçu et ça ne m’a pas tué »…

Punir pour montrer qu’il ne faut pas punir aurait là aussi quelque chose d’illogique (j’allais écrire et d’infantilisant, mais… j’ai un souci, parce ce terme a un sens bien négatif qui ne devrait pas non plus concerner les enfants).

Cependant, il peut être intéressant d’observer combien les adultes affirmant avoir grandi parmi les punitions et autres châtiments s’intéressent aux conséquences que pourrait avoir une désobéissance, plutôt qu’à l’intérêt intrinsèque de la règle. Voilà donc ces mêmes adultes qui souhaitent inculquer des règles à des enfants qui se devront de leur obéir à tout prix, et qui, lorsqu’il s’agit d’eux-mêmes n’hésitent pas à écrire en public qu’ils « emmerdent la loi » et ne la respecteront pas, puisque de toute façon, personne ne viendra vérifier chez eux. L’exemple parle de lui-même : en faisant obéir par la crainte, on enseigne à éviter l’objet de la crainte. Respectez-vous les limites de vitesse par peur des radars, ou parce qu’il vous semble essentiel de ne pas mettre en danger la vie d’autrui par une conduite qui peut être dangereuse ? Souhaitez-vous que votre enfant ne vous tape pas parce qu’il a peur que vous ne le retapiez plus fort, ou parce qu’il a compris qu’il peut vous faire mal et souhaite l’éviter ?…

Pour moi, cette loi a surtout pour rôle d’encourager à s’informer sur les autres méthodes éducatives qui existent… Pas de châtiment ne signifie pas absence de cadre éducatif. Pourquoi opposer autoritarisme et laxisme comme si aucune voie n’existait au milieu ? (2) et (3)

 

Hors de question que je laisse mon enfant faire tout ce qu’il veut, genre taper des crises en public, ou lever la main sur moi.

(ou « Fessé et rien a foute qu’on me juge quand je sort j’ai juste a leur dire si ils font un caprice on rentre fessé et au lit ou juste mon regard ils sont compris ces quand même plus agréable de sortir en ville faire ses course av des enfants calme quand j’en vois dans les magasins qui se roule au sol et le parents dit rien ben la zute!!!!! »)

Ah, le spectre de l’enfant tout puissant et malfaisant ! Voilà un leitmotiv qui montre une véritable angoisse des parents envers leurs enfants. Ils veulent s’en faire craindre pour cesser de les craindre, pour ne pas « risquer un jour » que ces petits êtres prennent le pouvoir, et aussi pour ne surtout pas risquer que quiconque pense que leurs enfants sont « mal élevés »…

Il est primordial de s’informer sur le développement et le fonctionnement du cerveau de l’enfant. Ainsi, un enfant qui fait une crise dans un magasin le fait par incapacité à maîtriser ses émotions et la frustration, de par l’immaturité de son cerveau. Cela peut arriver à tout jeune enfant fatigué, quand le parent, adulte censé être mature, n’a pas bien géré l’horaire ni la façon de l’accompagner (ce qui arrive à tout parent). Pas parce que l’enfant cherche délibérément à embêter. On peut chercher des idées pour contourner cela, comme lui confier des tâches pour aider aux courses, et si l’enfant a très envie d’un objet, on le prend en photo pour s’en rappeler, et s’il y a litige, on discute, et ainsi de suite, jusqu’au non ferme, qui peut aussi être un moyen de survivre aux courses, et d’en reparler plus tard. (4) (5) (6)
Et, parmi les enfants et moins jeunes que je côtoie, je ne crois pas en connaître parmi ceux qui ont été élevés dans le dialogue, le respect et l’exemple, qui aient tendance à lever la main ou insulter quelqu’un (y compris leurs propres enfants). Je ne réussis donc pas à comprendre ce qui fait craindre (mis à part, peut-être, ce fameux amalgame non-violence/laxisme) qu’un enfant qui ne recevrait pas de châtiments devienne violent.

 

On se prépare une génération de délinquants. Il n’y a qu’à voir, déjà, tous ces jeunes d’aujourd’hui chez qui des claques se perdent.

(ou « Y en a quelques un que j’aurais puni en leur flanquant une bonne fessée pour leur aprendre a se taire devant un adulte et le respecter mais d’une c’est interdit et de deux y a des meres un peu bebete qui soutiennent leurs enfants indisciplinés faudras pas qu’elles s’etonnent si a 13 ou14 ans elles se prennent des baignes par leur ados car ce sera de leur faute je trouve que c’est inquiétant la génération qui arrive. »)

C’est à mon sens un raccourci rapide que de dire que les jeunes difficiles le font parce qu’ils ont manqué de punitions et fessées, plutôt que de vérifier s’ils ont bénéficié d’encadrement, de respect, de soutien, de dialogue… Le laxisme m’apparaît en effet comme une autre forme de maltraitance, mais n’est pas la seule alternative à l’autoritarisme…

Cela revient à dire : « regardez ce cerisier, il est planté dans du sable, n’a jamais été arrosé, n’a pas été greffé. Et il ne donne pas de cerises parce qu’on ne lui a pas mis d’insecticide ! »

Je crois en effet volontiers que certains enfants ayant reçu fessées et punitions grandissent d’une manière épanouie et équilibrée MALGRE ces dernières, et grâce à un cadre éducatif soutenant, enrichissant et structurant. De même que, parmi les jeunes qui se sont tournés vers la délinquances nombreux sont ceux qui l’ont fait MALGRE nombre de fessées, punitions, avilissements et autres coups. Bref, par quel raccourci de pensée peut-on lier ainsi facilement délinquance et absence de châtiment corporel ? Oh, je le comprends bien : parce qu’à celui qui nous insulte, menace, méprise, on a envie de donner un coup… mais enfin, réfléchissons en toute bonne foi ; il s’agit là d’un mouvement impulsif de notre part, et pas réellement de ce dont l’autre a « besoin » pour changer son comportement !
L’enfant n’est pas roi, et, si on prend le temps d’observer la journée d’un petit d’un autre regard, il est soumis sans cesse à des contraintes (on sort, on rentre maintenant, habille-toi comme ça, mange cela…) pour très peu de liberté et de choix. Lorsqu’il manifeste son désaccord, on peut estimer la manière dont il le fait inadaptée et l’aider à en trouver une meilleure, sans y chercher de méchanceté de sa part.
C’est à nous, adultes matures qui décidons de tout et dirigeons tout, de donner à l’enfant les clés et l’exemple pour devenir respectueux à son tour. On ne se considère pas comme son égal dans les droits, on ne peut lui demander, alors qu’il est en pleine construction, d’être notre égal immédiatement dans sa compétence à gérer ses devoirs…

 

Si on ne peut même plus leur donner une fessée, et carrément pas les punir ou même utiliser le chantage, les enfants vont se croire tout permis, faut quand même qu’ils sachent qui est-ce qui commande !

Il semble que nombreux soient les parents qui croient qu’il n’existe que deux formes d’éducation : autoritaire (accompagné, donc de toutes les sanctions jugées nécessaires) et laxiste (qui consisterait, selon certains, à se contenter de ne pas utiliser ces sanctions). Au milieu, pourtant, une large bande est à explorer.

Mais si l’on définit comme « roi » celui qui estime que ses désirs doivent passer avant ceux d’autrui, que son entourage devrait être adapté à ses souhaits et ne pas le déranger, et qu’il faut lui obéir sans argumenter, mais juste parce que « c’est comme ça et ce n’est pas autrement »… n’apparaît-il pas un grand nombre d’adultes-rois, qui souhaitent garder ce pouvoir et cette possibilité d’être le principal acteur de toute situation qui, peut-être leur avait fait défaut quand ils étaient enfants ?

C’est encore une fois par l’exemple qu’ainsi, ils montrent à leur tour que les rapports de force sont essentiels dans la relation, qu’il faut un chef et que celui qui ne l’est pas doit se montrer soumis. C’est pourquoi ces adultes qui pensent que l’on est soit celui qui soumet soit celui qui est soumis ont peur de se retrouver dans la deuxième position, n’imaginant pas la solution gagnant-gagnant, où chacun se sent écouté, où le dialogue a toujours sa place, où chacun s’offre la possibilité de se remettre en question, et où il n’y a pas combat mais discussion.

 

Quand elle est méritée, une bonne fessée ne fait pas de mal, ça remet les idées en place.

Que veut dire mérité, qui juge du moment où c’est « mérité », de la force à laquelle on peut taper, du moment où c’est « trop violent » pour celui qui la reçoit ? Et qui décide de quand ça fait mal/du mal ?
Personnellement, il m’arrive d’être exécrable, levée du pied gauche, sans patience, susceptible, un peu acerbe dans mes propos envers mon entourage… Pas vous ? Vous croyez que, dans ce cas, une claque me remettrait les idées en place ? Ou à vous, ou à votre conjoint ? Jusqu’à quel âge cela fonctionne-t-il ?

Et puis, surtout, les études réalisées ces dernières années par des neuroscientifiques, sociologues et autres médecins montrent que SI, une fessée peut faire du mal. Ainsi, elle freine le bon développement de l’enfant, et, plus l’enfant en reçoit tôt, plus il est susceptible d’être agressif, déprimé ou anxieux par la suite, elle a des répercussions à l’âge adulte concernant le risque de suicide, de maladies graves, de violence… Tous les détails de ces études sont ici. (7)

A ceux qui répondront « j’en ai pourtant reçu et je vais très bien », au-delà de les inviter à se pencher sur chacune des causes de leurs difficultés éventuelles et à vérifier si véritablement rien de cela ne les a touchés, je demanderai s’ils sont prêts à courir le risque avec leur enfant, même s’ils estiment qu’il y a une chance pour que ceux-ci ne souffrent d’aucune de ces conséquences. Mais surtout, je ne pourrai pas m’empêcher de manifester ma surprise : comment peut-on affirmer que recevoir des châtiments ne cause en aucun cas de la violence, quand on est soi-même en train de défendre corps et âme son droit à châtier, à taper, à punir, son enfant plutôt que de chercher d’autres solutions ? Si elle ne devait causer qu’un seul tort, la fessée aurait celui d’être extrêmement reproductible en toute bonne conscience par la génération suivante…

 

Chacun fait ce qu’il veut chez lui ! Et j’élève mes enfants comme je veux !  

(ou « Ils peuvent avoir voter cette loi…. j m’en tape royal !!! Si mes enfants en méritent 1 ils l’auront !! Et celui qui n’est pas content j l’emm….. »)

Une des raisons qui me convainc que l’on doit s’interdire toute tape est ma propre expérience : je tends à être non violente, mais quand ma fille a montré une période pénible d’opposition vers 2-3 ans, je l’ai tapée sur la cuisse. Et elle s’est calmée, ça a marché (tout en me lançant un regard glaçant) S’en sont suivis quelques jours où, malgré mon aversion théorique pour tout châtiment corporel, cela s’est reproduit : cela avait tendance à partir de plus en plus tout seul. Ça fonctionnait (enfin, sur le moment, mais pas pour de bon, sinon jamais il n’y aurait eu besoin de recommencer), ça me défoulait (enfin, jusqu’à ce que je culpabilise), et ça me libérait de mon impulsion ! Sauf que… Ma fille était de plus en plus rebelle, me lançait ses regards froids, et je ne me maîtrisais pas, alors que c’était ce que j’exigeais qu’elle fasse. Et je me suis dit stop. Se dire qu’on peut donner une fessée de temps en temps est une porte trop dangereuse et trop grande ouverte (et facile, mais inutile) Dire qu’une fessée peut échapper lorsqu’on a eu très peur par exemple, c’est ouvrir une fenêtre. Alors a posteriori, certes, cela arrive et on doit pouvoir se le pardonner, mais a priori, NON, toute forme de violence envers tous doit être proscrite, quoi qu’il arrive… Et quoi que plus fatigants peut-être, tous les moyens qui ne sont pas punition et fessée sont plus valorisants, plus efficaces à long terme et plus logiques en fait qu’une fessée…

Nos enfants sont des personnes tout entières. On fait ce qu’on veut chez soi avec ses casseroles et la couleur de son papier peint, mais pas avec les autres humains de la maison. Essayons donc de nous souvenir de notre propre enfance, essayons de nous mettre à la place de notre enfant. Informons-nous et profitons de toutes les sources et études qui peuvent nous soutenir. Lisons, par exemple Maurel (a), Filliozat (b), Faber et Mazlich (c), Gueguen (d), suivons des cours de parentalité… Car même en admettant que « l’on fasse ce que l’on veut avec ses enfants », encore fait-il savoir ce que l’on veut et pourquoi on le veut. Pour pouvoir affirmer que l’on fait un CHOIX, il faut s’être donné les moyens de réaliser ce choix en connaissance de cause, des alternatives et des conséquences.

Enfin, cette manière d’affirmer sa volonté de « faire ce que l’on veut » de manière péremptoire et impérieuse a un côté… qui ne peut que m’évoquer la royauté dont les enfants sont accusés de vouloir se saisir. Or, ici, celui qui veut faire tout ce qu’il veut comme il veut, y compris au détriment d’autrui, celui qui veut prendre et garder le pouvoir, qui souhaite à tout prix être obéi et se refuse à être dérangé par quiconque sous peine de lui en faire subir les conséquences, n’est-ce pas, une nouvelle fois, le parent-roi ?…

 

J’ai reçu des fessées quand j’étais petit, et je n’en suis pas mort, faut arrêter avec ces conneries !

J’ai du mal à concéder un sens à cette phrase, qui revient comme une litanie au fil des commentaires comme principal argument. Comme si ne pas mourir et ne pas tuer ses enfants était une aspiration et une fin en soi, qui suffise à tout justifier.

Je lis : j’ai reçu une fessée et je n’en suis pas mort, donc j’en donne parce que c’est nécessaire. Je constate : la fessée ne tue pas, mais le fait d’en avoir reçu offre aux adultes une légitimation à défendre publiquement un « droit » à lever la main sur leur enfant. Je déduis : le fait d’avoir reçu des tapes étant enfant laisse penser qu’il est logique de lever la main sur plus faible que soi tant qu’on estime avoir raison. Je conclus : c’est ce que celui qui en a reçu estime juste d’enseigner à son tour à ses enfants…

Car la génération respectueuse et non-violente n’a pas encore vu le jour, ni parmi nos ancêtres ni parmi nous… Ne serait-il pas tant d’essayer autre chose, au contraire ?

On ne meurt pas non plus de grandir dans le respect et la bienveillance.


Le gouvernement français fait n’importe quoi, ils verront ce que ça donnera quand ils auront créé une génération de délinquants.

… et dire qu’en Suède, ça fait 29 ans que cette loi existe, qu’elle a été votée déjà dans 51 pays du monde, que cela va faire 7 ans que cela figure dans les recommandations du Conseil de l’Europe… Les frontières de la France renferment-elles des personnes si différentes du reste du monde, ou font-elles office d’œillères ?
Oui, l’éducation autoritaire peut fonctionner. Mais pour autant, ce n’est pas la seule ni, de loin, la plus respectueuse.

 

Ca fait des générations que l’on éduque les enfants comme ça, et tout va bien !

(ou : « Je considère que s’il faut on est en droit de réprimander son enfant et la fessé est la plus vieille des punitions et non la plus douloureuse il faut arrêter de dire que ca humilie l’enfant sous prétexte que le pauvre chéri prend une punition. »)

Notre société est en souffrance, il y a des guerres un peu partout dans le monde. Cette loi n’a pas pour vocation d’être punitive pour quiconque. Juste d’alerter sur ces rapports humiliants, dévalorisants, qui n’équipent pas nos générations futures, mais leur transmettent notre impuissance à créer d’autres façons de faire plus dignes. C’est un chemin, pas une règle ou une panacée.

 

Éduquer et légiférer ne s’accordent pas à merveille : information et éducation des parents seraient le pivot essentiel : je suis POUR l’éducation à la bienveillance.

 

Nb : les commentaires en italique sont copiés-collés de commentaires Facebook et sous les articles traitant de la question.

 

Partage d’expériences, ou comment l’on peut faire confiance à nos enfants

Par Ariane

Mon Ecureuil a aujourd’hui six ans. Je la regarde grandir chaque jour et je me remémore les moments si importants qui ont jalonné sa vie, et notre relation à toutes les deux (ainsi évidemment que celle avec son père). J’accompagne de jeunes parents dans mon travail et je réalise à quel point, lors des moments difficiles, on imagine que cela n’ira jamais « mieux », que notre enfant ne dormira jamais la nuit, ne permettra pas de profiter de repas paisibles, nous semblera toujours dans l’opposition… (liste très loin d’être exhaustive).

Et lorsque je repense à ces passages difficiles et à leur résolution, je me rends compte que c’est l’Ecureuil qui a elle-même proposé les clefs de cette ouverture, soit on nous montrant les signes de ce qu’il fallait faire, soit en trouvant toute seule le chemin à prendre. Ces situations ont sans doute eu lieu maintes fois mais voici celles qui m’ont marquée. Je précise bien sûr, sur un gigantesque fond fluo, que mon but n’est ici que de partager mon expérience, pour peut-être rasséréner certains parents et éventuellement donner quelques idées, mais il va de soi que chaque enfant est différent, chaque contexte familial est particulier, et personne n’a de leçons à donner…

La fin de l’allaitement

J’ai allaité mon Ecureuil pendant un an et demi. Cela a été un réel plaisir, soutenue sans faillir et avec une grande bienveillance par le papa. J’adorais partager ce moment avec elle (et souvent lui), et je ne m’étais évidemment pas fixé de date de fin, mais au bout d’un an et demi j’ai éprouvé un grand besoin d’y mettre un terme ; l’Ecureuil réclamait constamment mon sein (elle n’a jamais eu de doudou sauf pour la crèche, et jamais de tétine non plus), et j’avais l’impression d’être l’objet d’une trop grande dépendance, enfin bref, il fallait que ça cesse. Mais j’étais très inquiète parce qu’elle tétait encore parfois la nuit (même si depuis ses dix mois elle dormait dans sa chambre sans problème), et je me disais que le sevrage allait être très dur pour elle. Je lui en parlé un soir, tout en lui donnant le sein, en lui expliquant que quelques jours plus tard elle allait devoir se passer de ce moment car il était devenu trop dur à vivre pour moi.

Incroyable mais vrai, cette Ecureuil qui tétait compulsivement mon sein depuis un an et demi, a d’elle-même et en quelques jours, arrêté de le demander. Je n’ai rien fait pour cela excepté lui faire part de mes difficultés, et elle m’a montré qu’elle m’avait entendue.

L’habillement

Comme la plupart des enfants, vers l’âge de deux ans, l’Ecureuil est passée par une période où elle ne voulait pas s’habiller. Les matins de départ en crèche étaient très difficiles à vivre pour moi parce que rien n’y faisait et je me suis retrouvée certaines fois à tenter de l’habiller de force, elle hurlant, moi aussi, pour un résultat évidemment insatisfaisant… Heureusement à cette époque-là je me suis intéressée à la parentalité ludique, en particulier à la lecture de « Qui veut jouer avec moi ? » de Lawrence Cohen. J’ai initié le « jeu du Bou » avec l’Ecureuil, que j’ai rapidement évoqué dans un précédent article. Elle voulait sauter sur son lit au lieu de s’habiller. Je lui ai proposé ce jeu : elle pouvait sauter, mais quand je disais « Bou ! », elle devait enfiler un vêtement. Elle était ravie, et en quelques minutes de rigolade, elle était habillée et prête à sortir, dans la bonne humeur, et surtout, sans altération du lien, ce qui est pour moi primordial : lorsqu’on ressent de l’agacement, voire de l’agressivité, envers son enfant, la relation s’abîme, ne serait-ce que temporairement, elle qui est pourtant si précieuse…

Elle a donc accepté ma proposition de solution avec plaisir et nous nous en sommes trouvées toutes les deux très satisfaites. Et bien sûr, comme inéluctablement les enfants grandissent, nous n’avons rapidement plus eu besoin d’avoir recours au jeu du Bou.

Les repas

Les repas ont été compliqués jusqu’à, je dirais, l’âge de 5 ans. L’Ecureuil descendait de table, remontait, gigotait dans tous les sens… Son père et moi n’avons jamais imposé de cadre particulier durant ces moments : elle pouvait jouer avec la nourriture, ne pas finir son assiette, et avait bien sûr le droit de ne pas manger ce qu’elle n’aimait pas. Mais les acrobaties durant les repas, j’avais du mal à supporter ; d’abord parce qu’ils duraient des heures, et parce que c’était pour moi un moment calme en famille. J’ai passé des mois à répéter en boucle « mange !!! » et « reste à table ! », et c’est devenu un réel problème entre nous. J’ai dû dire des trucs moches, comme ça peut arriver quand on est très en colère.

J’ai lu le livre de Carlos Gonzales « Mon enfant ne mange pas », qui m’a beaucoup détendue…

Et puis j’ai lâché. Je ne sais pas comment, si cela a été dû à une situation particulière, mais j’ai lâché. J’ai arrêté de crier. Lorsque mon repas était fini, j’allais m’allonger sur le canapé (à côté de la table) avec un journal jusqu’à ce qu’elle ait fini de manger. Et en quelques jours, le problème a disparu. Est-ce parce que j’ai lâché prise, ou parce qu’elle en a eu assez de terminer ses repas toute seule, ou encore tout simplement parce qu’elle grandissait, je ne saurai jamais, mais les repas depuis se déroulent dans le calme et surtout, le plaisir…

Le coucher

Ma fille est formidable, c’est entendu. Je dirais même qu’elle est parfaite. Je sais, je suis partiale. Néanmoins il est vrai que nous n’avons jamais rencontré de gros écueils dans notre relation, on a toujours (ou presque) pu communiquer, dans la liberté de s’exprimer, et dans la plus grande bienveillance possible.

L’étoile noire dans cet infini de perfection : le sommeil. Il était difficile pour l’enfant qu’était ma mère, pour celle que j’étais, et il l’est pour l’Ecureuil (je ne tire pas de conclusion mais le lien peut se concevoir). Dès la naissance, les nuits ont été difficiles. Elle a dormi en cododo jusqu’à ses dix mois, date à laquelle nous avons déménagé. Elle a dormi dès la première nuit dans sa nouvelle chambre. Elle demandait tout de même une présence au coucher. Mais l’endormissement prenait des heures, et croyez-moi, ce n’est pas une figure rhétorique. Son père ou moi allions la coucher à 20h (par exemple), nous y restions facilement jusqu’à 22h-23h. Les soirées n’étaient presque jamais un plaisir.

Elle était fatiguée, et n’a d’ailleurs jamais refusé d’aller se coucher, bien au contraire. Mais le sommeil ne venait pas. Elle tournait et virait dans son lit, il fallait raconter des dizaines d’histoires. Je devenais folle, tous les soirs. Son père, le chanceux, s’endormait avant elle.

Vers 3 ans elle a commencé à s’endormir plus rapidement, plus facilement. Les soirées n’ont plus été des cauchemars. On restait une demi-heure, et elle dormait. Mais il fallait toujours rester avec elle. Et cela a duré jusqu’à ses 5 ans et demi. Son père et moi étions séparés, j’étais très occupée, et je ne pouvais pas rester une demi-heure avec elle à côté de son lit. Et à ce stade-là je n’en concevais pas le besoin pour elle. J’ai commencé à lui exprimer ce que je ressentais. Mais elle réclamait toujours. Alors j’ai imposé le coucher seule une nuit sur deux. Sous certaines conditions, bien sûr : son lit donne sur le salon, donc elle voyait que j’étais là. Elle avait sa veilleuse, son mouton musical, la lumière du salon, et bien sûr les deux portes étaient ouvertes. Je revenais lui faire un câlin toutes les cinq minutes.

La nuit où elle s’endormait seule se passait bien mais elle demandait toujours ma présence l’autre nuit. Cela a duré plusieurs mois, et j’ai craqué, sous la pression du temps si précieux, de mon épuisement, et du sentiment de n’avoir jamais la possibilité d’être tranquille, moi, toute seule… J’ai imposé toutes les nuits. Je n’en pouvais plus, elle n’avait pas le choix. J’étais à trois mètres d’elle, j’ai toujours accouru quand elle m’appelait, les portes étaient grandes ouvertes. Elle n’était pas seule. Et elle l’a accepté. Elle m’appelle encore parfois avant de s’endormir pour un câlin supplémentaire, je viens toujours, mais elle s’endort seule, et avec une rapidité déconcertante.

C’est la première fois que j’ai réellement imposé quelque chose, sans négociation, discussion. Cette décision a été le fruit de mon épuisement et elle l’a compris. Et j’ai réalisé que parfois, on peut imposer, lorsqu’on a tout essayé, lorsqu’on n’en peut plus, et que l’enfant peut le comprendre, parce que nous aussi, on a droit au respect. Je ne l’aurais pas imposé à un, deux, trois ans car elle n’était pas prête. Et quand je lui ai dit que je ne pouvais pas attendre qu’elle le soit, et que je lui ai montré que je mettais en place les conditions nécessaires à son bien-être, et surtout, qu’elle savait que je serais toujours là quand elle avait besoin de moi, elle l’a entendu.

J’ai réalisé aussi que rester auprès d’elle en ayant si envie d’être ailleurs, en me sentant si mal, était pire pour elle comme pour moi. Lorsque je restais avec elle durant les derniers mois, j’étais amère, en colère, distante. Ma présence était presque toxique et pourtant elle la demandait. Elle avait besoin que je lui montre que l’on pouvait faire autrement, même si elle ne pouvait le concevoir.

Voilà mon partage d’expérience, auquel je pense parfois pour me rappeler que tout passe ! Faisons confiance à nos enfants, c’est souvent eux qui portent les solutions…

 

Le libre grandir et la responsabilité parentale

Par Vicky

 

Bon, finalement en parentalité bienveillante on pose un cadre et des limites ou pas ? Et est-ce qu’on fait des choix à la place de nos enfants?

Ces deux questions reviennent sans cesse et divisent à volonté. D’un côté les bienveillantes* anti-âgisme qui disent le plus souvent non, de l’autre les bienveillantes-mais-pas-laxistes qui disent oui !

 

Le cadre ou la structure

 

Je vais rapidement dégager la question du cadre en répondant que, à mon sens, la phrase « les enfants ont besoin d’un cadre, ça les rassure » est archi-fausse. Peut-être que certains enfants se sentent rassurés avec un cadre mais c’est loin d’être une vérité absolue et un précepte éducatif. Ce que je veux dire c’est que certains adultes aussi se sentent rassurés dans un cadre donné, peut-être que ça leur permet de mieux travailler, d’être plus calmes, plus efficaces etc. Et d’autres adultes ont juste une sainte horreur des cadres, des cases et des restrictions, ils étouffent dedans. Est-ce que parce que certains adultes se sentent plus à l’aise professionnellement en étant salariés plutôt que sur un autre statut, on devrait conclure qu’ « un adulte a besoin d’un CDI, ça le rassure » ? Avec les enfants et le fameux cadre c’est la même chose. Pour certains enfants c’est sécurisant, pour d’autres non. Je tiens quand même à dire que cette phrase, tellement clichée en français, n’existe pas dans ma langue maternelle. Nous n’avons pas de cadre pour les enfants, que pour les tableaux.

 

En revanche un enfant a besoin de structure. Et en plus elle doit être solide. Plus la structure sera solide, plus il pourra se réaliser et se construire. Dans toutes les directions et sans limitation. Parce que la structure permet, tandis que le cadre limite. Et concrètement, quelle est la différence ? Parce que si c’est pour jouer sur les mots…

 

En fait je ne sais pas. J’invite les parents qui pensent qu’un cadre est nécessaire au bon fonctionnement de leur famille ou de leur enfant à m’expliquer ce qu’ils entendent par cadre avec des exemples concrets. Parce que moi je ne vois pas ce qu’il y a à imposer de plus que ce qui s’impose de facto, du fait de naître et de vivre dans une famille, qui elle-même évolue dans une société donnée avec ses codes, ses règles et ses lois. L’enfant qui vient au monde a déjà tout un cadre autour, il ne peut pas l’ignorer, il est obligé de se conformer, c’est le contrat social.

 

La structure c’est l’assurance du « je suis là pour toi quoi qu’il arrive », c’est la confiance que l’enfant peut ressentir vis-à-vis du parent, c’est le « je crois en toi » mais c’est aussi le « moi, parent, je sais qui je suis ». Et c’est parce que cette dernière partie est si difficile que le cadre peut devenir rassurant. Pour l’enfant, comme pour le parent, je dirais même surtout pour ce dernier. D’une manière générale j’ai remarqué que moins on a confiance en un système, plus on le balise. (Ça a l’air évident je sais, mais ça devient inconfortable et problématique quand on prône le système en question.) En clair, plus un parent sait qui il est et où est-ce qu’il va, moins il aura besoin de cadres, des « il faut » et des « par principe ».

 

Les limites

 

Le problème des limites n’est pas très différent en vrai, un cadre n’étant rien d’autre que la somme des limites. Et des limites on en a tous (de la même manière qu’on a un cadre « naturel » donc), on a les limites de notre corps, de notre nature humaine, des lois physiques etc. Nous avons également les limites imposées par la loi, ainsi que les limites de ceux qui nous entourent. Pour survivre en société nous devons les respecter.

 

Je suis bien évidemment contre l’idée d’imposer des limites « parce qu’il faut bien » ou « parce qu’on n’est pas laxistes » ou… bref, par principe. Et je suis partisane de la liberté d’exploration de ses propres limites. Une personne a besoin de savoir ce qu’elle est capable de faire ou encore comment le monde réagit à sa façon de s’y positionner. Personne ne peut vous apprendre ça, en revanche on peut être empêché.e de l’apprendre, si l’on n’a pas justement cette liberté d’exploration de ses propres limites.

 

Lorsqu’on est enfant, pendant cette exploration on a besoin de garde-fous, de sécurité. Pour la simple raison que les capacités cérébrales d’anticipation des conséquences de l’action ne sont pas opérationnelles. Mais pas que. Tant que la coordination des mouvements n’est pas parfaite un enfant peut avoir différents types d’accidents. Et puis il manque la connaissance et la maitrise de tout un tas de choses. Ainsi je peux tomber de l’escalier lorsque j’ai 10 mois, tomber dans la piscine quand j’ai 3 ans, tomber sur du porno sur l’ordinateur quand j’ai 7 ans et ainsi de suite, vous avez compris. Mais je peux également porter préjudice à autrui, parce que je ne peux pas maitriser mes pulsions de vie (besoin ou envie), parce que je ne sais pas faire autrement ou parce que je ne m’en rends pas compte. En fait, j’ai une extraordinaire capacité à faire tout un tas de trucs qui mettent en péril ma sécurité, ma santé, mon image même, les autres ou leurs libertés et droits. Heureusement, j’ai des parents!

 

La responsabilité parentale

 

Ce qui est évident pour moi c’est que le parent endosse un rôle de protection de son enfant, et d’un point de vue philosophique, cela n’est pas compatible avec la pleine liberté de choix que certain.e.s d’entre nous souhaitent permettre à leurs enfants. Pas loin de considérer que quand il n’y a pas de solution on doit reconsidérer le problème, et ayant passé d’innombrables heures à essayer de concilier la théorie avec ma pratique parentale par souci de cohérence et de congruence, j’arrive aujourd’hui à la conclusion que la pleine liberté de choix d’un enfant, n’est pas compatible avec la responsabilité parentale. Et plus vite on admet ça, moins on se tourmente avec nos incohérences et mieux on assume ce qui doit être assumé. C’est à dire les choix qu’on opère pour nos enfants. Parce qu’il n’y a pas de non-choix. A titre d’exemple, que l’on décide de vacciner ou pas son enfant on opère un choix pour lui. Que l’on décide de le scolariser ou pas, on opère un choix pour lui.

 

Pour laisser un enfant complètement libre de ses choix, il aurait fallu commencer depuis le début, en lui demandant s’il a envie de naître et s’il veut bien accepter ses parents, ses grand-parents, sa maison, sa ville, son pays, son prénom et ainsi de suite. J’ai mis beaucoup de temps à accepter que je prends des décisions pour mes enfants, mais depuis que cela a fait son chemin je parente avec moins d’ambiguïté, moins de culpabilité d’être incohérente. Au départ je voyais la famille comme une colocation dans laquelle l’enfant arrive, avec les mêmes droits que tout le monde, évidemment ! J’ai dit des tas de fois que combattre les Violences Educatives Ordinaires sans combattre l’âgisme c’est se mettre le doigt dans l’oeil au mieux, manipuler en conscience au pire. Je m’accordais le droit d’être limitante et interventionniste par devoir de protection de leur santé, leur sécurité et des libertés des autres, mais quand-même je voyais bien que ça manquait un peu d’égalité, de démocratie dans la prise de décision. Il devait bien manquer quelque chose dans ma conception de la fonction parentale et donc dans ma conception de la relation parent/enfant. Il manquait…

 

La dépendance

 

Un enfant se retrouve de fait dans un statut particulier: celui de la dépendance, comme une personne âgée ou une personne malade. Et ça, ça change tout dans la conception égalitariste de la relation parent/enfant. La relation ne peut pas être égalitaire car une prise en charge de l’enfant est nécessaire et obligatoire (même par la loi). Et qui dit prise en charge dit ascendant sur l’autre. C’est important d’admettre et d’accepter cette responsabilité vis-à-vis de son enfant. Ce qui est compliqué c’est de réussir à remplir cette obligation parentale tout en respectant l’individualité de l’enfant, sans tomber dans le langage de la domination, sans l’écraser sous le poids de l’évidence de notre autorité… Et c’est là que la parentalité positive fait sens! On peut s’y retrouver avec le terme très cher à une amie d’équidignité (en vrai ça vient de Jesper Juul mais moi je n’ai pas encore lu Juul!). L’égalité dans la relation est possible à condition qu’on ait les mêmes capacités, si on n’intègre pas ça on a vite fait de se sentir lésée que notre enfant ne nous fasse jamais à manger…

 

Donc la parentalité bienveillante, positive, empathique oui, le combat contre l’âgisme mille fois oui aussi, mais une conception égalitaire de la relation parent/enfant est vraiment très injuste pour l’enfant : il ne peut tout simplement pas faire autant ou pareil que nous. Et là, c’est à nous de prendre nos responsabilités, qui ne manqueront pas de faire défaut à sa liberté de choix.

 

* Je mets au féminin parce que l’écrasante majorité qui débat sur ces sujets sont des femmes.

Le jour où j’ai eu envie de parler de mon regard positif sur la parentalité du même nom

par Lise

(Il m’a été donné plusieurs fois de tomber sur des articles critiquant « l’éducation positive » tout en la définissant partie ou totalité pour ce qu’elle n’est pas. Récemment, un article en particulier circule beaucoup (1), et les très nombreux commentaires qu’il suscite me font éprouver la même chose que quand mon fils écrase méticuleusement ses framboises sur le canapé… Leur accumulation, cette invective de « mère parfaite » qui devient une expression courante à laquelle je ne réussis pas à donner de sens, et qui est toujours destinée négativement à… (à qui exactement ?), par ceux que l’on a fait culpabiliser, alors que personne ne cherche jamais à se l’appliquer à soi-même (et pour cause !). Bref, du haut de toutes mes imperfections et difficultés du quotidien, j’ai plutôt l’impression que la parentalité bienveillante est encore une lointaine ébauche très peu répandue, et imparfaitement connue, et que la mettre sur le bûcher équivaut à ordonner l’autodafé du premier mot du premier roman… Du coup, aujourd’hui, je ne résiste pas à écrire… ce qui me gonfle.)

 

L’article m’a à moitié agacée. A moitié, car il contient deux éléments : l’un décrivant avec un humour acéré le quotidien difficile dans lequel, comme la plupart des personnes ayant commenté, je me reconnais avec le plaisir que l’on rencontre toujours quand quelqu’un parvient à écrire ce que l’on éprouve. L’autre critiquant en bloc la parentalité positive et la manière dont celle-ci ferait culpabiliser les parents normaux, déclenchant quantité de commentaires criant haro sur la bienveillance à grands coups de définitions inexactes et de critiques étranges sur celles et ceux qui tentent de la pratiquer, et seraient automatiquement jugeants et hypocrites…

Avant tout, cela me donne envie de redéfinir ce que cherche à contenir la parentalité positive, ou éducation bienveillante, ou non-violence éducative (nb. Bienveillance = ”volonté qui vise le bien et le bonheur d’autrui” (cela ne suppose donc pas de traiter de bouffonne ou de merde quiconque, ni de devenir soi-même parfait ou capable de garder son calme, et, bizarrement, même pas de pouvoir voler avec un parapluie…)

Plus qu’une méthode, c’est une conviction, une ligne de conduite, une valeur. L’idée est d’accepter les émotions et les besoins de l’enfant autant que les siens. Avoir pour objectif de ne pas humilier ou rabaisser son enfant, de vivre en bonne entente autant que possible, de ne blesser personne… Cela ne veut pas dire qu’on n’a pas le droit de craquer, de se fâcher, seulement que l’on peut en reparler et s’excuser après si c’est nécessaire. Nan, mais sérieusement, remplacez le mot « enfant » par « conjoint », ou même « belle-mère », ça devient vite marrant (et logique) ! « Ne pas humilier ou rabaisser sa belle-mère, éviter de lui donner des fessées quand on est en désaccord ou qu’elle nous pousse à bout… » bref, je vous laisse continuer (et aussi vous rappeler comment vous raisonniez lorsque vous étiez enfant et vous considériez déjà comme une personne à part entière…)

Ah oui, et aussi, la bienveillance commence par soi-même. C’est précisé dans tous les livres sur le sujet qui se respectent. Donc oui, on se pardonne à soi-même quand on pète un câble (ou tout autre chose nauséabonde qui ne soit pas des paillettes), oui, on pense à se ressourcer dès que possible, et non, c’est aller à l’encontre de l’idée de base que de dire que quelqu’un est une « merde » parce qu’il agit de la seule manière possible que lui permet son humeur de dogue épuisé et suant du moment.

Je remarque que plusieurs commentaires apparentent la parentalité positive (comme c’est tout à fait fréquent) à du laxisme, à une absence totale de limite. Dire à son enfant « je ne supporte plus la manière dont tu me parles » plutôt que « tu es trop chiant, ferme ta gueule », lui dire « j’ai besoin que tu m’aides car je suis épuisée » plutôt que « si tu ne m’aides pas, tu seras puni de trucquetuaimeslepluspourquetutesentesaussimalquemoi », lui asséner un « stop, c’est dangereux » plutôt que « tu vas tomber », cela ne change strictement rien aux limites. Alors, oui, il y a un moment où on va parler de lâcher-prise et de renoncer aux contraintes inutiles, mais cela a surtout pour conséquence de renforcer le bien-fondé et l’importance de se conformer aux règles vraiment importantes qui perdurent.

Quant à ceux qui craignent que les enfants élevés ainsi ne s’habituent pas à la vie pleine de contraintes qui les attend à l’âge adulte, je leur répondrais que oui, quelle que soit la dose de bienveillance dont les parents essayent de faire preuve, aucun n’est infaillible, les cris et contraintes existent donc bel et bien. Sans parler de toutes les contraintes physiques (on ne peut pas passer à travers un mur, fût-il enduit de paillettes (sic ! C’est le fil rouge), réalistes (on ne peut pas adopter de Bisounours, puisqu’il paraît que ça n’existe pas), temporelles (on ne peut pas rester debout toute la nuit… en tout cas pas moi), etc. Et pour les autres… eh bien, ils s’habitueront au fur et à mesure, comme nous devrons, dans maxi quatre décennies, nous habituer à avoir mal aux genoux quand on voudra se pencher, ne plus être entouré d’enfants chamailleurs mais de la plus profonde et silencieuse solitude, voire à devoir utiliser un déambulateur… mais on ne va quand même pas commencer à s’entraîner à cela maintenant !

Ensuite, je souhaite citer quelques sources, car, au final, il me semble que ce que critique l’auteur dépend avant tout des lectures auxquelles on se réfère (je n’ai personnellement pas de compte instagram, ne vais pas sur Youtube, et ne suis que dans un seul groupe Facebook, dans lequel la plupart des messages commencent par « cela a l’air difficile pour toi, tu as tout mon soutien… ») Je les mets en bas d’article, tiens !

J’aimerais aussi revenir sur ce concept de « nous faire culpabiliser », qui apparaît dans de nombreux commentaires. Tout d’abord, la formule elle-même a quelque chose de surprenant, rendant passif celui qui se plaint d’« être culpabilisé ». On culpabilise, voire on se culpabilise. Mais l’agent extérieur est-il si directement celui qui créé ce sentiment ? On culpabilise de ce qui nous gêne soi-même, de ce que l’on n’assume pas. Alors, oui, tous autant que nous sommes, nous culpabilisons 1000 fois par jour parce que c’est vraiment trop impossible de réussir à être celle que l’on aimerait quand mademoiselle 4 ans vous poursuit en « mamamamaman… » pendant que monsieur 18 mois grimpe sur la table et criant suraigu, se fait une bosse, «… eh ben eh ben moi tu sais, j’aime pas les courgettes parce que tu sais, Laurie elle a dit que… » et vous « sileeeeeeence, j’en ai trop maaaarre ! »… Mais oui, on culpabilise soi-même parce qu’on n’agit pas selon ses propres valeurs. Autrement dit, dans ce cas-là, quoi que je lise, je pourrais culpabiliser si je donnais une fessée, mais on ne pourrait pas me faire culpabiliser de ne pas l’avoir donnée. Parce que ce ne sont pas mes lectures, mais mes convictions profondes qui conditionnent ma culpabilité, dont j’assume la responsabilité. Mais surtout et avant tout, la parentalité positive n’encourage pas à se culpabiliser, mais à se pardonner !

Et puis… ça ne marche pas. Par rapport à quoi ? Et que veut dire « marcher » ? Non, l’éducation positive, en effet, ne fait pas s’endormir les enfants plus tôt le soir, ne les empêche pas de hurler en se roulant par terre, ne les rend pas propres et luisants, ni silencieux, ne leur rend pas la voix grave, ne leur apprend pas à résoudre des équations à 4 inconnues et pas même à dire « bonjour » au voisin ! Et non seulement elle n’a jamais prétendu le faire, mais en plus ce n’est pas l’objectif, et même surtout pas. Ceux qui attendent « efficacité et résultat » seront forcément déçus. Que ce soit avec leur enfant ou leur belle-mère. Car que les choses soient claires, dans les deux cas, RIEN ne « marche » (et pas non plus fesser sa belle-mère, ou enfermer son enfant dans la cuisine…) Le seul résultat que l’on puisse souhaiter (et souhaiter ne veut pas dire attendre !), c’est complicité et compréhension (entre les disputes et les crises), confiance mutuelle, capacité de communication, et surtout essai de se blesser le moins possible les uns les autres. Et cela même pas vraiment au quotidien, mais peut-être plutôt à long terme…

Bref… Pour moi, tout cela, c’est comme si je disais de quelqu’un qui fait le ménage chez lui, en l’entendant dire « je vais passer un coup de balai » qu’il me « fait culpabiliser ». Ben oui, parce que chez moi, le balai, il sert plus souvent à jouer à la sorcière à califourchon qu’à autre chose, et je n’ai même pas de fer à repasser. Donc quoi ? Tous ceux qui sont moins bordéliques et plus propres que moi sont des menteurs qui ne montrent pas la difficulté de leur quotidien (ben oui, ils montrent leur bel intérieur propre, je ne les vois jamais plein de sueur en train de se battre avec les moutons !), me font culpabiliser parce que je fais moins bien et essayent de me faire passer pour une conne, parce que chez eux, c’est plus propre et que moi je n’en suis pas capable ?…

Ce qui me frappe tout de même, c’est qu’au final, l’auteur conclut par des exemples montrant qu’elle pratique elle-même bel et bien cette fameuse parentalité bienveillante, avec toutes les imperfections dont nous faisons tou.te.s preuve…

Peut-être, enfin, que pour se rappeler de ce qu’est vraiment cette fantasque idée de parentalité bienveillante, il faut se rappeler ce à quoi elle « s’oppose », par exemple en lisant les commentaires des réactions contre le projet de loi interdisant les châtiments corporels (article à venir ici), qui se disent convaincus qu’ « une bonne fessée n’a jamais tué personne » et que si on les « laisse faire, ces petits démons deviendront des enfants rois », ou en lisant d’autres auteurs, comme Aldo Naouri (article à venir aussi) ?… Quelquefois, il est bon de se rappeler d’où on vient avant de critiquer ce qui cherche à le faire changer et qui ne devient extrême que lorsqu’on oublie de prendre le recul auquel il appelle…

 


(1) http://shivamama.fr/le-jour-ou-la-parentalite-positive-ma-gonflee/


Bibiographie (volontairement non exhaustive)

Livres

Dumonteil-Kremer C., Elever son enfant autrement.

Fillozat I., Au Cœur des Emotions de l’Enfant

Faber et Mazlich, Ecouter pour que les Enfants Parlent, Parler pour que les Enfants écoutent

Faber et Mazlich, Frères et Sœurs sans Rivalité

Ginott H., Entre Parents et Enfants

Gonzales C., Serre-moi fort

Korczak J., Comment aimer son Enfant (https://grandissons.org/?p=1540)

Rosenberg M. Les Mots sont des Fenêtres ou bien ils sont des Murs (car la recherche de bienveillance se destine à tous)

 

Magazines :

Peps Magasine (une ressource de bienveillance qui regonfle le moral à bloc tous les trimestres)

Grandir Autrement

 

Sites et blogs :

https://grandissons.org/?p=1979

http://www.perles-pacifiques.fr/2017/04/07/5-regles-pour-ne-pas-imposer-de-regles-aux-enfants/

https://www.oummi-materne.com/quest-ce-que-la-parentalite-positive/

https://parents-naturellement.com/parentalite-positive-definition/ (voir le bas de l’article !)


PS : Bon… pour être tout à fait honnête, en recherchant ces sources, je suis tombée sur quelques articles (commerciaux ?) faisant passer la parentalité positive pour une magie qui rend zen parents et enfants… et m’a permis de comprendre un peu mieux la cause de ce coup de gueule…

Ça marche !

Par Kristel

2015-08 (93)m

Je me « convertis » petit à petit (depuis la naissance de mon deuxième enfant, pardon à ma première) à l’éducation positive, bienveillante, respectueuse, ou ce que vous voulez, du moment qu’il n’y a pas de violence physique ou verbale, d’humiliation ou autre joyeuseté de ce genre, même si ce n’est pas fort et que ça ne fait pas mal.

Non, que ma fille ait été battue, mais elle n’était pas écoutée et respectée dans ses besoins et ses envies comme une personne à part entière. Nous, ses parents, nous savions mieux qu’elle ce dont elle avait besoin, ce qui est vrai pour certains sujets, mais quand même, il y a des limites à la toute-puissance parentale.

Bref, là n’est pas vraiment le sujet. Je voulais juste raconter une petite anecdote pour montrer que mes efforts (parce que oui, pour moi, c’est du boulot) sont récompensés :

Nous sommes un samedi, chez les grands-parents, avec la visite des cousins. Les enfants jouent au jardin après le repas quand vient l’heure de la sieste de mon petit… je me demande déjà comment je vais le convaincre de rentrer à la maison. Mais il a encore vraiment besoin de sieste.

Je vais donc le voir et lui annonce que c’est l’heure de la sieste. Il m’oppose un « non » bien convaincu. Je lui dis que je lui laisse encore deux minutes pour finir son jeu et que je reviens le chercher. Je me vois déjà le prendre de force dans mes bras, l’entendre hurler, se débattre, ce qui risque de tellement l’exciter qu’il ne dormira pas.

Lorsque je reviens, je me mets devant lui, à sa hauteur et je lui rappelle que les deux minutes sont passées. Bien entendu, il me dit encore non, qu’il ne veut pas faire la sieste. Et là, dans un sursaut de lucidité (et sans doute une illumination-souvenir de ce que j’ai lu dans un bouquin sur la parentalité positive), je lui demande quel livre il veut lire avant la sieste, T’choupi ou Peppa ? Et oh miracle ! Le voilà qui me donne la main et m’accompagne à l’intérieur, droit vers sa chambre et ses livres ! Et là, après le rituel habituel, un coucher dans le calme et un endormissement simple et rapide. C’est tellement plus valorisant pour tous les deux qu’une démonstration de ma force.

Et me voilà, débordante d’amour et de reconnaissance pour ce petit bout qui me montre combien j’ai raison de me remettre en question chaque jour, de m’informer, de ne pas rester enfermée dans les schémas des autres mais de me construire avec lui et sa sœur dans mon rôle de parent, en me faisant confiance et en leur faisant confiance à eux.

C’est génial d’être une maman. Fatiguant. Mais génial. Surtout quand ça marche…

Quelques outils pour faire face aux colères des 2-3 ans

Par Vicky

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Concernant les enfants des 2-3 ans, les colères semblent être le problème face auquel les parents nous nous sentons le plus démunis. Avant de parler des colères, il me semble important de faire une grande parenthèse sur la fameuse « phase d’opposition » car la frustration qu’elle engendre, de part et d’autre, est source d’une bonne partie des colères des enfants… et des parents !

Tout d’abord j’ai un scoop pour vous : la phase d’opposition n’en est pas une ! Oui, vous avez bien lu, la période du non n’est pas une phase d’opposition au parent, bien que l’enfant s’oppose. En réalité il s’agit de la période de l’émergence du désir propre de l’enfant. L’enfant s’oppose à son parent parce que le temps est venu pour lui de sentir le contour de lui-même, de ne plus être le prolongement de sa mère et de son désir à elle. Ainsi, l’enfant dit non au désir de la mère pour avoir l’occasion de sentir ce qu’il veut lui, peut-être qu’il veut la même chose mais, tant qu’il ne s’est pas opposé, il ne peut pas le savoir. Il a besoin de décider. On entend souvent que pendant cette période l’enfant cherche les limites, nos limites. L’enfant cherche effectivement les limites mais pas les nôtres : les siennes. Il cherche les limites de sa propre personne, telle qu’elle se définit par ses désirs, ses capacités et son pouvoir personnel.

Le parent vivant cela comme un affront et comme une remise en question de son autorité, pense que l’enfant veut prendre le pouvoir dans la maison et fait tout pour ne surtout pas lâcher ses acquis parentaux ! Bonne nouvelle : votre enfant ne prépare pas un coup d’état ! Plus on accompagnera cette phase avec bienveillance, moins longtemps on y sera confronté. Le mieux c’est de ne pas rentrer dans un jeu de pouvoir où l’on essaierait d’asseoir une autorité, car cela est absurde pour l’enfant. L’enfant n’est pas en train de chercher à prendre le pouvoir sur nous mais sur sa personne. Ainsi lorsqu’on s’oppose systématiquement à son désir, le message que nous lui faisons passer c’est : « tu n’as pas le droit de vouloir, de penser et de ressentir par toi-même ». « Casser » l’enfant pendant cette période cruciale donnera à coup sûr l’un des ces deux résultats : l’enfant soit il se fixera sur cette « phase d’opposition » pour toujours, développant ainsi une personnalité rebelle, soit il se soumettra, développant une tendance à la soumission.

Si vous observez attentivement, vous constaterez que cette période est suivie par celle du « moi tout seul ». En effet, lorsque l’enfant a acquis la capacité de savoir ce qu’il veut, il veut le faire par lui-même. C’est sur le chemin vers l’autonomie que nous l’accompagnons tout au long de ces turbulences ! C’est même une formidable occasion pour nous, parents, de sentir aussi les limites de notre volonté et la légitimité des tas de choses que nous imposons à nos enfants, contre leur volonté. Lâcher sur les choses pas importantes, permet à l’enfant de se connaitre et de se construire, et à nous de sortir des jeux de pouvoir dans lesquels nous rentrons presque instinctivement.

J’ai fait un détour par la période du non parce que je pense que comprendre que l’enfant n’agit pas contre nous, nous permet de prendre du recul, de manière à pouvoir gérer nos propres émotions (souvent de colère) pour faire face à la colère de l’enfant. Car à ce moment-là il s’agit d’aider l’enfant.

Un enfant en bas âge peut déclencher une colère pour des tas de raisons : fatigue, frustration exogène (on m’empêche de…) ou frustration endogène (je n’arrive pas à…), douleur… Et très souvent il peut aussi partir dans une colère monstre sans qu’on ait eu le moindre élément de compréhension rationnelle. L’expérience montre que quand la colère est là, peu importe ce qui l’a déclenchée, on ne peut pas faire marche arrière généralement. Car l’événement déclencheur n’est qu’un prétexte pour vider le trop plein d’émotions (et cela est souvent vrai pour nous adultes aussi). Mais le cerveau du jeune enfant n’est pas encore suffisamment équipé pour faire face à cela et c’est le déluge émotionnel. Alors il crie, il tape, il se roule par terre, il se cogne la tête… Tout est bon pour vider le trop plein d’émotions. Et pendant que lui ou elle vide son réservoir, on dirait que nous, nous commençons à remplir le nôtre ! « J’en peux plus ! » « Ça commence à bien faire ! » « Mais tu vas te taire ? » « Qu’est-ce que tu veux ? » « Tu me gonfles ! » J’ai déjà dit tout ça, et même plein de fois…

J’ai deux enfants. Il se trouve que le deuxième est né fâché, j’ai donc eu des centaines d’occasions pour m’exercer à la gestion des colères ! À vrai dire ça ne fait pas très longtemps que je suis vraiment opérationnelle ! Mais avec le temps j’ai acquis quelques vrais outils et je tiens à vous les partager.

Outil n°1 : l’empathie la vraie. Pas l’empathie en tant que posture. Et comment est-ce qu’on arrive à ça ? Ce qui a été le déclencheur pour moi c’était de comprendre profondément (intellectuellement) que lorsque mon enfant est en crise il est le premier à souffrir de ce qui le traverse. Quand je me mets en colère moi aussi parce que je n’en peux plus des cris et de ma propre impuissance, je rajoute à sa peine la culpabilité et le sentiment d’être incompris. Je triple sa peine, et du coup la mienne vu que je rallonge la crise. Lorsque j’ai compris à froid et à tête reposée cette simple réalité-là, je suis devenue capable de me placer à 100% du côté de mon enfant lors d’une crise émotionnelle. Je ne me suis plus jamais mise en colère face à ça, car j’ai considéré que mon rôle était de l’aider à s’en sortir. Je suis donc devenue alliée, pas persécutrice. J’estime que gérer sa propre colère dans des situations comme celle-ci (enfant en crise) n’est pas très aidant. Ce qui est aidant c’est de ne plus se sentir en colère. Selon notre propre histoire cela peut être plus ou moins atteignable, mais parfois la seule prise de conscience de la réalité de la situation peut suffire. Essayez !

Outil n°2: l’humour et l’imaginaire. Mon enfant a eu la bonne idée d’emprunter à la crèche le livre « La colère du dragon ». Un petit garçon raconte comment il se transforme en dragon lorsqu’il est en colère. Nous l’avons lu et relu, et relu même ! A partir de là, quand je vois un début de colère poindre je dis « Oh-oh on dirait que le dragon arrive ! Est-ce qu’il est là ? », après je fais des bruits de grognement, je lève les bras, enfin j’essaye d’imiter un dragon… La plupart du temps il rentre dans le jeu et ça finit en bataille sur le lit. Si cela n’est pas suffisant parce que la colère semble un peu plus importante je prends son rôle. Je commence à dire ce qu’il dit d’habitude : « arrête ! maman me parle pas ! », je fais comme si je voulais le taper, je me roule par terre… Au début il m’observe, il est entre le rire et les larmes et puis ça finit en franche rigolade. La crise est désamorcée et les émotions peuvent s’évacuer par le rire. Le rire est un puissant mécanisme de décharge du stress. Alors à choisir…

Outil n°3: raconter ce qui se passe. J’ai découvert un truc génial, un soir en vacances, alors que mon enfant était en pleine crise depuis une demi heure et que rien n’y faisait. J’ai dit au papa en présence de l’enfant :

 « T’as vu comme il est en colère A. ce soir ? »

« Ah oui, j’ai bien remarqué, il pleure depuis tout à l’heure, il est inconsolable ! A ton avis c’est dû à quoi ? »

L’enfant avait arrêté de pleurer et nous écoutait. Alors je réponds :

« A mon avis il pleure parce que telle chose est un peu compliquée pour lui, et puis il y a ci, et puis il y a ça… »

« Je comprends, moi aussi à sa place je serais triste et en colère, moi aussi je pleurerais »

« Tu as vu ? Il s’est calmé… »

« Moi à sa place je voudrais un câlin maintenant »

« Papa je veux un câlin »

Je me suis sentie tellement fière de cette astuce et à la fois je mesurais tout ce temps perdu sur les crises précédentes, alors que c’était tout simple. L’enfant a arrêté parce qu’il s’est senti parfaitement compris. Comme le papa n’est pas toujours là, je me sers du doudou, ou même de ma main ! Je discute avec doudou de ce qui est en train de se passer et de ma compréhension de la situation. C’est radical.

Je vous ai dit que mon enfant « est né fâché ». Il avait vraiment cette expression, sourcils constamment froncés dès son premier jour. Quand sa sœur l’a vu pour la première fois elle a demandé pourquoi il était fâché. Ça nous a bien fait rire mais par la suite j’ai été amenée à repenser à cette phrase des tas de fois. Il se mettait en colère très souvent, je ne le comprenais pas, je ne savais pas quoi faire. Je me suis posée des tas de questions, sur la grossesse, sur ma façon d’être, sur mes émotions à moi, la psychogénéalogie. On a  lui a raconté ce qui avait merdouillé pour moi comme pour lui, on a essayé l’homéopathie, le psy, le kiné, même une énérgéticienne, pourtant ce n’est vraiment pas ma tasse de thé. Parce que, comme beaucoup de mamans, je pensais que mon enfant avait un problème et que ça venait forcément de moi. Donc je devais trouver une solution! Je ne comprenais pas ce qui faisait qu’il était autant en colère. Aujourd’hui je pense que le plus important c’est d’accepter que cet enfant ait ce fonctionnement-là et de ne pas considérer cela comme forcément problématique. Je me suis longtemps débattue avec l’idée du tempérament car je pensais que rien ne vient du hasard. Je le pense toujours mais de manière plus nuancée: rien ne vient du hasard mais il y a des tas de choses dont je ne connaîtrai jamais l’origine et qui ne sont pas et ne seront jamais sous mon contrôle. Alors le fait que mon enfant soit enclin à la colère je l’accepte, je lui reconnais ce droit, et tant que son petit cerveau n’arrive pas à faire le travail de l’apaisement tout seul, je lui offre mon soutien entier et inconditionnel pendant ces moments difficiles.

Le Front Commun

Par Vicky

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J’ai décidé d’écrire sur ce sujet « mineur » parce qu’il prête encore beaucoup à confusion, même lorsqu’on est dans l’éducation bienveillante (ou positive) ! On entend toujours, que ce soit par la bouche des professionnels ou par celle de qui veut bien donner son avis, que les parents doivent faire Front Commun face à l’enfant. Ce qui implique que le parent A doit taire ses particularités, ses points de vue, ses ressentis au profit de la présumée autorité du parent B.

Imaginez que votre compagne/on dit à votre enfant « tu ne te lèveras pas de table tant que tu n’as pas fini ton assiette« . Et vous, parce que vous savez qu’il y a une demi-heure il a mangé un paquet de chips, et parce que vous êtes venus voir Carlos González en conférence (1) et parce que tout simplement vous tenez à respecter les besoins de votre enfant, vous avez quand même envie d’intervenir en faveur de l’enfant. Halte ! Selon le sacro-saint principe du Front Commun il ne faut surtout pas prendre la défense de l’enfant ! Parce que si vous, vous n’êtes pas d’accord avec l’autre parent, l’enfant soit il trouve une faille et s’y engouffre (et fait donc ce qu’il veut) soit il se sent terriblement en insécurité car les deux piliers de la famille ne sont pas bien parallèles. Vraiment ?

Je ne crois pas. Je crois que chaque parent est un être humain à part entière en non pas la moitié de l’entité parentale. Je ne crois même pas à l’entité parentale, dans ce cas cela servirait à quoi d’avoir deux parents ? Chaque parent est une personne, avec ses avis, ses convictions, ses valeurs, ses sensibilités, son passé, ses ressentis, ses besoins propres et c’est même très important pour l’enfant de pouvoir apercevoir tout ça, pour qu’il puisse à son tour construire sa propre identité. Il saura ainsi qu’il a le droit d’être unique.

J’ai décidé d’écrire sur ce sujet mineur, parce que je me souviens toujours à quel point je trouvais ça injuste et même ridicule, de voir un de mes parents se rallier à l’autre, parce que le mot d’ordre était Front Commun ! Je lui en voulais terriblement quand je voyais qu’il était d’accord avec moi mais qu’il ne fallait surtout pas le dire… Mais en fait, si nous ne défendons pas nos enfants, qui va le faire ? Oui, les défendre quand ils ont besoin de cet appui, peu importe qui ils ont en face. Cela peut être l’autre parent, le professeur, la grand-mère, la sœur… Lorsqu’on s’oppose à l’autre parent pour prendre position pour l’enfant on lui permet plusieurs apprentissages: on lui montre que le désaccord n’est pas un problème, que l’on peut être souple et que rien n’est gravé dans le marbre. Que l’on peut se tromper en tant que parent ou alors que notre avis n’est qu’un avis, pas une vérité universelle. Que notre âge n’est pas un facteur de supériorité et qu’on peut reconnaître qu’il puisse avoir raison. Sans parler bien sûr du fait que ça réchauffe le cœur de l’enfant lorsqu’il se sent mal avec ce qui est en train de se passer et qu’il se sent un tant soit peu soutenu ! C’est même très sécurisant… Etre ouvert à l’opposition de l’autre parent prouve aussi à l’enfant qu’on n’abuse pas de notre pouvoir sur lui, que quand on fait fausse route on est prêt à l’entendre. Je ne sais pas vous, mais moi je prends ! Une éducation bienveillante va dans le sens de l’ouverture, de la tolérance des avis divergents et des différences, des rapports humains égalitaires sans distinction d’âge, de l’humilité aussi… ça me parait assez cohérent !

Je ne vous propose pas, bien entendu, d’entamer une franche engueulade, qui plus est devant les enfants ! Evidemment dans ce cas le bilan est plutôt négatif : on montre à l’enfant que désaccord égale dispute, il culpabilise parce que ses parents se disputent « à cause » de lui, angoisse… Nan, c’est pas ça ! Ce qu’on peut faire c’est exprimer notre avis ou ressenti sans juger le point de vue de l’autre parent, ou encore apporter de l’information : « ce n’est pas étonnant qu’il n’ait plus faim, son petit estomac est déjà plein, il vient de manger un paquet de chips« . Lorsqu’on voit que l’autre parent est dépassé et vire vers la VEO (2) on peut proposer de prendre le relais tout de suite. Cela passe beaucoup mieux que de longues tirades d’indignation sur la façon de l’autre de parler à votre enfant! Car, généralement, il n’en est pas fier mais, dépassé par ses émotions, il n’arrive pas à gérer mieux que ça. Alors là, tout le monde vous sera reconnaissant: l’enfant parce que le calme revient et il n’est plus accablé/stressé/apeuré, l’autre parent parce que vous lui avez offert une porte de sortie, avec empathie. Vous lui avez proposé de prendre le relais parce que vous avez senti que c’était difficile pour lui, pas parce que vous ne supportiez pas sa façon de faire. Ce petit détail peut faire une énorme différence, et si vous êtes sceptique vous n’avez qu’à essayer !

Je pense que le Front Commun est un concept qui mériterait maintenant d’être dépassé. Il a eu son heure de gloire lorsqu’on essayait de sortir de l’autoritarisme éducatif pour établir une autorité juste (ça me fait mal au cœur d’écrire une telle antinomie, mais passons) et cette autorité était tellement fragile -parce qu’elle ne voulait plus s’appuyer sur la force mais elle a vite compris qu’elle ne pouvait pas s’appuyer sur grand chose d’autre- qu’elle devait absolument être soutenue par un consensus parental, voire sociétal, éducatif, qui opposait les mineurs aux majeurs. Les majeurs (parents, enseignants, voisins) avaient raison. Les mineurs avaient tort. En cas de confrontation le majeur l’emportait. Evidemment si les majeurs commençaient à se remettre en question entre eux, la révolution des mineurs n’était pas loin… Alors le Front Commun avait naturellement du sens. Mais plus maintenant, pas dans l’éducation bienveillante. Parce que n’oubliez pas que qui parle de Front parle de Guerre. Ne tirez pas sur vos enfants 😉


1. Voir .

2. Violence Éducative Ordinaire (voir ici)

Quand j’étais petit… je n’étais pas grand

Par Lise

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Il y a quelques jours, un monsieur aux cheveux blancs m’a abordée dans la rue, alors que je marchais main dans la main avec ma petite Loutre. Peut-être avait-il pensé que je venais de la rabrouer (je venais, de fait, de lui intimer de me donner la main car nous étions au bord d’une route où passaient beaucoup de véhicules à vive allure), peut-être avait-il juste envie de me communiquer son idée. « Rappelons-nous lorsque nous étions nous-mêmes enfant », a-t-il déclaré sobrement.

En vérité, c’est une réflexion que je me fais souvent. J’ai un souvenir vif d’avoir, vers 5 ans, couru dans un bois avec une amie de mon âge. Celle-ci s’est faite sèchement réprimander pour une raison qui m’a semblé à l’époque injuste (et que j’ai aujourd’hui oubliée), et elle m’a alors dit :

« Quand je serai grande, je me rappellerai toujours de ça, et je ne le ferai jamais à mes enfants !

– Moi aussi, ai-je promis. »

La suite de l’histoire veut que, lorsque j’ai récemment raconté cette histoire à l’amie en question, elle aussi devenue maman, celle-ci m’ait avoué n’en avoir pas le moindre souvenir. Et, m’a-t-il semblé, pas le moindre regret d’avoir oublié. Or, c’est cela que je trouve le plus terrible, ce détachement, ce désintérêt. Je me souviens m’être souvent demandé, étant enfant, comment il se faisait que la majeure partie des adultes semblaient ne pas se rappeler de ce qu’ils avaient ressenti étant enfants et agissent comme s’ils ne l’avaient jamais été. En fait, cela était, en vérité, assez rare en ce qui concernait mes parents, qui, tout deux, nous racontaient des histoires de leur enfance et semblaient assez bien se rappeler de « ce que cela faisait ». J’étais donc rassurée quant au fait que c’était possible, et que plus tard, moi aussi, je me souviendrai et agirai en fonction. D’autre part, si le mystère restait entier concernant les autres adultes, je me disais que les enfants de mon âge, qui grandissaient en observant ce que j’observais, feraient forcément différemment lorsqu’ils seraient à leur tour adultes. Et pourtant… lorsque je regarde autour de moi au parc, dans la rue, force m’est de constater que les nouveaux parents de mon âge sont en tout semblables à leurs parents, frappés à leur tour par l’oubli. Et pourtant, nous, ce n’est pas pareil : nous étions enfant il y a peu de temps… non ?

Quand je parle d’oubli et de détachement, je ne veux pas parler des souvenirs consciemment imprimés en mémoire que, bon gré mal gré, on a pu oublier. En vérité, ce qui me semble important, ce n’est pas tant de se rappeler véritablement, mais de chercher, aussi souvent que possible, à imaginer, à se projeter, à s’immerger dans la peau de l’enfant qu’on a été, ou, plus encore, de celui qui se trouve actuellement devant nos yeux et qui, lorsque l’on reste bien ancré dans son regard d’adulte actuel, semble parfois si incompréhensible. Bref, l’idée n’est pas de se couper les jambes pour être à sa hauteur, mais simplement de se rappeler, aussi souvent que possible, de plier les genoux pour croiser son regard…

Ainsi, parfois, je joue au jeu du retour en arrière. Je me replonge dans quelque souvenirs, et hop ! Je regarde à travers les yeux de celle que j’étais. Ce n’est plus à la place du parent qui est en face de moi que je me mets, mais à celle de l’enfant. Eh ! bien, se sentir soudain tout petit alors qu’on en a perdu l’habitude, ça fait drôle, et ça aide bien à réfléchir. Evidemment, après ce genre d’exercice, j’ai du mal à dire à ma fille « on arrête de jouer, c’est l’heure de rentrer », tant je me souviens avoir pensé « quand je serai grande… je laisserai mes enfants jouer tant qu’ils voudront, parce que je me rappellerai comme c’est difficile d’arrêter un jeu en plein milieu, et triste de quitter des copains qu’on s’est à peine faits »… Mais, de façon presque magique, j’ai l’impression que la manière dont je prépare, formule et explique ma demande est bien différente, car elle obtient (la plupart du temps…) un résultat plus simple et plus paisible qu’un impératif « c’est fini, on y va ! » lancé un jour pressé.

La question que je me pose à ce point est : « est-il possible que tous ces adultes ne se rappellent VRAIMENT pas ? » Ont-ils vraiment oublié, n’ont-ils pas l’idée de se souvenir, pas l’envie… ? Cela m’intéresserait de le savoir. Je ne parle pas tant de souvenirs précis que l’on peut raconter, que de sensations diffuses perceptibles à nouveau, même de manière vague, en « pliant un peu les genoux »… De plus, je ne suis pas certaine que pour comprendre ce qu’un enfant ressent et la manière dont on pourrait lui rendre les choses plus faciles il soit absolument nécessaire de se souvenir de sa toute petite enfance : et la semaine dernière, quand vous vous amusiez comme un fou/folle avec vos amis et qu’il a fallu partir brusquement ? Ou il y a une heure, quand vous avez eu envie d’un croissant au beurre et que… personne ne vous a répondu qu’il s’agissait d’un caprice et que ce n’était pas l’heure un point c’est tout… ? Et oui, l’enfant-vrai-petite-personne, pour se mettre à sa place, il suffit… de s’y mettre en tant que personne pareil-un-peu-plus-haute. (1)


  1. Je ne suis pas en train de dire par cela qu’il faut accéder à toutes ses demandes, seulement que l’on peut comprendre celles-ci comme étant recevables de la même manière que celle de n’importe qui et qu’elles exigent une réponse (fût-elle un refus) formulé de la même manière qu’on la souhaiterait formulée pour nous. (2)
  2. Et c’est là que vous allez me répondre : « oui, mais si alors mon enfant se met à crier, à se rouler par terre, lui ne répondra pas comme je le ferais », et moi, j’oserai dire : « C’est au parent de se comporter avec son enfant comme s’il était lui-même (ou tout autre personne respectable), l’enfant, lui, est un enfant, et il n’a pas à se comporter en réponse comme un adulte ». Là, vous allez peut-être vous fâcher, et me dire : « mais c’est idiot, je ne vois pas pourquoi moi, je devrais répondre à de telles exigences, alors que lui, il fait n’importe quoi, il crie, et tout ça. C’est pas juste ! » Et… que répondriez-vous, justement, à votre enfant, s’il vous disait une telle chose alors que vous êtes en train de lui demander de faire des efforts ? Euh… la boucle est bouclée, n’est-ce pas ?