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La douloureuse réalité de la dépression prénatale

Par Sandra

Un matin de mon cinquième mois de grossesse, je me suis réveillée avec la sensation d’être allongée dans une minuscule barque secouée par une tempête. Je n’avais jamais ressenti de vertiges de ma vie et quand ils se sont progressivement intensifiés, l’angoisse m’a submergée. J’arrivais à peine à sortir du lit, la nausée fit rapidement place aux vomissements. Je ne savais pas ce qui se passait à l’intérieur de moi et je ne comprenais plus ce corps depuis quelque temps.

Il est tôt mais j’essaye d’appeler la sage-femme libérale, Madame L., qui me suit depuis le début de ma grossesse. Pas de réponse. Paniquée, je demande à mon compagnon de m’amener aux urgences. Nous arrivons, les tests habituels sont rapidement pratiqués (sang, urines, etc.) et le diagnostic de l’obstétricienne tombe : je n’ai rien, le bébé n’a rien, tout va bien. C’est juste une gastro. Une perfusion contre la déshydratation, et dans une heure, je pourrai retourner chez moi. Et les vertiges ? Ça arrive, faut pas s’inquiéter. On verra plus tard, si ça persiste, aller voir un ORL. Fin du diagnostic.

Enfin pas tout à fait. Tandis que j’essaye de me reposer pendant la transfusion, la sage-femme qui m’avait fait faire les tests préliminaires revient me poser quelques questions qui concernent cette fois-ci mon état émotionnel. Ces questions marqueront le début de ma délivrance. Je ne sais plus exactement ce qu’elle m’a demandé mais je me souviens avoir fondu en larmes.

Enfin, quelqu’un m’entend…

Car à chaque rendez-vous de suivi programmés avec Madame L., j’avais essayé de me faire entendre. Je lui avais signalé avoir déjà eu de la dépression ; je ne lui avais pas caché avoir vécu ma première grossesse en Angleterre comme une épreuve. Elle notait tout soigneusement dans un fichier Word et je n’utilisais pas d’euphémisme pour décrire mon état mental. J’utilisais le mot dépression car c’est un état que je reconnaissais pour l’avoir déjà vécu. Et durant cette deuxième grossesse, la dépression m’avait rattrapée. J’étais en larmes dès le réveil, j’avais du mal à me lever, j’étais agressive avec tout le monde ; je devenais absente à moi-même : le flux vital était rompu. Madame L. se cantonnera à me demander comment je perçois la situation sans rien proposer de concret. J’ai alors cru qu’il n’y avait rien d’autre à faire que souffrir (et faire souffrir mon entourage par la même occasion) en attendant l’accouchement. J’apprendrai pourtant plus tard qu’elle savait qu’il existe un service de suivi psychiatrique pour les femmes enceintes qui souffrent de dépression dans le même hôpital où j’ai prévu d’accoucher.

Aux urgences donc, pendant la perfusion, la sage-femme me pose des questions sur mon moral, elle est bienveillante, elle m’entend. Elle planifie tout de suite un rendez-vous et c’est ainsi que je rencontre donc la psychiatre du service gynécologique et obstétrique de l’hôpital.

Mon compagnon m’a accompagnée pour le premier rendez-vous avec la psychiatre et un protocole de soin a tout de suite été mis en place. Je commençai une psychothérapie, à raison d’une séance toutes les deux semaines, voire toutes les semaines au besoin, mais également, on allait m’administrer un traitement antidépresseur. Des médicaments pendant la grossesse ?! Voilà qui est contraire au discours qu’on entend à peu près partout. En discutant avec la psychiatre, je me suis rendu compte que le médicament que j’allais prendre, Z****t, est bien connu car il existe depuis longtemps, qu’il est souvent utilisé pendant les grossesses, et qu’il n’a pas d’effet tératogène. Une fois les bonnes informations en main et entourée des bonnes personnes, j’ai pu prendre mes décisions en toute connaissance de cause sans m’occuper des messages officiels. J’ai pu stopper ces sentiments d’impuissance et de culpabilité, et me soigner correctement.

Quel contrepied. J’ai alors eu la sensation qu’il est plus facile de nous faire passer le message sans nuance, « grossesse = zéro médicaments », du noir et blanc pour faire peur et dissuader. Et aussi que nombreux membres du personnel de santé s’accrochent à ce discours sans nuance pour se couvrir et éviter tout problème, au détriment de la santé de la mère.

Alors oui, au final, j’ai suivi un traitement pendant ma grossesse, des anti-dépresseurs, et des anxiolytiques, quand c’était nécessaire. Bien sûr, je ne l’ai pas fait n’importe comment ; j’ai été suivie par une psychiatre compétente jusqu’à la fin de ma grossesse (et même au-delà). Mon accouchement s’est extrêmement bien passé, mon bébé est en bonne santé, il n’a pas eu de symptôme de sevrage. Loin d’être déprimé, du haut de ses deux ans, mon petit R. est un garçon qui respire la joie et le bonheur… et qui aime faire rire toute la famille.

Il m’arrive encore de penser à cette sage-femme qui m’a entendue…et qui par sa bienveillance a fait basculer ma vie dans le bon sens, sans qu’elle le sache puisque je ne l’ai jamais revue. Où qu’elle soit, je pense à elle et je la remercie…

Si on parle de plus en plus de dépression post-natale, on parle beaucoup moins de dépression prénatale mais on commence à penser que l’une et l’autre sont aussi répandues. Les femmes enceintes doivent répondre à l’injonction d’être heureuses et épanouies, ce qui cache une certaine réalité : oui, on peut être en dépression et enceinte ! Mes deux grossesses ont été des moments douloureux à passer sur le plan psychique mais plus on osera en parler, mieux on soignera la dépression prénatale. Des solutions existent déjà mais elles ne sont malheureusement pas toujours simples à trouver. Si vous êtes dans cette situation, demandez à votre partenaire, un.e proche, un.e ami.e, de vous aider à trouver les bons interlocuteurs et professionnels de santé. Votre sage-femme ne sait peut-être pas tout…

Partage d’expériences, ou comment l’on peut faire confiance à nos enfants

Par Ariane

Mon Ecureuil a aujourd’hui six ans. Je la regarde grandir chaque jour et je me remémore les moments si importants qui ont jalonné sa vie, et notre relation à toutes les deux (ainsi évidemment que celle avec son père). J’accompagne de jeunes parents dans mon travail et je réalise à quel point, lors des moments difficiles, on imagine que cela n’ira jamais « mieux », que notre enfant ne dormira jamais la nuit, ne permettra pas de profiter de repas paisibles, nous semblera toujours dans l’opposition… (liste très loin d’être exhaustive).

Et lorsque je repense à ces passages difficiles et à leur résolution, je me rends compte que c’est l’Ecureuil qui a elle-même proposé les clefs de cette ouverture, soit on nous montrant les signes de ce qu’il fallait faire, soit en trouvant toute seule le chemin à prendre. Ces situations ont sans doute eu lieu maintes fois mais voici celles qui m’ont marquée. Je précise bien sûr, sur un gigantesque fond fluo, que mon but n’est ici que de partager mon expérience, pour peut-être rasséréner certains parents et éventuellement donner quelques idées, mais il va de soi que chaque enfant est différent, chaque contexte familial est particulier, et personne n’a de leçons à donner…

La fin de l’allaitement

J’ai allaité mon Ecureuil pendant un an et demi. Cela a été un réel plaisir, soutenue sans faillir et avec une grande bienveillance par le papa. J’adorais partager ce moment avec elle (et souvent lui), et je ne m’étais évidemment pas fixé de date de fin, mais au bout d’un an et demi j’ai éprouvé un grand besoin d’y mettre un terme ; l’Ecureuil réclamait constamment mon sein (elle n’a jamais eu de doudou sauf pour la crèche, et jamais de tétine non plus), et j’avais l’impression d’être l’objet d’une trop grande dépendance, enfin bref, il fallait que ça cesse. Mais j’étais très inquiète parce qu’elle tétait encore parfois la nuit (même si depuis ses dix mois elle dormait dans sa chambre sans problème), et je me disais que le sevrage allait être très dur pour elle. Je lui en parlé un soir, tout en lui donnant le sein, en lui expliquant que quelques jours plus tard elle allait devoir se passer de ce moment car il était devenu trop dur à vivre pour moi.

Incroyable mais vrai, cette Ecureuil qui tétait compulsivement mon sein depuis un an et demi, a d’elle-même et en quelques jours, arrêté de le demander. Je n’ai rien fait pour cela excepté lui faire part de mes difficultés, et elle m’a montré qu’elle m’avait entendue.

L’habillement

Comme la plupart des enfants, vers l’âge de deux ans, l’Ecureuil est passée par une période où elle ne voulait pas s’habiller. Les matins de départ en crèche étaient très difficiles à vivre pour moi parce que rien n’y faisait et je me suis retrouvée certaines fois à tenter de l’habiller de force, elle hurlant, moi aussi, pour un résultat évidemment insatisfaisant… Heureusement à cette époque-là je me suis intéressée à la parentalité ludique, en particulier à la lecture de « Qui veut jouer avec moi ? » de Lawrence Cohen. J’ai initié le « jeu du Bou » avec l’Ecureuil, que j’ai rapidement évoqué dans un précédent article. Elle voulait sauter sur son lit au lieu de s’habiller. Je lui ai proposé ce jeu : elle pouvait sauter, mais quand je disais « Bou ! », elle devait enfiler un vêtement. Elle était ravie, et en quelques minutes de rigolade, elle était habillée et prête à sortir, dans la bonne humeur, et surtout, sans altération du lien, ce qui est pour moi primordial : lorsqu’on ressent de l’agacement, voire de l’agressivité, envers son enfant, la relation s’abîme, ne serait-ce que temporairement, elle qui est pourtant si précieuse…

Elle a donc accepté ma proposition de solution avec plaisir et nous nous en sommes trouvées toutes les deux très satisfaites. Et bien sûr, comme inéluctablement les enfants grandissent, nous n’avons rapidement plus eu besoin d’avoir recours au jeu du Bou.

Les repas

Les repas ont été compliqués jusqu’à, je dirais, l’âge de 5 ans. L’Ecureuil descendait de table, remontait, gigotait dans tous les sens… Son père et moi n’avons jamais imposé de cadre particulier durant ces moments : elle pouvait jouer avec la nourriture, ne pas finir son assiette, et avait bien sûr le droit de ne pas manger ce qu’elle n’aimait pas. Mais les acrobaties durant les repas, j’avais du mal à supporter ; d’abord parce qu’ils duraient des heures, et parce que c’était pour moi un moment calme en famille. J’ai passé des mois à répéter en boucle « mange !!! » et « reste à table ! », et c’est devenu un réel problème entre nous. J’ai dû dire des trucs moches, comme ça peut arriver quand on est très en colère.

J’ai lu le livre de Carlos Gonzales « Mon enfant ne mange pas », qui m’a beaucoup détendue…

Et puis j’ai lâché. Je ne sais pas comment, si cela a été dû à une situation particulière, mais j’ai lâché. J’ai arrêté de crier. Lorsque mon repas était fini, j’allais m’allonger sur le canapé (à côté de la table) avec un journal jusqu’à ce qu’elle ait fini de manger. Et en quelques jours, le problème a disparu. Est-ce parce que j’ai lâché prise, ou parce qu’elle en a eu assez de terminer ses repas toute seule, ou encore tout simplement parce qu’elle grandissait, je ne saurai jamais, mais les repas depuis se déroulent dans le calme et surtout, le plaisir…

Le coucher

Ma fille est formidable, c’est entendu. Je dirais même qu’elle est parfaite. Je sais, je suis partiale. Néanmoins il est vrai que nous n’avons jamais rencontré de gros écueils dans notre relation, on a toujours (ou presque) pu communiquer, dans la liberté de s’exprimer, et dans la plus grande bienveillance possible.

L’étoile noire dans cet infini de perfection : le sommeil. Il était difficile pour l’enfant qu’était ma mère, pour celle que j’étais, et il l’est pour l’Ecureuil (je ne tire pas de conclusion mais le lien peut se concevoir). Dès la naissance, les nuits ont été difficiles. Elle a dormi en cododo jusqu’à ses dix mois, date à laquelle nous avons déménagé. Elle a dormi dès la première nuit dans sa nouvelle chambre. Elle demandait tout de même une présence au coucher. Mais l’endormissement prenait des heures, et croyez-moi, ce n’est pas une figure rhétorique. Son père ou moi allions la coucher à 20h (par exemple), nous y restions facilement jusqu’à 22h-23h. Les soirées n’étaient presque jamais un plaisir.

Elle était fatiguée, et n’a d’ailleurs jamais refusé d’aller se coucher, bien au contraire. Mais le sommeil ne venait pas. Elle tournait et virait dans son lit, il fallait raconter des dizaines d’histoires. Je devenais folle, tous les soirs. Son père, le chanceux, s’endormait avant elle.

Vers 3 ans elle a commencé à s’endormir plus rapidement, plus facilement. Les soirées n’ont plus été des cauchemars. On restait une demi-heure, et elle dormait. Mais il fallait toujours rester avec elle. Et cela a duré jusqu’à ses 5 ans et demi. Son père et moi étions séparés, j’étais très occupée, et je ne pouvais pas rester une demi-heure avec elle à côté de son lit. Et à ce stade-là je n’en concevais pas le besoin pour elle. J’ai commencé à lui exprimer ce que je ressentais. Mais elle réclamait toujours. Alors j’ai imposé le coucher seule une nuit sur deux. Sous certaines conditions, bien sûr : son lit donne sur le salon, donc elle voyait que j’étais là. Elle avait sa veilleuse, son mouton musical, la lumière du salon, et bien sûr les deux portes étaient ouvertes. Je revenais lui faire un câlin toutes les cinq minutes.

La nuit où elle s’endormait seule se passait bien mais elle demandait toujours ma présence l’autre nuit. Cela a duré plusieurs mois, et j’ai craqué, sous la pression du temps si précieux, de mon épuisement, et du sentiment de n’avoir jamais la possibilité d’être tranquille, moi, toute seule… J’ai imposé toutes les nuits. Je n’en pouvais plus, elle n’avait pas le choix. J’étais à trois mètres d’elle, j’ai toujours accouru quand elle m’appelait, les portes étaient grandes ouvertes. Elle n’était pas seule. Et elle l’a accepté. Elle m’appelle encore parfois avant de s’endormir pour un câlin supplémentaire, je viens toujours, mais elle s’endort seule, et avec une rapidité déconcertante.

C’est la première fois que j’ai réellement imposé quelque chose, sans négociation, discussion. Cette décision a été le fruit de mon épuisement et elle l’a compris. Et j’ai réalisé que parfois, on peut imposer, lorsqu’on a tout essayé, lorsqu’on n’en peut plus, et que l’enfant peut le comprendre, parce que nous aussi, on a droit au respect. Je ne l’aurais pas imposé à un, deux, trois ans car elle n’était pas prête. Et quand je lui ai dit que je ne pouvais pas attendre qu’elle le soit, et que je lui ai montré que je mettais en place les conditions nécessaires à son bien-être, et surtout, qu’elle savait que je serais toujours là quand elle avait besoin de moi, elle l’a entendu.

J’ai réalisé aussi que rester auprès d’elle en ayant si envie d’être ailleurs, en me sentant si mal, était pire pour elle comme pour moi. Lorsque je restais avec elle durant les derniers mois, j’étais amère, en colère, distante. Ma présence était presque toxique et pourtant elle la demandait. Elle avait besoin que je lui montre que l’on pouvait faire autrement, même si elle ne pouvait le concevoir.

Voilà mon partage d’expérience, auquel je pense parfois pour me rappeler que tout passe ! Faisons confiance à nos enfants, c’est souvent eux qui portent les solutions…

 

Sucette et allaitement, une expérience personnelle

Par Lise

 

J’ai eu deux bébés allaités exclusivement à la demande, tous deux avec un grand besoin de succion. Et puis un (méga) REF et une grande production lactée. Du coup, plus que repus après quelques minutes, mes bébés finissaient par se détourner, toussant et crachant, du sein, qui continuait à les asperger avec pression. Pourtant, ils avaient encore et encore envie de téter. Ainsi, j’ai passé plusieurs semaines avec mon petit doigt dans leur bouche, le jour et (toute) la nuit aussitôt qu’ils étaient rassasiés et repoussaient mon sein en pleurant.

Fatiguée, je me suis mise à la recherche d’une aide. Et c’est ainsi que j’en suis arrivée à parler de sucette. Non, je n’aurais jamais cru le faire, non, je n’aurais jamais cru, il y a quelques années, en arriver à écrire cet article. Mais oui, ça a été la solution indispensable pour me soulager à ce moment-là.

 

1/ Trois arguments et demi en faveur de la sucette

Pour Bébéun, tout a été très bref. Je lui ai donné une sucette vers un mois de vie, elle l’a utilisée pendant une semaine, puis a trouvé son pouce qu’elle a sucé pendant 6 mois avant de s’arrêter spontanément, fin de l’histoire.

Pour Bébédeux, mon cœur balançait entre l’épuisement et le spectre noir de la sucette (risque de confusion sein-tétine et échec de l’allaitement, déformation palatine, sevrage de la tétine difficile, mettre un bout de plastique dans la bouche de mon bébé…) Là, ma précieuse sage-femme m’a dit « moi, si elle sauve les mamans et les bébés, je suis pour la tétine. » Alors, je l’ai envisagée et me suis penchée sur la question.

C’est alors que Marie m’a sorti deus ex machina une étude récente affirmant que l’usage de la sucette n’aurait pas statistiquement un impact si délétère que ça sur l’allaitement (1).

Enfin, je suis tombée sur des études ajoutant que la sucette pouvait contribuer à réduire le risque de mort subite du nourrisson (2).

 

2/ Choix de la sucette

Une fois ma décision prise de recourir à celle que j’appelai la « prothèse à bouche » qui devait soulager mon bébé, mon petit doigt et ma fatigue, je me suis penchée sur la question du choix. J’ai alors consulté des sites parlant orthodontie et déformation de la sphère buccale.

L’un d’eux proposait, entre autres études et réflexions, la modélisation d’une « sucette idéale » (2, en bas de l’article) argumentée de manière convaincante. Me voilà donc partie à la recherche de l’objet qui s’approcherait le plus de cette proposition, inexistante dans le commerce. La sucette qui s’en approchait le plus (quoi que ne respectant très peu des critères évoqués… A quand un réel progrès dans ce domaine ?) était la Mam Perfect, car très fine au niveau du plan de morsure. J’en ai également acheté une en caoutchouc naturel Goldi (sensée imiter la forme du mamelon) pour le côté plus sain, mais Bébé ne l’a jamais acceptée.

 

3/ Utilisation de la sucette

C’est ainsi que mes nuits ont pris une nouvelle tournure. Bébé tétait, puis s’endormait parfois aussitôt après (jamais en tétant, comme son aînée, car trop concentré à ne pas s’étouffer sous le jet) à mes côtés ou dans mes bras. Lorsqu’il s’éveillait la nuit, j’essayais dans un premier temps de l’aider à se rendormir en chantant, en le berçant, puis en lui donnant le sein, et enfin, lorsque rien n’avait fonctionné, je lui donnais sa sucette.

En journée, c’était encore plus rare. Je m’efforçais d’en réserver l’usage au plan F, lorsque rien mais vraiment rien d’autre ne l’apaisait.

… ou lorsqu’il était vraiment important qu’il y ait du silence (par exemple lorsque sa sœur venait de s’endormir près de nous). Et là, j’ai découvert la solution de facilité que cela pouvait impliquer. Et le fait qu’il fallait s’imposer parfois une lutte pour ne pas s’y laisser entraîner. Pour cela il m’a fallu me remettre les idées au clair : la sucette est un moyen d’apaiser bébé lorsqu’il en a besoin, et pour ne pas sombrer soi-même dans l’épuisement. Lorsqu’aucun de ces critères n’est en jeu, elle risque de se transformer en outil à rendre silencieux, et se retrouver de manière automatique dans la bouche de bébé aussitôt qu’il cherche à se manifester, s’exprimer, s’agiter. Oui, elle fonctionne aussi dans ces cas-là, mais je continue à penser que là n’est absolument pas son rôle, et que par-là elle présente une nouvelle face négative.

 

4/ Fin de la sucette

Bébéun avait cessé de sucer son pouce de soi-même autour de sept mois.

Hasard ou pas, c’est également à cet âge que Bébédeux a brusquement craché sa sucette avec élan, du jour au lendemain, alors qu’il la portait seul à sa bouche depuis quelques temps.

Tous les deux étaient alors toujours allaités à la demande, et c’est vers cet âge où, se redressant, ils ont commencé à moins régurgiter d’une part, et à avoir besoin de plus se nourrir d’autre part car fournissant davantage d’efforts physique durant la journée. Cela n’est que l’explication qui m’est venue et ne vaut pas preuve, mais me semble logique. Gérant mieux la tétée malgré le REF, ayant besoin de plus de lait, tétant avec une meilleure maîtrise, et ayant un besoin de succion diminué de par leur âge, ils en étaient venus à se contenter du sein. Je pense qu’ils se sont mis à téter davantage durant la nuit à cette période, et cela m’a demandé une réadaptation à tous points de vue… car oui, la sucette avait tout de même revêtu un côté solution de facilité dont il me fallait brusquement me passer.

 

5/ Conclusion

Cela n’est donc qu’une expérience personnelle n’ayant aucune valeur statistique ou scientifique, mais qui s’est révélée concluante pour moi. La sucette a rempli son rôle de pacificateur lorsqu’elle nous est devenue nécessaire, et n’a pas eu d’effet délétère sur la dentition ou l’articulation car a été arrêtée au moment du début de la dentition. Le sevrage a été spontané et facile.

Je ne trouve pas d’étude sur le lien entre sevrage de la sucette/pouce et l’allaitement à la demande. Je suis intéressée par les expérience : les bébés allaités à la demande et ayant recours à la sucette ou au pouce les quittent-ils souvent spontanément dès lors qu’ils parviennent à gérer le REF/ont un besoin de succion réduit de par leur âge ?

Et pour les autres, quelle utilisation avez-vous fait de la sucette, quand et comment l’avez-vous arrêtée ?

 

Sources

(1) http://www.cochrane.org/fr/CD007202/effet-de-lusage-restreint-de-la-sucette-sur-la-duree-de-lallaitement-maternel-chez-les-nourrissons

(1 bis) Article dont j’ai trouvé par la suite une critique sévère ici http://ibfan.org/breastfeedingbreafs/Allaitement-et-lolettes-No-54.pdf

(2) http://www.dentalespace.com/praticien/formationcontinue/guide-pour-prevention-effets-nocifs-sucettes-sur-position-dents/

 

 

Le Tableau Blanc de Marine

Par Marine

Aujourd’hui, j’ai décidé de présenter mon tableau blanc qui me sert à m’organiser. En fait, c’est parce que j’en fais déjà une mini présentation quand quelqu’un vient à la maison.

Alors… Je suis maman de trois filles : 4,5 ans, 3 ans et 4,5 mois. Comme elles sont toutes les trois toujours avec moi (je veux dire que les deux « grandes » ne sont pas scolarisées), j’ai besoin de savoir en un coup d’œil ce qu’on a de prévu, ou quels jours sont libres, ainsi que le planning du papa puisqu’il ne se ressemble jamais d’un jour sur l’autre, d’une semaine sur l’autre. Nous sortons beaucoup, des fois c’est surtout moi qui en ai besoin, mais je sais que ça nous fait du bien à toutes, et j’essaie de varier. Mine de rien, ça demande de l’organisation, même si rien n’est jamais fixe et qu’on reporte souvent au lendemain (surtout lorsqu’il est déjà 16h quand on arrive enfin à leur faire mettre les chaussures et à sortir…).Entre les rendez-vous des adultes, ceux des enfants, les sorties, les spectacles, les activités…

Je n’ai pas vraiment réfléchi ce tableau, mais c’est venu au fil du temps. A la base – et ce depuis bien deux ans-, je prenais une feuille volante sur laquelle je faisais le même tracé de deux semaines, et je notais les impératifs, le planning du mari, les trucs à ne pas oublier, les rendez-vous divers et variés et ainsi de suite. Puis j’ai affiché sur le mur des post-it. Alors, quand en août dernier quand j’ai vu des tableaux blancs dans mon magasin préféré, j’y ai envoyé mon mari… qui nous en a ramené deux ! Hé oui, les filles ont elles aussi leur tableau blanc, leurs feutres et des magnets. C’est aussi plutôt utile pour qu’elles ne touchent pas au mien.

Donc, quand j’ai eu mon tableau blanc, il a vite été rempli. Sans vraiment de code couleur. J’avais mes deux semaines. Et des listes. J’aime les listes. Je fais beaucoup de listes. Au fur et à mesure j’ai pu trouver que j’avais, sans y penser, défini un code couleur :

En bleu, je note ce qui est décidé, ce qui est sûr, quelque chose auquel on est inscrit par exemple, plutôt pour les filles.

En vert je note les options, les « peut-être », les trucs à essayer de faire.

En rouge, ce sont les horaires de mon mari (j’essaie tant que possible de l’inclure, d’adapter, sans pour autant tout chambouler).

En noir, les courses à faire ou rendez-vous pour moi, comme chez la sage-femme ou  à la banque… C’est sûrement à peaufiner, mais jusque là je m’y retrouve bien comme ça. Chaque fin de semaine j’efface pour laisser la place à ce que nous ferons dans deux semaines. Ce n’est pas pour faire du copier-coller que je partage parce que personne ne fera exactement comme moi. Ce n’est pas le but. Mais juste pour présenter ma manière de faire. C’est pratique, c’est sous la main, c’est au milieu du salon. Ça ne se perd pas (important !). J’ai aussi bien sur un petit agenda que j’ai presque toujours sur moi.

Sous le planning, j’ai la liste des choses importantes à faire ces temps-ci. Heureusement, je viens à effacer quelques trucs, semaines après semaines… Et évidemment d’autres viennent s’ajouter.

J’y ai mis depuis quelques jours les mots « fb/messenger/recherches/autre/appeler/message » afin que quand une idée me traverse l’esprit à la maison, je note sur le tableau et dégaine le smartphone plus tard. Parce que je suis vite piégée. Téléphone à la main le temps s’échappe. Ça me permet de me cadrer. Et d’errer sur fb et compagnie plus tard.

Ensuite, pour les jours d’imprévu, de plan B, de manque d’inspiration… Tout en bas à gauche j’ai fait des listes. Une liste de sorties découpées en deux colonnes Parc et Autre. Il s’agit plutôt des sorties en extérieur et des sorties en intérieur (parfois obligées s’il y a trop de soleil ou s’il pleut par exemple). Dans ces listes, la moitié du haut, en vert, c’est les sorties gratuites (tant pour celles en intérieur que celles en extérieur) et en bas les payantes. A côté de ça j’ai fait une petite listes d’activités à faire à la maison type : pâte à sel, sablés, peinture, pâte a modeler, jeu de société… Pareil, c’est pas forcément copiable, mais facilement adaptable selon où on habite, l’âge des enfants… Le reste, ça change souvent. Je note des idées, des listes.

 

En ce moment, j’ai la liste de mots que je connais en langue des signes bébé pour penser à le faire. J’ai aussi la liste des sorties récurrentes comme les rencontres portage, allaitement, rencontres IEF, les ateliers ECHO,… Et bien sûr une petite liste de porte-bébés que je n’ai pas encore.

Je pense que j’ai tout dit. Dites nous si vous avez des questions ou des idées !

Ta naissance

Par Elise 

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Ça a commencé tard dans la nuit vers 5 heures, des contractions différentes, celles qui m’ont dit ça y est, on y est, c’est pour aujourd’hui, c’est un beau jour le 7 septembre… Ton papa et moi on s’est levés tranquilles et heureux, on a fait un tour en ville, on a été dans notre café préféré, sans que les gens autour aient conscience de ce qui se déroulait en moi… J’ai accueilli chaque contraction en douceur, en soufflant, laissant aller ces premières vagues… et c’est dans l’après-midi à notre retour à la maison que tout a basculé, vers notre rencontre avec toi.

Ton papa prépare l’appartement pour ta naissance. Il range, nettoie, organise… Je m’installe dans le salon sur le canapé après avoir tiré les rideaux, allumé une lumière douce. Je suis impressionnée tout d’un coup par l’intensité de ce que je ressens, je suis émue, je me sens seule et perdue, je ne sais plus comment me mettre… Coup de téléphone à A. ma sage femme puis à F. ma doula. Il est 16h. Elles se mettent en chemin. J’appelle à la rescousse ton papa, il était dans la pièce à côté, il va me faire couler un bain. Je m’y installe et je relâche la pression… Les contractions sont toujours là mais je sens rassurée et je me détends.

A. arrive, elle vient me voir et écoute ton cœur, tout va bien… je suis toujours dans le bain, F. arrive à son tour, elle me verse de l’eau chaude sur le corps, je me sens entourée et choyée, et j’ai faim, envie de gnocchis ! Ton papa me les prépare, je mange un peu, et bois du thé, toujours dans mon bain. J’ai envie de sortir, de bouger. Je me sèche, me couvre d’un paréo entre deux contractions, et retourne dans le salon, il doit être doit être 17h30 je pense, mais je commence à perdre la notion du temps.

Je m’assoie sur le canapé, première contraction, je recommence à me crisper, je me réfugie à quatre pattes, je me sens perdue à nouveau, le souffle coupé. F. s’approche avec une écharpe de portage sur les épaules, et me tend un bout pour chaque main. Je m’accroche, je me suspends, elle fait pilier ! Ouf, je libère mon bassin ! Et je peux respirer de nouveau… M’accrocher pour me suspendre et avoir le bassin libre m’aide tellement. Alors à chaque contraction, elle revient, elle est là, je m’accroche… Et entre les contractions, je me relâche, pour un temps de repos… Ensuite c’est ton papa qui me tend l’écharpe et qui me soutient. Et vient le tour d’A., tour à tour ils se relaient, sans avoir besoin de mots, ils sont là. Ils sont silencieux. Ils me soutiennent. Je suis dans mon monde, dans ma bulle. Deux petites lumières éclairées dans la pièce, une s’éteint, soulagement.

Je commence à sentir que je m’épuise, je ne vais plus avoir l’énergie de me soutenir de tout mon poids par la force de mes mains. F. me propose d’aller dans la chambre sur mon lit, sur le ballon. Je ne sais pas trop, j’accepte. On y va, elle me guide, je me mets à genoux, et pose mon corps sur le ballon. Une contraction… j’ai besoin de m’accrocher à quelque chose. Une serviette. Il y a une serviette autour du ballon, c’est bon, je m’accroche ! Je m’accroche de toutes mes forces, à chaque contraction, puis me relâche. Ton papa est à côté de moi. Je m’accroche à lui. Je me demande où je vais, si je vais y arriver. Les contractions sont très rapprochées. Je rêve d’une grande pause pour m’allonger et me reposer ! On essaie entre deux, je m’allonge sur le côté, contre ton papa. Je sens la contraction arriver. Impossible de rester comme ça, impossible, je bondis sur le ballon et je m’accroche… Soudain je perds les eaux.

Ah, ça m’encourage ! Je me dis que tu fais ton chemin, que j’y arrive !! A. écoute les battements de ton cœur, tout va bien… Et ça repart de plus belle, et j’ai confiance. Je sens des picotements dans mon sacrum. Puis je sens que tu es descendue, je te sens derrière, comme si tu allais sortir de mes fesses. Ça ne me surprend pas, j’ai lu des témoignages d’accouchement et les mamans l’ont ressenti aussi. Je me dis que c’est donc une étape de plus de franchie ! Ça me donne du courage ! Et il m’en faut beaucoup… c’est si intense et inconnu !! Moment de doute, je demande à A. si je fais ce qu’il faut, si j’y arrive… elle me rassure, c’est parfait, et ta naissance ne tardera pas… On a fait une bonne partie du chemin ! On me propose de marcher un peu, d’aller faire pipi. Je ne sais pas trop, OK on y va. A peine posée sur les toilettes, je la sens revenir ! La contraction est là, aidez-moi, je veux m’accrocher… Ton papa est là. Je me cramponne à ses épaules. Je retourne dans la chambre, à peine deux mètres à marcher, la contraction est là, je suis debout, comment on fait ?!? Ton papa me tend ses bras, je me cramponne à nouveau. Je suis debout et je me cramponne. Je veux qu’on continue comme ça, je sens que c’est ça qu’il me faut. Debout, face à ton papa, je suis accrochée à ses épaules. À chaque contraction il soutient presque tout mon poids. Il travaille avec moi. F. me propose de poser un pied sur le lit. Allez j’essaie. On y est. C’est là, ça y est, je sens que ça pousse !!! Ça pousse tout seul ! Je me réjouis, je sais que là on est vraiment près du but ! Une autre contraction, ça pousse à nouveau ! Je leur demande si elles te voient, oui ! Elles voient tes cheveux !! Elles me proposent de te toucher… je touche, je crois que je sens ta tête, c’est mou je ne sais pas trop… si si, elles m’assurent que c’est toi ! Alors là j’ai confiance, je sais qu’on y est ! Prochaine contraction… je sens… ta tête sortir !! Ta tête est sortie ! Et maintenant, je fais quoi ??? On va attendre tranquillement la prochaine contraction me dit A.. Elle écoute ton cœur… tout va bien, tu n’es pas du tout perturbée… Il est 21h30. Dernière contraction, bloup tu sors ! Ton corps est sorti si vite, en un instant ! Je me retourne, et je te vois enfin, et je te prends dans mes bras…

S’allonger sur le lit, t’avoir contre moi, être là, à trois. On se pose, on apprécie chaque instant. Ressentir ton petit corps, toucher ta peau, t’entendre respirer. Au fait ! Tu es… une… fille !! On avait eu envie d’attendre de ta naissance pour le découvrir… quel bonheur ! Les moments suivants sont un peu flous, mélangés dans ma mémoire… Certains détails sont bien nets. Je te revois t’essayer à téter pour la première fois… Ton papa couper le cordon, un moment après qu’il a cessé de battre… Ton placenta sortir, quel soulagement !! Je me détends. F. me demande quel est ton prénom. Annabelle… On se repose à trois. A. et F. se sont éclipsées dans la pièce à côté. Puis A. m’a examinée, mon périnée va bien, pas besoin de point, ouf ! Elle t’a posée un court instant sur la balance à côté de moi. Tu es allongée contre ma poitrine. On est bien. On est dans notre bulle à 3. Douce première nuit…

Ça marche !

Par Kristel

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Je me « convertis » petit à petit (depuis la naissance de mon deuxième enfant, pardon à ma première) à l’éducation positive, bienveillante, respectueuse, ou ce que vous voulez, du moment qu’il n’y a pas de violence physique ou verbale, d’humiliation ou autre joyeuseté de ce genre, même si ce n’est pas fort et que ça ne fait pas mal.

Non, que ma fille ait été battue, mais elle n’était pas écoutée et respectée dans ses besoins et ses envies comme une personne à part entière. Nous, ses parents, nous savions mieux qu’elle ce dont elle avait besoin, ce qui est vrai pour certains sujets, mais quand même, il y a des limites à la toute-puissance parentale.

Bref, là n’est pas vraiment le sujet. Je voulais juste raconter une petite anecdote pour montrer que mes efforts (parce que oui, pour moi, c’est du boulot) sont récompensés :

Nous sommes un samedi, chez les grands-parents, avec la visite des cousins. Les enfants jouent au jardin après le repas quand vient l’heure de la sieste de mon petit… je me demande déjà comment je vais le convaincre de rentrer à la maison. Mais il a encore vraiment besoin de sieste.

Je vais donc le voir et lui annonce que c’est l’heure de la sieste. Il m’oppose un « non » bien convaincu. Je lui dis que je lui laisse encore deux minutes pour finir son jeu et que je reviens le chercher. Je me vois déjà le prendre de force dans mes bras, l’entendre hurler, se débattre, ce qui risque de tellement l’exciter qu’il ne dormira pas.

Lorsque je reviens, je me mets devant lui, à sa hauteur et je lui rappelle que les deux minutes sont passées. Bien entendu, il me dit encore non, qu’il ne veut pas faire la sieste. Et là, dans un sursaut de lucidité (et sans doute une illumination-souvenir de ce que j’ai lu dans un bouquin sur la parentalité positive), je lui demande quel livre il veut lire avant la sieste, T’choupi ou Peppa ? Et oh miracle ! Le voilà qui me donne la main et m’accompagne à l’intérieur, droit vers sa chambre et ses livres ! Et là, après le rituel habituel, un coucher dans le calme et un endormissement simple et rapide. C’est tellement plus valorisant pour tous les deux qu’une démonstration de ma force.

Et me voilà, débordante d’amour et de reconnaissance pour ce petit bout qui me montre combien j’ai raison de me remettre en question chaque jour, de m’informer, de ne pas rester enfermée dans les schémas des autres mais de me construire avec lui et sa sœur dans mon rôle de parent, en me faisant confiance et en leur faisant confiance à eux.

C’est génial d’être une maman. Fatiguant. Mais génial. Surtout quand ça marche…

L’hygiène naturelle infantile (HNI)… voilà pourquoi et comment on a fait !

Par Elise

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Puisque beaucoup sont étonnés voire intéressés par notre pratique, voici quelques précisions 🙂
Je trouve primordial de comprendre avant tout que ce n’est PAS une méthode d’apprentissage de la propreté, juste une autre façon de prendre soin des fesses de son bébé.

On a eu envie d’essayer parce que…

du côté des bébés :
– les bébés HNI ne perdent pas leur conscience d’éliminer comme le font les bébés en couches, et donc n’ont pas à apprendre plus tard ce qui est naturel pour eux depuis le départ, soit avoir les fesses propres et sèches et ressentir quand ils ont besoin de faire pipi ou caca.
– ils n’ont pas l’habitude de rester dans leurs excréments
– ils n’ont pas d’érythèmes fessiers
– ils deviennent autonomes pour leur propreté à leur rythme, très progressivement, un peu comme pour la marche lorsqu’on pratique la motricité libre : on ne va pas avoir un bébé qui marche plus tôt, mais à l’aise et confiant.

du côté des parents :
– nous avons une grande satisfaction à avoir ce lien étroit, cette compréhension et cette communication avec notre bébé, dans le prolongement du maternage
– nous sommes ravis à chaque pipi/caca « attrapé » 🙂
– nous ne nettoyons pas de caca étalé partout sur les fesses de notre bébé
– nous ne connaissons pas les couches qui débordent
– nous avons un budget couches remarquablement faible

En pratique…
Depuis la naissance, zéro couche à la maison, juste un élastique type bandeau pour les cheveux à la taille et un lange placé entre les cuisses, histoire qu’on ne soit pas trempé en cas de raté, on change le lange immédiatement, pas de pantalon juste les jambières et des chaussettes, pas de body ou laissé ouvert en bas, tee-shirt.
On propose à notre bébé d’éliminer en la tenant contre notre ventre, les genoux relevés (un peu comme on ferait avec un bambin qui veut faire pipi à l’extérieur), au -dessus du lavabo ou d’une bassine, petit pot, saladier, baignoire, ou dans la nature… et on essuie avec une lingette lavable en coton, ou on rince à l’eau et sèche avec une serviette.
On lui propose au début très très souvent, puis ça s’espace de plus en plus.
On sait qu’elle a besoin quand elle se réveille, quand elle descend de l’écharpe de portage, quand elle s’énerve et qu’elle n’a pas fait depuis un moment…
Lorsqu’elle a besoin, elle répond à nos proposition en relâchant pipi/caca, et sinon pas besoin de mot pour comprendre que ce n’est pas le moment, elle se cambre et râle 😉 Lorsqu’elle est portée en écharpe de portage, elle se retient vraiment bien, on peut la garder un grand moment, et à peine sortie, mega pipi. Tandis que lorsqu’elle est au sol, elle fait plus fréquemment. Les bébés auraient d’instinct pas envie de nous souiller.

Et la nuit…
On fait du cododo. Notre bébé dort sur une alèse lavable carrée de 40 cm de côté, on en a 8, qui tournaient beaucoup au début.
A côté du lit sur une commode, on a un petit pot, des alèses, des langes, et des lingettes lavables. Les bébés ne font pas pipi en dormant mais lorsqu’ils se réveillent. A chaque tétée, je m’assoie, prend mon bébé dans mes bras, enlève un côté du lange, glisse le pot sous ses fesses et elle fait pipi en tétant, et se rendort profondément… Je l’essuie, remet le lange repose le pot et on se recouche. Depuis ses 5 mois je propose beaucoup moins la nuit, elle se retient bien jusqu’à 5/7 heures du matin.

A l’extérieur…
On utilise des couches lavables et des vêtements faciles à enlever, et on continue de proposer régulièrement comme à la maison. On a fait les toilettes des restaurants, des aéroport, de l’avion, des galeries commerciales, les parcs…

Chez la nounou, elle est en couches lavables. Je lui propose en arrivant sur place, elle passe la journée en mode « classique » et à peine arrivés le soir à la maison on enlève la couche !

On me demande aussi si ce n’est pas fatiguant. Je ne trouve pas. C’est sûr que ça va de pair avec le maternage proximal, mais pas au-delà. Je ne me sens pas sur le qui vive tout le temps parce que je trouve qu’un raté ce n’est pas grave, et que mon bébé grâce à notre pratique se retient bien en général et préfère faire ses besoins tenue en position contre moi que sur elle. Je suis souvent étonnée de voir comme elle est déjà mature.

On a eu depuis le départ un nombre incalculable pipis ratés, en revanche les cacas ratés se comptent sur les doigts d’une main. Aujourd’hui à 8 mois et demi, il est exceptionnel d’avoir un raté la nuit, et occasionnel le jour.

Voilà notre façon, à suivre !

Chute libre, une naissance respectée

Par Lise

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Elle avait commencé un peu plus tôt que dans mes plans, mais c’était une grossesse sereine et gaie la plupart du temps. En cette fin janvier, je me sentais en pleine forme, et débordante d’envie de profiter quelques temps encore de mon bébé en-dedans et de ma rondeur fière. Il bougeait beaucoup, fort, et j’aimais par-dessus tout mettre ma main sur son petit pied en bas à gauche, qui se déplaçait lentement, tandis que ses fesses en haut à droite pointaient et se blottissaient contre mon autre paume. Avec D., au fil des séances d’haptonomie prénatale, Andrea et moi avions découvert et accompagné ses mouvements, faisant de ce petit être invisible quelqu’un de plus tout à fait inconnu, et dont la rencontre secrète nous avait rapproché en tant que couple.

Nous avons longuement hésité sur le lieu où nous voudrions mettre au monde ce bébé. Après coup, j’ai même des difficultés à me souvenir pourquoi, tant à présent tout me semble avoir été parfait ainsi. Simplement, il est difficile de s’extirper des chemins habituels, des phrases, des craintes et des jugements répétés et martelés. Et puis le fait d’être en location meublée, que les propriétaires risquent d’être là, qu’il n’y ait pas de baignoire, qu’il faille préparer les repas… Quoi qu’il en soit, bien que les prises de décisions soient toujours difficiles pour moi, primordial a été le fait que différentes alternatives existent et que nous ayons pu opérer à un vrai choix, en conscience et réflexion, pour décider où nous mettrions au monde notre enfant. Dès lors, je me suis sentie libre, responsable, puissante et sécure.

Fin janvier, me suis mise à tousser très fort pendant deux jours, et j’ai senti que cela bousculait un peu trop tout cet éphémère équilibre. Non, il n’attendrait pas le printemps pour se rompre. En effet, samedi 30 janvier en me levant, j’ai eu quelques doutes, continuant cependant ma journée normalement. Mais à minuit tout pile, une sensation étrange et nouvelle de vagues aqueuses et tièdes m’a fait comprendre que c’était la fin des eaux et le début de la suite…

Je suis restée la nuit sans dormir, mais ne m’en souviens presque pas. C’était la deuxième que je passais à arpenter l’obscurité, saisie de quintes de toux et de remontées acides. Quelques contractions commençaient à pointer. Je sais que j’ai écrit longuement dans le salon, une lettre à mon bébé, et puis mes pensées, assise sur le gros ballon, parce que j’ai retrouvé les papiers, mais l’avais oublié.

Je n’avais tellement pas voulu envisager que bébé arrive si tôt, ni imaginé que cela commence par la perte des eaux, que je ne savais plus que faire. Je ne voulais déranger personne à minuit, je n’avais pas encore de contractions, et une partie de moi continuait à ne pas croire que la naissance soit imminente. Mais d’un autre côté montait la crainte de devoir être transférée à l’hôpital si le travail ne démarrait pas assez vite après la rupture des poches…

Stella parlait dans son sommeil, se réveillait à moitié… elle avait senti quelque chose, sans aucun doute. Vers 6h30, elle est venue me rejoindre au salon pour m’annoncer qu’elle avait « fini de dormir ! » Et ta sœur ? (Ah non, c’est un frère…) Je suis retournée me coucher avec elle. Et puis, à nouveau, je ne sais plus. Nous nous sommes tous levés vers 8h, les contractions se poursuivaient, mais toujours espacées, peu régulières, et tout à fait gérables en respirant bien. Nous avons déjeuné, c’était dimanche matin, et je ne voulais priver personne de grasse matinée. Vers 9 heures, j’ai finalement annoncé à Stella qu’elle allait partir chez sa copine, et que quand elle reviendrait le lendemain matin, son petit frère serait probablement né. Elle s’est mise à sauter de joie dans le salon en criant « youpi ! youpi ! ». Pendant qu’Andrea l’aidait à se préparer, j’ai fini d’étendre le linge dans les escaliers, m’appuyant contre le mur à chaque contraction, un peu plus forte que la précédente, mais toujours assez espacée pour que je puisse étendre plusieurs chaussettes d’affilée. Alors, je suis allée lire Astérix sur le lit. Cette fois, il fallait quand même que je ferme les yeux à chaque contraction, mais j’arrivais encore à lire quelques bulles de suite. J’étais fatiguée par les nuits sans dormir, mais j’hésitais à monter et descendre les escaliers pour accélérer le travail, à cause de la crainte de devoir partir à l’hôpital en raison de tout ce temps déjà écoulé depuis la rupture de la poche des eaux. Andrea est rentré vers 10h30. Je suis allée prendre une douche pendant qu’il rangeait un peu la maison… Un tout petit peu, parce que j’avais besoin de ses bras à chaque contraction l’appelant d’un « contraction ! » tonitruant, et que celles-ci se sont soudain accélérées, devenant très longues et très rapprochées. Je glissais des images dans ma tête : mon utérus entouré de rubans multicolores et verticaux qui serrent les rubans bleu pâle horizontaux que je m’efforçais de détendre et de laisser s’ouvrir. Cela fit du bien. Je me vis cloche, avec une tête minuscule, et grande ouverte en bas, je me laissai partir sur des paysages de neige vierge scintillant de tous ses cristaux au lever du soleil sur des sommets infinis, je visualisai mon tout petit bébé inconnu descendre… Et j’appellai encore et encore Andrea, qui lâchait draps, assiettes, jouets et papiers pour accourir, m’entourer, me soutenir et m’effleurer le dos.

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La douche, pour la naissance de Stella, m’avait tant soulagée que j’avais rêvé cette fois d’une baignoire d’eau chaude pour traverser le travail (la présence de celle-ci à l’hôpital, désormais équipée, avait été une de mes principales sources d’hésitations pour accoucher là-bas !). F. devait d’ailleurs en acheter une qu’elle m’aurait louée… trois jours plus tard. Sauf que cette fois, la douche ne soulageait rien du tout. Je n’arrivais pas à rester assise sur le ballon, que nous avions glissé à l’intérieur, et je claquais des dents. Et puis j’étais trop fatiguée pour rester debout.

De tous les endroits de la maison où j’aurais pu donner naissance, j’avais, dans mes rêves, éliminé notre lit. Et c’est pourtant là que je me suis précipitée aussitôt séchée et habillée. Bon, ma tête n’en était toujours pas à donner naissance, c’est vrai. Comparant mes sensations à celles vécues lors de la venue de Stella, j’estimais que bébé serait là peut-être en fin de journée. Andrea, lui, avait bien vu que tout était allé bien plus vite, et avait rappelé F. la doula, et A. la sage-femme pour leur demander de venir. Elles sont arrivées l’une après l’autre un peu après 11 heures, alors qu’Andrea avait déjà installé la bâche sur notre lit, sur lequel je me tenais à quatre pattes, appuyée sur des coussins, puis sur le ballon, puis, parce que mes bras tremblaient trop pour me soutenir, allongée sur le côté, lovée autour de mon coussin d’allaitement, que je n’ai plus quitté. Moi qui avais rêvé de rester accroupie pour voir apparaître mon bébé devant moi…

J’ai mis l’enregistrement d’hypnonaissance utilisé lors de la naissance de Stella. Mais tout allait trop vite, tout était trop puissant, changeant, intense, pour que je puisse y trouver le moindre recours. Seulement, je l’ai mis en boucle, et il jalonnait un peu le temps, dont j’avais perdu toute notion. A. et F. étaient silencieuses. A., assise près de la porte, s’est approchée pour écouter un instant le cœur du bébé, et m’a souri lorsque je lui ai demandé si tout allait bien. Chacun avait sa place, et tous étaient paisibles. Andrea me tenait la main, m’effleurait le dos, m’offrait l’ancrage de sa main tiède dans le creux de mon genou. F. me faisait de l’air, massait là pile poil où ça faisait du bien. Les contractions se succédaient, toutes différentes tant tout allait vite. J’ai perdu un moment le fil de ma respiration, me noyant un peu dans la douleur… Je me rappelais la courbe qu’elles dessinaient : une sinusoïde d’environ 1 minute, augmentant jusqu’à l’apogée que je supportais en la sachant suivie de la redescente. Puis jusqu’à 2 minutes de pause, dans laquelle je me plongeais en essayant de relâcher chaque muscle et de rechercher quelques gouttes de bien-être profond. Le soleil a soudain percé plus fort à travers le rideau, me faisant sursauter. Mais il m’a fait plaisir, c’est drôle, j’avais un peu rêvé d’accoucher au soleil. J’avais chaud, très chaud, trop chaud. Un peu d’infusion au miel, difficile à boire (nous n’avions que d’énormes pailles à Stella !) m’a fait du bien.

Et puis j’ai reconnu la sensation de poussée. J’éprouvais à la fois soulagement, sachant que cela annonçait la fin, et crainte, me sentant faible et même paresseuse pour ce dernier exercice. J’ai un peu ronchonné pour dire que j’en avais assez, les rires autour de moi m’ont redonné du courage. Moi qui avais parfois regretté de ne pas voir compris vraiment ce qui se passait lors de mon premier accouchement, je sentais cette fois avec précision l’avancée du bébé, sa descente dans mon bassin. On m’a aidée à me déshabiller. Entre deux contractions, j’ai demandé à Andrea s’il ne voyait rien qu’il ne veuille pas voir, il a répondu que non, j’ai insisté, c’était important. Toujours le calme et le silence, quelques chuchotements discrets seulement. Malgré tout, les images d’escalade me sont revenues à l’esprit. Ce n’était pas une question de compétition, cette fois, de cris, de pression… Mais j’étais suspendue quelque part en l’air, surplombant un vide invisible et démesuré. Aucun retour en arrière envisageable, la seule possibilité étant de monter plus haut, d’atteindre le sommet avec le bout de mes forces, toute mon énergie, sans même penser un instant à lâcher tant la chute est inconcevable… bander ses muscles et savoir de tout son être que l’on peut arriver au bout, que l’on peut, que l’on doit, et qu’alors, au sommet, on pourra jubiler et que tout ira bien. J’ai senti une première poussée m’étreindre, faire avancer le bébé, j’ai essayé de l’amortir un peu dans un soupir, mais le bébé a reculé. « Oh non, il est reparti ! » ai-je dit, un peu déçue, un peu pour rire. Alors, je n’ai plus lâché. J’avais enfin cette liberté qui m’avait tant fait défaut lors de mon premier accouchement d’agir uniquement et seulement selon mon ressenti. Je poussais, soufflais, ne bloquais pas, retenais comme je le souhaitais et comme cela venait. J’étais accrochée à Andrea, tirant sur ses mains, et lui me retenant. A. appuyait en bas de mon bassin, et cette sensation d’être contenue et retenue me soulageait. Lors des pauses, je posais ma main sur mon ventre, et je pensais fort à mon bébé, qui était tout seul dans le noir et poussait certainement lui aussi, et lui disais du bout des doigts que nous étions ensemble, que nous sentions ensemble, qu’il ne devait pas s’inquiéter parce que nous allions y arriver tous les deux, et que bientôt je le prendrais tout contre moi. Un relâchement (comme, lorsqu’enfin on pose une dégaine et que l’on peut un instant reposer ses bras, suspendu à sa corde). « Sa tête ! » a dit quelqu’un. « Ça y est, il est sorti ? », ai-je demandé. Rires gênés. « Seulement la tête… » Je me rappelais que le corps était moins difficile. Nouvelle poussée, s’élever à nouveau loin du sol, les épaules, retenues en arrière par le cordon enroulées autour « C’est pas possible, il est losange, ce bébé ! » ai-je pensé…Et puis ça a été fini, brusquement. Tout était fini. Je m’étais rétablie sur l’herbe en haut de la falaise. Et j’étais toute vide.

Alors, soudain, tout s’est relâché en moi, et cela a été la cascade, des trombes d’eau qui, cette fois, sortaient par mes yeux, sans retenue, des larmes d’enfant venues de très loin, qui ne brûlaient pas de tristesse ni de colère, juste des larmes du fond, des lames de fond, qui devaient sortir elles aussi. Pendant ce temps, mon bébé était en bas, derrière moi, et je voulais le prendre, le voir, ne pas le laisser tout seul (j’ai été rassurée ensuite de savoir que, pendant tout ce temps, A. l’avait tenu dans ses mains blotti), mais je ne pouvais pas bouger, trop fatiguée. Quand le torrent s’est tari, quelques minutes plus tard, A. a déposé mon bébé tout contre moi. Je me tortillais pour voir ses yeux, mais il m’a fallu encore patienter un peu, pour l’instant il était roulé en boule de profil. Ça y était, ça y était, mon tout petit bébé que je n’attendais pas encore était dans mes bras, pour de vrai de vrai. Et je n’arrivais pas à le réaliser. Il était 13h03.

Ensuite, nous avons attendu le placenta. A. souriait et disait que nous avions le temps, mais j’étais fatiguée et inconfortable et avais hâte que ce soit fini. Enfin, il est arrivé. Bébé y était toujours attaché, A. et F. l’on enveloppé à côté de nous jusqu’à ce que le cordon cesse de battre tout à fait. Lorsque ça a été le cas, longtemps plus tard, Andrea l’a coupé. Ce n’était pas un geste hâtif presque obligatoire, un acte à faire vite avant que « ça » parte à la poubelle, non, il l’a fait en parlant, tout content. Il a aussi révélé qu’il avait regardé, depuis mes côtés auxquels il se trouvait, la tête du bébé sortir, lui qui avait tant répété que jamais-jamais il ne voudrait voir une telle chose. « Oui, mais là, tout est si différent… » a-t-il dit. Si bien que, le placenta qu’il avait aussi prévenu ne jamais-jamais vouloir voir, nous l’avons contemplé ensemble, membranes déployées au-dessus révélant la tente secrète à l’intérieur de laquelle Livio avait passé tout ce temps, puis étendu à plat sur son verso, arbre aux branchages de vaisseaux. Tout semblait simple, normal, dépourvu d’inquiétude et de gêne…

Pendant que je me reposais un peu, A., F. et Andrea ont rangé et préparé des pâtes. Andrea a mis la table dans la cuisine, faisant rire F., qui lui a dit qu’ils n’allaient quand même pas manger sans moi. Et alors, nous avons, tous ensemble, en discutant, riant et parlant de ce qui venait de se passer, mangé nos pâtes assis sur le lit au soleil, tandis que Livio s’essayait à sa première tétée.

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Et puis, c’est Andrea qui l’a posé sur la balance, après que nous ayons lancé les paris sur son poids (3,980 kg). Il a été mesuré trois jours plus tard (52 cm), et a subi le test de Guthrie à 5 jours. Rien d’autre. Le bain a attendu une semaine. Ensuite, je suis allée prendre une douche revigorante, F. et A. ont pris congé une après l’autre, et nous nous sommes remis sur le lit tous les trois, en peau à peau, jusqu’à-ce que la nuit tombe, dans une sorte de bulle douce…

Andrea avait été lui aussi imprégné de toutes ces hormones et sensations, car, pendant quelques jours, il a été épuisé, et réveillé par chaque petit bruit de bébé, même dans une autre pièce, tout comme moi. Après quelques temps, à nouveau, il n’entend plus les pleurs lorsqu’il dort !

Il est allé chercher Stella le lendemain matin. Ils sont allés déclarer Livio ensemble à la Mairie. Quand elle est arrivée sur le pas de la porte, mes genoux relevés l’empêchaient de voir bébé, couché derrière. « Il est où, mon bébé ? » a-t-elle demandé d’un air inquiet. J’ai baissé mes jambes, et son visage s’est éclairé. Elle s’est précipitée vers lui en poussant de drôles de tout petits cris aigus, l’embrassant et le caressant longuement. Puis elle est allée chercher un livre pour lui raconter une histoire.

La sage-femme A. est revenue 5 fois la semaine suivante. J’attendais sa visite avec impatience toute la journée. Pour ses conseils et son soutien, mais aussi parce qu’elle avait complètement fait partie de cette naissance, et que retrouver quelqu’un d’intérieur, avec qui je pouvais reparler de ces instants, poser mes questions, vérifier mes souvenirs… était quelque chose dont j’avais infiniment besoin. Cette naissance et sa mémoire n’ont pas été délaissées dans un coin anonyme d’hôpital parmi des étrangers qui l’auront oubliée l’instant d’après. Il en reste comme quelque chose de plus fort entre les personnes présentes. F. est revenue me voir aussi, et m’a écoutée et consolée dans ce qui me faisait mal de cette naissance à laquelle je n’étais pas encore prête. Une semaine plus tard, en effet, j’en pleurais encore : mon corps ne gardait déjà presque plus de trace de cette grossesse qui, dans mon esprit, n’aurait pas dû être déjà achevée. Je me sentais si vide… A. et F. m’ont entourée jusqu’à-ce que j’arrive à nouveau à regarder en bas de la falaise, leur présence est allée bien au-delà de l’accouchement en soi.

A présent, tout va mieux. Nous sommes fiers de cette naissance heureuse, qui nous a fait faire des choses que nous n’aurions jamais imaginées ou assumées (oui, le placenta sera enterré sous un arbre…), aller au-delà de nos blocages, idées, et de celles des gens (parfaitement, nous avons menti tous les deux à ceux qui nous demandaient où nous allions accoucher, tant, en fin de grossesse, leurs commentaires tout faits nous étaient lourds à entendre), fiers de notre petit garçon tout rond-losange et du fait d’être désormais quatre. Et résolument heureux de cette naissance qui ne m’a laissé aucune blessure physique, ni aucun regret, doute ou tristesse dans nos esprits.


Pour répondre à certaines questions qui nous ont été posées :

Accoucher sous le téléphérique

Par Lise

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J’ai écrit ce texte un soir au début de mon 9e mois de grossesse. Il ne se veut critique envers aucun choix. Mais il est décidément polémique envers les réactions répétées mille fois à chaque fois que le mot « accouchement » est prononcé. Pour mon premier accouchement, je n’ai pas eu l’occasion de côtoyer d’autres couples attendant un bébé, ni personne en fait. Et ma solitude m’a offert une naïve et bienfaisante sérénité. Je vis cette seconde grossesse entourée de plein de rencontres, et c’est génial… Sauf quand on aborde LE sujet, ou, pire, lorsque n’importe qui n’importe quand (le dentiste, la prof de gym…) le fait, par habitude en voyant un gros ventre. Et lorsqu’on entend d’autres femmes enceintes toutes remplies de peurs d’angoisse et de ces mots douloureux qui sont presque des synonymes d’accouchement à force de lui être liés.

Au fur et à mesure que passe le temps, je me sens de plus en plus déstabilisée et irritée à la fois. Bien malgré moi. J’ai assez d’arguments raisonnables pour contrer leurs phrases, sans pourtant parvenir à les empêcher d’entrer au fond de ma tête. Si souvent répétées et entendues (« Mais pourquoi te passer de péri ? », « Quel choix, que de choisir de souffrir… », « A la maison ? Ok, n’empêche, si Xyz n’avait pas été à l’hôpital quand elle a eu besoin des spatules… », « Bon courage, hein, ce n’est qu’un dur moment à passer… »), ces idées d’emblée négatives sur l’accouchement réussiraient, appliquées à n’importe quelle activité, à rendre celle-ci rebutante et terriblement effrayante.

Désormais, j’évite autant que possible de laisser les gens aborder le sujet. Mais ils ne peuvent pas s’en empêcher : un accouchement, ça fait mal par définition, et il ne faut jamais omettre de le rappeler à la future mère. Et si jamais elle réplique, ajouter quelques exemples pour lui prouver que, si par hasard elle pouvait gérer la douleur, ça reste terriblement risqué…

Imaginons… Parce que j’aime la montagne et les analogies…

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Vous : La semaine prochaine, je fais un sommet !

L’autre (d’un air compatissant) : Ouah ! Bon courage… J’en ai fait un une fois, c’était horrible, il faisait super froid je ne sentais plus mes doigts, et puis avec l’altitude je me suis senti oppressé comme jamais, et tout ça pour me retrouver dans le brouillard une fois en haut. Bonne chance, hein, je penserai à toi !

Vous (convaincu) : Non, mais je me suis bien préparé, je ne me sens pas trop inquiet. Je partirai lentement, et puis je connais ce moment où je me demanderai ce que je fais là, si essoufflé à transpirer comme un bœuf, mais… Enfin, je sais surtout combien, en arrivant au sommet, je me sentirai fier de mon corps qui m’a permis ça, et comme c’est grisant d’admirer le paysage, les autres cimes alentours, la neige, le silence, cette sensation de plénitude quand on a dompté la montagne et que la nature se fait merveille pour mon regard seul…

L’autre (ébahi) : Nooon… parce qu’en plus, tu comptes monter là-haut à pied ? Mais ça va être horriblement douloureux ! Enfin je veux dire… moi, je ne pourrai pas. J’ai bien essayé, une fois, le sentier, mais c’est juste insupportable, les pieds qui frottent contre les chaussures si lourdes, le poids du sac…

Vous (un peu déstabilisé) : Oui… Je… Je crois que je peux le faire… j’aimerais essayer en tout cas…

L’autre (dans sa lancée) : Mais quand même, tu choisis de souffrir alors qu’il suffit de prendre le téléphérique, tu es là-haut à l’heure exacte, tu payes sur internet, et ils s’occupent de tout pour toi. Tu choisis vraiment de monter à pied ??

Vous (hésitant) : Mais… C’est pour voir le paysage tout au long de la montée, les changements d’altitude, l’odeur de l’air qui se modifie, les arbres, puis les rochers, puis la neige… Enfin, c’est… J’aimerais essayer de voir toute la montagne, tu comprends, je l’aime tellement, mais en gravir chaque passage, c’est quelque chose de fort, et puis les sensations… Le sommet, c’est aussi l’accumulation de tout cela… Tu vois ?

L’autre : Oui, enfin, c’est quand même un peu inconscient. Moi, ma tante, elle s’est foulé une cheville comme ça. Elle se l’est cognée contre un pylône du téléphérique. Heureusement qu’il était là, d’ailleurs, le téléphérique, pour la redescendre, sinon, elle y serait restée. Et j’ai aussi un ami qui s’est brisé le nez : il était en retard, pour la descente en plus, du coup il s’est jeté dans la cabine juste alors qu’elle se fermait. Tu imagines, s’il l’avait carrément raté, il aurait gelé sur place là-haut. Heureusement qu’ils ont pu le descendre en vitesse. Et bon, je ne te parle pas des risques d’avalanche et de chute de pierre.

Vous : Euh… oui… Je suppose que je verrai sur le moment… Enfin, sans téléphérique, ces accidents, justement, ne se seraient peut-être pas pr… hum. De toute façon, si je suis trop fatigué ou que j’ai trop mal aux pieds, je monterai dans le téléphérique à une station intermédiaire…

L’autre : Ah oui, mais il ne faut pas rater la station, si tu es entre deux ou un peu trop haut ou que tu n’as pas réservé ton billet, ils te laissent là !

Vous (quand même un rien inquiet) : Tu crois ? (respirant un bon coup et vous éloignant, chantonnant intérieurement pour vous rassurer et bloquer les larmes qui menacent de monter) Là-haut, sur la montagne, l’était un beau chalet…

Vous trouvez que j’exagère ? Sans rire, remplacez là où cela sied par les mots du lexique de l’accouchement, de l’hôpital, de la péridurale… et vous verrez que ma métaphore est à peine caricaturale, ou peut-être même pas… En tout cas, en tant que femme enceinte qui pleure en regardant les documentaires sur les grenouilles, cela m’atteint exactement de cette manière-là.

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Du coup, puisque j’ai dit avoir quantité d’arguments réfléchis qui me confortent dans mon choix, j’en expose ici quelques-uns :

Le sac-en-l’air

Comment être tête en l’air en toute liberté

Par Lise

 

Chaque jour il faut l’emporter, et chaque jour il faut veiller à ce qu’il n’y manque rien : le sac !

C’est fatiguant, et ça ne marche pas à tous les coups. On a beau le laisser à peu-près fait d’un jour sur l’autre, il suffit que toutes les couches aient été utilisées par le dernier à être sorti, que bébé ait décidé de vêtir discrètement sa poupée du chapeau qui devait rester dedans, ou que l’on ait utilisé au autre sac la veille, pour risquer d’oublier quelque chose. Et puis le sac, c’est aussi un peu le cauchemar de beaucoup de papas, j’ai l’impression.

Moi, vous l’avez compris, j’aime les listes. Franchement, ça soulage le cerveau. Quand il n’y a plus à penser, mais seulement à faire, la moitié du travail est déjà réalisée comme par magie.

Alors voilà, je partage avec vous « le sac en l’air », à compléter en fonction de ce que vous mettez dedans, à décorer selon vos goûts et à afficher bien en vue. Ensuite, il n’y a plus qu’à vérifier chaque « bulle », et le tour et joué… il n’y a plus qu’à ne pas oublier le sac sur la table du salon !

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(N.B. : Cette liste-exemple est ici réalisée pour un enfant ayant 12-24 mois)