Par Lise
J’ai eu deux bébés allaités exclusivement à la demande, tous deux avec un grand besoin de succion. Et puis un (méga) REF et une grande production lactée. Du coup, plus que repus après quelques minutes, mes bébés finissaient par se détourner, toussant et crachant, du sein, qui continuait à les asperger avec pression. Pourtant, ils avaient encore et encore envie de téter. Ainsi, j’ai passé plusieurs semaines avec mon petit doigt dans leur bouche, le jour et (toute) la nuit aussitôt qu’ils étaient rassasiés et repoussaient mon sein en pleurant.
Fatiguée, je me suis mise à la recherche d’une aide. Et c’est ainsi que j’en suis arrivée à parler de sucette. Non, je n’aurais jamais cru le faire, non, je n’aurais jamais cru, il y a quelques années, en arriver à écrire cet article. Mais oui, ça a été la solution indispensable pour me soulager à ce moment-là.
1/ Trois arguments et demi en faveur de la sucette
Pour Bébéun, tout a été très bref. Je lui ai donné une sucette vers un mois de vie, elle l’a utilisée pendant une semaine, puis a trouvé son pouce qu’elle a sucé pendant 6 mois avant de s’arrêter spontanément, fin de l’histoire.
Pour Bébédeux, mon cœur balançait entre l’épuisement et le spectre noir de la sucette (risque de confusion sein-tétine et échec de l’allaitement, déformation palatine, sevrage de la tétine difficile, mettre un bout de plastique dans la bouche de mon bébé…) Là, ma précieuse sage-femme m’a dit « moi, si elle sauve les mamans et les bébés, je suis pour la tétine. » Alors, je l’ai envisagée et me suis penchée sur la question.
C’est alors que Marie m’a sorti deus ex machina une étude récente affirmant que l’usage de la sucette n’aurait pas statistiquement un impact si délétère que ça sur l’allaitement (1).
Enfin, je suis tombée sur des études ajoutant que la sucette pouvait contribuer à réduire le risque de mort subite du nourrisson (2).
2/ Choix de la sucette
Une fois ma décision prise de recourir à celle que j’appelai la « prothèse à bouche » qui devait soulager mon bébé, mon petit doigt et ma fatigue, je me suis penchée sur la question du choix. J’ai alors consulté des sites parlant orthodontie et déformation de la sphère buccale.
L’un d’eux proposait, entre autres études et réflexions, la modélisation d’une « sucette idéale » (2, en bas de l’article) argumentée de manière convaincante. Me voilà donc partie à la recherche de l’objet qui s’approcherait le plus de cette proposition, inexistante dans le commerce. La sucette qui s’en approchait le plus (quoi que ne respectant très peu des critères évoqués… A quand un réel progrès dans ce domaine ?) était la Mam Perfect, car très fine au niveau du plan de morsure. J’en ai également acheté une en caoutchouc naturel Goldi (sensée imiter la forme du mamelon) pour le côté plus sain, mais Bébé ne l’a jamais acceptée.
3/ Utilisation de la sucette
C’est ainsi que mes nuits ont pris une nouvelle tournure. Bébé tétait, puis s’endormait parfois aussitôt après (jamais en tétant, comme son aînée, car trop concentré à ne pas s’étouffer sous le jet) à mes côtés ou dans mes bras. Lorsqu’il s’éveillait la nuit, j’essayais dans un premier temps de l’aider à se rendormir en chantant, en le berçant, puis en lui donnant le sein, et enfin, lorsque rien n’avait fonctionné, je lui donnais sa sucette.
En journée, c’était encore plus rare. Je m’efforçais d’en réserver l’usage au plan F, lorsque rien mais vraiment rien d’autre ne l’apaisait.
… ou lorsqu’il était vraiment important qu’il y ait du silence (par exemple lorsque sa sœur venait de s’endormir près de nous). Et là, j’ai découvert la solution de facilité que cela pouvait impliquer. Et le fait qu’il fallait s’imposer parfois une lutte pour ne pas s’y laisser entraîner. Pour cela il m’a fallu me remettre les idées au clair : la sucette est un moyen d’apaiser bébé lorsqu’il en a besoin, et pour ne pas sombrer soi-même dans l’épuisement. Lorsqu’aucun de ces critères n’est en jeu, elle risque de se transformer en outil à rendre silencieux, et se retrouver de manière automatique dans la bouche de bébé aussitôt qu’il cherche à se manifester, s’exprimer, s’agiter. Oui, elle fonctionne aussi dans ces cas-là, mais je continue à penser que là n’est absolument pas son rôle, et que par-là elle présente une nouvelle face négative.
4/ Fin de la sucette
Bébéun avait cessé de sucer son pouce de soi-même autour de sept mois.
Hasard ou pas, c’est également à cet âge que Bébédeux a brusquement craché sa sucette avec élan, du jour au lendemain, alors qu’il la portait seul à sa bouche depuis quelques temps.
Tous les deux étaient alors toujours allaités à la demande, et c’est vers cet âge où, se redressant, ils ont commencé à moins régurgiter d’une part, et à avoir besoin de plus se nourrir d’autre part car fournissant davantage d’efforts physique durant la journée. Cela n’est que l’explication qui m’est venue et ne vaut pas preuve, mais me semble logique. Gérant mieux la tétée malgré le REF, ayant besoin de plus de lait, tétant avec une meilleure maîtrise, et ayant un besoin de succion diminué de par leur âge, ils en étaient venus à se contenter du sein. Je pense qu’ils se sont mis à téter davantage durant la nuit à cette période, et cela m’a demandé une réadaptation à tous points de vue… car oui, la sucette avait tout de même revêtu un côté solution de facilité dont il me fallait brusquement me passer.
5/ Conclusion
Cela n’est donc qu’une expérience personnelle n’ayant aucune valeur statistique ou scientifique, mais qui s’est révélée concluante pour moi. La sucette a rempli son rôle de pacificateur lorsqu’elle nous est devenue nécessaire, et n’a pas eu d’effet délétère sur la dentition ou l’articulation car a été arrêtée au moment du début de la dentition. Le sevrage a été spontané et facile.
Je ne trouve pas d’étude sur le lien entre sevrage de la sucette/pouce et l’allaitement à la demande. Je suis intéressée par les expérience : les bébés allaités à la demande et ayant recours à la sucette ou au pouce les quittent-ils souvent spontanément dès lors qu’ils parviennent à gérer le REF/ont un besoin de succion réduit de par leur âge ?
Et pour les autres, quelle utilisation avez-vous fait de la sucette, quand et comment l’avez-vous arrêtée ?
Sources
(1 bis) Article dont j’ai trouvé par la suite une critique sévère ici http://ibfan.org/breastfeedingbreafs/Allaitement-et-lolettes-No-54.pdf
Bonjour, merci de m’avoir épargné sans le savoir le travail de faire cette synthèse (avec laquelle je suis totalement en accord), que j’avais commencée à rédiger, pas tellement de gaieté de coeur. J’ai en effet eu les mêmes impressions que vous à la lecture de l’article « polémique » et j’ai l’esprit en paix à présent que quelqu’un y ait fait une réponse via article. Grand merci pour la citation de mon blog 🙂 ! A bientôt de se lire.
Je retombe sur cette réponse qui date maintenant ! Et je constate qu’elle ne correspond pas à l’article ci-dessus. Ce commentaire était en réponse à l’article suivant : « Le jour où j’ai eu envie de parler de mon regard positif sur la parentalité du même nom ».
J’en profite pour dire que mon blog (cité dans l’article) a déménagé (mais vous serez redirigés automatiquement) et que j’ai depuis publié un livre « Mon enfant mon égal » aux éditions le Hêtre Myriadis qui pourra vous intéresser et figurer dans la liste des livres respectueux des enfants et des parents 😉 . A bientôt. Evelyne Mester.
merci pour cet article qui résume bien toute cette polémique. m’aura fait du bien à moi au fil des articles. Maman plutot novice dans la l’éducation positive, ça m’a permis de réflechir sur ce que je m’impose en therme de resultat et de mieux accepter que ça ne marche pas comme vous le dites plus haut! je peux maintenant affirmer que je suis en phase avec ce mode éducatif, et avec moi même, sans culpabilitée quand parfois je sors du cadre vers lequel je tend, et que mes bambins n’ont pas une attitude socialement concensuelle…
Bonjour Lise 🙂 J’ai une expérience (en tant que maman) totalement différente: mon premier bébé a commencé à prendre son pouce à 4 mois. 7 ans plus tard c’est toujours le cas… Cela diminue beaucoup mais ça arrive encore quotidiennement et toutes les nuits. Elle commence à être vraiment motivée pour arrêter.
Mon deuxième enfant n’a pas eu l’idée de sucer son pouce. Je lui ai proposé une tétine à l’âge de 5 mois mais il jouait avec comme avec n’importe quel autre objet. J’étais quand même « soulagée », je n’étais pas fan de la tétine. Lorsqu’il avait 3,5 ans, au retour d’une de mes sessions de formation, je l’ai trouvé avec le pouce dans la bouche! Quelques mois plus tard, nous avons proposé une tétine pour remplacer le pouce… A 4,5 ans elle est toujours présente. Et je ne sais toujours pas quoi en penser, quoi en déduire (ou pas), et si je dois intervenir ou pas…
Bonjour Vicky 🙂 Merci pour ton retour… Dans ton cas, l’allaitement à la demande n’a donc eu aucun impact sur la prise du pouce de ton ainée, c’est intéressant de voir que décidément, tous les enfants sont différents. Pourquoi avoir proposé une tétine à 5 mois au deuxième enfant ? Je ne crois pas avoir jamais eu connaissance d’enfants commençant aussi tard à sucer leur pouce/prendre la tétine, tes enfants sont décidement intéressants 🙂 Je n’ai bien sûr pas de réponse quant à une éventuelle intervention, si ce n’est celle de surveiller une éventuelle déformation de l’arcade dentaire, et, éventuellement, surtout si l’enfant peut trouver une motivation, de consulter un praticien d’orthodontie fonctionnelle ?…
La sucette e été donnée à ma preum’s lors de sa première semaine, au cours de son séjour en néonat. Nous avons suivi à peine quelques jours (nuits) mais je n’ai pas réussi à me lever pour lui remettre sa sucette la nuit (il faut préciser aussi qu’elle n’était pas allaitée à sa demande mais à celle du pédiatre). Elle s’en est très vite passée. Mais elle a ensuite réclamé une sucette à 3 ans à l’entrée en maternelle !!! J’imagine pour faire comme les autres… ça a été assez compliqué quelques mois, elle en a même volée une ! Et puis c’est passé. Le deuz, allaité à sa demande, nuit et jour (pas de REF), n’a jamais réclamé autre chose que mon sein (qu’il a eu mais pas à volonté jusqu’à 4,5ans), n’a jamais cherché son pouce… Je n’en tire aucune conclusion cependant.