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Cinq minutes (une autre fois)

Par Delphine

Cinq minutes Le temps qu’il me reste avant la sonnerie. Cinq minutes. Si je marche à reculons, elles rallongeront. Je me retourne. Le brouhaha dans mon dos forme comme un immense coussin sonore, fait de voix d’enfants entremêlées, certaines joyeuses, d’autres effrayées, toutes chargées de vitalité. Des bribes de conversations me parviennent. Les questions soulevées passionnément me paraissent absurdes, leur logique enfantine m’échappe. Quelques pas de plus et me voilà déjà au cœur de la mêlée. Si je ferme les yeux, les minutes s’étireront.

Près de mes pieds roulent des billes. Un avion en papier couvert de messages guerriers frôle mon oreille. Toute une troupe de galopins passe à cent à l’heure sans me remarquer. Deux petites mains s’agrippent soudain à ma jambe, cachette inespérée, le petiot pivote puis s’élance dans un rire strident, échappant à ses poursuivants.

Encore dix pas, rythmés par une grande corde qui frappe le sol régulièrement, toujours à l’instant même où s’élèvent six pieds d’acrobates en herbe, si bien coordonnés. L’air fouetté par la corde soulève mes cheveux, caresse ma joue. Une voix, haute et légère, fredonnant un refrain presque oublié, se faufile à travers la mêlée et parvient à mes oreilles. À moins que ce ne soit un souvenir, mon propre chant enfin revenu, alors que je l’avais laissé s’enfouir de plus en plus profondément dans les tréfonds de ma mémoire, étouffé sous les épaisseurs toujours plus nombreuses des expériences nouvelles, sous ce amas quasiment impénétrable des préoccupations quotidiennes, impérieuses qu’elles soient graves ou futiles. Ce refrain familier s’est frayé un chemin jusqu’à moi, et voilà qu’en retour, à travers le tourbillon des jeux et cris d’enfants, je parviens peu à peu à glisser vers lui. J’ai découvert le sentier sinueux menant à ce souvenir, à mille autres aussi, plus jamais je ne le laisserai s’effacer de nouveau.

Quand la sonnerie retentit, je ne crains plus l’oubli. Ce sentier, je le connais maintenant, et me sens prêt à le retrouver dès qu’un moment paisible m’en laissera le loisir. Confiant, je relève les paupières, laisse un instant la lumière silencieuse m’envahir, et avec elle la conscience aiguë des tâches à accomplir jusqu’à la prochaine pause, aux prochaines « cinq minutes »

Cinq minutes

Par Olivier

Ce 25 mars 2021, Grandissons a proposé son premier atelier Ecrivons. L’objectif ? s’amuser et laisser échapper toutes les pensées qui nous tournent dans la tête. Sur un thème lancé, chacun rédige son texte. Puis ceux qui le souhaitent lisent leur production, dans le plaisir du partage. Grandissons aura le plaisir pendant les prochains jours de pouvoir vous proposer certains des textes ainsi recueillis.

Premier thème : « Cinq minutes ».

J’ai un quart d’heure pour penser à tout ce qu’on peut faire en cinq minutes. C’est parfait, je me glisse dans la peau de mes enfants pour qui « vite », ça veut dire « tranquille » et « plus que cinq minutes de Switch », ça veut dire un quart d’heure justement (voir plus). Les vaches… Des fois, c’est à mon avantage. « Tu vas voir, le mauvais goût du médicament, ça reste à peine cinq minutes dans la bouche ». Bim ! Un quart d’heure plus tard, c’est encore tout amer. Ou alors « ne vous inquiétez pas, je bois un café sur la place et j’arrive dans cinq minutes ». Un quart d’heure plus tard « Allo Papa, t’es où ? On s’inquiète ! ». « Oui bon, tranquille quoi, on n’est pas aux pièces… ». Cinq minutes, ça veut dire parfois trente-sept secondes, ou trois minutes vingt-deux, ou six minutes quarante-sept. Ça veut tout et rien dire quoi. On pourrait dire « deux secondes » à la place, ça serait plus pratique. « Papa, tu restes encore cinq minutes pour l’histoire ? ». Et hop, deux secondes plus tard, me voilà peinard pour ma soirée.

Les vœux de Grandissons pour 2021

Par Lise

Chers parents, chères familles, chers enfants,

Voici que s’achève une année remplie de surprises à un point que nul n’aurait souhaité, une année faite de bousculades, de déséquilibres, de craintes, de clôtures, de chamboulements…

Certains ont réussi à y trouver des côtés positifs, se sont découvert de nouvelles ressources, d’autres sont atterrés par des moments ou situations difficiles, ou ont vécu des drames… Beaucoup de choses impensables il y a moins d’un an se sont produites… Difficile de trouver sa position entre l’immense masse d’impuissance et d’incompréhension générale, et les certitudes et jugements qui surnagent sur cette mer insondable. Les disparités de situations et de ressentis clivent les passants dans des divisions immenses et acérées. A cela s’ajoute l’inquiétude du monde qui se présente à nos enfants, de ce qui leur est imposé, et se pose la question de les en préserver au mieux, à court et à long terme… alors même qu’aucune situation depuis que nous sommes adultes ne nous avait jamais à ce point replacés dans la position d’impuissance et d’incompréhension qu’est souvent celle des enfants…

Alors aujourd’hui, Grandissons a envie :

De vous souhaiter une meilleure année 2021 ! Qu’elle soit emplie de surprises qu’on n’aurait même pas imaginées, mais alors de belles surprises, de grandes, de formidables découvertes, de rêves si beaux et si doux qu’en les caressant on les rende réels, d’explosions de joies pour de petites beautés, de profusions de beautés si minuscules qu’on aura dû s’arrêter un instant pour bien les observer, d’observations minutieuses de tout ce que la vie contient de merveilleux et qu’on avait peut-être oublié, de temps pour tout cela, de temps pour tout, de temps à vivre.

Nous vous souhaitons de réussir à cueillir à la pointe d’un arc-en-ciel un nuage de patience, de trouver sous la terre une perle d’empathie, de ravir à la lune une proximité intense avec vos proches, et aussi de la gravir, la lune. Nous vous souhaitons de grandir à la lumière du sourire de vos proches, nous vous souhaitons de briller à la lueur de la vie. Nous vous souhaitons de guérir des douleurs d’aujourd’hui, et de pouvoir doucement lécher vos cicatrices une larme à la main, la main de vos aimés dans l’autre.

Nous nous souhaitons que les distances soient remplacées par des pas en avant ;

Que les gestes barrières s’ouvrent en mains tendues et en coudes serrés ;

Que l’on ne confine plus à rien d’autre qu’à la paix ou à la liberté, au pire au ridicule, pour se marrer un peu ;

Que l’on n’isole plus rien d’autre que les toits de vos maisons ;

Que bas les masques, à moins qu’ils ne servent au théâtre ;

Et surtout que le mot «positif» reprenne un sens qui le soit.

Chers parents, chères familles, chers enfants,

Nous vous souhaitons à chacun de trouver tout le soutient dont il pourrait avoir besoin à tout moment… Nous vous souhaitons d’être réunis, et nous nous le souhaitons à nous aussi !

Les vœux de Grandissons (pour 2020)

Par Lise

Peu avant l’orée de cette nouvelle année, Grandissons a fêté ses six ans. Six années riches et bien remplies au sein desquelles ont grandi trois choses :
 
L’association Grandissons : nos offres de rencontres, nos ateliers, nos rendez-vous, nos lieux de présence, notre audience ont augmenté. Nos compétences et nos connaissances aussi. Le nombre de bébés, d’enfants, de parents, qui ont croisé le chemin de Grandissons n’a fait que croître.
 
Notre compétence en tant que parents : désormais, nous avons expérimenté ce qu’est un bébé, mais aussi un bambin, un enfant, un plus grand enfant, une fratrie… et puis nous avons commis plein d’erreurs, cherché, avec ou sans succès, plein de manières de les réparer ou de ne pas les reproduire, avons été débordées, puis sereines, puis dépassées, puis fières de nos enfants, puis perdues, puis hors de nous, puis tendres, puis… Puis nous nous en sommes voulu, nous sommes excusées, avons fait mieux la prochaine fois ou seulement celle d’après… Bref, aux côtés de nos enfants, nous nous sommes modelées en tant que parents, et avons découvert au jour le jour les difficultés et les joies de grandir auprès de petits êtres qui mûrissent et se réalisent.
 
Notre ouverture vers les autres parents : un jour, une personne qui avait fréquenté Grandissons a souhaité quitter l’association, car elle, qui avait plusieurs plus grands enfants, ne réussissait pas à se sentir comprise parmi nous, alors jeunes mamans d’uniques petites filles. Eh oui, si nous avons toujours fait de notre mieux pour que Grandissons soit ouverte à tous et que nul ne s’en sente jamais exclu, si nous nous sommes toujours efforcées de ne pas apporter de jugements ou de conseils… nous avons démarré tout cela en étant dans l’imaginaire. C’est comme toutes les choses très fortes (avoir un bébé, faire un saut en parapente, avoir plusieurs enfants, perdre le moral, toucher la neige pour la première fois, voir son enfant quitter la maison, grandir avec un enfant,…), on ne peut pas les comprendre vraiment avant de les avoir vécues. Des choses que nous n’avons pas expérimentées, il en reste immensément, mais vous, parents qui entrez dans le cœur de l’association, que ce soit en la traversant une fois pour voir, en assistant à nos rencontres régulières, ou en donnant de votre temps pour Grandissons, vous apportez par palettes, au fil des années, toute la gamme qui fait que Grandissons grandit de tout ce qui est lié au parentage et à l’enfance, avec ses miracles et ses imperfections, et que la porte de cette association est de plus en plus largement ouverte. Nous espérons que tous ceux qui ont besoin d’un sourire, d’un coup de pouce, d’une conversation, ou de s’épancher dans un abri où personne jamais ne les jugera, le sentent.
 
Alors voici ce que nous vous souhaitons : de grandir aussi sereinement que possible, dans les moments magnifiques comme dans les difficiles, de réussir à accepter vos imperfections et celles des autres, de parvenir à rechercher du soutien pour vous et d’en offrir aux autres, de vous approcher le plus près possible du parent que vous auriez aimé être sans pour autant mépriser la part de vous qui s’en éloigne, de capter le plus possible de souvenirs précieux, miettes de chacun des âges que votre enfant aura traversés, qui vous accompagneront dans toutes les années suivantes, de vous remplir de tendresse et de déborder parfois d’amour,… et d’être un parent heureux (au moins la plupart du temps) !

FESTIVAL de Grandissons

Grandissons vous invite à son FESTIVAL !

Et le programme est en ligne !

Ouverture du Festival le mercredi 20 novembre à 19h par la projection du film « même qu’on naît imbattables »

Trois conférences y seront données :

Le samedi 23 novembre de 10h à 19h30, à l’Espace Centre de Cagnes-sur-Mer.

  • 11h – Tu serais un dragon : communiquons par le jeu (par Lise Rebattu de Grandissons) billetterie ici
  • 14h – Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur l’adolescence… sans jamais oser le demander (par Vicky Brougiannaki, coach parentale) billetterie ici
  • 18h – Papa n’aime pas courir après les crabes, conférence gesticulée (par Laurent Blin-Sourdon, des « Pères indignes ») billetterie ici

De nombreux ateliers y seront proposés tout au long de la journée :

  • massage bébé
  • philosophie pour les enfants
  • portage
  • lisons
  • papotons tous thèmes
  • papapotons entre pères pairs
  • ecoparentage
  • etc.

Plusieurs stands de présentation d’associations y seront présentés, ainsi qu’une buvette.

Pique-nique tiré du sac.

Prix libre et en conscience, tout le monde est bienvenu !

Programme détaillé à venir au plus vite !

Le second enfant, agrandir la fratrie

Par Lise

Lorsque j’ai été enceinte de mon deuxième enfant, j’ai commencé à chercher des livres traitant des fratries. Or, non seulement j’ai découvert très peu de littérature générale sur le sujet*, mais, surtout, les livres que j’ai trouvés traitaient plutôt des problématiques du quotidien entre frères et sœurs, et de la manière dont les parents pouvaient les accompagner. C’est bien sûr quelque chose d’intéressant, qui m’a sans doute aidée dans ma manière d’aborder les choses, mais (ou «donc» ?) il n’y a pour le moment, alors que mes enfants ont aujourd’hui 3 et 6 ans, aucun problème de rivalité entre eux, ils sont complices et unis à souhait et leurs petites disputes n’entachent nullement notre quotidien.

C’est de mon côté de parent, que je me sens seule et en recherche de partages, d’observations, de conseils. Avoir un deuxième enfant a été une entrée dans une nouvelle situation, une nouvelle catégorie. De même qu’en ayant le premier, on se sent un peu sur une autre longueur d’onde que les couples n’ayant pas encore d’enfant, avec l’arrivée du second, on plonge brusquement dans un groupe différent, avec un mode de vie, des soucis, des doutes et des questionnements différents.

L’un a commencé dès ma deuxième grossesse : dans quoi m’étais-je lancée, quelles seraient les répercussions de cette décision de second enfant sur notre équilibre familial, sur ma grande fille, sur moi-même ? Quels échos cela faisait-il résonner en moi par rapport à ma propre enfance, par rapport à mes craintes, par rapport à l’avenir, par rapport à ce que je saurais ou non offrir à cet autre enfant, moi qui avais donné toute mon énergie, mon attention, mon amour, à la première, saurais-je reproduire tout cela ? Serais-je capable de comprendre ce petit deuxième, ayant moi-même été aînée… ?

Le deuxième a commencé après la naissance. Car, à cet instant où j’écris, il me faut dévoiler que, en effet, tout -presque tout- a été, au fil des mois et des années, bien plus difficile que je n’avais voulu l’imaginer. Quelques amis m’avaient mise en garde : «deux enfants, c’est deux fois plus d’amour, mais c’est aussi deux fois plus de boulot…» Je ne les avais pas crus. On m’avait trop de fois, lors de ma première grossesse, asséné des mises en garde sensées me prévenir que la venue d’un enfant c’était «la fin de la tranquillité, de la liberté, des nuits reposantes, des sorties, de ce qu’on était auparavant…», et… je n’avais rien ressenti de tout cela. Mon être était entièrement tourné vers cette petite personne, et tout était aisément surmontable. Il n’y avait alors rien qui ne vaille la peine d’être mis de côté, toutes ces découvertes étaient merveilleuses, et, somme toute, il me restait assez de temps pour être moi-même dans les moments où bébé dormait. Mais l’arrivée de ce deuxième enfant a tout chamboulé. Et là, soudain, je me suis surprise à penser parfois «mais on ne m’avait pas prévenue que ce serait si difficile.» Mon être ne peut pas être tourné entièrement vers cette petite personne, puisqu’il me faut garder constamment un trou dans ma bulle pour laisser entrer l’autre enfant, fût-il absent en cet instant (mais n’a-t-il pas oublié son manteau, n’est-il pas trop fatigué, se sent-il bien là où il est… comme il me manque !), mon attention envers l’un est sans cesse détournée par l’autre, et vice versa, comme si je devais en même temps me faire une natte et me gratter sous le pied, je ne retrouve plus jamais cette concentration et cette attention profonde tournée vers un corps unique… Et la solitude est un mot qui n’a plus de sens en ma vie, les pauses de l’un n’étant pas celles de l’autre, et les moments pour moi s’étant réduits à peau de chagrin (traduire : quelques instants aux toilettes !) Mon attention, si sollicitée de toute part, n’a plus d’espace pour se tourner vers moi, et sautille entre l’un et l’autre comme un moustique ayant marché sur une épingle, c’est comme si mon cerveau était grignoté par un troupeau de souris affamées, et, plus que six bras, il me faudrait deux têtes.

Il y avait cependant un autre point sur lequel les voix des copains ne s’étaient pas trompés : deux enfants, c’est deux fois plus d’amour. Alors ça, c’était pourtant le questionnement qui avait été occasionné le plus d’angoisse durant ma grossesse : serais-je capable d’aimer une autre fois un enfant avec une telle puissance, une telle totalité, une telle ampleur, une manière aussi inconditionnelle, aussi colorée, emportée, physique et intellectuelle et sensorielle, aussi intense et insensée ? Eh bien… oui, sans aucun doute. Tout cela et d’autres choses encore, d’une intensité égale mais d’une tonalité différente, un amour aussi immense pour une petite personne bien différente.

C’est une étrange fracture que j’éprouve depuis que j’ai deux enfants : je boitille sans cesse entre le bonheur de les voir si bien s’entendre et le doute d’ôter trop à l’un pour donner à l’autre (et vice versa), j’oscille entre la satisfaction de pouvoir passer des moments différents et splendides avec deux personnes différentes et splendides, je balance entre l’épuisement de devoir penser pour eux deux et le soulagement de les voir prendre soin l’un de l’autre, je chancelle entre l’épuisement et la joie d’avoir une splendide famille.

Alors… Qu’aurais-je voulu savoir de plus avant de me lancer dans cette aventure ? Qu’est-ce qui aurait pu m’aider ? En fait, je n’en sais rien. Je ne sais pas si j’aurais aimé lire ces lignes, et je doute qu’aucun mot aurait changé quoi que ce soit. Peut-être ne les aurais-je pas crus, et dans tous les cas, je n’aurais pas renoncé. Et j’ai envie de dire heureusement, car je n’ai malgré tout aucun regret. Au fond, on ne peut pas s’entraîner à nager en apnée sans s’immerger. Et au fond, c’est justement dans les plus vastes fonds que se trouvent les plus belles merveilles…

* Frères et sœurs sans rivalité, de Faber et Mazlich, un excellent ouvrage, qui m’a apporté beaucoup de matière à réfléchir sur mon vécu dans ma propre fratrie durant mon enfance, et m’a rassurée en donnant des pistes et des idées concrètes à appliquer au quotidien, qui, en lisant avant même d’avoir le deuxième enfant, ont été source d’aides pour ne pas causer certains déséquilibres, ce qui est encore plus confortable que de devoir y remédier après coup…

Frères et sœurs, une maladie d’amour, de Rufo, que je me propose de lire peut-être un jour, mais p sûr, rebutée comme je le suis par l’auteur même et tous les profonds désaccords que je ressens envers la majorité de ce que j’ai lu de ses paroles.

La diversification menée par l’enfant

Par Lise

Voici un article que j’ai commencé à rédiger il y a plus de 4 ans, alors que Bibouille avait près de 2 ans, et que son petit frère n’était pas né. A sa relecture, j’éprouve quelques surprises, souvenirs oubliés, choses que je n’aurais jamais refaites et ne conseillerais pas… Je vais pourtant le laisser à peu-près tel quel, laissant largement percevoir mes tâtonnements et erreurs, que je décide finalement d’assumer, tant je pense qu’ils sont le lot de beaucoup d’entre nous (et n’ont finalement pas eu de conséquence… justement !) , mais en l’enrichissant de mes commentaires et expériences plus récents.

La première fois que j’ai entendu parler de « diversification menée par l’enfant », j’ai pensé quelque chose du genre « les choses bizarres n’ont pas de limites ». Oui, j’en ai un peu honte, mais c’est vrai, il est difficile de revenir sur les habitudes devenues croyances. Un bébé sans dents qui mange, mais quelle idée ! Est-ce que, 6 ans plus tard, la DME est devenue plus connue et plus fréquente, ou est-ce que je rencontre par hasard autant de personnes la pratiquant ? Voilà une question intéressante qui vient se poser aujourd’hui…

Et puis, j’ai vu des enfants le faire, et puis j’ai lu des témoignages, et puis… j’aime la simplicité enfin. Quand je vois des parents astreints à mesurer, doser, prévoir, calculer la quantité, la qualité, l’horaire de ce que mange leur enfants, cela m’effraie : pas pour moi. Quand je vois des enfants maintenus sur leur chaise ouvrant la bouche au rythme de la cuillère qui s’en approche, cela m’interpelle : pas pour ma fille.

Je vais ici parler de Diversification Menée par l’Enfant (DME) chez un enfant allaité, parce que telle est mon expérience. C’est toutefois praticable avec tous les enfants (à condition de vérifier la quantité de lait infantile dispensée)…

(5,5 mois)

Un peu avant ses 6 mois, Bibouille, qui se tenait déjà assise sur nos genoux ou dans sa chaise haute, a commencé à chercher à attraper ce que nous mangions, ce que nous buvions, tout ce qui passait à la portée de sa main. Elle devait, à l’époque, avoir dans les… zéro dents. Eh ! oui, les enfants peuvent manger même sans ! Pas des cacahuètes, bien sûr, mais de gros et tendres morceaux… Comme on leur donne l’aliment en entier ou en gros morceaux, ils croquent ou grattouillent la quantité qu’ils veulent. Et si c’est trop à la fois, ils crachent très bien (le réflexe nauséeux, qui fait recracher ce qui va au fond de la gorge, se fait plus en avant de la bouche chez les bébés). Je comprends bien cette crainte de nombreux parents que leurs enfants ne s’étranglent, mais vraiment, si l’aliment est de taille à ce que l’enfant le tienne en main, il saura recracher ce qu’il aura croqué et pas avalé. Le réflexe vomitif, GAG ou haut le cœur, n’est pas un étouffement, mais justement ce qui permet à l’enfant de l’éviter. (1 et 2) Lorsque Bibouille était bébé, j’avais déjà largement à l’idée de la laisser également pratiquer la motricité libre (ou ML, selon laquelle on ne place pas un bébé dans une position qu’il ne peut adopter et quitter seul), mais la relecture de ce que j’ai écrit alors me montre que j’y ai probablement fait un peu plus d’entorses que je ne croyais. Je pense que Bibou en a encore davantage bénéficié, et il est probablement allé plus tard dans la chaise haute (tous deux ne se sont mis assis seuls que vers 8 mois) C’est d’ailleurs une question qui taraude beaucoup de parents qui veulent pratiquer la DME : quand commencer, sachant que peu de bébés se mettent assis seuls à 6 mois, que si on pratique la ML on ne met donc pas assis bébé avant qu’il ne le fasse, et que les recommandations sont que bébé se tienne assis pour manger en DME… mais qu’on recommande aussi de commencer la diversification à 6 mois, et que beaucoup de bébé se montrent en effet intéressés par la nourriture à cet âge. Je n’ai pas de réponse à apporter à ce dilemme. De mon expérience, je suis assez satisfaite de la manière dont nous avons fait avec le plus petit : pas de chaise haute avant la position assise, débuts de DME repoussés à quelques semaines après 6 mois, et pratiquée sur les genoux d’un parent. En fait, il se trouvait simplement là pendant que sa sœur mangeait, et s’est donc saisi tout seul de ce qu’il trouvait devant lui, nous indiquant le moment de départ, la position, et la manière de faire. De mon point de vue, parfaitement en accord avec le fait de laisser à l’enfant agir à son rythme. Du point de vue des puristes de la DME pas tout à fait adapté, puisque ne tenait pas bien assis….

Ici en vidéo, 6,5 mois, la curieuse ! 

En même temps que l’enfant apprendra à mastiquer, croquer, cracher, il travaillera sa motricité, son aptitude à attraper, porter en bouche, etc., toutes ces choses qui l’intéressent follement vers ses six mois, ce qui, entre autres arguments, me fait penser que c’est bel et bien l’âge minimum qu’il convient d’attendre pour le laisser aller vers la nourriture autre que le lait. Voilà un enfant libre de se tourner vers ce qui l’intéresse, de découvrir, d’imiter, d’essayer. J’ai noté en bonus que, chez nous, Bibouille portait beaucoup moins d’objets « autres » à la bouche, type cailloux et petits jouets, du fait qu’elle avait l’occasion à table d’exercer à volonté cette activité… En ce qui concerne Bibou, il a tout de même mis beaucoup en bouche ce qui traînait (petits playmobils, cailloux…) : la pratique de la DME n’empêche donc pas en soi que bébé fasse cela, ce que j’avais eu tendance à croire avec ma première enfant. Cela dit, cette période a tout de même été assez brève pour le second aussi, et, surtout, je le savais parfaitement à l’aise (vidéo) pour mettre en bouche, goûter, et recracher, et n’ai donc pas éprouvé de stress à le voir faire, la manipulation des aliments ayant fait office d’entraînement.

Nous avons commencé progressivement tout de même avec l’introduction de chaque nouvel aliment, en attendant 3 jours entre chacun pour savoir lequel était en cause en cas d’allergie. Et puis, pour me rassurer, j’ai quand même fait aussi quelques purées. Comme elle mangeait de toutes petites quantités, je les congelais dans un bac à glaçons, ce qui permettait de n’en dégeler qu’un cube à chaque fois. Mais surtout, nous lui avons donné tout de suite de gros aliments qu’elle pouvait tenir dans sa main facilement et grignoter comme elle voulait. Tout d’abord des carottes cuites en bâtonnets, puis haricots verts, ensuite, chou fleur, fruits, grosses pâtes, pommes de terre, pain, poisson et viande en lanières… (2) Je souris en me relisant : l’introduction de purée en parallèle à la DME est en théorie parfaitement déconseillée : c’est là que l’enfant risque le plus de ne plus savoir comment gérer des substances si différentes, et donc éventuellement de faire plus de fausses-routes (avec le mixé ou l’aliment entier, d’ailleurs, l’un n’est pas plus sécuritaire que l’autre en soi). Après, cela reste la théorie, et tout s’est toujours bien passé chez nous. Ce qui m’intrigue plus, c’est le «pour me rassurer», car je ne parviens pas à me rappeler de quoi je voulais me rassurer. Je pense que, malgré ce que j’ai écrit dans le paragraphe suivant, le rôle de la diversification n’était pas encore suffisamment clair pour moi (je n’avais pas encore entendu Carlos Gonzalez (4)) Or, il s’agit uniquement de permettre à l’enfant de goûter aux saveurs et aux textures sur au moins 6 mois : c’est une découverte uniquement, et jusqu’à 1 an, le lait suffit parfaitement à combler les besoins nutritionnels de l’enfant. Gonzalez souligne le fait qu’il est nécessaire qu’à 1 an, bébé ait simplement goûté à tout.

En fait, dès qu’elle a eu goûté à toutes les choses habituelles, nous lui avons donné la même chose que nous mangions.

La DME, c’est rigolo (vidéo)

Jusqu’à un an, le lait reste le principal élément nutritif de l’enfant, le fait de lui donner d’autres aliments servant principalement à les lui faire goûter, à habituer progressivement son organisme, et à déceler d’éventuelles allergies alimentaires. Sachant cela, aucun stress. Jusqu’à 9 mois environ, on commence même par la tétée avant le repas, puis on inverse l’ordre progressivement, tout en sachant que peu importe la quantité ingurgitée. On continue l’allaitement à la demande en laissant l’enfant libre de goûter à ce qu’on mange. C’est vrai que jusqu’à un peu plus d’un an, Bibouille n’a pas mangé grand-chose… Son premier «vrai» repas (une assiette de pâtes, et non 1 ou 2 pâtes) a même eu lieu alors qu’elle avait 14 mois… mais elle s’est rattrapée depuis ! Il y a eu la période où elle n’a voulu que des bananes, puis celle où elle a englouti viandes et poissons, puis celle où elle n’en a plus voulu pour se rabattre sur les légumes, puis… Puis… en vrai, à présent qu’elle a 6 ans, je peux dire qu’elle est tout de même restée très sélective, et très réticente à essayer de nouveaux aliments ou textures, et, jusqu’à il y a peu, ne mangeant pas de grandes quantités. Au contraire de son petit frère, qui a très rapidement mangé de manière conséquente et variée. Mes «inquiétudes» de départ ont-elles joué ? C’est possible, mais j’ai tout de même tendance à penser que, pour une raison ou une autre, elle a toujours manifesté une grande sensibilité aux saveurs et aux textures, et que ce mode de diversification, lui permettant de se gérer, de choisir, de ne pas être forcée… l’à bien aidée grâce à cette entrée dans la nourriture préservant le plaisir de se nourrir sans pression (car je n’ai, réellement, au quotidien, jamais été stressée le moins du monde par ce qu’elle mangeait ou non, puisqu’elle tétait), là où cela aurait pu devenir au moins conflictuel, sinon franchement difficile.

(1 an)

Ainsi, dès 6 mois, Bibouille a su porter à sa bouche, croquer, mâchouiller, recracher, remâchouiller, écrabouiller, re… ses aliments, qu’elle choisissait parmi ceux déposés devant elle. A cette époque, elle a commencé à boire de l’eau au verre, avec un peu d’aide pour le retenir, mais rien de plus. Un peu avant un an, elle a commencé à utiliser la cuillère avec une habileté croissante (elle la saisissait dans sa main pour nous guider, voir nous la prendre, dès qu’on la présentait devant sa bouche). Oui, c’est vrai, il faut, pendant un certain temps, se préparer à faire un peu de ménage par terre après chaque repas, mais avant ses deux ans, elle mangeait d’une manière assez proche de la nôtre, tant au niveau qualité que manière de faire, et le ménage est de plus en plus inutile (surtout qu’elle insiste pour passer le balai elle-même).  Nouveau sourire devant la cuillère présentée devant sa bouche… Nous n’avons pas fait cela pour le deuxième : voulait-il manger à la cuillère ? Qu’il fasse ! Préférait-il manger avec ses doigts ? Tout autant !

(7,5 mois)
(13 mois)

Et le gaspillage ? C’est la question récurrente. C’est vrai que si elle ne veut pas manger quelque chose, on insiste un peu pour qu’elle goûte « avec la pointe de la langue », ou au moins qu’elle sente, mais on ne l’oblige pas à en manger. Et son menu est le même que le nôtre. Donc soit l’un de nous finit son assiette, soit ça va au frigo avec les restes. Et les mauvaises habitudes ? Eh ! bien, plus le temps passe, plus on les cherche : plus le temps passe, plus elle mange de presque tout (et ses goûts évoluent sans cesse), seule, habilement… Son menu est plutôt équilibré, puisqu’il est le même que le nôtre, et même, en bonus, nous, adultes, mangeons bien mieux qu’avant. La plus mauvaise habitude qui a perduré le plus longtemps (avec les deux enfants, au final), est celle de devoir leur donner la béquée à la cuillère nous-mêmes. Or, il s’agit d’une habitude qui s’oppose totalement à la DME, qui conseille de ne jamais mettre soi-même la cuillère dans la bouche de l’enfant, et surtout de ne jamais faire l’avion, car l’enfant doit manger par faim et non pris dans un jeu qui détourne son attention. J’ai deux arguments pour ma défense : le premier est que, quand ils sont fatigués le soir et qu’on mange de la soupe, c’est plus rapide et plus facile pour nous aussi, de les aider. Pour peu que, les grands-parents n’y résistant jamais, ils aient essayé une fois, ce sont les enfants qui le demandent sans cesse, et l’habitude se prend vite, même si démarrée tardivement (possiblement vers 2 ans pour Bibou, qui, avant, préférait faire tout seul. Le deuxième est que, dans mes souvenirs d’enfance, j’étais parfois réellement trop fatiguée pour manger seule, cela me demandait une attention qui faisait que j’avais vraiment la flemme de manger et étais reconnaissante envers les adultes qui m’y aidaient. Et d’autant plus si cela s’accompagnait d’un jeu (chez nous, énumérer les «une cuillerée pour… les nombreux cousins»). Faire l’avion à mes enfants pour qu’ils mangent, je l’ai longtemps évité… Mais ils se le font même à eux-mêmes (vidéo), et puis me réclament tous les transports possible. Et je me dis qu’au fond, quand c’est ainsi et qu’il ne s’agit plus d’un petit bébé qui découvre, eh bien, c’est mené par l’enfant aussi… et que la parentalité ludique est primordiale sur tout le reste.

(A la fourchette, 13,5 mois)

Ainsi, la diversification menée par l’enfant laisse dire qu’on ne « fait pas manger » notre petit, mais que nous mangeons avec lui. Pas de disputes autour des repas, pas de stress, pas de temps de préparation supplémentaire, pas d’argent dépensé en petits pots ou autres, pas non plus de temps à patienter, puisque nous mangeons en même temps… Ainsi, cette « diversification » dont l’idée m’a tant stressée avant que je la mette en œuvre, alors que j’appréciais de ne rien préparer grâce à l’allaitement exclusif, et alors que je me demandais si et comment ma fille s’alimenterait correctement, s’est faite progressivement, à ma propre surprise. Pas tous les jours au début, puis de plus en plus fréquemment, simplement en arrêtant de me poser des questions, et en suivant ce que mon enfant manifestait.

(Comme une grande, 2,5 ans)

Une dernière vidéo pour rire un peu…

  1. « Un bébé risque moins de s’étouffer s’il on le laisse contrôler ce qui rentre dans sa bouche que lorsqu’on le nourrit à la cuillère, et ceci parce qu’un enfant n’est pas capable de déplacer les aliments de l’arrière de sa bouche vers sa gorge tant qu’il ne sait pas mâcher. Et un bébé ne saura mâcher que lorsqu’il aura appris à saisir les aliments et à les porter à sa bouche. » (diversificationalimentaire.com)
  2. https://bebemangeseul.com/tag/gag/
  3. Schéma d’introduction : https://www.borstvoeding.com/bijvoeding/schema/frans.htm
  4. https://grandissons.org/?p=202

Matelas et coques

(Par Floriane R.)

La coque auto est un objet incontournable pour faire voyager bébé en voiture. Il s’agit du moyen le plus sécuritaire de protéger bébé dès la naissance et jusqu’à 18 mois-2 ans selon le poids du bébé (13 kg pour les sièges aux anciennes normes) ou sa taille (selon la nouvelle norme I-size qui entre en vigueur). A noter que, selon cette nouvelle norme, le dos à la route est obligatoire jusqu’à 15 mois. L’association Sécurange, elle, le recommande jusqu’à 2 ans, et l’encourage jusqu’à 4 ans et plus, dans la mesure où le risque de blessure grave est divisé par 5 en cas d’accident.

Choisir une coque sécuritaire, assez vaste pour être utilisée plusieurs mois, composée de matériaux aussi peu nocifs que possibles… peut se révéler une tâche longue, difficile et fastidieuse. Voici les résultats des recherches effectuées par Floriane en ce mois d’avril 2018 (relevons toutefois que  les nouveaux crash-tests de mai 2018 peuvent avoir révélé des modèles qui ne sont pas présentés ici). Pour voir le comparatif, cliquez sur l’onglet « coques » dans le document Excel)

 

Que l’on décide de faire dormir bébé dans un lit à barreaux ou sur un matelas au sol, ou que l’on souhaite l’installer dans son « lit de grand », le choix du matelas a également son importance, en ce qui concerne sa matière, sa densité, les matériaux qui le composent… Pour voir le comparatif de matelas pour bébés et jeunes enfants, cliquez sur l’onglet « matelas » dans le document Excel.

Comparatifs

Ressources : https://www.securange.fr/reglementation-i-size

De belles sorties à Nice avec son tout-petit

par Lise

Parmi les choses qui peuvent être difficiles quand on garde son nourrisson/bébé/enfant toute la journée, il peut y avoir le fait de se sentir seul·e (comprendre « sans conversation adulte »), et sans programme pré-établi dans la journée. Et cela peut donner une sensation de vide abyssal, tant on est habitué·e depuis toujours à avoir des journées cadrées et organisées heure par heure. C’est ce cumul (solitude, absence d’horaires et demandes de la part de l’enfant) qui rend les choses compliquées.

En fait, d’après mon expérience personnelle, j’ai remarqué que dès lors qu’on avait une activité prévue par jour, et de préférence en compagnie d’autres adultes (pour nous) et d’autres enfants (pour bébé), tout devenait bien plus facile. Alors oui, on a tôt fait d’avoir l’air de passer son temps à boire du thé avec des ami·es ou de profiter du soleil dans un parc. Mais tout d’abord, cela n’est pas réellement du repos, puisqu’on a toujours l’œil aux aguets et l’attention captivée par ce que fait Petit-être, et d’autre part, tout le travail d’organisation qu’il y a derrière cela n’est pas non plus si simple, surtout au début. Ensuite, c’est vrai, l’effet sortie-rencontre-sortie peut faire boule de neige. Et c’est très bien comme ça ! S’occuper de son enfant /occuper son enfant/s’occuper, quand cela se rejoint, c’est l’idéal.

Je souhaite donc proposer ici une liste des activités gratuites ou peu chères que j’ai testées à Nice. La liste est loin d’être exhaustive, puisque je ne mentionne que les activités régulières sur l’année et que j’ai personnellement testées.

 

La Maison des Parents Galléan, la Marelle (ainsi que les autres ludothèques de la ville de Nice)

Lors de la première visite, il faut prendre rendez-vous pour un petit entretien, puis on peut s’y rendre quand on veut dans les demi-journées ouvertes aux parents et à leurs enfants de moins de 6 ans. Il y a là des jeux variés, une petite aire de motricité, et surtout beaucoup d’autres enfants et leurs parents. Et, à partir de « quel âge a-t-il/elle ? » « Oh, quel joli t-shirt ! », on peut très souvent faire des rencontres sympathiques, échanger ses coordonnées, et trouver plaisir à voir nos enfants jouer ensemble. Il y a également des professionnel·les souriant·es et sympathiques, qui sont là pour échanger quelques mots si on le souhaite, donner quelques conseils aux parents en demande, etc.

 

Mirabelle (prix à vérifier)

C’est une « Maison Verte » (en lien avec la philosophie de Françoise Dolto). Là aussi, après un premier entretien, on est accueilli par une ou deux personnes, prêtes à venir discuter si on le souhaite, ou bien on peut rester assis sur les banquettes autour de la salle pendant que les enfants jouent avec les porteurs, cuisine, petite maison et surtout l’énorme piscine à balles multicolores.

 

L’Ecole des Parents 

Elle propose des rencontres et des activités mensuelles pour parents et jeunes enfants. J’ai particulièrement apprécié les cours de préparation à la naissance, qui sont à la fois l’occasion de rencontrer d’autres couples (y compris certaines personnes dont les enfants sont par la suite devenus ami·es des miens), et celle d’obtenir de riches informations auprès de la sage-femme Laurence dans un cadre vraiment chaleureux. Plus tard, j’ai beaucoup aimé les séances de massages avec bébé, encore une fois l’occasion de rencontrer d’autres parents, et surtout de partager avec son petit bébé (jusqu’à 9 mois) un moment privilégié à renouveler à volonté à la maison, sous les conseils bienveillants d’Isabelle. Pour les plus grands, les ateliers ECHO de découverte d’une langue et d’une culture en famille. Et encore de nombreux ateliers auxquels je n’ai pas eu l’occasion de participer. Le tout organisé par Manuel, dont le chaleureux accueil et la manière de donner vie au lieu sont un plaisir à chaque visite.

Les parcs de jeux

Avant leurs premiers pas, il peut déjà être sympathique d’amener nos enfants dans ces aires, où ils auront plaisir à regarder les “grands” jouer, et où nous pourrons côtoyer d’autres parents. Ou même de donner rendez-vous à ceux que nous connaissons déjà. Et dès qu’ils savent courir, c’est souvent un des endroits de prédilection des petit·es. Il peut vite devenir très naturel de lancer « ça te dit de venir goûter au parc cet aprèm? », et de se retrouver en groupes à discuter sans voir le temps passer.

Nb : seuls les plus grands parcs figurent sur ce site, il y a de nombreux autres petits parcs de quartier dans Nice…

Les rencontres de Grandissons

Plusieurs rencontres régulières sont proposées. Par exemple Papotons à Cagnes-sur-Mer, dont le but est avant tout de permettre aux parents de se rencontrer, de partager leurs questionnements et expériences et de passer un bon moment ensemble. Les rencontres Parlons Naissance permettent aux futurs et jeunes parents d’échanger sur le thème de la grossesse, de l’accouchement et des premiers moments avec bébé. Les réunions allaitement, alternées avec les réunions de la Leche League ont pour objectif de s’informer et d’échanger sur cette question. Un peu moins régulières, les rencontres Entre Parents n’ont pas de thème précis mais offrent un lieu pour parler du quotidien et de la parentalité… D’autres rencontres ponctuelles sont proposées dans l’année.

La bibliothèque

La bibliothèque Nucéra, près de la place Garibaldi, contient un espace enfants séparé, qui permet aux petits d’évoluer parmi les livres librement. Il y a un coin pour les tout-petits, et un coin ludothèque, de sorte que chacun y trouve ce qui lui convient le mieux. C’est un endroit très agréable pour une après-midi pluvieuse et pour rencontrer du monde. La ville de Nice offre également de nombreuses bibliothèques de quartier, qui comportent pour la pluspart également un coin pour les enfants.

 

Les bébés nageurs (7 euros par famille pour les Niçois)

Je vais finalement évoquer aussi deux activités payantes, mais je trouve vraiment qu’elles valent le détour. Pour ma part, je n’ai testé que celle de Saint-Roch. La piscine est chauffée à 32 degrés, (on se croirait dans son bain !), Célia, la maîtresse nageuse est chaleureuse et entrainante et les jeux flottants et colorés donnent une atmosphère festive… Là aussi, il pourra être agréable d’échanger quelques mots avec les parents ou leurs enfants, de 5 mois à 3 ans (mais les frères et sœurs aîné·es sont bienvenus).

En passant, la piscine en général est une sortie que j’apprécie avec les enfants, qui sont toujours contents. Pour peu qu’on cherche un horaire proche des bébés nageurs ou du cours pour femmes enceintes, on peut aussi trouver la piscine bien chaude.

Le cinéma parent-bébé (5 euros par adulte).

Au cinéma Mercury, place Garibaldi à Nice, une séance mensuelle spéciale est proposée aux parents accompagné·es de leur enfant âgé·e de moins de 9 mois. La salle reste faiblement éclairée, le son est baissé, et les allers et venues sont tolérés. J’ai profité à fond de ces escapades avec chacun de mes enfants, regrettant seulement que les quelques mois où c’était possible passent si vite. Là aussi, j’ai fait de belles rencontres (qu’est-ce qui empêche de proposer en fin de séance d’aller prendre un verre ensemble aux autres parents présents ?), et passé de très agréables moments.

Le café-poussette Maman les P’tits bateaux

Créé pour être un lieu de rencontre, c’est un café dans lequel tout le monde est bienvenu. Une petite cuisine et autres jeux sont à la disposition des enfants, de bons gâteaux sont à la vente pour tous et l’accueil est chaleureux. Cela fait du bien de pouvoir s’installer à une table sans la crainte constante que son enfant ne dérange s’il se lève. Même les toilettes sont adaptées avec leur petite balançoire pour poser bambin pendant qu’il nous attend !

Si vous avez d’autres suggestions, n’hésitez pas à les laisser en commentaire !

Partage d’expériences, ou comment l’on peut faire confiance à nos enfants

Par Ariane

Mon Ecureuil a aujourd’hui six ans. Je la regarde grandir chaque jour et je me remémore les moments si importants qui ont jalonné sa vie, et notre relation à toutes les deux (ainsi évidemment que celle avec son père). J’accompagne de jeunes parents dans mon travail et je réalise à quel point, lors des moments difficiles, on imagine que cela n’ira jamais « mieux », que notre enfant ne dormira jamais la nuit, ne permettra pas de profiter de repas paisibles, nous semblera toujours dans l’opposition… (liste très loin d’être exhaustive).

Et lorsque je repense à ces passages difficiles et à leur résolution, je me rends compte que c’est l’Ecureuil qui a elle-même proposé les clefs de cette ouverture, soit on nous montrant les signes de ce qu’il fallait faire, soit en trouvant toute seule le chemin à prendre. Ces situations ont sans doute eu lieu maintes fois mais voici celles qui m’ont marquée. Je précise bien sûr, sur un gigantesque fond fluo, que mon but n’est ici que de partager mon expérience, pour peut-être rasséréner certains parents et éventuellement donner quelques idées, mais il va de soi que chaque enfant est différent, chaque contexte familial est particulier, et personne n’a de leçons à donner…

La fin de l’allaitement

J’ai allaité mon Ecureuil pendant un an et demi. Cela a été un réel plaisir, soutenue sans faillir et avec une grande bienveillance par le papa. J’adorais partager ce moment avec elle (et souvent lui), et je ne m’étais évidemment pas fixé de date de fin, mais au bout d’un an et demi j’ai éprouvé un grand besoin d’y mettre un terme ; l’Ecureuil réclamait constamment mon sein (elle n’a jamais eu de doudou sauf pour la crèche, et jamais de tétine non plus), et j’avais l’impression d’être l’objet d’une trop grande dépendance, enfin bref, il fallait que ça cesse. Mais j’étais très inquiète parce qu’elle tétait encore parfois la nuit (même si depuis ses dix mois elle dormait dans sa chambre sans problème), et je me disais que le sevrage allait être très dur pour elle. Je lui en parlé un soir, tout en lui donnant le sein, en lui expliquant que quelques jours plus tard elle allait devoir se passer de ce moment car il était devenu trop dur à vivre pour moi.

Incroyable mais vrai, cette Ecureuil qui tétait compulsivement mon sein depuis un an et demi, a d’elle-même et en quelques jours, arrêté de le demander. Je n’ai rien fait pour cela excepté lui faire part de mes difficultés, et elle m’a montré qu’elle m’avait entendue.

L’habillement

Comme la plupart des enfants, vers l’âge de deux ans, l’Ecureuil est passée par une période où elle ne voulait pas s’habiller. Les matins de départ en crèche étaient très difficiles à vivre pour moi parce que rien n’y faisait et je me suis retrouvée certaines fois à tenter de l’habiller de force, elle hurlant, moi aussi, pour un résultat évidemment insatisfaisant… Heureusement à cette époque-là je me suis intéressée à la parentalité ludique, en particulier à la lecture de « Qui veut jouer avec moi ? » de Lawrence Cohen. J’ai initié le « jeu du Bou » avec l’Ecureuil, que j’ai rapidement évoqué dans un précédent article. Elle voulait sauter sur son lit au lieu de s’habiller. Je lui ai proposé ce jeu : elle pouvait sauter, mais quand je disais « Bou ! », elle devait enfiler un vêtement. Elle était ravie, et en quelques minutes de rigolade, elle était habillée et prête à sortir, dans la bonne humeur, et surtout, sans altération du lien, ce qui est pour moi primordial : lorsqu’on ressent de l’agacement, voire de l’agressivité, envers son enfant, la relation s’abîme, ne serait-ce que temporairement, elle qui est pourtant si précieuse…

Elle a donc accepté ma proposition de solution avec plaisir et nous nous en sommes trouvées toutes les deux très satisfaites. Et bien sûr, comme inéluctablement les enfants grandissent, nous n’avons rapidement plus eu besoin d’avoir recours au jeu du Bou.

Les repas

Les repas ont été compliqués jusqu’à, je dirais, l’âge de 5 ans. L’Ecureuil descendait de table, remontait, gigotait dans tous les sens… Son père et moi n’avons jamais imposé de cadre particulier durant ces moments : elle pouvait jouer avec la nourriture, ne pas finir son assiette, et avait bien sûr le droit de ne pas manger ce qu’elle n’aimait pas. Mais les acrobaties durant les repas, j’avais du mal à supporter ; d’abord parce qu’ils duraient des heures, et parce que c’était pour moi un moment calme en famille. J’ai passé des mois à répéter en boucle « mange !!! » et « reste à table ! », et c’est devenu un réel problème entre nous. J’ai dû dire des trucs moches, comme ça peut arriver quand on est très en colère.

J’ai lu le livre de Carlos Gonzales « Mon enfant ne mange pas », qui m’a beaucoup détendue…

Et puis j’ai lâché. Je ne sais pas comment, si cela a été dû à une situation particulière, mais j’ai lâché. J’ai arrêté de crier. Lorsque mon repas était fini, j’allais m’allonger sur le canapé (à côté de la table) avec un journal jusqu’à ce qu’elle ait fini de manger. Et en quelques jours, le problème a disparu. Est-ce parce que j’ai lâché prise, ou parce qu’elle en a eu assez de terminer ses repas toute seule, ou encore tout simplement parce qu’elle grandissait, je ne saurai jamais, mais les repas depuis se déroulent dans le calme et surtout, le plaisir…

Le coucher

Ma fille est formidable, c’est entendu. Je dirais même qu’elle est parfaite. Je sais, je suis partiale. Néanmoins il est vrai que nous n’avons jamais rencontré de gros écueils dans notre relation, on a toujours (ou presque) pu communiquer, dans la liberté de s’exprimer, et dans la plus grande bienveillance possible.

L’étoile noire dans cet infini de perfection : le sommeil. Il était difficile pour l’enfant qu’était ma mère, pour celle que j’étais, et il l’est pour l’Ecureuil (je ne tire pas de conclusion mais le lien peut se concevoir). Dès la naissance, les nuits ont été difficiles. Elle a dormi en cododo jusqu’à ses dix mois, date à laquelle nous avons déménagé. Elle a dormi dès la première nuit dans sa nouvelle chambre. Elle demandait tout de même une présence au coucher. Mais l’endormissement prenait des heures, et croyez-moi, ce n’est pas une figure rhétorique. Son père ou moi allions la coucher à 20h (par exemple), nous y restions facilement jusqu’à 22h-23h. Les soirées n’étaient presque jamais un plaisir.

Elle était fatiguée, et n’a d’ailleurs jamais refusé d’aller se coucher, bien au contraire. Mais le sommeil ne venait pas. Elle tournait et virait dans son lit, il fallait raconter des dizaines d’histoires. Je devenais folle, tous les soirs. Son père, le chanceux, s’endormait avant elle.

Vers 3 ans elle a commencé à s’endormir plus rapidement, plus facilement. Les soirées n’ont plus été des cauchemars. On restait une demi-heure, et elle dormait. Mais il fallait toujours rester avec elle. Et cela a duré jusqu’à ses 5 ans et demi. Son père et moi étions séparés, j’étais très occupée, et je ne pouvais pas rester une demi-heure avec elle à côté de son lit. Et à ce stade-là je n’en concevais pas le besoin pour elle. J’ai commencé à lui exprimer ce que je ressentais. Mais elle réclamait toujours. Alors j’ai imposé le coucher seule une nuit sur deux. Sous certaines conditions, bien sûr : son lit donne sur le salon, donc elle voyait que j’étais là. Elle avait sa veilleuse, son mouton musical, la lumière du salon, et bien sûr les deux portes étaient ouvertes. Je revenais lui faire un câlin toutes les cinq minutes.

La nuit où elle s’endormait seule se passait bien mais elle demandait toujours ma présence l’autre nuit. Cela a duré plusieurs mois, et j’ai craqué, sous la pression du temps si précieux, de mon épuisement, et du sentiment de n’avoir jamais la possibilité d’être tranquille, moi, toute seule… J’ai imposé toutes les nuits. Je n’en pouvais plus, elle n’avait pas le choix. J’étais à trois mètres d’elle, j’ai toujours accouru quand elle m’appelait, les portes étaient grandes ouvertes. Elle n’était pas seule. Et elle l’a accepté. Elle m’appelle encore parfois avant de s’endormir pour un câlin supplémentaire, je viens toujours, mais elle s’endort seule, et avec une rapidité déconcertante.

C’est la première fois que j’ai réellement imposé quelque chose, sans négociation, discussion. Cette décision a été le fruit de mon épuisement et elle l’a compris. Et j’ai réalisé que parfois, on peut imposer, lorsqu’on a tout essayé, lorsqu’on n’en peut plus, et que l’enfant peut le comprendre, parce que nous aussi, on a droit au respect. Je ne l’aurais pas imposé à un, deux, trois ans car elle n’était pas prête. Et quand je lui ai dit que je ne pouvais pas attendre qu’elle le soit, et que je lui ai montré que je mettais en place les conditions nécessaires à son bien-être, et surtout, qu’elle savait que je serais toujours là quand elle avait besoin de moi, elle l’a entendu.

J’ai réalisé aussi que rester auprès d’elle en ayant si envie d’être ailleurs, en me sentant si mal, était pire pour elle comme pour moi. Lorsque je restais avec elle durant les derniers mois, j’étais amère, en colère, distante. Ma présence était presque toxique et pourtant elle la demandait. Elle avait besoin que je lui montre que l’on pouvait faire autrement, même si elle ne pouvait le concevoir.

Voilà mon partage d’expérience, auquel je pense parfois pour me rappeler que tout passe ! Faisons confiance à nos enfants, c’est souvent eux qui portent les solutions…