Voici un ensemble de définitions, personnelles. Ajoutez la vôtre ?
Angélique :
Le bien-être de la famille. Comprendre son enfant, ses besoins, ses envies, ses refus…
Apprendre la patience à son enfant : tout vient à point :))
Voir le verre à moitié plein et non à moitié vide, l’enfant sera tout autant positif dans sa façon de voir la vie, sa vie :)))
Voilà pour mon point de vue.
Marine :
Pour moi, c’est se remettre en question, voir l’enfant autrement, essayer d’avancer en l’accompagnant. Main dans la main plutôt que face à face. C’est aussi avoir des objectifs précis, comme des challenges, essayer de s’améliorer. Zéro fessées, du dialogue. Essayer parfois des choses farfelues, mais qui fonctionnent. S’affranchir du regard des gens qui font autrement et pensent que forcément c’est mieux (ils n’en sont pas mort, la vie est dure il faut leur apprendre, bla-bla-bla). Pour moi c’est surtout lié par plein de petites ficelles à plein d’autres notions, comme le maternage, l’allaitement, le portage, la DME, la LSF, les couches lavables, le cododo, un côté aussi « responsable / écolo / bio », l’IEF, et sûrement d’autres que j’oublie ou que j’estime déjà englobés. Oui en fait je pense que c’est être parent acteur ou parent actif, comme être un peu militant ou à contre courant, c’est s’informer discuter, découvrir, se poser encore des questions. Enfin je déborde sans doute de la simple notion de « parentalité positive ».
Kristel :
La parentalité positive, c’est pour moi une façon de voir son enfant comme un être humain à part entière, avec ses désirs, ses peurs, ses besoins. Et essayer d’en tenir compte avec empathie et amour.
L’aider à grandir en se posant toujours la question : qu’est-ce que je souhaite lui transmettre ? Quels exemples de relations humaines je souhaite lui donner ?
Et non pas considérer un enfant comme un être dépourvu du droit de choisir, de penser par lui-même.
La parentalité positive c’est accompagner son enfant vers l’avenir, vers l’autonomie, sans chercher à le dresser.
Mais ce n’est pas toujours facile !
Vicky :
La parentalité positive est une nouvelle façon de considérer la famille: c’est vivre en famille sans rapports de force. Sans ces réflexes éducatifs qui nous amènent à considérer les enfants comme des êtres fautifs à corriger à tout prix. C’est une parentalité épanouissante dans l’amour, le partage et la reconsidération de nos positions de vie d’adultes. C’est le respect plein et entier, inconditionnel et non négociable de l’enfant en tant que personne différente, avec ses codes, besoins et représentations du monde propres. C’est aussi l’abandon de l’idée de possession et d’ascendant sur l’enfant. C’est ne pas se reconnaitre d’autre droit sur lui que celui de le protéger et de l’aider à se construire, quand bien même cela doit passer par l’intégration des codes sociaux. Et c’est aussi se renseigner, lire, apprendre et être humble en matière d’éducation, ne pas avoir la prétention de savoir faire instinctivement…
Cécile :
Pour moi, la parentalité positive c’est quand tout le monde est gagnant dans la relation, parents comme enfants, et qu’on arrive à sortir des schémas classiques de conflits et de luttes de pouvoir.
J’y vois aussi une part importante de joie, de gaieté et de petits bonheurs, dont on s’éloigne malheureusement facilement quand on est pris dans le tourbillon du quotidien.
Lise :
Pour moi, ce terme de « positif » se décline selon plusieurs définitions très proches des mots :
Tout d’abord, au pied de la lettre, j’entends le fait d’être positif dans sa parentalité dans le sens d' »optimiste », du fait de prendre les choses du bon côté. Je trouve que l’on entend et lit souvent des expressions négatives quant au fait d’être parent (tu n’as plus de temps pour toi, tu passes ton temps à faire le gendarme, fini tout ce que tu faisais avant) et des enfants en soi (un vrai démon, qu’est-ce qu’il est soûlant, oui là il n’a pas l’air, mais si tu le voyais quand il…, etc.) Bref, je regrette que verbalement, la parentalité soit souvent vécue de manière si pessimiste et sombre… ce qui ne peut qu’accompagner et influencer le quotidien. Premièrement, donc, être positif dans sa parentalité, c’est mettre en avant les bon côtés de son enfants, les bons côtés du fait d’être parent, c’est aller vers le haut…
Etre positif, ensuite, c’est être constructif, considérer au maximum les événements de la parentalité comme n’étant pas de simples « caprices » du destin qui nous a mis « un enfant pareil », ou de l’enfant, mais comme des situations ayant un sens qui demande à être réfléchi, personnellement, en couple et avec l’enfant. Cela aidera d’une part d’être le moins souvent possible pris au dépourvu, et d’autre part trouver des solutions quand nécessaire. C’est aussi être constructif vis à vis de son enfant, et se demander sans cesse si la manière dont on agit avec lui permet de s’épanouir dans sa personnalité, c’est essayer autant que possible d’éviter tout ce qui pourrait être destructeur dans le développement de ses compétences affectives et intellectuelles, c’est, dans le difficile cheminement de la découverte de la parentalité, chercher à semer un chemin favorable pour soi, pour sa famille, et pour ses enfants.
Enfin -et surtout-, j’entends un sens résonnant comme « gai, léger, heureux ». Car, faisant écho à ma première définition, je crois sérieusement que l’idée et le langage influencent le quotidien et vice versa. Il me semble, au hasard de mes observations citadines, que les parents qui ne crient pas, ne menacent pas, ne semblent pas stressés, bref qui s' »entendent bien avec leur enfant », sont aussi des personnes avenantes, souriantes, drôles, qui semblent joyeuses, satisfaites, sereines (et les enfants aussi)… Je ne sais pas qui de la poule ou de l’œuf est arrivé le premier. La positivité entraînerait-il la positivité ? Probablement, et dans ce cas, elle est ouverte à tous.
Plus concrètement, la parentalité positive, oblitérant d’emblée tous les commentaires négatifs que l’on peut entendre autour de soi (ne lui donnez pas de mauvaises habitudes, ne vous laissez pas marcher sur les pieds, il fait cela pour vous embêter, il vous teste, l’enfant est un tyran qu’il faut mater au plus vite…) , permettra de s’orienter vers les biais plus simples et plus plaisants de ce qu’offre le fait d’être parent. Ainsi, portage à volonté (libère les mains, offre complicité), cododo (évite de se lever la nuit, offre complicité), communication bienveillante, signes, jeux (facilite la compréhension, offre… complicité !), allaitement et diversification menée par l’enfant (facilitent le côté pratique, évite les calculs, les préparations, etc., et offre… oui !).
Marie :
A mon sens, « positive » ne doit pas s’entendre comme à l’opposé de quoique ce soit. Il n’y aurait pas une bonne parentalité et une mauvaise parentalité : il y a des choses qui correspondent à telle ou telle famille. Je conçois la parentalité positive comme une mise en mouvement, quelque chose qui implique un effort : une volonté de remettre en questions nos pratiques éducatives, leur bien-fondé, de ne pas faire par défaut mais en conscience.
Pour moi, la parentalité positive est la recherche d’un vivre-ensemble joyeux et le plus serein possible.
Je mets dans l’idée de parentalité positive tout ce qui a trait à l’éducation non-violente, au parentage proximal, ludique et inconditionnel (voir en particulier Alice Miller, John Bowlby, Lawrence Cohen et Alfie Kohn).
Belle initiative! Lise j’adore ton texte, surtout le premier paragraphe, tu as tellement raison! Marie tu me laisses perplexe: que veux-tu dire par « il n’y a pas de mauvaise parentalité »? Une parentalité violente n’est-elle pas une mauvaise parentalité?
Isabelle Filliozat dit que « parentalité bienveillante » ne s’oppose pas à une parentalité malveillante, mais à une parentalité qui veille mal.
J’ai trouvé une définition de la parentalité qui exprime un peu mieux ce que j’ai voulu dire : « Dans le domaine éducatif, le terme de parentalité englobe les pratiques éducatives destinées aux enfants, avec un souci de prévention de la maltraitance et de promotion d’une bien-traitance. »
Bien sûr que les comportements violents sont à proscrire ! Je voulais surtout mettre en garde contre le manichéisme…
Les mots « parentalité positive » évoquent pour moi le clown intérieur que chacun a en soi, qui sait sourire, rire, chatouiller, danser, chanter (même faux), inventer toutes sortes de jeux et d’histoires librement, sans oublier son rôle de guide expérimenté et sage pour que le quotidien soit beau et bon, joyeux et serein avec son (ses) enfant(s).
J’aime beaucoup ce qu’a écrit Kristel, sur l’idée de considérer son enfant comme un égal, avec le respect qui lui est dû, et non comme malheureusement je vois beaucoup de parents le faire, comme un boulet ou un pantin tenu de sourire, manger, dormir, marcher, se taire/parler, quand on lui dit de le faire… la parentalité positive pour moi c’est d’abord cette position d’égalité, de respect. Un accompagnement serein (malgré les naturels conflits) et toujours avec cet amour inconditionnel que les parents ont selon moi envers leurs enfants. Une résolution positive et gaie des problèmes : ne pas vouloir « faire plier » l’enfant mais trouver des solutions communes dans l’empathie et la bonne humeur. Le dialogue, toujours, l’écoute, et beaucoup d’humilité… Partir avec l’idée, toujours, que les enfants ne VEULENT pas mal. Que nous interprétons beaucoup leurs actes et leurs paroles. Que souvent, ce que nous jugeons mal chez nos enfants est en réalité de la maladresse de leur part, ou une trop grande exigence de la nôtre.
Se comporter avec eux comme nous aimerions que tout le monde se comporte, parce que ce sont eux, le monde. La non-violence commence dans l’éducation. Si je veux un monde de gentillesse, d’ouverture, de solidarité, je commence par mon salon…
Il me semble que cette parentalité positive, bienveillante, inconditionnelle, implique une volonté d’être proche de son enfant, de se comprendre mutuellement, d’apaiser ses souffrances, de se rendre heureux ensemble, et donc je pense forcément à l’allaitement, au cododo, au portage, à la LSF, au jeu…
Peut-être que ça rejoint un peu ce qu’a voulu dire Marie, je pense qu’on peut aussi prendre la train en marche: même si on n’a pas allaité, cododoté, porté etc, on peut offrir à son enfant une parentalité positive!
Bonjour,
Je suis d’accord avec tout ce qui vient d’être dit. Mais…j’ai un petit problème avec la positivité qui gommerait les limites qui doivent me semble-t-il exister entre l’enfant et l’éducateur car la transgression est nécessaire à la structuration du caractère de l’être humain. Comment un enfant qui n’a pas de raison de « tromper » ses parents pourra-t-il transgresser ? Pour ce faire il faut que les consignes soient strictes avec une limite à la bienveillance à tous crins…Curieuse de connaître votre avis. Merci donc de me le donner.
Bien amicalement et merci pour votre travail.
Bernadette, pas vraiment de réponse à votre questionnement mais je vous rejoins complètement. Je suis actuellement en train de me poser la même question, chez-nous il n’y a quasiment pas de conflit avec ma fille de 4 ans, on est toujours dans la négociation et les solutions gagnant-gagnant et je me rends compte qu’elle a une fâcheuse tendance à la soumission en dehors de la maison. Je me demande du coup comment est-ce qu’elle peut apprendre à se révolter si on ne lui en donne pas assez l’occasion à la maison. Je pensais pas dire ça un jour mais je me pose vraiment des questions quant à l’utilisation de la bienveillance, nous sommes en train de voir le revers de la médaille. Pour autant je ne peux pas me positionner en position de force. Je suis preneuse de vos avis aussi les filles.
Salut Bernadette et salut Vicky. Je ne vois pas du tout les choses comme ça personnellement 🙂 J’ai rencontré encore récemment une amie qui est non-violente avec sa fille, et qui est confrontée à un autre problème : sa fille de 4 ans négocie tout et « ne se laisse pas faire », impose ses idées, et c’est vrai que quand on élève un enfant dans la bienveillance et le respect, il faut accepter qu’il ne soit pas d’accord parfois… Tout ça pour dire que ce que je pense, moi, c’est qu’un-e enfant élevé-e dans la bienveillance ne sera pas « un-e enfant », il/elle sera lui/elle, élevé-e dans la bienveillance. Je connais plusieurs enfants élevés selon les mêmes « méthodes » éducatives, et aucun n’est pareil. De la même façon que les enfants élevés avec des gifles et sans négociations ne sont pas tous pareils.
Ensuite, il me semble qu’élever dans la bienveillance ne veut pas dire tout négocier, certaines choses sont non-négociables (ce qui est dangereux, etc…), et on vit dans un monde qui nous laisse finalement très peu de latitudes.
Reconnaître à l’autre le droit d’avoir une opinion différente et de l’exprimer est pour moi non négociable, justement. C’est un droit inaliénable et vital, quel que soit l’âge.
En outre, je ne suis pas sûre qu’un enfant ait nécessairement besoin de transgresser des règles et de, comme tu dis Bernadette, « tromper » ses parents (encore faudrait-il préciser à quel âge, d’ailleurs). Certains enfants veulent à tout prix ressembler et plaire à leurs parents, d’autres s’y opposer en tout… Je pense que pour se construire il ne faut pas forcément s’opposer ou ressembler, il faut surtout qu’on nous ait donné la possibilité de développer notre esprit critique, et la liberté de s’exprimer.
Pour moi, dire arbitrairement « c’est comme ça et ce n’est pas autrement », c’est provoquer chez l’enfant une sensation d’injustice qui n’est pas saine. Le monde est plein d’interdits et d’injonctions arbitraires, ce n’est pas la peine d’en rajouter gratuitement.
La bienveillance n’est pas l’absence de limites et de contradiction, c’est la communication, le respect de l’expression de l’autre, la discussion.
Je ne suis pas sûre du tout qu’un enfant ait besoin de se révolter. Et de toute façon, le monde dans lequel on vit lui en donnera l’occasion bien assez tôt…