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Grandissons fait sa rentrée… En douceur !

Voilà, les articles vont revenir, nouveaux et frais, billets d’humeur, jailule livre, réflexions, témoignages, recherches… C’est pour bientôt. D’ailleurs, n’oubliez pas que si vous souhaitez partager un de vos écrits avec nous, vous pouvez nous l’envoyer sur grandissons at free.fr pour publication sur notre blog !

Pour vous qui nous lisez mais n’êtes pas dans le 06, envoyez-nous vous aussi dès à présent un mail pour recevoir chaque mois les liens de nos nouveaux articles.

Et vous tous, rejoignez-nous sur le forum de Grandissons, ouvert à toute heure aux parents qui ont envie de discuter.

Là, l’équipe de Grandissons est en train de reposer délicatement ses pieds sur terre. Elle court après ses enfants, ses cartons, elle lit et dévore les livres qu’elle partagera bientôt avec vous, elle organise de nouvelles rencontres pour les familles du 06 (découvrez la page Sortons et notre agenda)… mais elle vous dit à très bientôt sur le blog de Grandissons !

Le Concept du Continuum

Par Marie

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Qu’est-ce donc que ce livre dont j’entends parler en ce moment ?

A force d’entendre parler d’un livre, on finit par avoir très envie de le lire. Surtout quand ce livre est cité comme « à l’origine de truc » ou « ayant inspiré machin » et qu’on se sent en devoir de constituer une belle bibliothèque de livres sur la parentalité (1).

Première surprise : c’est un vieux livre ! La première édition date de 1975 (2006 pour la traduction en français).

L’auteur de ce livre, Jean Liedloff, a quitté New-York à sa majorité pour visiter l’Europe. Elle parle de sa recherche d’harmonie, citant à plusieurs reprises un souvenir d’enfance lié à un lieu bien particulier (la Clairière). Elle se retrouve un peu par hasard (mais avec grand bonheur) en route pour la jungle d’Amérique du Sud et rencontre un peuple d’indien appelé Yékwanas.

Elle séjournera chez eux pendant deux années et demie (en 5 fois).

Les indiens Yékwanas vivent dans une ambiance très détendue : en particulier, elle est marquée par le fait qu’il n’y a chez eux pas de violences, aucun mot signifiant « travail » tel que nous l’entendons et que les enfants sont laissés très libres de leurs faits et gestes.

Dès le premier contact, elle perçoit la nécessité pour elle de désapprendre et de se débarrasser de ses préjugés. Peut-être que ce peuple a l’air si heureux parce que ses enfants sont élevés d’une certaine manière ? Voilà le postulat de cet ouvrage : l’humanité ne serait-elle pas plus heureuse si elle respectait son continuum ? (le sous-titre de l’ouvrage est « à la recherche du bonheur perdu« ).

 

Le concept de continuum

« Pendant deux millions d’années, même s‘il appartient à la même espèce d’animal que l’homme d’aujourd’hui, l’homme fut une réussite. […] Depuis qu’il s’est écarté du style de vie auquel l’évolution l’avait naturellement adapté, il y a quelques millions d’années, il a non seulement bouleversé l’ordre naturel de toute la planète, mais il a aussi réussi à faire tomber dans le discrédit ce bon sens si développé qui avait guidé son comportement jusqu’alors. La plus grande partie de ce bon sens n’a été compromise que récemment, lorsque nos dernières compétences instinctives ont été déracinées et soumises au regard dépourvu de compréhension de la science. »

L’homme serait dans l’attente de certaines choses ou comportements rendus nécessaires par son évolution. En leur absence, le sentiment de perte en résultant est très fort.

« Le continuum humain peut-être défini comme un enchaînement d’expériences qui correspondent aux attentes et tendances de notre espèce, dans un environnement de même logique que celui où sont nées ces attentes et tendances. Cela implique un comportement adéquat vis-à-vis des autres acteurs dans cet environnement, et une attitude appropriée de ceux-ci envers vous. »

En particulier, le bébé traverse une phase « dans les bras » obligatoire (jusqu’à 9 ou 12 mois) où il a fréquemment besoin de se rassurer au contact de sa mère (ou d’autres personnes qui s’en occupent).

De nombreux parents pensent qu’en accordant à un enfant ou à un bébé trop d’attention, il ne pourra pas trouver son indépendance. Ils sont persuadés que le porter sans arrêt diminuera sa confiance en lui. Nous avons déjà vu que la confiance en soi est atteinte après l’accomplissement de la phase dans les bras. 

Peu importe la personne qui s’en occupe, il faut lui demander de le porter.

Ce qui ne va pas dans notre société

Ainsi, l’auteur pense que le fait de ne pas entendre ses enfants, en particulier de ne pas répondre à leur besoin de proximité, est à l’origine de bien des maux dans notre société (elle citera la drogue, l’alcool, la recherche du pouvoir, etc.) :

« Les expériences manquées de la phase dans les bras, les lacunes résultant d’un manque de confiance en soi, ainsi que son indicible état d’aliénation, le conditionneront et l’influenceront au fur et à mesure qu’il grandira au bord du gouffre ou un riche sens de Soi aurait pu éclore. »

Elle parle également de la notion d’attachement et de sa nécessaire mise en place dès la naissance de l’enfant (simplement en… laissant le bébé avec sa mère !) :

« Que se passe-t-il si on empêche l’attachement d’avoir lieu […] Apparemment, le stimulus d’attachement, s’il n’est pas satisfait par la rencontre tant attendue avec le bébé, cède la place à un état de deuil. […] Lorsque le stimulus est laissé sans réponse, les forces du continuum supposent qu’il n’y a pas de bébé et que l’élan d’attachement doit être annulé. »

Au sujet des punitions et récompenses (2)

« Les procédés familiers de louange ou de blâme jettent le désarroi parmi les intentions des enfants, surtout des plus petits. Lorsqu’un bambin fait quelque chose d’utile, s’il s’habille lui-même, nourrit le chien, ramène un bouquet de fleurs des champs ou fabrique un cendrier en terre glaise, rien n’est plus décourageant pour lui qu’une expression de surprise envers son « bon » comportement (c’est-à-dire social). Des exclamations du genre « oh, quelle gentille fille ! » « Regarde ce que Georgy a fait tout seul !« … impliquent que son comportement social n’était ni attendu, ni caractéristique de lui, ni habituel. »

La critique envers la manière « traditionnelle » (en Occident) d’élever ses enfants est féroce (3).

« Nous avons l’impression de posséder nos enfants et donc d’avoir le droit de les traiter comme nous le souhaitons, à exception de les maltraiter ou de les tuer. Voilà un autre obstacle au continuum. Il n’existe pas de loi qui préserve les enfants d’être torturés de désir et d’être abandonnés à leurs pleurs. Leur condition d’homme ne suffit pas à leur attribuer ces droits et ne les empêche pas de souffrir de la cruauté de leurs semblables. Peu importe si leur tourment porte préjudice à leur épanouissement. » (4)

« La tradition a laissé le traitement des enfants à la discrétion maternelle. Mais une mère a-t’elle le droit de négliger son enfant, de le frapper parce qu’il pleure, de le nourrir quand elle en a envie et non pas quand c’est lui qui réclame ? A-t’elle le droit de le laisser souffrir seul dans une chambre pendant des heures, des jours et des mois, alors que sa nature veut qu’il soit auprès d’elle ? »

« […] De plus, je crois sincèrement qu’à partir du moment où une maman sert le continuum de son bébé (et donc aussi le sien), son instinct déstabilisé par sa culture se réaffirmera et retrouvera ses motivations naturelles. Elle ne voudra pas déposer son bébé. Ses pleurs parleront directement à son cœur, non bafoué par une quelconque école de pensée à propos de l’éducation des enfants. »

Ce qu’il faudrait faire

Elle admet la difficulté dans laquelle se trouvent les parents (et ceux qui voudraient élever leurs enfants proche de leur continuum).

« Prenons une situation très simple du monde civilisé : une mère pourrait très bien accomplir les taches ménagères en compagnie de sa petite fille libre de pouvoir balayer à l’aide d’un petit balai, prendre les poussières, aspirer (si elle parvient à manipuler l’aspirateur) ou faire la vaisselle debout sur une chaise. Il est pratiquement impossible qu’elle asse une assiette ou qu’elle tombe de la chaise à moins que sa mère ne lui fasse comprendre clairement qu’elle s’y attend. » (5)

« Evidemment, il est difficile de transposer les leçons des Yékwanas par rapport au continuum pour qu’elles puissent améliorer de nombreux aspects de notre vie civilisée si différente. Je crois que l’étape la plus importante à franchir est de se dire qu’il faut rester le plus proche possible du continuum. Pour découvrir les manières d’y parvenir, il suffit en grande partie d’utiliser son bon sens.

Une fois qu’une maman réalise que porter son bébé pendant les six à huit premiers mois crée la confiance en lu, jette les bases de son intégration dans la société et fera de lui une personne coopérante et heureuse durant les quinze à vingt ans qu’il passera à la maison, elle prendra la « peine » de le porter en faisant son ménage ou ses courses.

Je suis convaincue que la très grande majorité des parents aiment vraiment leur enfant mais qu’ils le privent d’expériences essentielles à son bonheur car ils ignorent ce qui le fait souffrir autant. S’ils comprenaient l’agonie de leur bébé laissé en pleurs dans un berceau, son terrible désir, les conséquences de cette souffrance, les conséquences des lacunes sur le développement de la personnalité et son potentiel à bâtir une vie heureuse, je ne doute pas un seul instant qu’ils feraient tout pour l’empêcher de rester seul, même une minute. »

Sur la présence des enfants dans l’espace public (6)

« Les enfants devraient pouvoir accompagner les adultes presque partout où ils se rendent. Cela est presque toujours impossible dans une culture comme la nôtre ou les écoles et les enseignants pourraient plutôt apprendre à mieux tirer profit de la tendance des enfants à imiter et à exercer leurs aptitudes spontanément et non quand on leur « apprend » »

En conclusion

L’ouvrage s’inscrit parfaitement dans le mouvement hippie (retour à la nature, pacifisme, liberté, etc.) et s’il s’annonce presque comme une théorie, il est loin d’en avoir la rigueur. Cela sonne un peu « c’était mieux avant », à bas la science et toutes les choses du même acabit. De plus, il possède le côté « spam » (7) de quelques livres américains : du genre « si vous lisez ce livre, vous serez béni sur 1000 générations » avec à l’appui le témoignage de personnes dont il a changé la vie. Personnellement, ça a tendance à m’agacer. Cependant, si je recule un peu pour regarder le message global de ce livre, il est vrai qu’il apporte quelque chose de nouveau. Un autre regard, un début d’explication.

Oui, je pense que cet ouvrage est important et il résonnera différemment en chacun de nous.

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(1)    La liste de nos ouvrages (pas tout à fait à jour) : http://grandissons.org/?page_id=212 (celui-ci est donc dedans)

(2)    On en a parlé il y a peu et notamment dans le précédent PEPS http://pepsmagazine.com/store/products/numero-7-avril-mai-juin-2014/

(3)    A la mesure de ce que nos enfants subissent ? Je vous épargne d’ailleurs la description d’un « endormissement en pleurs » vu du côté de l’enfant…

(4)    Dans « le prophète » de Khalil Gibran : http://www.poesie.net/gibran1.htm

(5)    Une mère et sa fille, bien sûr. Cet ouvrage ne dit rien de la différence d’éducation selon le sexe. Ou plutôt, il décrit les différences faites chez les indiens sans rien en conclure.

(6)    Lire à ce propos cet excellent article : http://lesvendredisintellos.com/2014/06/07/territoires-denfant-territoires-dadultes-a-qui-appartient-lespace/

(7)    https://www.youtube.com/watch?v=anwy2MPT5RE of course

Entre 1 et 13200

(ou la voix du milieu pour les puzzles)

Par Marie

On commence tous les puzzles par les 1 pièce en bois. C’est d’abord trop difficile pour l’enfant et puis tout d’un coup, cela devient trop facile et on a l’impression que c’est sans passer par la case intérêt. En fait, le marmot peut s’en amuser quand même longtemps. Mais… quelle est l’étape suivante ? Il semble qu’on ne puisse avoir en magasin que 1 ou 13200 pièces (bon disons 25 déjà) : l’intervalle paraît infini ! (le premier qui me dit qu’il l’est…)

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Je vais vous raconter ce qu’on a trouvé pour la puce après pas mal de recherches.

Tout d’abord, il y a des dérivés du « en bois » qui sont très intéressantes, nous avons par exemple le puzzle de plusieurs pièces (souvent un personnage) mais aussi le puzzle-pêche à la ligne qui renouvelle un peu le plaisir :

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Ensuite, on a voulu essayer des puzzles de 2, 3, 4 pièces pour y aller très progressivement (l’objectif étant je vous le rappelle les 13200 pièces à plus ou moins long terme). On a trouvé différentes variantes et en premier lieu les puzzles de 2 pièces qui jouent sur les associations :

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Celui-ci convient spécialement bien à la puce et à son besoin d’ordre en ce moment « il est où le bébé ? » (et il doit être avec son parent bien sûr : papa ou maman d’ailleurs, c’est variable selon les moments et les animaux). Cette forme existe avec plusieurs déclinaisons (couleurs, contraires, habitats, lettres, etc.). On a aussi trouvé (dans un bazar) des puzzles de 2 et 3 pièces, très simples et qui permettent d’introduire le concept de « pièce supplémentaire » (oui, les animaux, on aime bien) :

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Enfin, on a déniché pour finir une boîte de trois puzzles de 4, 6 et 9 pièces (avec des ours, bonheur !) chez Djeco, collection « Primo-puzzle ». On en est là : la louloute de 27 mois a hâte de savoir faire le panda et commence à faire l’ours blanc (4 pièces).

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Je serai curieuse de savoir ce qu’en disent les parents d’enfants plus grands !

 

 

 

Le grand test de l’été : dis-moi quel parent tu es, je te dirai la météo des plages

Par Lise

Chers parents d’enfants de tous âges, voici notre grand questionnaire de l’été. Nous vous serons reconnaissantes de nous laisser ci-dessous certaines de vos réponses, ou commentaires, ou réactions, ou réflexions, ou tout ce que ce questionnaire aura provoqué en vous ! Gardez toutefois à l’esprit que nous n’avons voulu insinuer aucun jugement ou critique à travers ces questions, qui ont pour tout objectif d’inspirer la réflexion, et certainement pas de provoquer des coups (de soleil, bien sûr !) Allez, c’est l’été, allongez-vous confortablement, mettez vos lunettes de soleil spéciales introspection et…

vacances

Selon vous, quel est le besoin primordial pour un enfant :

  1. Des règles et des limites.
  2. De la liberté.
  3. De l’amour.

 

Et pour un parent :

  1. De l’amour.
  2. De la liberté et du calme.
  3. Aucun.

 

Qu’est-ce que vous aimeriez obtenir de vos enfants :

  1. La volonté de toujours comprendre, discuter et échanger avant d’obtempérer.
  2. La compréhension et l’exécution des règles primordiales de sécurité, la capacité à chercher un consensus pour les autres règles.
  3. L’obéissance à ce que vous leur demandez.

 

Pourquoi ?

  1. Les enfants sont comme les adultes, ils savent mieux que quiconque quels sont leurs besoins.
  2. Les enfants sont des personnes à part entière, qui ont besoin d’être soutenus, conseillés, rassurés par les adultes, et guidés pour s’adapter à leur environnement et à la société.
  3. Les enfants ne savent pas ce qui est bon pour eux, ils doivent se plier aux demandes des adultes pour pouvoir se développer correctement, sans alourdir les exigences de la vie quotidienne des parents.

 

Quelle est la place que vous voudriez laisser à l’échange, à la discussion, à la communication avec votre enfant ?

  1. Assez peu, d’une part parce que les jeunes enfants ne comprennent pas grand-chose, d’autre part parce que si on doit tout discuter, on n’est pas sorti de l’auberge.
  2. Je lui parle comme à un autre adulte, puisque j’estime qu’il peut tout comprendre.
  3. Une place primordiale dès ses premiers jours, car l’enfant comprend très tôt bien davantage que ce qui semble, et que l’échange, y compris concernant les règles, les désaccords ou les obligation des uns et des autres, est la base d’une relation solide et réciproquement respectueuse, quel que soit l’âge de l’enfant ou de l’adolescent.

 

A long terme, quelle est la chose la plus importante que vous voulez donner à votre enfant :

  1. La possibilité de réaliser tout ce qu’il voudra quand il voudra sans souffrir de barrières et sans se préoccuper des qu’en dira-t-on.
  2. La capacité de se fondre dans la société, de savoir obéir sans souffrir.
  3. De bonnes capacités d’adaptation, tout en épanouissant sa personnalité et la possibilité de s’exprimer et de s’opposer, ainsi que de garder du recul par rapport à son quotidien. Autour de cela, l’empathie et le respect d’autrui.

 

Pourquoi ?

  1. Le monde est dur, et il est important de le savoir et de s’y habituer très tôt.
  2. Réussir à trouver sa place et son bonheur dans la vie telle qu’elle est nécessite de s’y intégrer tout en sachant rechercher à titre individuel ce qui est important pour soi.
  3. La société est pourrie, mieux vaut s’en détacher pour se créer une vie meilleure.

 

De quelle manière aimeriez-vous arriver à ces objectifs ?

  1. En exerçant l’autorité qui me revient de droit en tant que parent, y compris cris, punitions, corrections…
  2. En offrant mon regard bienveillant.
  3. Par le dialogue et l’explication.

 

Quelle est votre plus grande crainte ?

  1. Que ma relation avec mon enfant se dégrade.
  2. Que mon enfant échoue dans la vie, voire entre dans la délinquance.
  3. Que mon enfant ne se sente pas épanoui et manque de confiance en lui et en la vie.

 

Quel est votre sentiment par rapport à la manière dont vous exercez votre parentalité ?

  1. J’ai l’impression de sans cesse tout redécouvrir, et pour cela j’éprouve le sentiment de lire et d’échanger avec d’autres parents pour me conforter dans mes choix et me questionner sans cesse.
  2. J’ai peur de ne pas être à la hauteur, de ne pas offrir à mon enfant tout ce qu’il mérite, qu’il ne trouve pas en moi ce dont il a besoin.
  3. Ma manière d’agir est proche de celle que mes parents ont employée avec moi. Ça ne m’a pas tué, j’estime même avoir plutôt réussi, donc je ne me suis jamais vraiment posé la question.

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Si vous avez une majorité de chiffres entre 1 et 3 (2 inclus) :

Parmi ces questions, laquelle ne vous étiez-vous jamais posée ? Laquelle au contraire vous paraît primordiale ? Etes-vous certain que la réponse à cette dernière justifie toutes vos autres réponses ? Seriez-vous prêt à tenter « juste pour voir » de changer le regard que vous portez sur votre enfant ? Parvenez-vous dans votre vie de tous les jours à agir en fonction des réponses que vous venez de donner ? Cela vous satisfait-il pleinement ? Avez-vous déjà songé à essayer de « faire autrement » ? Le souhaitez-vous ?

Jeu n°1 : pendant quelques heures (ou plus !), faites semblant d’avoir répondu autre chose aux questions (choisissez soit au hasard, soit selon votre curiosité !) et voyez ce que cela peut évoquer dans votre façon de voir les choses.

Jeu n°2 : recherchez un souvenir de votre enfance ou vous avez été en conflit avec vos parents. Essayez de vous souvenir de ce que vous avez ressenti, de ce que vous vous êtes dit à ce moment-là. Vous pouvez éventuellement essayer de vous mettre une fois à la place de votre enfant en vous.

Annonce : Cherchons parents volontaires pour mutualiser la garde de nos enfants

[Cette annonce ne vient pas directement de l’association Grandissons mais de deux de ses adhérentes et nous soutenons leur initiative !]

Nous sommes deux familles, chacune avec une petite fille de deux ans et demi, que nous avons décidé de ne pas scolariser, pour l’instant du moins et de les garder nous-mêmes.

Nous sommes à la recherche de parents qui se trouveraient dans une situation similaire, et avec qui nous pourrions nous entendre pour mutualiser la garde de nos enfants, de façon à ce qu’ils conservent un lien social, et que chaque parent puisse « souffler un peu » !
Si vous aussi vous gardez votre enfant l’année scolaire prochaine et que vous seriez intéressé-e pour vous regrouper, contactez-nous !
1ère rencontre pour faire connaissance : dimanche 3 août à partir de 17h à la Colline du château à Nice. Appelez-nous une fois sur place pour se retrouver !
Notre démarche éducative : la parentalité positive ! Sans punitions, sans tapes, sans mise au coin, mais avec beaucoup d’échanges et de discussion avec les enfants pour une ambiance conviviale.
Organisation : par équipes de 2 parents minimum, avec un roulement pour « libérer » chaque jour 1 ou 2 parents qui le souhaitent suivant le nombre de participants.
Participation : bénévolat
A bientôt !

Ariane et Sara

 

 

Ariane Küttel et Stéphane Leinen ariane.kuttel@gmail.com
Sara Viloteau et Laurent Giorgi sara.viloteau@gmail.com
 

La sélection de livres jeunesse d’Ariane

Par Ariane
Ma fille a deux ans et demi, et je lui lis des livres depuis sa naissance. Elle grandit avec eux, les appréhende de façon différente au fur et à mesure qu’elle évolue, et comme pour les jeux, peu importe l’âge minimum qui est écrit sur l’ouvrage : à chaque âge et chaque période ses plaisirs, ses peurs, sa compréhension, sa perception.
Le monde merveilleux des livres permet de stimuler l’imagination, d’affronter et de sublimer ses émotions, comme les peurs, de partager avec ses parents ou autre lecteur de l’histoire. Il crée un imaginaire vital pour l’enfant, et crée des amours qui durent toujours, si comme moi vous frissonnez encore de plaisir en relisant les histoires de votre enfance !

Voici une sélection, évidemment non exhaustive, des préférés de ma fille… et sa mère 😉

 

La petite taupe qui voulait savoir qui lui avait fait sur la tête
Un classique ! Une petite taupe reçoit une crotte sur la tête en sortant de son trou, et elle enquête pour découvrir le coupable. Un livre plein d’humour, et un des préférés de ma fille (elle le connaît par cœur).
Petite taupe
Petit Dernier – Drôle de Printemps
 
Je recommande tous les albums de Petit Dernier. Ils sont intelligents, drôles, et non-sexistes, ce qui est assez rare pour être souligné. Les personnages de la famille Crumpet sont attachants et les enfants adorent suivre leurs aventures.
Petit Dernier
Le livre à compter de Balthazar

Je suis – et ma fille aussi – une inconditionnelle de Balthazar. Ce livre-ci est un des premiers que j’ai achetés pour elle, je trouvais les dessins magnifiques et doux, et finalement je les ai tous… J’aime aussi beaucoup le Noël de Balthazar, pour la vision plus solidaire du partage de cadeaux.
Balthazar
 
La Princesse Rose-Praline, la Princesse et le Dragon et Dînette dans le tractopelle
Les éditions Talents Hauts sont non-sexistes, ce qui est déjà un bon départ. Leurs publications sont toujours drôles, intelligentes, sources de réflexions. Les livres que j’ai mentionnés ci-dessus sont les préférés de ma fille, qui ne connaît que des princesses comme Rose-Praline et Elisabeth (avec le dragon), battantes, intelligentes, et indépendantes. « Dînette dans le tractopelle » dénonce finement les jouets sexistes, et encourage la mixité des jeux.
Princesse Rose-Praline
Princesse et le dragon
Dînette dans tractopelle
Le loup qui voulait changer de couleur
Un loup (personnage héros d’une longue série d’albums) n’aime pas sa couleur et veut en changer, il en essaie donc plusieurs avant de se rendre compte que finalement, la sienne n’est pas si mal. Une jolie histoire (qui fait bien rire ma fille) sur la diversité.
Loup qui voulait changer de couleur
Nénègle sur la montagne
Un des premiers livres offerts à ma fille, sur l’anticonsumérisme et la liberté : Nénègle est en haut de la montagne avec un tas d’affaires : tétine, jouets,… Il va tout lâcher et s’envoler.
nénègle
Le livre qui parlait toutes les langues
Un livre (fourni avec CD) à lire dès deux ans (selon moi) mais auquel il est probable que l’enfant ne s’intéresse vraiment que bien plus tard. Une histoire est racontée à chaque page en français et en une autre langue. Pour l’enfant, c’est une façon de découvrir très tôt la richesse des langues et l’existence de tant de façons de communiquer dans le monde.
Le livre qui parlait toutes les langues
 
Noémie la petite fourmi
Julos Beaucarne, chanteur poète, a écrit un livre (fourni avec CD) sur une fourmi amie d’une petite fille. Une histoire de rêve et de magie.
Noémie la petite fourmi
L’arbre sans fin
Claude Ponti est un conteur bien connu et merveilleux pour les enfants. Ce livre est un récit fantastique avec des personnages qu’on croirait sortis d’Alice au Pays des Merveilles, très utile aussi pour appréhender la mort.
Arbre sans fin
Le cauchemar dans le placard
Ma fille me le réclame chaque jour ! Un cauchemar se cache dans le placard et l’enfant, au début terrorisé, puis belliqueux, finit par le prendre dans son lit. Cette histoire permet à l’enfant de prendre de la distance avec ses peurs.
Cauchemar dans le placard
Le Trésor de l’Enfance
Un recueil d’histoires que je trouve toutes formidables, pour tous les âges, de la naissance à une dizaine d’années, on y retrouve des classiques comme le Chat Botté, le Petit Prince, Pierre Lapin, des auteurs habitués de l’enfance comme Claude Ponti ou Roald Dahl, Kipling… un vrai bonheur pour piocher des histoires selon l’humeur du moment.
Le Trésor de l'Enfance
Au revoir Blaireau
Un classique sur le thème de la mort, utilisé par les psychiatres avec les enfants, dans les écoles et par beaucoup de parents. Ce livre m’avait beaucoup aidée à accepter la mort quand j’étais petite, l’histoire et très poétique et toute simple.
Au revoir blaireau
Couleurs
Pour l’apprentissage des couleurs, bien sûr, mais aussi un livre interactif que l’enfant adore manipuler.
Couleurs

 

[On attend les vôtres !]

 

 
 
 
 

La pâte à patouille

Par Fred

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A tous les repas au moment du yaourt, ma puce met ses doigts dedans, et patouille avec, ce que je trouve énervant, parce que je n’aime pas qu’elle joue comme ça avec de la nourriture.

Ce soir je décide de lui proposer de faire une première séance de pâte à patouille (de la Maïzena et de l’eau).

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Je ne comprend pas pourquoi je ne lui ai pas proposé cette activité avant, elle a joué avec jusqu’à qu’il n’y ait plus de pâte dans son bol. Elle a d’abord mélangé l’eau avec la Maïzena, puis transvasé la pâte d’un récipient à l’autre, puis regardé le « gros fil énorme » couler plus ou moins vite.

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Elle a ensuite pu toucher la pâte qui est dure selon comment on la prend puis liquide puis elle l’a goûté, et enfin la pâte a séché à force d’être manipulée et s’est retransformée en farine.

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Une super expérience à refaire sans modération !

La pomme rouge

Par Marie

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Un livre pour enfant de… 60 pages ! Est-ce bien raisonnable ? Mais oui !

C’est une histoire toute tendre : une petite fille appelée Natchan voudrait manger la belle pomme rouge qu’elle a apporté en haut de la colline mais… la pomme lui échappe et se met à rouler tout en bas ! Heureusement, elle va être aidée par un lapin, un écureuil et même un ours. Ouf !

L’animation est soignée et très dynamique (voyez par exemple la grenouille qui prend peur et s’enfuie, manquant même de sortir de la page !).

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L’ensemble est en noir et blanc et rouge (la pomme, forcément). Cela m’évoque c’est autre joli livre : Un jour de lessive de Christian Bruel et Anne Bozellec

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Et aussi bien sûr le ballon rouge, le court-métrage d’Albert Lamorisse en 1956 visible ici : https://www.youtube.com/watch?v=NjDc8v3FVXU

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L’auteur, Kazuo Iwamura, est japonais et a également produit une série de plusieurs livres sur la famille souris. Voici une vidéo d’une libraire qui nous parle de cette série :

(Je ne suis cependant pas d’accord avec le texte de la vidéo qui recommande ce livre à partir de 4 ans, on peut commencer à le lire/regarder/commenter bien plus tôt)

Il plaît à tous les enfants à qui j’ai eu l’occasion de le lire (même en lecture de groupe, voir ci-dessous).

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A la journée de l’environnement à Cagnes-sur-Mer, atelier Allaitons-Jouons-Lisons, le 5 juin 2014 

Quant à ma louloute, elle a découvert ce livre à la bibliothèque municipale, comme le dernier que je vous avais présenté (de Kevin Henkes) et là aussi, on l’a acheté pour nous ensuite. Son papa fan de mangas (il regarde régulièrement Naruto) le lui lit en y intégrant des mots en japonais (« Matte ! » pour « attends ! » par exemple).

Et encore une vidéo pour terminer, d’un enfant qui lit (presque tout seul) la pomme rouge :

Les cordonniers sont toujours les plus mal chaussés

Par Emilie

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« Les cordonniers sont toujours les plus mal chaussés ». Cette expression me vient souvent en tête quand je pense à ce que furent les mois qui suivirent la naissance de mon bébé.

Sage-femme libérale, j’ai choisi de me faire suivre par une collègue, en accompagnement global. Mon mari ne s’oppose pas à l’idée mais a besoin de temps pour cheminer. Ma grossesse se passe parfaitement sur un plan médical mais dans ma tête c’est déjà compliqué : vulnérabilité, fragilité, régression, sentiment d’abandon… Je pleure beaucoup. Mon mari ne comprend pas ce que j’attends de lui, moi qui suis d’habitude si indépendante. La sage-femme m’accompagne, m’écoute, me laisse pleurer et tente d’expliquer mon état d’esprit à mon conjoint.

J’accouche chez moi, avec « ma » sage-femme et une autre collègue. Tout se déroule bien. Un joli bébé avec qui je commence à faire connaissance.

Et puis le lendemain les doutes commencent, cet enfant que je ne comprends pas, qui pleure sans vouloir prendre le sein… Un beau baby blues ! Heureusement la sage-femme nous rend visite et nous rassure. Me réconforte et me redonne confiance en moi. Je me rappelle en souriant de cette phrase « tu as, toi aussi, le droit de faire ton baby blues ».

Les jours passent et tout semble bien se dérouler. C’est l’été, tout le monde est en vacances : ma sage-femme, mes collègues, mes amies. Ma famille aussi et je suis entourée. Je passe beaucoup de temps chez mes parents, il y a du monde, je ne peux pas vraiment me reposer ni être seule avec mon bébé. Et puis comme je suis sage-femme, je suis sensée tout savoir, avoir réponse à tout. Seulement quand il s’agit de moi, impossible de réfléchir, impossible d’avoir la moindre pensée logique ou cohérente. Tout se mélange…

Je suis obligée de reprendre le travail à ses deux mois, à cause de difficultés avec ma remplaçante. Mon bébé est petit, trop petit pour que je le laisse mais j’ai l’impression de ne pas avoir le choix, et puis je ne travaille pas à temps plein, je me dis que ça ira…

Un mois plus tard, je pars trois jours à un congrès de sages-femmes. Seule. Mon mari ne m’accompagne pas. La collègue qui devait m’accompagner est obligée d’annuler. Je suis forte, personne ne semble en douter, j’irai donc seule avec mon bébé et tout ira bien.

C’est ce week-end-là que tout a dégénéré. Un évènement déclencheur. Le premier craquage. Mon bébé qui hurle pendant des heures pour s’endormir un soir, je suis fatiguée, je ne comprends pas, je n’arrive pas à le faire taire, je culpabilise et j’en veux à tout le monde de m’avoir laissé y aller seule. Nous pleurons tous les deux une partie de la nuit. Mon mari au téléphone est impuissant et je suis en colère. Je m’imagine appeler à l’aide une collègue mais n’ose pas…

De retour, le cauchemar continue. Cet enfant hurle pendant des heures, sans que je comprenne, sans que nous parvenions à le calmer. Souvent les nerfs lâchent, plusieurs fois je suis à deux doigts de commettre un geste irréparable. Et à chaque fois, la culpabilité augmente. Comment moi, la sage-femme, qui conseille et rassure toute la journée des mères, des parents, je n’arrive pas à contrôler la situation ? Pourquoi je n’arrive pas à appliquer les conseils que je donne ?!

Puis, la visite chez le pédiatre. Mon bébé n’a quasiment pas grossi depuis le mois dernier. Elle me conseille de compléter avec du lait artificiel. Je me sens dépitée, incapable d’y croire, en proie aux doutes et à la culpabilité. Je ne suis pas capable de nourrir mon bébé. Je n’ai pas compris que mon enfant qui hurle, a faim. Dans un moment de lucidité j’appelle une consultante en lactation. Le rendez-vous est pris trois jours plus tard. Dans cet intervalle, je me résous à donner du lait artificiel mais mon bébé le refuse, il ne veut rien avaler. Les mises au sein deviennent difficiles. Je pleure dès que je suis seule chez moi. J’ai l’impression que personne ne voit à quel point je me sens mal, à quel point c’est difficile. Ni mon mari, ni ma famille, ni mes amies, ni mes collègues, ni la consultante en lactation, ni ma sage-femme… Personne ne m’aide, personne ne cherche à m’écouter, personne ne m’accompagne…

La consultante en lactation diagnostique un frein de langue. Mon bébé a des difficultés à drainer correctement le sein. Pour faciliter la prise au sein nous devons lui faire couper le frein de langue et le frein de lèvre supérieure. Un premier ORL refuse, la consultante nous en conseille un autre qui accepte. Je mise beaucoup sur cette intervention. Je me dis qu’ensuite les tétées se passeront mieux et que mon bébé reprendra du poids. Seulement tout va en dégénérant. Mon bébé a six mois et nous n’arrivons pas à nous réadapter. Il s’énerve, me repousse, pleure dès que j’approche le sein. Il a l’air d’avoir compris que sa mère ne peut pas satisfaire son besoin alors que le biberon y répond mieux.

J’ai du arrêter mon allaitement et je ne m’en remets pas.

Pendant plusieurs mois je n’arrive pas à sortir la tête de l’eau. A l’extérieur, je relativise, je donne le change. A la maison, je m’effondre constamment. Mon mari est sûrement dépassé, il ne fait rien. Je n’arrive pas à appeler à l’aide et personne ne le fait pour moi.

Mon bébé a maintenant neuf mois et je suis totalement épuisée. Physiquement et moralement. Dix jours de vacances me font du bien mais je ne remonte pas totalement. Les crises de larmes, les disputes avec mon conjoint, l’hystérie, la solitude, l’envie de tout abandonner et d’en finir, la culpabilité de laisser mon enfant être témoin des états par lesquels je passe, de ne pouvoir être une bonne mère…

Presque deux ans plus tard, je crois que je vais mieux, mais je n’arrive toujours pas à mettre des mots sur ce que j’ai vécu. Et si je n’avais pas été sage-femme comment cela se serait-il passé ?

Les pleurs des enfants

Par Ariane

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Un bébé, un enfant pleure. Quelle sont les réactions les plus courantes chez les adultes ? L’agacement, ou l’indifférence. Pourtant, la plupart de ces mêmes adultes auraient le coeur brisé ou tout du moins seraient mal à l’aise s’il s’agissait d’un autre adulte.

Je n’ai jamais laissé pleurer ma fille toute seule. Tout d’abord parce que je pense que c’est mauvais pour elle, mais également parce que je n’en serais tout simplement pas capable. Traitez-moi de folle sentimentale, je ne peux pas entendre la détresse d’un autre être vivant et rester stoïque.

En fait, je ne devrais pas dire que la plupart des gens feraient preuve d’empathie envers un autre adulte en larmes. Nous vivons dans un monde où nous sommes quotidiennement confrontés à la détresse des autres. Ceux que nous voyons : les sans-abris par exemple. Et les milliards de personnes dans le monde dont nous savons qu’elles existent, et pour lesquelles nous sommes malgré tout très peu à nous révolter. Cette indifférence-là tue. Et je me demande si cette indifférence, ce manque d’empathie, n’est pas justement lié à ces heures que nous avons passées à pleurer seuls, dans notre lit, à chercher l’attention et l’affection des adultes alentour qui ne nous en donnaient pas, parce qu’un enfant n’a pas à demander, à « imposer » ses besoins à l’adulte. Toujours cette façon étrange de traiter un enfant comme une gêne, comme un tyran, comme un « hyperactif », comme un boulet…

Je pense, et les études récentes vont dans ce sens, qu’un enfant qui a reçu de l’attention, de l’affection, qui n’a pas souffert seul, et donc qui n’a pas appris à se blinder, à trouver lui aussi « normal » de crier à l’aide sans qu’on vienne à son secours, cet enfant-là sera sensible à la détresse des autres, sera choqué, révolté par l’absurdité des mauvais traitements, et réagira davantage pour y remédier.

Notre monde est un monde dur. Et si l’on parle d’humanité, on se fait taxer de sentimentalisme. Un parent qui prend son enfant dans les bras quand il pleure « se fait avoir » par lui, ne « sait pas s’imposer ». Dans quel monde vit-on lorsqu’on s’interdit de venir en aide à ceux qui nous appellent ??

Il a fallu presque deux ans et demi à ma fille pour « faire ses nuits », c’est à dire pour pouvoir se rendormir seule sans avoir besoin de nous appeler pour qu’on vienne la rassurer. Deux ans et demi au bout desquels elle a compris qu’on sera toujours là pour elle, deux ans et demi pour qu’elle puisse « se débrouiller seule », pour qu’elle ait confiance, soit sereine. Ca ne me paraît pas cher payé dans toute une vie pour faire un être humain plus heureux. Deux ans et demi, c’est long ? Mais ça me paraît aussi normal quand on se met à la place de l’enfant. Il n’a pas le cadre de référence que nous avons. Il ne sait pas que demain viendra. Il ne sait, bébé, pas parler pour exprimer ce dont il a besoin. Tout ce qu’il a, c’est sa voix pour crier. J’ai faim, j’ai soif, j’ai peur, j’ai mal. Ou j’ai besoin d’affection. Personnellement, à mon âge, si je fais un cauchemar la nuit, je me serre contre mon compagnon. Parfois même j’ai besoin de me relever, de marcher, de parler, de lire un peu. Un enfant ne peut faire ça. Un enfant n’est pas une machine qui doit « s’habituer ». Un enfant a des besoins qui doivent, selon moi, être satisfaits pour qu’il évolue en un être serein, qui n’aura pas une vision cynique de l’humanité, qui sera choqué par l’injustice parce qu’elle ne sera pas un sentiment qui lui aura été imposé dès la naissance et auquel il se sera habitué.

Un enfant qu’on laisse pleurer seul ne fait pas ses nuits parce qu’il a appris à se rendormir tout seul. Il arrêtera d’appeler parce qu’il aura compris que personne ne viendra, parce qu’il aura perdu la confiance, parce qu’il se sera blindé, parce qu’il pleurera tout seul. Des études ont prouvé que les hormones de stress que l’enfant produit lorsqu’il pleure la nuit continuent d’être sécrétées s’il ne pleure pas : il a les mêmes sentiments d’angoisse, mais les garde pour lui.

Je ne suis plus étonnée de voir le monde dur dans lequel nous vivons, d’observer des gens enjamber des sans-abris dans la rue, être indifférents, égoïstes, agressifs, violents, durs. « Débrouille-toi seul dans la vie, ne compte sur personne, sois fort, sois dur ». Et ça commence dès la naissance : pleure, personne ne viendra, ta détresse ne compte pas.