Le second enfant, agrandir la fratrie

Par Lise

Lorsque j’ai été enceinte de mon deuxième enfant, j’ai commencé à chercher des livres traitant des fratries. Or, non seulement j’ai découvert très peu de littérature générale sur le sujet*, mais, surtout, les livres que j’ai trouvés traitaient plutôt des problématiques du quotidien entre frères et sœurs, et de la manière dont les parents pouvaient les accompagner. C’est bien sûr quelque chose d’intéressant, qui m’a sans doute aidée dans ma manière d’aborder les choses, mais (ou «donc» ?) il n’y a pour le moment, alors que mes enfants ont aujourd’hui 3 et 6 ans, aucun problème de rivalité entre eux, ils sont complices et unis à souhait et leurs petites disputes n’entachent nullement notre quotidien.

C’est de mon côté de parent, que je me sens seule et en recherche de partages, d’observations, de conseils. Avoir un deuxième enfant a été une entrée dans une nouvelle situation, une nouvelle catégorie. De même qu’en ayant le premier, on se sent un peu sur une autre longueur d’onde que les couples n’ayant pas encore d’enfant, avec l’arrivée du second, on plonge brusquement dans un groupe différent, avec un mode de vie, des soucis, des doutes et des questionnements différents.

L’un a commencé dès ma deuxième grossesse : dans quoi m’étais-je lancée, quelles seraient les répercussions de cette décision de second enfant sur notre équilibre familial, sur ma grande fille, sur moi-même ? Quels échos cela faisait-il résonner en moi par rapport à ma propre enfance, par rapport à mes craintes, par rapport à l’avenir, par rapport à ce que je saurais ou non offrir à cet autre enfant, moi qui avais donné toute mon énergie, mon attention, mon amour, à la première, saurais-je reproduire tout cela ? Serais-je capable de comprendre ce petit deuxième, ayant moi-même été aînée… ?

Le deuxième a commencé après la naissance. Car, à cet instant où j’écris, il me faut dévoiler que, en effet, tout -presque tout- a été, au fil des mois et des années, bien plus difficile que je n’avais voulu l’imaginer. Quelques amis m’avaient mise en garde : «deux enfants, c’est deux fois plus d’amour, mais c’est aussi deux fois plus de boulot…» Je ne les avais pas crus. On m’avait trop de fois, lors de ma première grossesse, asséné des mises en garde sensées me prévenir que la venue d’un enfant c’était «la fin de la tranquillité, de la liberté, des nuits reposantes, des sorties, de ce qu’on était auparavant…», et… je n’avais rien ressenti de tout cela. Mon être était entièrement tourné vers cette petite personne, et tout était aisément surmontable. Il n’y avait alors rien qui ne vaille la peine d’être mis de côté, toutes ces découvertes étaient merveilleuses, et, somme toute, il me restait assez de temps pour être moi-même dans les moments où bébé dormait. Mais l’arrivée de ce deuxième enfant a tout chamboulé. Et là, soudain, je me suis surprise à penser parfois «mais on ne m’avait pas prévenue que ce serait si difficile.» Mon être ne peut pas être tourné entièrement vers cette petite personne, puisqu’il me faut garder constamment un trou dans ma bulle pour laisser entrer l’autre enfant, fût-il absent en cet instant (mais n’a-t-il pas oublié son manteau, n’est-il pas trop fatigué, se sent-il bien là où il est… comme il me manque !), mon attention envers l’un est sans cesse détournée par l’autre, et vice versa, comme si je devais en même temps me faire une natte et me gratter sous le pied, je ne retrouve plus jamais cette concentration et cette attention profonde tournée vers un corps unique… Et la solitude est un mot qui n’a plus de sens en ma vie, les pauses de l’un n’étant pas celles de l’autre, et les moments pour moi s’étant réduits à peau de chagrin (traduire : quelques instants aux toilettes !) Mon attention, si sollicitée de toute part, n’a plus d’espace pour se tourner vers moi, et sautille entre l’un et l’autre comme un moustique ayant marché sur une épingle, c’est comme si mon cerveau était grignoté par un troupeau de souris affamées, et, plus que six bras, il me faudrait deux têtes.

Il y avait cependant un autre point sur lequel les voix des copains ne s’étaient pas trompés : deux enfants, c’est deux fois plus d’amour. Alors ça, c’était pourtant le questionnement qui avait été occasionné le plus d’angoisse durant ma grossesse : serais-je capable d’aimer une autre fois un enfant avec une telle puissance, une telle totalité, une telle ampleur, une manière aussi inconditionnelle, aussi colorée, emportée, physique et intellectuelle et sensorielle, aussi intense et insensée ? Eh bien… oui, sans aucun doute. Tout cela et d’autres choses encore, d’une intensité égale mais d’une tonalité différente, un amour aussi immense pour une petite personne bien différente.

C’est une étrange fracture que j’éprouve depuis que j’ai deux enfants : je boitille sans cesse entre le bonheur de les voir si bien s’entendre et le doute d’ôter trop à l’un pour donner à l’autre (et vice versa), j’oscille entre la satisfaction de pouvoir passer des moments différents et splendides avec deux personnes différentes et splendides, je balance entre l’épuisement de devoir penser pour eux deux et le soulagement de les voir prendre soin l’un de l’autre, je chancelle entre l’épuisement et la joie d’avoir une splendide famille.

Alors… Qu’aurais-je voulu savoir de plus avant de me lancer dans cette aventure ? Qu’est-ce qui aurait pu m’aider ? En fait, je n’en sais rien. Je ne sais pas si j’aurais aimé lire ces lignes, et je doute qu’aucun mot aurait changé quoi que ce soit. Peut-être ne les aurais-je pas crus, et dans tous les cas, je n’aurais pas renoncé. Et j’ai envie de dire heureusement, car je n’ai malgré tout aucun regret. Au fond, on ne peut pas s’entraîner à nager en apnée sans s’immerger. Et au fond, c’est justement dans les plus vastes fonds que se trouvent les plus belles merveilles…

* Frères et sœurs sans rivalité, de Faber et Mazlich, un excellent ouvrage, qui m’a apporté beaucoup de matière à réfléchir sur mon vécu dans ma propre fratrie durant mon enfance, et m’a rassurée en donnant des pistes et des idées concrètes à appliquer au quotidien, qui, en lisant avant même d’avoir le deuxième enfant, ont été source d’aides pour ne pas causer certains déséquilibres, ce qui est encore plus confortable que de devoir y remédier après coup…

Frères et sœurs, une maladie d’amour, de Rufo, que je me propose de lire peut-être un jour, mais p sûr, rebutée comme je le suis par l’auteur même et tous les profonds désaccords que je ressens envers la majorité de ce que j’ai lu de ses paroles.

La diversification menée par l’enfant

Par Lise

Voici un article que j’ai commencé à rédiger il y a plus de 4 ans, alors que Bibouille avait près de 2 ans, et que son petit frère n’était pas né. A sa relecture, j’éprouve quelques surprises, souvenirs oubliés, choses que je n’aurais jamais refaites et ne conseillerais pas… Je vais pourtant le laisser à peu-près tel quel, laissant largement percevoir mes tâtonnements et erreurs, que je décide finalement d’assumer, tant je pense qu’ils sont le lot de beaucoup d’entre nous (et n’ont finalement pas eu de conséquence… justement !) , mais en l’enrichissant de mes commentaires et expériences plus récents.

La première fois que j’ai entendu parler de « diversification menée par l’enfant », j’ai pensé quelque chose du genre « les choses bizarres n’ont pas de limites ». Oui, j’en ai un peu honte, mais c’est vrai, il est difficile de revenir sur les habitudes devenues croyances. Un bébé sans dents qui mange, mais quelle idée ! Est-ce que, 6 ans plus tard, la DME est devenue plus connue et plus fréquente, ou est-ce que je rencontre par hasard autant de personnes la pratiquant ? Voilà une question intéressante qui vient se poser aujourd’hui…

Et puis, j’ai vu des enfants le faire, et puis j’ai lu des témoignages, et puis… j’aime la simplicité enfin. Quand je vois des parents astreints à mesurer, doser, prévoir, calculer la quantité, la qualité, l’horaire de ce que mange leur enfants, cela m’effraie : pas pour moi. Quand je vois des enfants maintenus sur leur chaise ouvrant la bouche au rythme de la cuillère qui s’en approche, cela m’interpelle : pas pour ma fille.

Je vais ici parler de Diversification Menée par l’Enfant (DME) chez un enfant allaité, parce que telle est mon expérience. C’est toutefois praticable avec tous les enfants (à condition de vérifier la quantité de lait infantile dispensée)…

(5,5 mois)

Un peu avant ses 6 mois, Bibouille, qui se tenait déjà assise sur nos genoux ou dans sa chaise haute, a commencé à chercher à attraper ce que nous mangions, ce que nous buvions, tout ce qui passait à la portée de sa main. Elle devait, à l’époque, avoir dans les… zéro dents. Eh ! oui, les enfants peuvent manger même sans ! Pas des cacahuètes, bien sûr, mais de gros et tendres morceaux… Comme on leur donne l’aliment en entier ou en gros morceaux, ils croquent ou grattouillent la quantité qu’ils veulent. Et si c’est trop à la fois, ils crachent très bien (le réflexe nauséeux, qui fait recracher ce qui va au fond de la gorge, se fait plus en avant de la bouche chez les bébés). Je comprends bien cette crainte de nombreux parents que leurs enfants ne s’étranglent, mais vraiment, si l’aliment est de taille à ce que l’enfant le tienne en main, il saura recracher ce qu’il aura croqué et pas avalé. Le réflexe vomitif, GAG ou haut le cœur, n’est pas un étouffement, mais justement ce qui permet à l’enfant de l’éviter. (1 et 2) Lorsque Bibouille était bébé, j’avais déjà largement à l’idée de la laisser également pratiquer la motricité libre (ou ML, selon laquelle on ne place pas un bébé dans une position qu’il ne peut adopter et quitter seul), mais la relecture de ce que j’ai écrit alors me montre que j’y ai probablement fait un peu plus d’entorses que je ne croyais. Je pense que Bibou en a encore davantage bénéficié, et il est probablement allé plus tard dans la chaise haute (tous deux ne se sont mis assis seuls que vers 8 mois) C’est d’ailleurs une question qui taraude beaucoup de parents qui veulent pratiquer la DME : quand commencer, sachant que peu de bébés se mettent assis seuls à 6 mois, que si on pratique la ML on ne met donc pas assis bébé avant qu’il ne le fasse, et que les recommandations sont que bébé se tienne assis pour manger en DME… mais qu’on recommande aussi de commencer la diversification à 6 mois, et que beaucoup de bébé se montrent en effet intéressés par la nourriture à cet âge. Je n’ai pas de réponse à apporter à ce dilemme. De mon expérience, je suis assez satisfaite de la manière dont nous avons fait avec le plus petit : pas de chaise haute avant la position assise, débuts de DME repoussés à quelques semaines après 6 mois, et pratiquée sur les genoux d’un parent. En fait, il se trouvait simplement là pendant que sa sœur mangeait, et s’est donc saisi tout seul de ce qu’il trouvait devant lui, nous indiquant le moment de départ, la position, et la manière de faire. De mon point de vue, parfaitement en accord avec le fait de laisser à l’enfant agir à son rythme. Du point de vue des puristes de la DME pas tout à fait adapté, puisque ne tenait pas bien assis….

Ici en vidéo, 6,5 mois, la curieuse ! 

En même temps que l’enfant apprendra à mastiquer, croquer, cracher, il travaillera sa motricité, son aptitude à attraper, porter en bouche, etc., toutes ces choses qui l’intéressent follement vers ses six mois, ce qui, entre autres arguments, me fait penser que c’est bel et bien l’âge minimum qu’il convient d’attendre pour le laisser aller vers la nourriture autre que le lait. Voilà un enfant libre de se tourner vers ce qui l’intéresse, de découvrir, d’imiter, d’essayer. J’ai noté en bonus que, chez nous, Bibouille portait beaucoup moins d’objets « autres » à la bouche, type cailloux et petits jouets, du fait qu’elle avait l’occasion à table d’exercer à volonté cette activité… En ce qui concerne Bibou, il a tout de même mis beaucoup en bouche ce qui traînait (petits playmobils, cailloux…) : la pratique de la DME n’empêche donc pas en soi que bébé fasse cela, ce que j’avais eu tendance à croire avec ma première enfant. Cela dit, cette période a tout de même été assez brève pour le second aussi, et, surtout, je le savais parfaitement à l’aise (vidéo) pour mettre en bouche, goûter, et recracher, et n’ai donc pas éprouvé de stress à le voir faire, la manipulation des aliments ayant fait office d’entraînement.

Nous avons commencé progressivement tout de même avec l’introduction de chaque nouvel aliment, en attendant 3 jours entre chacun pour savoir lequel était en cause en cas d’allergie. Et puis, pour me rassurer, j’ai quand même fait aussi quelques purées. Comme elle mangeait de toutes petites quantités, je les congelais dans un bac à glaçons, ce qui permettait de n’en dégeler qu’un cube à chaque fois. Mais surtout, nous lui avons donné tout de suite de gros aliments qu’elle pouvait tenir dans sa main facilement et grignoter comme elle voulait. Tout d’abord des carottes cuites en bâtonnets, puis haricots verts, ensuite, chou fleur, fruits, grosses pâtes, pommes de terre, pain, poisson et viande en lanières… (2) Je souris en me relisant : l’introduction de purée en parallèle à la DME est en théorie parfaitement déconseillée : c’est là que l’enfant risque le plus de ne plus savoir comment gérer des substances si différentes, et donc éventuellement de faire plus de fausses-routes (avec le mixé ou l’aliment entier, d’ailleurs, l’un n’est pas plus sécuritaire que l’autre en soi). Après, cela reste la théorie, et tout s’est toujours bien passé chez nous. Ce qui m’intrigue plus, c’est le «pour me rassurer», car je ne parviens pas à me rappeler de quoi je voulais me rassurer. Je pense que, malgré ce que j’ai écrit dans le paragraphe suivant, le rôle de la diversification n’était pas encore suffisamment clair pour moi (je n’avais pas encore entendu Carlos Gonzalez (4)) Or, il s’agit uniquement de permettre à l’enfant de goûter aux saveurs et aux textures sur au moins 6 mois : c’est une découverte uniquement, et jusqu’à 1 an, le lait suffit parfaitement à combler les besoins nutritionnels de l’enfant. Gonzalez souligne le fait qu’il est nécessaire qu’à 1 an, bébé ait simplement goûté à tout.

En fait, dès qu’elle a eu goûté à toutes les choses habituelles, nous lui avons donné la même chose que nous mangions.

La DME, c’est rigolo (vidéo)

Jusqu’à un an, le lait reste le principal élément nutritif de l’enfant, le fait de lui donner d’autres aliments servant principalement à les lui faire goûter, à habituer progressivement son organisme, et à déceler d’éventuelles allergies alimentaires. Sachant cela, aucun stress. Jusqu’à 9 mois environ, on commence même par la tétée avant le repas, puis on inverse l’ordre progressivement, tout en sachant que peu importe la quantité ingurgitée. On continue l’allaitement à la demande en laissant l’enfant libre de goûter à ce qu’on mange. C’est vrai que jusqu’à un peu plus d’un an, Bibouille n’a pas mangé grand-chose… Son premier «vrai» repas (une assiette de pâtes, et non 1 ou 2 pâtes) a même eu lieu alors qu’elle avait 14 mois… mais elle s’est rattrapée depuis ! Il y a eu la période où elle n’a voulu que des bananes, puis celle où elle a englouti viandes et poissons, puis celle où elle n’en a plus voulu pour se rabattre sur les légumes, puis… Puis… en vrai, à présent qu’elle a 6 ans, je peux dire qu’elle est tout de même restée très sélective, et très réticente à essayer de nouveaux aliments ou textures, et, jusqu’à il y a peu, ne mangeant pas de grandes quantités. Au contraire de son petit frère, qui a très rapidement mangé de manière conséquente et variée. Mes «inquiétudes» de départ ont-elles joué ? C’est possible, mais j’ai tout de même tendance à penser que, pour une raison ou une autre, elle a toujours manifesté une grande sensibilité aux saveurs et aux textures, et que ce mode de diversification, lui permettant de se gérer, de choisir, de ne pas être forcée… l’à bien aidée grâce à cette entrée dans la nourriture préservant le plaisir de se nourrir sans pression (car je n’ai, réellement, au quotidien, jamais été stressée le moins du monde par ce qu’elle mangeait ou non, puisqu’elle tétait), là où cela aurait pu devenir au moins conflictuel, sinon franchement difficile.

(1 an)

Ainsi, dès 6 mois, Bibouille a su porter à sa bouche, croquer, mâchouiller, recracher, remâchouiller, écrabouiller, re… ses aliments, qu’elle choisissait parmi ceux déposés devant elle. A cette époque, elle a commencé à boire de l’eau au verre, avec un peu d’aide pour le retenir, mais rien de plus. Un peu avant un an, elle a commencé à utiliser la cuillère avec une habileté croissante (elle la saisissait dans sa main pour nous guider, voir nous la prendre, dès qu’on la présentait devant sa bouche). Oui, c’est vrai, il faut, pendant un certain temps, se préparer à faire un peu de ménage par terre après chaque repas, mais avant ses deux ans, elle mangeait d’une manière assez proche de la nôtre, tant au niveau qualité que manière de faire, et le ménage est de plus en plus inutile (surtout qu’elle insiste pour passer le balai elle-même).  Nouveau sourire devant la cuillère présentée devant sa bouche… Nous n’avons pas fait cela pour le deuxième : voulait-il manger à la cuillère ? Qu’il fasse ! Préférait-il manger avec ses doigts ? Tout autant !

(7,5 mois)
(13 mois)

Et le gaspillage ? C’est la question récurrente. C’est vrai que si elle ne veut pas manger quelque chose, on insiste un peu pour qu’elle goûte « avec la pointe de la langue », ou au moins qu’elle sente, mais on ne l’oblige pas à en manger. Et son menu est le même que le nôtre. Donc soit l’un de nous finit son assiette, soit ça va au frigo avec les restes. Et les mauvaises habitudes ? Eh ! bien, plus le temps passe, plus on les cherche : plus le temps passe, plus elle mange de presque tout (et ses goûts évoluent sans cesse), seule, habilement… Son menu est plutôt équilibré, puisqu’il est le même que le nôtre, et même, en bonus, nous, adultes, mangeons bien mieux qu’avant. La plus mauvaise habitude qui a perduré le plus longtemps (avec les deux enfants, au final), est celle de devoir leur donner la béquée à la cuillère nous-mêmes. Or, il s’agit d’une habitude qui s’oppose totalement à la DME, qui conseille de ne jamais mettre soi-même la cuillère dans la bouche de l’enfant, et surtout de ne jamais faire l’avion, car l’enfant doit manger par faim et non pris dans un jeu qui détourne son attention. J’ai deux arguments pour ma défense : le premier est que, quand ils sont fatigués le soir et qu’on mange de la soupe, c’est plus rapide et plus facile pour nous aussi, de les aider. Pour peu que, les grands-parents n’y résistant jamais, ils aient essayé une fois, ce sont les enfants qui le demandent sans cesse, et l’habitude se prend vite, même si démarrée tardivement (possiblement vers 2 ans pour Bibou, qui, avant, préférait faire tout seul. Le deuxième est que, dans mes souvenirs d’enfance, j’étais parfois réellement trop fatiguée pour manger seule, cela me demandait une attention qui faisait que j’avais vraiment la flemme de manger et étais reconnaissante envers les adultes qui m’y aidaient. Et d’autant plus si cela s’accompagnait d’un jeu (chez nous, énumérer les «une cuillerée pour… les nombreux cousins»). Faire l’avion à mes enfants pour qu’ils mangent, je l’ai longtemps évité… Mais ils se le font même à eux-mêmes (vidéo), et puis me réclament tous les transports possible. Et je me dis qu’au fond, quand c’est ainsi et qu’il ne s’agit plus d’un petit bébé qui découvre, eh bien, c’est mené par l’enfant aussi… et que la parentalité ludique est primordiale sur tout le reste.

(A la fourchette, 13,5 mois)

Ainsi, la diversification menée par l’enfant laisse dire qu’on ne « fait pas manger » notre petit, mais que nous mangeons avec lui. Pas de disputes autour des repas, pas de stress, pas de temps de préparation supplémentaire, pas d’argent dépensé en petits pots ou autres, pas non plus de temps à patienter, puisque nous mangeons en même temps… Ainsi, cette « diversification » dont l’idée m’a tant stressée avant que je la mette en œuvre, alors que j’appréciais de ne rien préparer grâce à l’allaitement exclusif, et alors que je me demandais si et comment ma fille s’alimenterait correctement, s’est faite progressivement, à ma propre surprise. Pas tous les jours au début, puis de plus en plus fréquemment, simplement en arrêtant de me poser des questions, et en suivant ce que mon enfant manifestait.

(Comme une grande, 2,5 ans)

Une dernière vidéo pour rire un peu…

  1. « Un bébé risque moins de s’étouffer s’il on le laisse contrôler ce qui rentre dans sa bouche que lorsqu’on le nourrit à la cuillère, et ceci parce qu’un enfant n’est pas capable de déplacer les aliments de l’arrière de sa bouche vers sa gorge tant qu’il ne sait pas mâcher. Et un bébé ne saura mâcher que lorsqu’il aura appris à saisir les aliments et à les porter à sa bouche. » (diversificationalimentaire.com)
  2. https://bebemangeseul.com/tag/gag/
  3. Schéma d’introduction : https://www.borstvoeding.com/bijvoeding/schema/frans.htm
  4. https://grandissons.org/?p=202

Découvrir une langue en famille : les ECHO reprennent !

En cette rentrée 2018, nous démarrons notre quatrième années d’ECHO !

Un peu d’histoire 

A l’origine, il y avait les APPEL. Il s’agissait de rencontres organisées par Grandissons entre personnes de même langue. Le groupe était invité à préparer quelques activités pour leurs enfants grandissant dans un contexte plurilingue, afin de leur offrir un lieu et des interlocuteurs supplémentaires pour pratiquer leur langue minoritaire. C’était également l’occasion pour les parents expatriés de trouver un lieu d’échange et de pratique de leur langue maternelle. En 2013 ont ainsi eu lieu quelques APPELS italiens, espagnols, anglais et allemands. Ils sont actuellement en pause, mais Grandissons aura plaisir à mettre en contact les personnes de même langue qui souhaiteraient redémarrer de tels groupes de rencontre.

https://grandissons.org/?page_id=408

A cette période, il nous a été demandé à plusieurs reprises de proposer des cours d’anglais également pour les enfants qui ne grandissaient pas dans des familles bilingues… Et c’était vrai que ces rencontres où les enfants bénéficiaient de jeux et de chanson dans une autre langue que le français donnaient envie…

Éclosion

C’est ainsi qu’en réponse aux APPEL naquirent les ECHO. L’idée était que tous les enfants soient conviés à venir rencontrer une nouvelle langue, culture, pays… de manière ludique et conviviale. Enfin non : pas une nouvelle langue, mais des nouvelles langues. D’une part parce que Grandissons n’a pas vocation d’enseignement, et d’autre part parce que notre volonté, c’est l’ouverture, le partage, l’échange. Ainsi, favoriser l’anglais ne nous a pas semblé un choix judicieux, parce que c’est la langue que nos enfants rencontreront partout, se verront enseignée dans tous les cas, et apprendront très certainement quoi qu’il arrive. Au contraire, c’est le goût des langues, l’ouverture des oreilles vers leurs mystères, l’éclosion des esprits vers les cultures variées dans lesquelles elles sont enracinées, que nous avons souhaité communiquer aux enfants et à leurs familles. Et c’est même pour cette raison que la langue dévoilée chaque mois reste jusqu’au dernier instant secrète : afin que la curiosité de chacun demeure intacte et ouverte à tout ce qui pourra être entendu et découvert ce jour-là…

Les ECHO

C’est donc ainsi que sont nés les ECHO à la rentrée 2014, tout d’abord à la Maison des Associations Garibaldi, et, depuis bientôt 2 ans, à l’Ecole des Parents, avec la collaboration et le soutien de Manuel Vivalda, qui nous permet de rencontrer de nouvelles familles.

Ces ateliers sont gratuits, ouverts à toutes les familles curieuses de découvrir de nouvelles langues et de nouvelles cultures. Ainsi, un vendredi par mois, une nouvelle langue-surprise est dévoilée par un locuteur à travers des jeux, des chansons, des histoires, des images…

Nous souhaitons que désormais les enfants de tous âges se sentent bienvenus, accompagnés de leurs familles.

Au fil des années nous ont été présentés : l’Allemagne, le Japon, l’Espagne, la Côte d’Ivoire, la Finlande, le Royaume-Uni, l’Italie, Nice (et le nissard), la Pologne, le Portugal, le Maroc, la Grèce, la Suède, le Brésil, Madagascar, les Etats-Unis, l’Algérie, la Russie, la Hollande, la Serbie… je crains d’en oublier !

Nous avons dansé des danses traditionnelles, vu des vidéos, appris des mots et entrevu des alphabets, peint, colorié et dessiné, lu des livres, regardé des photos, entendu des musiques, goûté des mets délicieux, beaucoup ri, et rencontré bien des gens.

Les locuteurs animateurs

Eh oui, chaque mois, nous recherchons une personne qui accepte de venir présenter sa langue, son pays et sa culture aux enfants et à leurs familles, lors de cet atelier d’environ 45 minutes, à travers des images, des présentations sur ordinateur, des livres, des gestes, des jeux, des danses, des objets, des saveurs… Une trame vous est proposée pour vous aider à la préparation, ainsi qu’un contact mail, téléphonique ou en rencontre directe pour ceux qui le souhaitent. Tout le monde peut le faire, si si, chacun de vous a beaucoup à offrir au petit groupe qui se constitue mois après mois de fidèles et de nouveaux curieux. Toutes les langues, tous les pays, qu’ils nous aient déjà été présentés ou non, sont les bienvenus !!

L’idée reste que, public et animateurs viennent pour le plaisir de partager leurs connaissances et de découvrir celles qui leurs sont offertes. Chacun apporte ce qu’il a comme il est, le plaisir est le maître-mot, lié à la valorisation de chacun.

En savoir plus

Questions et renseignements : grandissons@yahoo.com

https://grandissons.org/?tribe_events=echo-24

 

 

Présentation d’Alexandra

Je suis Alexandra,d’origine roumaine et maman heureuse d’un petit garçon qui s’appelle Edouard. Passionnée par le monde de la petite enfance,même avant d’être maman ,je me suis diplômée en tant qu’auxiliaire de puériculture. Ouverte d’esprit et qui adore papoter:); Grandissons m’a permis de rencontrer des parents avec qui j’ai pu échanger sur la parentalité bienveillante,l’allaitement,le portage physiologique et le bilinguisme.

Présentation de Kristel

Moi, c’est Kristel, la maman d’Émilie, née en septembre 2006 et de Clément, né en août 2013.

J’ai découvert Grandissons et tout ce qui va avec (à commencer par Lise, Fred et Marie 😉 ) au tout début de l’association, lorsque mon petit deuxième avait quelques mois à peine.

Grâce à toutes les rencontres faites à partir de ce jour de Grande Tétée(1), j’ai découvert un nouvel univers (le mot n’est pas trop fort) qui m’a permis de profiter pleinement de mon rôle de maman. Jusque là, j’avais trop étouffé mon ressenti, persuadée que les autres, les parents « confirmés », les professionnels de santé, savaient mieux que moi quels étaient les bons choix.

Maintenant, je sais qu’il n’y a pas de bons choix, mais qu’il y a mes choix : ceux qui me font écouter les besoins de mes enfants, ceux encouragés par mon intuition.

Clément a plus profité du maternage proximal que sa grande sœur : cododo, portage, langage des signes, DME, allaitement (très) long…

Mais elle profite quand même de ces découvertes, ne serait-ce que pour l’exemple, mais surtout parce que je suis plus à l’écoute de ses émotions et de ses sentiments, que j’accueille avec bienveillance et que je respecte.

Alors, vive le partage, les échanges et les découvertes ! Et vive les enfants ! On a tellement à apprendre d’eux…

 

(1) La Grande Tétée est une rencontre annuelle pour la promotion de l’allaitement maternel.

 

Matelas et coques

(Par Floriane R.)

La coque auto est un objet incontournable pour faire voyager bébé en voiture. Il s’agit du moyen le plus sécuritaire de protéger bébé dès la naissance et jusqu’à 18 mois-2 ans selon le poids du bébé (13 kg pour les sièges aux anciennes normes) ou sa taille (selon la nouvelle norme I-size qui entre en vigueur). A noter que, selon cette nouvelle norme, le dos à la route est obligatoire jusqu’à 15 mois. L’association Sécurange, elle, le recommande jusqu’à 2 ans, et l’encourage jusqu’à 4 ans et plus, dans la mesure où le risque de blessure grave est divisé par 5 en cas d’accident.

Choisir une coque sécuritaire, assez vaste pour être utilisée plusieurs mois, composée de matériaux aussi peu nocifs que possibles… peut se révéler une tâche longue, difficile et fastidieuse. Voici les résultats des recherches effectuées par Floriane en ce mois d’avril 2018 (relevons toutefois que  les nouveaux crash-tests de mai 2018 peuvent avoir révélé des modèles qui ne sont pas présentés ici). Pour voir le comparatif, cliquez sur l’onglet « coques » dans le document Excel)

 

Que l’on décide de faire dormir bébé dans un lit à barreaux ou sur un matelas au sol, ou que l’on souhaite l’installer dans son « lit de grand », le choix du matelas a également son importance, en ce qui concerne sa matière, sa densité, les matériaux qui le composent… Pour voir le comparatif de matelas pour bébés et jeunes enfants, cliquez sur l’onglet « matelas » dans le document Excel.

Comparatifs

Ressources : https://www.securange.fr/reglementation-i-size

La fessée : un étrange débat

(par Lise)

En ce 22 décembre 2016, la loi interdisant « tout traitement cruel, dégradant ou humiliant, y compris tout recours aux violences corporelles » était votée (avant d’être, malheureusement, annulée). Aussitôt, les réactions fusaient. Et à chaque fois qu’il en est à nouveau question, cela recommence.

En cette fin d’année, j’ai eu la mauvaise idée de dépenser mon temps sur des forums évoquant cette loi. Beaucoup des réactions s’opposent à celle-ci et s’en indignent. Les mêmes arguments reviennent sans cesse, ceux qui tentent de donner un autre point de vue se fatiguent et se font rares. Ne pas répondre, me dis-je, c’est laisser penser qu’on donne raison à ceux qui s’élèvent contre l’interdiction des châtiments. Répondre, c’est s’exposer à s’épuiser à tourner autour des mêmes arguments fallacieux et catégoriques. J’ai envie de m’exprimer ici une fois pour toutes sur ceux qui reviennent le plus souvent.

Et cela d’autant plus que je n’arrive que très exceptionnellement, sur les forums, à obtenir de réponse, l’expression de mon opinion se heurtant immédiatement à une insulte, une menace, ou, au mieux un « je fais ce que je veux avec mes enfants. »

C’est bien beau, d’interdire la fessée, mais ce n’est pas ce qu’il y a de pire, une petite fessée, c’est pas si grave par rapport au reste…

(ou : « Donner une fessée, c’est pas taper, faut pas exagérer non plus ! »)

Elle est stupéfiante, cette levée de bouclier contre l’interdiction de « la Fessée », oui, avec la majuscule ! La sacro-sainte « Fessée-que-nous-avons-tous-reçue-étant-enfant-et-on-remercie-nos-parents-parce-que-sinon-on-ne-serait-pas-ce-qu’on-est-devenus-et-ça-fait-pas-de-mal-une-bonne-fessée-quand-c’est-mérité-et-d’ailleurs-on-n’en-est-pas-mort-et-on-en-donnera-aussi-à-nos-enfants-quand-ils-la-mériteront-pour-ne-pas-qu’ils-deviennent-des-enfants-rois-ou-des-délinquants ». Sur les arguments un à un, je reviendrai plus tard.

Mais sur le terme « fessée », j’interviens d’entrée. Est-ce un hasard si la plupart des médias la mentionnent en titre (mis à part le Monde et l’OVEO), évoquant seulement une « interdiction de la fessée ? » Je me surprends pourtant à croire (à rêver), que s’il avait été davantage fait mention de « violences corporelles », voire de « violence éducative ordinaire », les réactions auraient été moins vives… Alors que cette fessée est si simple, si classique, si habituelle, si connue, qu’elle s’élève comme le symbole du geste que tout adulte a reçu dans son enfance et peut (doit) destiner à tout enfant qu’il souhaite éduquer. La fessée comme allégorie de l’autorité. Ainsi, elle est si ancrée dans le vocabulaire et dans les actes qu’il semble essentiel de la défendre. Il faut fesser les enfants pour les éduquer comme il faut manger pour grandir. La certitude est si grande que la remise en question est à la frontière de l’impossible.

Quoi qu’il en soit, pour rétablir les faits, la fessée n’est en effet qu’un détail parmi d’autres, et la loi fait état de «  tout traitement cruel, dégradant ou humiliant, y compris tout recours aux violences corporelles », cela incluant par exemple les violences verbales et psychologiques (crier, injurier, se moquer, humilier, mentir, menacer, culpabiliser, rejeter, chantage affectif…), les violences physiques (gifler, fesser, pincer, tirer les oreilles ou les cheveux, donner des coups de pied, secouer, saisir brutalement, bousculer, pousser, contraindre l’enfant dans une position inconfortable, le priver de nourriture…) (1)

En attendant, bien peu débattent sur les autres formes de violences mentionnées ci-dessus, et on évoque encore moins leurs alternatives

 

Loi ou pas loi si mes enfants méritent une fessée ils en auront une ! C’est de l’éducation ! Et si le gouvernement n’est pas content, il n’aura qu’à prendre mes enfants lui-même pour voir s’il fait mieux, et me mettre en prison, tiens !

(ou « Qu’ils aillent se faire voir ailleurs ou se faire foutre chez les Talibans…toutes ces lois stupides et ineptes qui sont votées par des incapables se gavant à volonté sur notre dos tout au long de l’année…c’est à eux qu’on devrait leur botter les fesses!!! »)

Non, cette loi n’est pas assortie de sanction (elle appartient au droit civil), et personne ne vous enlèvera votre enfant si vous lui donnez une fessée. Je pense que tout son intérêt est d’inciter à la réflexion et de faire peu à peu changer la norme et la pensée ancrée et irréfléchie qui consiste en l’argument « j’en ai reçu et ça ne m’a pas tué »…

Punir pour montrer qu’il ne faut pas punir aurait là aussi quelque chose d’illogique (j’allais écrire et d’infantilisant, mais… j’ai un souci, parce ce terme a un sens bien négatif qui ne devrait pas non plus concerner les enfants).

Cependant, il peut être intéressant d’observer combien les adultes affirmant avoir grandi parmi les punitions et autres châtiments s’intéressent aux conséquences que pourrait avoir une désobéissance, plutôt qu’à l’intérêt intrinsèque de la règle. Voilà donc ces mêmes adultes qui souhaitent inculquer des règles à des enfants qui se devront de leur obéir à tout prix, et qui, lorsqu’il s’agit d’eux-mêmes n’hésitent pas à écrire en public qu’ils « emmerdent la loi » et ne la respecteront pas, puisque de toute façon, personne ne viendra vérifier chez eux. L’exemple parle de lui-même : en faisant obéir par la crainte, on enseigne à éviter l’objet de la crainte. Respectez-vous les limites de vitesse par peur des radars, ou parce qu’il vous semble essentiel de ne pas mettre en danger la vie d’autrui par une conduite qui peut être dangereuse ? Souhaitez-vous que votre enfant ne vous tape pas parce qu’il a peur que vous ne le retapiez plus fort, ou parce qu’il a compris qu’il peut vous faire mal et souhaite l’éviter ?…

Pour moi, cette loi a surtout pour rôle d’encourager à s’informer sur les autres méthodes éducatives qui existent… Pas de châtiment ne signifie pas absence de cadre éducatif. Pourquoi opposer autoritarisme et laxisme comme si aucune voie n’existait au milieu ? (2) et (3)

 

Hors de question que je laisse mon enfant faire tout ce qu’il veut, genre taper des crises en public, ou lever la main sur moi.

(ou « Fessé et rien a foute qu’on me juge quand je sort j’ai juste a leur dire si ils font un caprice on rentre fessé et au lit ou juste mon regard ils sont compris ces quand même plus agréable de sortir en ville faire ses course av des enfants calme quand j’en vois dans les magasins qui se roule au sol et le parents dit rien ben la zute!!!!! »)

Ah, le spectre de l’enfant tout puissant et malfaisant ! Voilà un leitmotiv qui montre une véritable angoisse des parents envers leurs enfants. Ils veulent s’en faire craindre pour cesser de les craindre, pour ne pas « risquer un jour » que ces petits êtres prennent le pouvoir, et aussi pour ne surtout pas risquer que quiconque pense que leurs enfants sont « mal élevés »…

Il est primordial de s’informer sur le développement et le fonctionnement du cerveau de l’enfant. Ainsi, un enfant qui fait une crise dans un magasin le fait par incapacité à maîtriser ses émotions et la frustration, de par l’immaturité de son cerveau. Cela peut arriver à tout jeune enfant fatigué, quand le parent, adulte censé être mature, n’a pas bien géré l’horaire ni la façon de l’accompagner (ce qui arrive à tout parent). Pas parce que l’enfant cherche délibérément à embêter. On peut chercher des idées pour contourner cela, comme lui confier des tâches pour aider aux courses, et si l’enfant a très envie d’un objet, on le prend en photo pour s’en rappeler, et s’il y a litige, on discute, et ainsi de suite, jusqu’au non ferme, qui peut aussi être un moyen de survivre aux courses, et d’en reparler plus tard. (4) (5) (6)
Et, parmi les enfants et moins jeunes que je côtoie, je ne crois pas en connaître parmi ceux qui ont été élevés dans le dialogue, le respect et l’exemple, qui aient tendance à lever la main ou insulter quelqu’un (y compris leurs propres enfants). Je ne réussis donc pas à comprendre ce qui fait craindre (mis à part, peut-être, ce fameux amalgame non-violence/laxisme) qu’un enfant qui ne recevrait pas de châtiments devienne violent.

 

On se prépare une génération de délinquants. Il n’y a qu’à voir, déjà, tous ces jeunes d’aujourd’hui chez qui des claques se perdent.

(ou « Y en a quelques un que j’aurais puni en leur flanquant une bonne fessée pour leur aprendre a se taire devant un adulte et le respecter mais d’une c’est interdit et de deux y a des meres un peu bebete qui soutiennent leurs enfants indisciplinés faudras pas qu’elles s’etonnent si a 13 ou14 ans elles se prennent des baignes par leur ados car ce sera de leur faute je trouve que c’est inquiétant la génération qui arrive. »)

C’est à mon sens un raccourci rapide que de dire que les jeunes difficiles le font parce qu’ils ont manqué de punitions et fessées, plutôt que de vérifier s’ils ont bénéficié d’encadrement, de respect, de soutien, de dialogue… Le laxisme m’apparaît en effet comme une autre forme de maltraitance, mais n’est pas la seule alternative à l’autoritarisme…

Cela revient à dire : « regardez ce cerisier, il est planté dans du sable, n’a jamais été arrosé, n’a pas été greffé. Et il ne donne pas de cerises parce qu’on ne lui a pas mis d’insecticide ! »

Je crois en effet volontiers que certains enfants ayant reçu fessées et punitions grandissent d’une manière épanouie et équilibrée MALGRE ces dernières, et grâce à un cadre éducatif soutenant, enrichissant et structurant. De même que, parmi les jeunes qui se sont tournés vers la délinquances nombreux sont ceux qui l’ont fait MALGRE nombre de fessées, punitions, avilissements et autres coups. Bref, par quel raccourci de pensée peut-on lier ainsi facilement délinquance et absence de châtiment corporel ? Oh, je le comprends bien : parce qu’à celui qui nous insulte, menace, méprise, on a envie de donner un coup… mais enfin, réfléchissons en toute bonne foi ; il s’agit là d’un mouvement impulsif de notre part, et pas réellement de ce dont l’autre a « besoin » pour changer son comportement !
L’enfant n’est pas roi, et, si on prend le temps d’observer la journée d’un petit d’un autre regard, il est soumis sans cesse à des contraintes (on sort, on rentre maintenant, habille-toi comme ça, mange cela…) pour très peu de liberté et de choix. Lorsqu’il manifeste son désaccord, on peut estimer la manière dont il le fait inadaptée et l’aider à en trouver une meilleure, sans y chercher de méchanceté de sa part.
C’est à nous, adultes matures qui décidons de tout et dirigeons tout, de donner à l’enfant les clés et l’exemple pour devenir respectueux à son tour. On ne se considère pas comme son égal dans les droits, on ne peut lui demander, alors qu’il est en pleine construction, d’être notre égal immédiatement dans sa compétence à gérer ses devoirs…

 

Si on ne peut même plus leur donner une fessée, et carrément pas les punir ou même utiliser le chantage, les enfants vont se croire tout permis, faut quand même qu’ils sachent qui est-ce qui commande !

Il semble que nombreux soient les parents qui croient qu’il n’existe que deux formes d’éducation : autoritaire (accompagné, donc de toutes les sanctions jugées nécessaires) et laxiste (qui consisterait, selon certains, à se contenter de ne pas utiliser ces sanctions). Au milieu, pourtant, une large bande est à explorer.

Mais si l’on définit comme « roi » celui qui estime que ses désirs doivent passer avant ceux d’autrui, que son entourage devrait être adapté à ses souhaits et ne pas le déranger, et qu’il faut lui obéir sans argumenter, mais juste parce que « c’est comme ça et ce n’est pas autrement »… n’apparaît-il pas un grand nombre d’adultes-rois, qui souhaitent garder ce pouvoir et cette possibilité d’être le principal acteur de toute situation qui, peut-être leur avait fait défaut quand ils étaient enfants ?

C’est encore une fois par l’exemple qu’ainsi, ils montrent à leur tour que les rapports de force sont essentiels dans la relation, qu’il faut un chef et que celui qui ne l’est pas doit se montrer soumis. C’est pourquoi ces adultes qui pensent que l’on est soit celui qui soumet soit celui qui est soumis ont peur de se retrouver dans la deuxième position, n’imaginant pas la solution gagnant-gagnant, où chacun se sent écouté, où le dialogue a toujours sa place, où chacun s’offre la possibilité de se remettre en question, et où il n’y a pas combat mais discussion.

 

Quand elle est méritée, une bonne fessée ne fait pas de mal, ça remet les idées en place.

Que veut dire mérité, qui juge du moment où c’est « mérité », de la force à laquelle on peut taper, du moment où c’est « trop violent » pour celui qui la reçoit ? Et qui décide de quand ça fait mal/du mal ?
Personnellement, il m’arrive d’être exécrable, levée du pied gauche, sans patience, susceptible, un peu acerbe dans mes propos envers mon entourage… Pas vous ? Vous croyez que, dans ce cas, une claque me remettrait les idées en place ? Ou à vous, ou à votre conjoint ? Jusqu’à quel âge cela fonctionne-t-il ?

Et puis, surtout, les études réalisées ces dernières années par des neuroscientifiques, sociologues et autres médecins montrent que SI, une fessée peut faire du mal. Ainsi, elle freine le bon développement de l’enfant, et, plus l’enfant en reçoit tôt, plus il est susceptible d’être agressif, déprimé ou anxieux par la suite, elle a des répercussions à l’âge adulte concernant le risque de suicide, de maladies graves, de violence… Tous les détails de ces études sont ici. (7)

A ceux qui répondront « j’en ai pourtant reçu et je vais très bien », au-delà de les inviter à se pencher sur chacune des causes de leurs difficultés éventuelles et à vérifier si véritablement rien de cela ne les a touchés, je demanderai s’ils sont prêts à courir le risque avec leur enfant, même s’ils estiment qu’il y a une chance pour que ceux-ci ne souffrent d’aucune de ces conséquences. Mais surtout, je ne pourrai pas m’empêcher de manifester ma surprise : comment peut-on affirmer que recevoir des châtiments ne cause en aucun cas de la violence, quand on est soi-même en train de défendre corps et âme son droit à châtier, à taper, à punir, son enfant plutôt que de chercher d’autres solutions ? Si elle ne devait causer qu’un seul tort, la fessée aurait celui d’être extrêmement reproductible en toute bonne conscience par la génération suivante…

 

Chacun fait ce qu’il veut chez lui ! Et j’élève mes enfants comme je veux !  

(ou « Ils peuvent avoir voter cette loi…. j m’en tape royal !!! Si mes enfants en méritent 1 ils l’auront !! Et celui qui n’est pas content j l’emm….. »)

Une des raisons qui me convainc que l’on doit s’interdire toute tape est ma propre expérience : je tends à être non violente, mais quand ma fille a montré une période pénible d’opposition vers 2-3 ans, je l’ai tapée sur la cuisse. Et elle s’est calmée, ça a marché (tout en me lançant un regard glaçant) S’en sont suivis quelques jours où, malgré mon aversion théorique pour tout châtiment corporel, cela s’est reproduit : cela avait tendance à partir de plus en plus tout seul. Ça fonctionnait (enfin, sur le moment, mais pas pour de bon, sinon jamais il n’y aurait eu besoin de recommencer), ça me défoulait (enfin, jusqu’à ce que je culpabilise), et ça me libérait de mon impulsion ! Sauf que… Ma fille était de plus en plus rebelle, me lançait ses regards froids, et je ne me maîtrisais pas, alors que c’était ce que j’exigeais qu’elle fasse. Et je me suis dit stop. Se dire qu’on peut donner une fessée de temps en temps est une porte trop dangereuse et trop grande ouverte (et facile, mais inutile) Dire qu’une fessée peut échapper lorsqu’on a eu très peur par exemple, c’est ouvrir une fenêtre. Alors a posteriori, certes, cela arrive et on doit pouvoir se le pardonner, mais a priori, NON, toute forme de violence envers tous doit être proscrite, quoi qu’il arrive… Et quoi que plus fatigants peut-être, tous les moyens qui ne sont pas punition et fessée sont plus valorisants, plus efficaces à long terme et plus logiques en fait qu’une fessée…

Nos enfants sont des personnes tout entières. On fait ce qu’on veut chez soi avec ses casseroles et la couleur de son papier peint, mais pas avec les autres humains de la maison. Essayons donc de nous souvenir de notre propre enfance, essayons de nous mettre à la place de notre enfant. Informons-nous et profitons de toutes les sources et études qui peuvent nous soutenir. Lisons, par exemple Maurel (a), Filliozat (b), Faber et Mazlich (c), Gueguen (d), suivons des cours de parentalité… Car même en admettant que « l’on fasse ce que l’on veut avec ses enfants », encore fait-il savoir ce que l’on veut et pourquoi on le veut. Pour pouvoir affirmer que l’on fait un CHOIX, il faut s’être donné les moyens de réaliser ce choix en connaissance de cause, des alternatives et des conséquences.

Enfin, cette manière d’affirmer sa volonté de « faire ce que l’on veut » de manière péremptoire et impérieuse a un côté… qui ne peut que m’évoquer la royauté dont les enfants sont accusés de vouloir se saisir. Or, ici, celui qui veut faire tout ce qu’il veut comme il veut, y compris au détriment d’autrui, celui qui veut prendre et garder le pouvoir, qui souhaite à tout prix être obéi et se refuse à être dérangé par quiconque sous peine de lui en faire subir les conséquences, n’est-ce pas, une nouvelle fois, le parent-roi ?…

 

J’ai reçu des fessées quand j’étais petit, et je n’en suis pas mort, faut arrêter avec ces conneries !

J’ai du mal à concéder un sens à cette phrase, qui revient comme une litanie au fil des commentaires comme principal argument. Comme si ne pas mourir et ne pas tuer ses enfants était une aspiration et une fin en soi, qui suffise à tout justifier.

Je lis : j’ai reçu une fessée et je n’en suis pas mort, donc j’en donne parce que c’est nécessaire. Je constate : la fessée ne tue pas, mais le fait d’en avoir reçu offre aux adultes une légitimation à défendre publiquement un « droit » à lever la main sur leur enfant. Je déduis : le fait d’avoir reçu des tapes étant enfant laisse penser qu’il est logique de lever la main sur plus faible que soi tant qu’on estime avoir raison. Je conclus : c’est ce que celui qui en a reçu estime juste d’enseigner à son tour à ses enfants…

Car la génération respectueuse et non-violente n’a pas encore vu le jour, ni parmi nos ancêtres ni parmi nous… Ne serait-il pas tant d’essayer autre chose, au contraire ?

On ne meurt pas non plus de grandir dans le respect et la bienveillance.


Le gouvernement français fait n’importe quoi, ils verront ce que ça donnera quand ils auront créé une génération de délinquants.

… et dire qu’en Suède, ça fait 29 ans que cette loi existe, qu’elle a été votée déjà dans 51 pays du monde, que cela va faire 7 ans que cela figure dans les recommandations du Conseil de l’Europe… Les frontières de la France renferment-elles des personnes si différentes du reste du monde, ou font-elles office d’œillères ?
Oui, l’éducation autoritaire peut fonctionner. Mais pour autant, ce n’est pas la seule ni, de loin, la plus respectueuse.

 

Ca fait des générations que l’on éduque les enfants comme ça, et tout va bien !

(ou : « Je considère que s’il faut on est en droit de réprimander son enfant et la fessé est la plus vieille des punitions et non la plus douloureuse il faut arrêter de dire que ca humilie l’enfant sous prétexte que le pauvre chéri prend une punition. »)

Notre société est en souffrance, il y a des guerres un peu partout dans le monde. Cette loi n’a pas pour vocation d’être punitive pour quiconque. Juste d’alerter sur ces rapports humiliants, dévalorisants, qui n’équipent pas nos générations futures, mais leur transmettent notre impuissance à créer d’autres façons de faire plus dignes. C’est un chemin, pas une règle ou une panacée.

 

Éduquer et légiférer ne s’accordent pas à merveille : information et éducation des parents seraient le pivot essentiel : je suis POUR l’éducation à la bienveillance.

 

Nb : les commentaires en italique sont copiés-collés de commentaires Facebook et sous les articles traitant de la question.

 

De belles sorties à Nice avec son tout-petit

par Lise

Parmi les choses qui peuvent être difficiles quand on garde son nourrisson/bébé/enfant toute la journée, il peut y avoir le fait de se sentir seul·e (comprendre « sans conversation adulte »), et sans programme pré-établi dans la journée. Et cela peut donner une sensation de vide abyssal, tant on est habitué·e depuis toujours à avoir des journées cadrées et organisées heure par heure. C’est ce cumul (solitude, absence d’horaires et demandes de la part de l’enfant) qui rend les choses compliquées.

En fait, d’après mon expérience personnelle, j’ai remarqué que dès lors qu’on avait une activité prévue par jour, et de préférence en compagnie d’autres adultes (pour nous) et d’autres enfants (pour bébé), tout devenait bien plus facile. Alors oui, on a tôt fait d’avoir l’air de passer son temps à boire du thé avec des ami·es ou de profiter du soleil dans un parc. Mais tout d’abord, cela n’est pas réellement du repos, puisqu’on a toujours l’œil aux aguets et l’attention captivée par ce que fait Petit-être, et d’autre part, tout le travail d’organisation qu’il y a derrière cela n’est pas non plus si simple, surtout au début. Ensuite, c’est vrai, l’effet sortie-rencontre-sortie peut faire boule de neige. Et c’est très bien comme ça ! S’occuper de son enfant /occuper son enfant/s’occuper, quand cela se rejoint, c’est l’idéal.

Je souhaite donc proposer ici une liste des activités gratuites ou peu chères que j’ai testées à Nice. La liste est loin d’être exhaustive, puisque je ne mentionne que les activités régulières sur l’année et que j’ai personnellement testées.

 

La Maison des Parents Galléan, la Marelle (ainsi que les autres ludothèques de la ville de Nice)

Lors de la première visite, il faut prendre rendez-vous pour un petit entretien, puis on peut s’y rendre quand on veut dans les demi-journées ouvertes aux parents et à leurs enfants de moins de 6 ans. Il y a là des jeux variés, une petite aire de motricité, et surtout beaucoup d’autres enfants et leurs parents. Et, à partir de « quel âge a-t-il/elle ? » « Oh, quel joli t-shirt ! », on peut très souvent faire des rencontres sympathiques, échanger ses coordonnées, et trouver plaisir à voir nos enfants jouer ensemble. Il y a également des professionnel·les souriant·es et sympathiques, qui sont là pour échanger quelques mots si on le souhaite, donner quelques conseils aux parents en demande, etc.

 

Mirabelle (prix à vérifier)

C’est une « Maison Verte » (en lien avec la philosophie de Françoise Dolto). Là aussi, après un premier entretien, on est accueilli par une ou deux personnes, prêtes à venir discuter si on le souhaite, ou bien on peut rester assis sur les banquettes autour de la salle pendant que les enfants jouent avec les porteurs, cuisine, petite maison et surtout l’énorme piscine à balles multicolores.

 

L’Ecole des Parents 

Elle propose des rencontres et des activités mensuelles pour parents et jeunes enfants. J’ai particulièrement apprécié les cours de préparation à la naissance, qui sont à la fois l’occasion de rencontrer d’autres couples (y compris certaines personnes dont les enfants sont par la suite devenus ami·es des miens), et celle d’obtenir de riches informations auprès de la sage-femme Laurence dans un cadre vraiment chaleureux. Plus tard, j’ai beaucoup aimé les séances de massages avec bébé, encore une fois l’occasion de rencontrer d’autres parents, et surtout de partager avec son petit bébé (jusqu’à 9 mois) un moment privilégié à renouveler à volonté à la maison, sous les conseils bienveillants d’Isabelle. Pour les plus grands, les ateliers ECHO de découverte d’une langue et d’une culture en famille. Et encore de nombreux ateliers auxquels je n’ai pas eu l’occasion de participer. Le tout organisé par Manuel, dont le chaleureux accueil et la manière de donner vie au lieu sont un plaisir à chaque visite.

Les parcs de jeux

Avant leurs premiers pas, il peut déjà être sympathique d’amener nos enfants dans ces aires, où ils auront plaisir à regarder les “grands” jouer, et où nous pourrons côtoyer d’autres parents. Ou même de donner rendez-vous à ceux que nous connaissons déjà. Et dès qu’ils savent courir, c’est souvent un des endroits de prédilection des petit·es. Il peut vite devenir très naturel de lancer « ça te dit de venir goûter au parc cet aprèm? », et de se retrouver en groupes à discuter sans voir le temps passer.

Nb : seuls les plus grands parcs figurent sur ce site, il y a de nombreux autres petits parcs de quartier dans Nice…

Les rencontres de Grandissons

Plusieurs rencontres régulières sont proposées. Par exemple Papotons à Cagnes-sur-Mer, dont le but est avant tout de permettre aux parents de se rencontrer, de partager leurs questionnements et expériences et de passer un bon moment ensemble. Les rencontres Parlons Naissance permettent aux futurs et jeunes parents d’échanger sur le thème de la grossesse, de l’accouchement et des premiers moments avec bébé. Les réunions allaitement, alternées avec les réunions de la Leche League ont pour objectif de s’informer et d’échanger sur cette question. Un peu moins régulières, les rencontres Entre Parents n’ont pas de thème précis mais offrent un lieu pour parler du quotidien et de la parentalité… D’autres rencontres ponctuelles sont proposées dans l’année.

La bibliothèque

La bibliothèque Nucéra, près de la place Garibaldi, contient un espace enfants séparé, qui permet aux petits d’évoluer parmi les livres librement. Il y a un coin pour les tout-petits, et un coin ludothèque, de sorte que chacun y trouve ce qui lui convient le mieux. C’est un endroit très agréable pour une après-midi pluvieuse et pour rencontrer du monde. La ville de Nice offre également de nombreuses bibliothèques de quartier, qui comportent pour la pluspart également un coin pour les enfants.

 

Les bébés nageurs (7 euros par famille pour les Niçois)

Je vais finalement évoquer aussi deux activités payantes, mais je trouve vraiment qu’elles valent le détour. Pour ma part, je n’ai testé que celle de Saint-Roch. La piscine est chauffée à 32 degrés, (on se croirait dans son bain !), Célia, la maîtresse nageuse est chaleureuse et entrainante et les jeux flottants et colorés donnent une atmosphère festive… Là aussi, il pourra être agréable d’échanger quelques mots avec les parents ou leurs enfants, de 5 mois à 3 ans (mais les frères et sœurs aîné·es sont bienvenus).

En passant, la piscine en général est une sortie que j’apprécie avec les enfants, qui sont toujours contents. Pour peu qu’on cherche un horaire proche des bébés nageurs ou du cours pour femmes enceintes, on peut aussi trouver la piscine bien chaude.

Le cinéma parent-bébé (5 euros par adulte).

Au cinéma Mercury, place Garibaldi à Nice, une séance mensuelle spéciale est proposée aux parents accompagné·es de leur enfant âgé·e de moins de 9 mois. La salle reste faiblement éclairée, le son est baissé, et les allers et venues sont tolérés. J’ai profité à fond de ces escapades avec chacun de mes enfants, regrettant seulement que les quelques mois où c’était possible passent si vite. Là aussi, j’ai fait de belles rencontres (qu’est-ce qui empêche de proposer en fin de séance d’aller prendre un verre ensemble aux autres parents présents ?), et passé de très agréables moments.

Le café-poussette Maman les P’tits bateaux

Créé pour être un lieu de rencontre, c’est un café dans lequel tout le monde est bienvenu. Une petite cuisine et autres jeux sont à la disposition des enfants, de bons gâteaux sont à la vente pour tous et l’accueil est chaleureux. Cela fait du bien de pouvoir s’installer à une table sans la crainte constante que son enfant ne dérange s’il se lève. Même les toilettes sont adaptées avec leur petite balançoire pour poser bambin pendant qu’il nous attend !

Si vous avez d’autres suggestions, n’hésitez pas à les laisser en commentaire !

La douloureuse réalité de la dépression prénatale

Par Sandra

Un matin de mon cinquième mois de grossesse, je me suis réveillée avec la sensation d’être allongée dans une minuscule barque secouée par une tempête. Je n’avais jamais ressenti de vertiges de ma vie et quand ils se sont progressivement intensifiés, l’angoisse m’a submergée. J’arrivais à peine à sortir du lit, la nausée fit rapidement place aux vomissements. Je ne savais pas ce qui se passait à l’intérieur de moi et je ne comprenais plus ce corps depuis quelque temps.

Il est tôt mais j’essaye d’appeler la sage-femme libérale, Madame L., qui me suit depuis le début de ma grossesse. Pas de réponse. Paniquée, je demande à mon compagnon de m’amener aux urgences. Nous arrivons, les tests habituels sont rapidement pratiqués (sang, urines, etc.) et le diagnostic de l’obstétricienne tombe : je n’ai rien, le bébé n’a rien, tout va bien. C’est juste une gastro. Une perfusion contre la déshydratation, et dans une heure, je pourrai retourner chez moi. Et les vertiges ? Ça arrive, faut pas s’inquiéter. On verra plus tard, si ça persiste, aller voir un ORL. Fin du diagnostic.

Enfin pas tout à fait. Tandis que j’essaye de me reposer pendant la transfusion, la sage-femme qui m’avait fait faire les tests préliminaires revient me poser quelques questions qui concernent cette fois-ci mon état émotionnel. Ces questions marqueront le début de ma délivrance. Je ne sais plus exactement ce qu’elle m’a demandé mais je me souviens avoir fondu en larmes.

Enfin, quelqu’un m’entend…

Car à chaque rendez-vous de suivi programmés avec Madame L., j’avais essayé de me faire entendre. Je lui avais signalé avoir déjà eu de la dépression ; je ne lui avais pas caché avoir vécu ma première grossesse en Angleterre comme une épreuve. Elle notait tout soigneusement dans un fichier Word et je n’utilisais pas d’euphémisme pour décrire mon état mental. J’utilisais le mot dépression car c’est un état que je reconnaissais pour l’avoir déjà vécu. Et durant cette deuxième grossesse, la dépression m’avait rattrapée. J’étais en larmes dès le réveil, j’avais du mal à me lever, j’étais agressive avec tout le monde ; je devenais absente à moi-même : le flux vital était rompu. Madame L. se cantonnera à me demander comment je perçois la situation sans rien proposer de concret. J’ai alors cru qu’il n’y avait rien d’autre à faire que souffrir (et faire souffrir mon entourage par la même occasion) en attendant l’accouchement. J’apprendrai pourtant plus tard qu’elle savait qu’il existe un service de suivi psychiatrique pour les femmes enceintes qui souffrent de dépression dans le même hôpital où j’ai prévu d’accoucher.

Aux urgences donc, pendant la perfusion, la sage-femme me pose des questions sur mon moral, elle est bienveillante, elle m’entend. Elle planifie tout de suite un rendez-vous et c’est ainsi que je rencontre donc la psychiatre du service gynécologique et obstétrique de l’hôpital.

Mon compagnon m’a accompagnée pour le premier rendez-vous avec la psychiatre et un protocole de soin a tout de suite été mis en place. Je commençai une psychothérapie, à raison d’une séance toutes les deux semaines, voire toutes les semaines au besoin, mais également, on allait m’administrer un traitement antidépresseur. Des médicaments pendant la grossesse ?! Voilà qui est contraire au discours qu’on entend à peu près partout. En discutant avec la psychiatre, je me suis rendu compte que le médicament que j’allais prendre, Z****t, est bien connu car il existe depuis longtemps, qu’il est souvent utilisé pendant les grossesses, et qu’il n’a pas d’effet tératogène. Une fois les bonnes informations en main et entourée des bonnes personnes, j’ai pu prendre mes décisions en toute connaissance de cause sans m’occuper des messages officiels. J’ai pu stopper ces sentiments d’impuissance et de culpabilité, et me soigner correctement.

Quel contrepied. J’ai alors eu la sensation qu’il est plus facile de nous faire passer le message sans nuance, « grossesse = zéro médicaments », du noir et blanc pour faire peur et dissuader. Et aussi que nombreux membres du personnel de santé s’accrochent à ce discours sans nuance pour se couvrir et éviter tout problème, au détriment de la santé de la mère.

Alors oui, au final, j’ai suivi un traitement pendant ma grossesse, des anti-dépresseurs, et des anxiolytiques, quand c’était nécessaire. Bien sûr, je ne l’ai pas fait n’importe comment ; j’ai été suivie par une psychiatre compétente jusqu’à la fin de ma grossesse (et même au-delà). Mon accouchement s’est extrêmement bien passé, mon bébé est en bonne santé, il n’a pas eu de symptôme de sevrage. Loin d’être déprimé, du haut de ses deux ans, mon petit R. est un garçon qui respire la joie et le bonheur… et qui aime faire rire toute la famille.

Il m’arrive encore de penser à cette sage-femme qui m’a entendue…et qui par sa bienveillance a fait basculer ma vie dans le bon sens, sans qu’elle le sache puisque je ne l’ai jamais revue. Où qu’elle soit, je pense à elle et je la remercie…

Si on parle de plus en plus de dépression post-natale, on parle beaucoup moins de dépression prénatale mais on commence à penser que l’une et l’autre sont aussi répandues. Les femmes enceintes doivent répondre à l’injonction d’être heureuses et épanouies, ce qui cache une certaine réalité : oui, on peut être en dépression et enceinte ! Mes deux grossesses ont été des moments douloureux à passer sur le plan psychique mais plus on osera en parler, mieux on soignera la dépression prénatale. Des solutions existent déjà mais elles ne sont malheureusement pas toujours simples à trouver. Si vous êtes dans cette situation, demandez à votre partenaire, un.e proche, un.e ami.e, de vous aider à trouver les bons interlocuteurs et professionnels de santé. Votre sage-femme ne sait peut-être pas tout…

Partage d’expériences, ou comment l’on peut faire confiance à nos enfants

Par Ariane

Mon Ecureuil a aujourd’hui six ans. Je la regarde grandir chaque jour et je me remémore les moments si importants qui ont jalonné sa vie, et notre relation à toutes les deux (ainsi évidemment que celle avec son père). J’accompagne de jeunes parents dans mon travail et je réalise à quel point, lors des moments difficiles, on imagine que cela n’ira jamais « mieux », que notre enfant ne dormira jamais la nuit, ne permettra pas de profiter de repas paisibles, nous semblera toujours dans l’opposition… (liste très loin d’être exhaustive).

Et lorsque je repense à ces passages difficiles et à leur résolution, je me rends compte que c’est l’Ecureuil qui a elle-même proposé les clefs de cette ouverture, soit on nous montrant les signes de ce qu’il fallait faire, soit en trouvant toute seule le chemin à prendre. Ces situations ont sans doute eu lieu maintes fois mais voici celles qui m’ont marquée. Je précise bien sûr, sur un gigantesque fond fluo, que mon but n’est ici que de partager mon expérience, pour peut-être rasséréner certains parents et éventuellement donner quelques idées, mais il va de soi que chaque enfant est différent, chaque contexte familial est particulier, et personne n’a de leçons à donner…

La fin de l’allaitement

J’ai allaité mon Ecureuil pendant un an et demi. Cela a été un réel plaisir, soutenue sans faillir et avec une grande bienveillance par le papa. J’adorais partager ce moment avec elle (et souvent lui), et je ne m’étais évidemment pas fixé de date de fin, mais au bout d’un an et demi j’ai éprouvé un grand besoin d’y mettre un terme ; l’Ecureuil réclamait constamment mon sein (elle n’a jamais eu de doudou sauf pour la crèche, et jamais de tétine non plus), et j’avais l’impression d’être l’objet d’une trop grande dépendance, enfin bref, il fallait que ça cesse. Mais j’étais très inquiète parce qu’elle tétait encore parfois la nuit (même si depuis ses dix mois elle dormait dans sa chambre sans problème), et je me disais que le sevrage allait être très dur pour elle. Je lui en parlé un soir, tout en lui donnant le sein, en lui expliquant que quelques jours plus tard elle allait devoir se passer de ce moment car il était devenu trop dur à vivre pour moi.

Incroyable mais vrai, cette Ecureuil qui tétait compulsivement mon sein depuis un an et demi, a d’elle-même et en quelques jours, arrêté de le demander. Je n’ai rien fait pour cela excepté lui faire part de mes difficultés, et elle m’a montré qu’elle m’avait entendue.

L’habillement

Comme la plupart des enfants, vers l’âge de deux ans, l’Ecureuil est passée par une période où elle ne voulait pas s’habiller. Les matins de départ en crèche étaient très difficiles à vivre pour moi parce que rien n’y faisait et je me suis retrouvée certaines fois à tenter de l’habiller de force, elle hurlant, moi aussi, pour un résultat évidemment insatisfaisant… Heureusement à cette époque-là je me suis intéressée à la parentalité ludique, en particulier à la lecture de « Qui veut jouer avec moi ? » de Lawrence Cohen. J’ai initié le « jeu du Bou » avec l’Ecureuil, que j’ai rapidement évoqué dans un précédent article. Elle voulait sauter sur son lit au lieu de s’habiller. Je lui ai proposé ce jeu : elle pouvait sauter, mais quand je disais « Bou ! », elle devait enfiler un vêtement. Elle était ravie, et en quelques minutes de rigolade, elle était habillée et prête à sortir, dans la bonne humeur, et surtout, sans altération du lien, ce qui est pour moi primordial : lorsqu’on ressent de l’agacement, voire de l’agressivité, envers son enfant, la relation s’abîme, ne serait-ce que temporairement, elle qui est pourtant si précieuse…

Elle a donc accepté ma proposition de solution avec plaisir et nous nous en sommes trouvées toutes les deux très satisfaites. Et bien sûr, comme inéluctablement les enfants grandissent, nous n’avons rapidement plus eu besoin d’avoir recours au jeu du Bou.

Les repas

Les repas ont été compliqués jusqu’à, je dirais, l’âge de 5 ans. L’Ecureuil descendait de table, remontait, gigotait dans tous les sens… Son père et moi n’avons jamais imposé de cadre particulier durant ces moments : elle pouvait jouer avec la nourriture, ne pas finir son assiette, et avait bien sûr le droit de ne pas manger ce qu’elle n’aimait pas. Mais les acrobaties durant les repas, j’avais du mal à supporter ; d’abord parce qu’ils duraient des heures, et parce que c’était pour moi un moment calme en famille. J’ai passé des mois à répéter en boucle « mange !!! » et « reste à table ! », et c’est devenu un réel problème entre nous. J’ai dû dire des trucs moches, comme ça peut arriver quand on est très en colère.

J’ai lu le livre de Carlos Gonzales « Mon enfant ne mange pas », qui m’a beaucoup détendue…

Et puis j’ai lâché. Je ne sais pas comment, si cela a été dû à une situation particulière, mais j’ai lâché. J’ai arrêté de crier. Lorsque mon repas était fini, j’allais m’allonger sur le canapé (à côté de la table) avec un journal jusqu’à ce qu’elle ait fini de manger. Et en quelques jours, le problème a disparu. Est-ce parce que j’ai lâché prise, ou parce qu’elle en a eu assez de terminer ses repas toute seule, ou encore tout simplement parce qu’elle grandissait, je ne saurai jamais, mais les repas depuis se déroulent dans le calme et surtout, le plaisir…

Le coucher

Ma fille est formidable, c’est entendu. Je dirais même qu’elle est parfaite. Je sais, je suis partiale. Néanmoins il est vrai que nous n’avons jamais rencontré de gros écueils dans notre relation, on a toujours (ou presque) pu communiquer, dans la liberté de s’exprimer, et dans la plus grande bienveillance possible.

L’étoile noire dans cet infini de perfection : le sommeil. Il était difficile pour l’enfant qu’était ma mère, pour celle que j’étais, et il l’est pour l’Ecureuil (je ne tire pas de conclusion mais le lien peut se concevoir). Dès la naissance, les nuits ont été difficiles. Elle a dormi en cododo jusqu’à ses dix mois, date à laquelle nous avons déménagé. Elle a dormi dès la première nuit dans sa nouvelle chambre. Elle demandait tout de même une présence au coucher. Mais l’endormissement prenait des heures, et croyez-moi, ce n’est pas une figure rhétorique. Son père ou moi allions la coucher à 20h (par exemple), nous y restions facilement jusqu’à 22h-23h. Les soirées n’étaient presque jamais un plaisir.

Elle était fatiguée, et n’a d’ailleurs jamais refusé d’aller se coucher, bien au contraire. Mais le sommeil ne venait pas. Elle tournait et virait dans son lit, il fallait raconter des dizaines d’histoires. Je devenais folle, tous les soirs. Son père, le chanceux, s’endormait avant elle.

Vers 3 ans elle a commencé à s’endormir plus rapidement, plus facilement. Les soirées n’ont plus été des cauchemars. On restait une demi-heure, et elle dormait. Mais il fallait toujours rester avec elle. Et cela a duré jusqu’à ses 5 ans et demi. Son père et moi étions séparés, j’étais très occupée, et je ne pouvais pas rester une demi-heure avec elle à côté de son lit. Et à ce stade-là je n’en concevais pas le besoin pour elle. J’ai commencé à lui exprimer ce que je ressentais. Mais elle réclamait toujours. Alors j’ai imposé le coucher seule une nuit sur deux. Sous certaines conditions, bien sûr : son lit donne sur le salon, donc elle voyait que j’étais là. Elle avait sa veilleuse, son mouton musical, la lumière du salon, et bien sûr les deux portes étaient ouvertes. Je revenais lui faire un câlin toutes les cinq minutes.

La nuit où elle s’endormait seule se passait bien mais elle demandait toujours ma présence l’autre nuit. Cela a duré plusieurs mois, et j’ai craqué, sous la pression du temps si précieux, de mon épuisement, et du sentiment de n’avoir jamais la possibilité d’être tranquille, moi, toute seule… J’ai imposé toutes les nuits. Je n’en pouvais plus, elle n’avait pas le choix. J’étais à trois mètres d’elle, j’ai toujours accouru quand elle m’appelait, les portes étaient grandes ouvertes. Elle n’était pas seule. Et elle l’a accepté. Elle m’appelle encore parfois avant de s’endormir pour un câlin supplémentaire, je viens toujours, mais elle s’endort seule, et avec une rapidité déconcertante.

C’est la première fois que j’ai réellement imposé quelque chose, sans négociation, discussion. Cette décision a été le fruit de mon épuisement et elle l’a compris. Et j’ai réalisé que parfois, on peut imposer, lorsqu’on a tout essayé, lorsqu’on n’en peut plus, et que l’enfant peut le comprendre, parce que nous aussi, on a droit au respect. Je ne l’aurais pas imposé à un, deux, trois ans car elle n’était pas prête. Et quand je lui ai dit que je ne pouvais pas attendre qu’elle le soit, et que je lui ai montré que je mettais en place les conditions nécessaires à son bien-être, et surtout, qu’elle savait que je serais toujours là quand elle avait besoin de moi, elle l’a entendu.

J’ai réalisé aussi que rester auprès d’elle en ayant si envie d’être ailleurs, en me sentant si mal, était pire pour elle comme pour moi. Lorsque je restais avec elle durant les derniers mois, j’étais amère, en colère, distante. Ma présence était presque toxique et pourtant elle la demandait. Elle avait besoin que je lui montre que l’on pouvait faire autrement, même si elle ne pouvait le concevoir.

Voilà mon partage d’expérience, auquel je pense parfois pour me rappeler que tout passe ! Faisons confiance à nos enfants, c’est souvent eux qui portent les solutions…