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Rétrospective : le premier Festival de Grandissons

Par Lise

Le 23 novembre 2019 à l’Espace Centre de Cagnes-sur-Mer, a eu lieu le premier Festival de Grandissons. Depuis des mois, l’équipe de bénévoles de l’association travaillait à sa préparation, et plusieurs professionnels et associations avaient prévu de mettre leurs compétences, matériel et ateliers au service de ce Festival. Malheureusement, le 23 novembre, dans le 06, il pleuvait, il pleuvait à en devenir alerte orange, puis vigilance rouge. Mais vous savez quoi, jusqu’à-ce que le dispositif ORSEC soit déclenché, que nous soyons évacués, et que certains d’entre nous doivent se faire loger sur place, eh ! bien, Grandissons et ses collaborateurs ont quand même tenu ce Festival, qui, malgré le peu de public que ces aventures ont permis de nous rejoindre, s’est révélé une belle réussite et un magnifique moment. Voici donc quelques photos, afin qu’au prochain Festival, qu’il pleuve, qu’il neige ou qu’il vente, vous ayez envie de nous rejoindre !

Un magnifique programme en trois salles s’est déroulé sur la journée :

Dans la grande salle de l’Espace Centre, une buvette proposait thés, cafés et boissons de toutes sortes, ainsi que des gâteaux maison, et un bel assortiment de viennoiseries offert par la boulangerie Aux Enfants Gâtées. La salle était magnifiquement décorée par les intervenants et les bénévoles de Grandissons, arborait une exposition de Vanessa Damay, les petits portraits contois des enfants des écoles de la ville de Contes et plein d’autres merveilles.

Grandissons y exposait aussi un grand nombre de livres de sa bibliothèque de prêt, et ses bénévoles se tenaient à disposition pour échanger avec ceux qui l’auraient souhaité.

Toute la matinée, l’association CLEA et trois de ses bénévoles y ont tenu un très joli stand, proposant un atelier sensoriel, une petite exposition sur les cinq sens, et la possibilité de dessiner pour les enfants et de jouer un moment.

Des ateliers et tables rondes s’y sont succédé :

Un Papotons sur tous les thèmes liés à la parentalité, animé par Kristel Brun, Faten Gharbi, Alexandra Baciu et Frédérique Millot, a regroupé en cercle une dizaine de parents d’enfants de tous âges, désireux d’échanger sur les problématiques et les questionnements de leur quotidien dans une ambiance chaleureuse et ouverte.

La table ronde sur l’écoparentage a dû être annulée faute de participants, mais ce n’est que partie remise, et nous trouverons d’autres occasions pour réfléchir avec Diane Pico sur les pistes pour grandir dans le respect avec bébé en limitant notre impact environnemental.

Un groupe s’est réuni pour parler des signes avec bébé, et, par extension, de la langue des signes, autour de Floriane Zitouni, doula (entre autres), qui a également proposé durant la journée un stand pour présenter son association Maternaître.

Un Papapotons (oui, vous avez bien lu !) a regroupé quatre pères, une première, que les participants ont appréciée, pour échanger sur des questions ciblées sur la paternité, telles que la charge mentale, la place du père dans la famille, la violence dans l’éducation et les pistes pour en sortir ensemble…

Deux conférences sont venues s’intercaler :

La parentalité ludique (Tu serais un dragon… communiquons par le jeu) a été présentée par Lise Rebattu, qui s’appuyait sur le livre de Laurence Cohen (Qui veut jouer avec moi) et présentait des exemples concrets sur la manière dont l’invitation au jeu dans le quotidien de la famille peut rendre ce dernier plus facile, plus léger, et prendre une pleine part à l’éducation, sans nier les difficultés auxquelles se heurtent sans cesse les parents qui souhaitent tendre vers les habitudes ludiques. Peut-être un défi à transformer en routine ?

– Vicky Brougiannaki, coach parentale, est venue parler de l’adolescence (Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur l’adolescence… sans oser le demander). Elle a choisi de mettre l’accent sur les transformations que subit la relation entre les parents et les adolescents, plus que sur les différents processus de transformation à l’œuvre pendant l’adolescence, tels que la puberté et l’élagage neuronal. Plus le besoin d’autonomie de l’adolescent grandit plus nous avons tendance à vouloir le contrôler, nous fait-elle remarquer. Pour mieux traverser cette période, il est important de casser le cercle vicieux du contrôle et de la rébellion, d’accepter que la relation change et que l’ado est en train d’acquérir des compétences utiles à son autonomisation tout en testant toujours sa base de sécurité. Dans l’idée de laisser la place et la parole aux adolescents, Thomas – 13 ans et Ema – 17 ans sont invités à partager la « scène » en livrant leur propre expérience de l’adolescence et des rapports parfois compliqués avec le monde adulte. 

– Laurent Blin, qui devait venir présenter sa conférence gesticulée (Papa n’aime pas courir après les crabes) a malheureusement été bloqué par les graves intempéries… Nous espérons que ce n’est que partie remise.

Pendant ce temps, au détour d’un couloir, dans une petite salle de l’Espace Centre, une petite dizaine d’enfants se sont retrouvés pour prendre un petit moment hors du tumulte du monde pour s’interroger et essayer de réfléchir ensemble, au cours de deux ateliers philo animés par Astrid André. Tous assis en cercle, chacun s’est présenté brièvement avant de démarrer une petite « pratique de l’attention », les yeux fermés pour ceux qui le pouvaient, chacun essayant de se concentrer sur sa propre respiration, de s’écouter et de ressentir ce qui se passe à l’intérieur, de prendre conscience de son corps et de sa position dans l’espace, de se libérer d’éventuelles tensions. Ce petit temps à l’écoute de soi permet à tous d’être plus disponibles et attentifs lors des échanges en groupe, d’être plus présents. Il existe des possibilités infinies pour lancer une discussion à caractère philosophique, pour cette fois le thème a été choisi au préalable, l’accueil qui lui est réservé par les enfants reste toujours une surprise. Le matin, le thème du cadeau ainsi que Totophe le lapin qui voulait être philosophe ont fait l’unanimité auprès des petits, qui ont vite oublié leurs appréhensions ou timidité et partagé allègrement leurs réflexions éclairées. L’après midi, le thème et l’atelier ont eu bien plus de succès que le goûter proposé aux plus grands. Ils n’ont pas vu le temps passer et ont devons s’arrêter pour laisser place à la musique, avec l’idée que ce serait vraiment chouette de se retrouver pour recommencer…très bientôt ??!!!

– Dans cette même salle, Olivier Ciais a animé pour une quinzaine d’enfant d’âges très variés un atelier autour de la musique (Move !) Lovés au sol, les enfants ont été amenés à évoluer peu à peu sur un fond de musique, à l’instar de la Vie : nageant, découvrant la respiration aérienne, puis rampant, à quatre pattes, courbés, se découvrant les uns les autres, puis debout… dansant et interagissant. Ils ont ensuite chanté avec la guitare de ce merveilleux animateur, puis produit à leur tour des sons sur le hang et sur la guitare. Ce fut un atelier gai et entraînant, plein d’énergie pour tout le monde.

Enfin, dans la grande salle de la Maison des Associations, que nous pouvions rejoindre en bravant la pluie par petits groupes allant et venant, convois d’enfants mouillés et riant, Marine et Marianne, de l’association Ressource Parentalité 06 avaient installé un magnifique parcours de motricité coloré, composé de tapis, de modules, de poutres et de plots, ainsi qu’un espace jeux de société.

– A plusieurs moments de la journée, Marie Zamit et Lise y ont proposé de petits ateliers Lisons, proposant aux enfants de nombreux livres, les racontant aux plus jeunes… et trouvant parmi les plus âgés de nombreux volontaires pour animer eux-mêmes la lecture à tour de rôle .

– Faten Gharbi y a animé un atelier portage, proposant d’essayer de nouveaux modes de portage (sling, écharpe, et différents préformés) et de nouveaux nouages.

La journée s’est achevée sur un atelier ECHO de découverte d’une langue portant sur la Roumanie et sa langue, animé par Alexandra Baciu. Les participants s’en sont donné à cœur joie dans des rondes, des jeux, des chansons, ils ont appris quelques mots, et entendu de passionnants récits et souvenirs sur la Roumanie… juste avant que nous ne soyons évacués à cause du plan ORSEC ! Peut-être le premier ECHO d’une nouvelle série à Cagnes ?

Peu de fréquentation, donc, pour ce premier Festival, mais de magnifiques et variées animations, et de sensationnels animateurs et exposants… De quoi nous donner envie de recommencer un jour en espérant un public nombreux !

FESTIVAL de Grandissons

Grandissons vous invite à son FESTIVAL !

Et le programme est en ligne !

Ouverture du Festival le mercredi 20 novembre à 19h par la projection du film « même qu’on naît imbattables »

Trois conférences y seront données :

Le samedi 23 novembre de 10h à 19h30, à l’Espace Centre de Cagnes-sur-Mer.

  • 11h – Tu serais un dragon : communiquons par le jeu (par Lise Rebattu de Grandissons) billetterie ici
  • 14h – Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur l’adolescence… sans jamais oser le demander (par Vicky Brougiannaki, coach parentale) billetterie ici
  • 18h – Papa n’aime pas courir après les crabes, conférence gesticulée (par Laurent Blin-Sourdon, des « Pères indignes ») billetterie ici

De nombreux ateliers y seront proposés tout au long de la journée :

  • massage bébé
  • philosophie pour les enfants
  • portage
  • lisons
  • papotons tous thèmes
  • papapotons entre pères pairs
  • ecoparentage
  • etc.

Plusieurs stands de présentation d’associations y seront présentés, ainsi qu’une buvette.

Pique-nique tiré du sac.

Prix libre et en conscience, tout le monde est bienvenu !

Programme détaillé à venir au plus vite !

La parentalité positive appliquée, « comment faire dans la vraie vie avec de vrais enfants »

Conférence de Vicky Brougiannaki, coach parentale à Cagnes-sur-Mer

Par Lise

Après avoir présenté l’association Grandissons, Marie Zamit décrit à l’assemblée la Journée de la Non-Violence Educative, initiée en 2004 par Catherine Dumonteil-Kremer. C’est l’occasion de s’interroger sur nos propres pratiques éducatives en tant que parents ou professionnel de la petite enfance et de partager des pistes de réflexion sur l’éducation bienveillante.

Marie présente une description des VEO (Violences Éducatives Ordinaires) et de leurs conséquences, achevant son discours en notant qu’il est incroyable que des études soient nécessaires pour dire que le fait de frapper un enfant, être sans défense, est néfaste.
Les VEO se définissent comme toutes les négligences et privations, les violences physiques (fessée, gifle, oreille tirée, tape sur la main, pincement, cheveux tirés), verbales (cri, hurlement, insultes…) ou psychologiques (chantage, menace, moquerie, dénigrement, humiliation, culpabilisation, retrait d’amour, menace d’abandon, isolement…) qui sont utilisées et parfois même recommandées contre les enfants pour corriger un comportement que l’adulte juge inadapté ou inapproprié.

Outre les effets à court terme, les effets à long terme sont désormais étudiés et nommés : frein du développement cognitif, accroissement de l’agressivité, effets nocifs sur l’état de santé (mémoire, système immunitaire, hypertension, problème de peau…), accroissement des risques de suicide à l’âge adulte, cancer, troubles cardiaques, asthme, dépression…

Les enfants sont en France la seule catégorie d’êtres humains que l’on peut frapper impunément. En effet, 85% des parents français la pratiquent, 71,5% donnent une «petite gifle». La moitié frappent avant 2 ans, les trois quart avant 5 ans.

Pourtant, souligne Marie, les VEO sont terreau de la maltraitance : 75 % des maltraitances ont lieu dans un contexte de punitions éducatives corporelles.

Au niveau de la législation, la France est très en retard : dans le monde, 54 pays ont interdit toute forme de punition corporelle. Cependant on avance car l’Assemblé Nationale et le Sénat ont adopté chacun une proposition de loi de Lutte contre toutes les violences éducatives ordinaires ces derniers mois. Et Marie achève en insistant sur l’importance de l’enjeu, en constatant qu’en Suède, où les violences éducatives ordinaires sont interdites depuis 40 ans, 76 % des enfants n’ont jamais reçu de châtiment corporel contre seulement 8 % en France.

Elle conclut en déclarant : élever ses enfants autrement revient à créer les fondements d’une autre société.

Vicky Brougiannaki est mère de deux enfants, et a commencé dès lors à s’interroger sur les particularités de la relation adulte enfant, n’ayant pas envie d’assumer un rôle parental basé sur l’autorité et la peur. Sentant poindre chez elle des réflexes de violence éducative, elle se donne comme mission de les remplacer par une réflexion sur l’éducation. Ces questionnements la passionnent tellement qu’elle décide de se former au coaching parental auprès d’Isabelle Filliozat, pour pouvoir transmettre une autre vision de l’éducation. Aujourd’hui elle continue à réfléchir et à apprendre sur la parentalité, mais aussi à militer auprès d’associations pour que tous les enfants aient droit à une éducation sans violence. Elle reçoit à Cagnes-sur-Mer et propose des ateliers de parentalité.

LA PARENTALITE POSITIVE APPLIQUEE

Vicky commence par revenir sur les terme du titre de sa conférence : la parentalité positive appliquée :

Positive : elle souligne que cet adjectif ne lui convient pas totalement, et moins encore ceux de bienveillante, respectueuse : le malaise provient du fait qu’ils peuvent sous-entendre qu’il existe une parentalité contraire (malveillante, négative…) Mais ce débat sur le terme permettra, espérons-le, d’en trouver un qui convient, avant que, dans l’idéal, cette parentalité devienne normale au point de ne plus avoir besoin d’être qualifiée.

Appliquée : l’importance de se montrer concret naît du fréquent reproche fait à ce type de parentalité d’être parfait en théorie, mais impossible à appliquer au quotidien.

A tout moment de sa conférence, Vicky nous invite à aller vérifier ce qu’elle dit et nous informer pour nous faire un avis basé sur des connaissances et des recherches.  

La conférence débute par une partie théorique : Vicky insiste sur l’importance de comprendre les notions, de les connaître, de les assimiler, pour ne pas être en permanence en train de réfléchir.

On peut en effet être accaparé de questions au moment d’interagir avec l’enfant, ce qui enlève du naturel à la situation, d’où l’importance de bien intérioriser le concept en amont.

Il est fréquent de reproduire en première intention l’éducation que nous avons reçue. En changeant notre manière d’entourer nos enfants, nous pouvons espérer que d’ici deux générations, plus personne ne dira qu’il a reçu des coups pour son bien ! Au début de notre parentage, nous sommes les parents que nous avons eus : pensons à nos petits-enfants pour changer.


Qu’est-ce que la violence ?

Vicky nous pose de nombreuses questions sur la violence : comment la définir ? Est-elle absolue ? Relative ? Contextuelle ? Toute violence est-elle condamnable ? Tout acte apparemment violent l’est-il ? La violence est-elle toujours visible ? A chacun de chercher ses propres réponses à cette difficile question…

Elle nous explique que la violence naît immanquablement dans les rapports de force. Dès qu’il y a un rapport dominant-dominé : le risque de violence est grand, à toute échelle, que ce soit dans la lutte des classes, les dictatures, le contexte social…

Ainsi, il est primordial de se poser cette question : suis-je avec mes enfants ou mes élèves dans une relation dominant-dominé ? Si oui, il est certain que j’exercerai de la violence.

Ce qui amène cette violence, ce sont les freins que nous avons pour mettre en place cette autre parentalité, dite «positive».


Les causes des VEO

* VEO : violences éducatives ordinaires

Le poids de la culture : dans notre pays, il est admis que l’on peut faire certaines choses aux enfants de manière normale (humilier y compris en public, sans choquer personne…) On dit «Ne fais pas à autrui ce que tu ne voudrais pas qu’on te fasse»… sauf aux enfants !

Où est la limite entre violence et VEO ? Elle est culturelle : en France fessée = VEO, Suède = maltraitance. En France maintenant martinet = maltraitance, il y a 40 ans = normal…

Ainsi, notre conférencière nous décrit l’expérience d’un père français, qui vivait en Suède, où il n’avait jamais donné de fessée. Après 2 mois en France, il en a donné une. Car ce qu’on voit dans la culture environnante peut nous embarquer à nous conduire autrement…

Il est difficile de ne pas se laisser influencer par les attentes : on est porté à réagir selon ce que l’assistance attend de nous.

– Les croyances :

  1. Il faut corriger l’enfant, le remettre dans le droit chemin, car c’est initialement un être mauvais. Cette croyance établit un rapport purement éducatif. A partir de là, on croit que les enfants ont besoin de (cadre) et de limites, et que cet enfermement les sécurise.
  2. Les enfants nous doivent du respect. Et en même temps, on ne respecte pas les enfants. Et quand on ne se sent pas respecté, on rejoint notre statut autoritaire pour exiger le respect.
  3. Les enfants doivent nous obéir. Pourtant, les enfants ne sont intrinsèquement pas obéissants. Cette attente est incohérente : les parents aimeraient que leur enfant soit libre, autonome, ait de la volonté. Mais en attendant qu’il soit grand, on le souhaite obéissant et docile…

Toutes ces croyances sont un mode de notre cerveau pour agir vite et ne pas devoir décortiquer chaque action.

Ex : le bain. Si l’on remet en cause nos vieilles croyances, on peut se rendre compte qu’un bain quotidien est parfaitement inutile… Et qu’il n’est donc pas nécessaire d’engager une lutte pour cela.

Nos réflexes éducatifs (tels un «pilote automatique», ils permettent d’aller vite, induisent des réflexes irrépressibles). Il reste pourtant possible de les reprogrammer.

Nos propres émotions : souvent exacerbées et disproportionnées, car on expérimente avec nos enfants l’impuissance, cette sensation insoutenable qui induit du stress, bloque toute porte de sortie. Impuissance + colère : rage, impuissance + tristesse= désarroi, impuissance + peur = terreur…

Pourtant, nos émotions nous sont utiles et sont à notre propre service. Par exemple, si l’un de nos enfant tape sur l’autre : on crie; cela est utile à notre amygdale, puisque le fait de proposer une action (cri) fait baisser notre stress. Par contre, ça n’a pas été utile à l’enfant qui a tapé ni à celui qui s’est fait taper.


Sortir de ces habitudes

Quelques clés pour dépasser ces difficultés nous sont ensuite énumérées :

– En ce qui concerne la culture, on ne peut pas en sortir individuellement, ni la modifier : on peut cependant choisir d’agir différemment.

– Pour ce qui concerne les croyances : il est essentiel de se renseigner (les connaissances de neurosciences permettent en particulier de traduire mieux le comportement des enfants)

– Reprogrammer les réflexes peut probablement se faire via des thérapies (PNL, hypnose ?…), mais une autre solution est, quand on a une réaction inadaptée, de se demander ce qui aurait été pertinent. Qu’est-ce qui aurait permis à mon enfant de grandir ? Cet exercice constant permettra, la prochaine fois, de sortir la réaction pertinente plus facilement, puisqu’on se l’est déjà figurée. Cela devrait rentrer, s’automatiser d’une fois sur l’autre. Il s’agit de commencer à se comporter en conscience (au début, on a l’impression de faire semblant) pour évoluer vers un savoir-faire qui nous pénètre et devient un savoir-être (comme l’apprentissage d’une langue étrangère).

– La compréhension, la gestion de nos émotions est un sujet qui mérite un approfondissement (des stages sont proposés…), car nous n’avons souvent pas été éduqués à cela. On y est même souvent hostiles («si tu es en colère, tu vas dans ta chambre», «t’es pas beau quand tu boudes», ou, à un enterrement, en France, considérer qu’«elle a été très digne, elle n’a pas pleuré» (alors que pleurer est une manifestation de tristesse, n’ayant rien à voir avec la dignité !)). Ces émotions, que l’on devrait pouvoir se communiquer entre humains, nous permettent d’évoluer dans notre relation au monde. Ainsi, nombreux sont les parents qui ont envie d’alphabétiser émotionnellement leur enfant, mais ne savent pas eux-mêmes comment faire.


Que propose la parentalité positive?

Vicky Brouginnaky nous propose à ce stade un bref comparatif des manières dont on peut analyser et considérer les manifestations de notre enfant, selon le genre de parentalité dans lequel on choisit de se positionner.

Parentalité classiqueParentalité positive
L’enfant est un être de pulsionsL’enfant est un être de besoins
L’enfant grandit grâce aux castrations successives (frustrations)L’enfant grandit selon la satisfaction de ses besoins.
Caprices…Besoin non identifié, émotion, stress
Punir, poser des limitesIdentifier et nourrir les besoins
Corriger le comportementTraiter le problème

Ainsi le terme de «caprice» est utilisé de manière péjorative, sous-entendant que l’enfant cherche à faire quelque chose de pas net : il désigne un comportement excessif de l’enfant dont l’adulte n’arrive pas à comprendre la logique. Alors que, d’un autre point de vue, on peut simplement considérer ce genre de manifestation comme le besoin non identifié d’un enfant empli d’une émotion, d’un stress…

Punir, c’est modifier le comportement de l’enfant en imposant des limites par une frustration volontaire. On croit qu’en l’amenant à «réfléchir», il va changer son comportement. Alors que c’est comme la fièvre : on ne devrait pas se préoccuper de la fièvre en soi, mais de ce qui la cause, au lieu d’éloigner, chercher le besoin et le nourrir, pour permettre à l’enfant d’avancer…


Les deux piliers de la parentalité positive

– La conviction que les enfants sont des personnes à part entière qui ne nous appartiennent pas et sur lesquels nous n’avons pas de droits.

– L’idée que lorsqu’il y a un problème, on cherche quel est-il en profondeur, et pas uniquement dans sa manifestation.

Souvent, on note une confusion entre parentalité positive et laxisme, on pose la question des limites…

Vicky nous propose en premier lieu de redéfinir le rôle parental : quels sont nos droits en tant que personne et nos devoirs en tant que parent ?

– Lorsque je fais valoir mes droits face à mon enfant, je le fais en tant que personne, dans une relation horizontale.

– Lorsque je fais mon devoir , je le fais en tant que parent, dans une relation verticale (car mon enfant est dépendant de moi).

Pour une relation équilibrée, c’est toute la structure relationnelle que nous avons avec l’enfant qui doit être changée, et pas seulement les mots utilisés. Il faut sortir du rapport de force, renoncer à l’autorité, qui est un privilège, lequel conduit à la violence.

Quand on agit avec autorité, la relation devient verticale. Alors que l’on peut constater qu’au quotidien, lors de notre relation horizontale avec d’autres adultes, ça roule, sans que personne prenne le dessus.

Induire la peur se révèle très néfaste, posant des barrières au niveau du développement de l’enfant, induisant du stress…

Il est possible de répondre à la dépendance de quelqu’un tout en le respectant (par exemple, on ne punit pas sa vieille mère dépendante si elle renverse son verre…)

Certains pourraient répondre qu’on doit pourtant éduquer les enfants, et non sa vieille mère…

Éduquer quelqu’un, nous dit Vicky, c’est avoir un projet pour cette personne : est-ce éthique ? nous demande-t-elle.

Après avoir offert un temps de réflexion à l’assistance et l’avoir encouragée une fois de plus à se forger sa propre opinion, oui, nous répond-elle, de sa propre opinion, cela l’est : il appartient à notre rôle de parent d’offrir à notre enfant la transmission des codes nécessaires à la compréhension de son environnement, des outils pour cette adaptation, ainsi que nos valeurs (celles-ci étant de fait transmises naturellement).

Imaginons, poursuit-elle, qu’on accueille un étranger (venue d’Amazonie ou d’il y a 200 ans) : on fera de la transmission, on lui expliquera, on n’aura pas idée de le punir parce qu’il n’aura pas dit merci, ne se sera pas conformé à une règle sociale qui lui est inconnue ou incompréhensible.

Ainsi, on doit à notre enfant protection et transmission (vieille mère + étranger) : je te respecte comme un adulte, je te protège, et je te transmets les codes nécessaires à ton adaptation sociale.


Les contraintes

Le cerveau de l’enfant est immature. Au quotidien, on doit tout le temps imposer des contraintes, interdire, demander…. Comment savoir lesquelles des contraintes que nous imposons sont légitimes ?

Il s’agit d’observer attentivement si cette contrainte entre dans le champ de notre responsabilité parentale.

Droits : je les exerce en ma faveur.

Devoirs parentaux : en faveur de mes enfants.

Les contraintes ne sont pas agréables et souhaitables, mais font partie de la vie, et sont parfois nécessaires, donc légitimes, dans trois cas :

La santé (physique et mentale)

La sécurité : usage protecteur de la force* (incomparable à un usage répressif), par exemple pour attacher la ceinture en voiture, enlever un couteau à un bébé…

*terme utilisé par Marshal Rosenberg, fondateur de la CNV

La préservation des libertés des autres : les enfants ne peuvent pas endosser eux-mêmes cette responsabilité. Par exemple, si notre enfant crie au théâtre : c’est notre responsabilité d’adulte de le faire sortir (en lui expliquant qu’on se rend compte que cet événement n’est pas adapté pour lui, et non en présentant cela comme une punition).

Vicky met le doigt sur le pouvoir énorme que nous avons sur notre enfant : le défi est de savoir si nous, adultes, sommes prêts à y renoncer autant que possible.

Ex : une maman qui demande à son petit enfant de lui donner la main sur le trottoir, l’enfant n’obtempère pas. En observant mieux, on pourra constater qu’il n’y a pas de danger immédiat. C’est son propre stress, qui conduit la maman à faire cette demande, qui n’est donc pas tout à fait légitime et claire. Au passage piéton, la petite fille est venue donner la main sans résistance, par contre…

Quand on n’arrive pas à obtenir la coopération de l’enfant, on devrait se demander si on est légitime dans notre demande. Si non, tant mieux que l’enfant résiste. Mais si c’est légitime, dans le cadre des trois points énumérés ci-dessus, il faut passer à l’acte.

Dans ce cas, on peut rarement espérer que les explications vont suffire. Parfois, elles ne sont ni nécessaires, ni suffisantes, et peuvent même être anxiogènes.

Si l’enfant ne coopère pas malgré tout, on pourra être tenté de se dire que la parentalité positive ne fonctionne pas, et redevenir violent. Pourtant, s’il est nécessaire de passer à l’acte, il faut en assumer la responsabilité : c’est une contrainte que l’on impose, que l’enfant vivra mal, criera, et il faudra s’y attendre et l’accepter. Cela ne veut pas dire qu’on n’aurait pas dû contraindre. Mais à ce stade, on va s’occuper de l’émotion de l’enfant. Cela ne veut pas non plus dire qu’on est de mauvais parents.

La crise n’est pas un problème, c’est la manière dont on va la traiter qui peut le devenir.

Certains pourraient craindre qu’en réduisant les contraintes au minimum en se limitant à ces situations où la contrainte est considérée comme légitime, l’enfant ne perde l’habitude de coopérer… En réalité, c’est plutôt l’inverse qui se produit : moins on contraint un enfant, moins il entre en opposition.


Et moi alors ?

Ai-je le droit de faire passer mes besoins avant ceux de mes enfants ? De laisser mon bébé pour partir en vacances ? De demander à mon enfant de se taire parce que je suis fatiguée ?

Eh bien… oui, répond Vicky.

Mais comment régler les conflits de besoin que nous rencontrons immanquablement ?

Car, de fait, l’état de dépendance de nos enfants induit une réduction de notre liberté, de notre autonomie…

Tout d’abord, malgré ce que l’on peut parfois entendre, il est apaisant de reconnaître qu’il est notre devoir et notre nature de mammifère de répondre aux besoins du nouveau-né sans que cela créé un conflit de besoin. Mais à notre époque, les contraintes du travail ajoutées à cette répétée injonction «prends soin de toi» rendent les choses plus difficiles.

Notre conférencière nous propose quelques pistes :

Ne pas se sacrifier : le ressenti de sacrifice est la manifestation d’un choix qui n’est pas assumé. Si on commence à l’éprouver, c’est qu’une partie de soi se sent lésée, et elle le fera payer un jour à quelqu’un. Il est préférable d’écouter plutôt nos émotions et de modifier notre choix, qui n’est pas, ou plus, le bon.

Élargir les possibles/poser les besoins : comment faire dormir bébé de 6 mois pour pouvoir se reposer ? -> pas de réponse.

Poser la question autrement : quel est mon besoin ? Le repos -> donne d’autres réponses (ex : faire des micro-siestes).

Se demander à qui appartient le problème et quel est ce problème : est-ce celui de l’enfant, le mien, notre problème à tous les deux ?

Si le problème appartient à l’adulte, on ne peut pas demander à l’enfant de s’en occuper.

S’il appartient à l’enfant (par exemple il a oublié de faire ses devoirs et il est tard), je n’ai ni à m’énerver, ni à trouver une solution. Je peux simplement compatir, l’aider à trouver une solution, devenir complice…

Quand le problème appartient aux deux (bébé de 8 mois marche à quatre pattes, maman ferme la porte pour cuisiner. Bébé se met debout contre la vitre pour entrer en manifestant son envie d’entrer. Dans la tête de la maman, une voix détestable murmure «si tu cèdes maintenant, tu ne pourras plus faire marche arrière»… C’est le problème de la mère qui a besoin de faire le repas en étant tranquille + le problème du bébé qui voulait être avec sa mère. La solution peut être de placer bébé dans la chaise haute près de sa mère. C’est ce que Thomas Gordon nomme solution gagnant-gagnant.

Parfois aussi, on met ses propres besoins de côté en faveur de l’enfant, car c’est aussi notre besoin que de satisfaire les besoins de l’enfant.

Mais parfois, l’enfant empiète sur les limites.

Il est entravé par tellement de limites naturelles (de son corps + de son cerveau + environnement immédiat + étendu + loi…), qu’il est vraiment inutile de poser des limites artificielles.

L’enfant décrit comme n’ayant «pas de limites» est celui qui vit avec des personnes dont les limites sont perméables à celles de leur enfant.

Les limites, sont définies par notre environnement : par exemple, la limite du bruit tolérable est différente selon là où on vit (appartement,maison…)

Il nous appartient de prendre soin de nos limites, et si on a à faire avec quelque chose qu’on ne supporte pas, on peut le faire respecter, tout en se demandant si l’enfant est en mesure de faire ce qu’on lui demande.

Ex : enfant qui nous interrompt quand on parle : on ne peut pas avoir la même attente selon son age.

Nous, adultes, devons prendre la responsabilité de nos propres limites.


En conclusion

Entrer dans l’éducation positive induit de changer la structure relationnelle, et pas uniquement notre manière de poser nos demande. Il s’agit de poser la légitimité de nos demandes et d’en prendre la responsabilité, et également de renoncer à l’autorité, qui abîme le lien (tout en étant patient et indulgent avec soi-même car ce changement prend du temps).

Il importe de prendre le temps de vivre des relations horizontales avec nos enfants, dans un contexte donnant-donnant, de pas vouloir investir le peu de temps qu’on a avec nos enfants de manière intense : on peut juste être avec eux, comme une personne à côté d’une autre personne…

Le site de Vicky Brougiannaki :
https://www.coach-parentale.com/

La parentalité positive appliquée : comment faire dans la vraie vie avec des vrais enfants ?

A l’occasion de la Journée de la Non-Violence Educative, le 30 avril 2019 à 20h, à Cagnes-sur-Mer, l’association de soutien à la parentalité Grandissons propose une conférence présentée par une coach parentale, apportant des clés concrètes pour tous les parents : comment faire dans la vraie vie avec de vrais enfants ?

Cette conférence offre aux parents des réponses claires à cette question primordiale qui se pose si souvent : comment appliquer la parentalité positive sans faillir à sa responsabilité parentale, et sera suivie d’un moment d’échanges entre les participants.


Vicky Brougiannaki, Coach Parentale (https://www.facebook.com/CoachParentale06/) formée par Isabelle Filliozat, propose des points de repère précis pour mieux cerner ce qui relève de la responsabilité parentale. Elle met ses compétence en oeuvre pour aider les parents à redéfinir cette notion de bienveillance afin de mieux comprendre comment élever ses enfants sans rapports de force, tout en assumant notre rôle de parent.


Public : Pour tous les parents ou les personnes en relation avec des enfants

Lieu : Cagnes-sur-Mer, Espace centre, 5 avenue de Verdun

Date : Le mardi 30 avril (journée de la non-violence éducative), de 20h à 21h30 (conférence + échanges)

Tarif : 8€ (5€ pour les adhérent.e.s). Réservation possible sur HelloAsso (lien dans l’événement fb ou sur notre site internet)

Partenaire : Ville de Cagnes-sur-Mer

Liens vers l’événement : https://grandissons.org/?tribe_events=conference-la-parentalite-positive-appliquee https://www.facebook.com/events/802089720158962/Contact : grandissons@yahoo.com, Frédérique 06 64 21 08 58

1 an d’ECHO

Par Lise????????????????????????

Voilà un an et même un peu plus qu’a eu lieu le premier ECHO de Grandissons ! Au départ nous est venue l’idée d’ateliers d’ouverture aux langues pour tous les enfants et leurs familles : ouverture de l’oreille à de nouvelles sonorités, ouverture de l’esprit à de nouvelles cultures, ouverture de l’avenir à de nouveaux apprentissages et ouverture des rêves vers de grands voyages… En-dehors des rencontres entres familles déjà multilingues, plusieurs demandes nous avaient été faites pour des ateliers d’anglais, mais un élément primordial dans notre esprit est de privilégier la diversité, toutes les diversités. C’est ainsi que les ECHO se sont déclinés sous la forme d’ateliers de présentation d’une langue surprise chaque mois. Oui oui, surprise, les participants ne la découvrent qu’une fois sur place ! Jusqu’à présent, les enfants présents étaient âgés, en moyenne, disons de 1 à 3 ans. Parfois un peu moins, parfois un peu plus, mais, là aussi, nous espérons qu’avec le temps, des enfants plus grands viendront se joindre à nous et enrichir de leur curiosité les échanges qui ont lieu dans ces ateliers.

Durant cette année, chaque mois un ou plusieurs parents sont venus présenter leur langue et leur culture. Italien, allemand, anglais, serbe, russe, polonais, japonais, espagnol, grec… (en oublié-je ?) se sont succédés. Ainsi, nous avons pu nous présenter dans chacune de ces langues, entendre Frère Jacques dans la plupart d’entre elles, goûter plusieurs recettes de pays lointains et repartir avec certaines d’entre elles imprimées, découvrir plusieurs alphabets, entendre contes, histoires et traditions, effectuer quelques pas de danse sur des musiques traditionnelles, répéter les paroles et les gestes de chansons aux sonorités nouvelles…

Cela a été chaque mois l’occasion d’un petit voyage, duquel parents et enfants ont pu retirer ce qui leur parlait. Il n’est pas rare qu’après une rencontre ECHO, ma fille de 3 ans s’amuse pendant quelques jours à « parler » la langue qu’elle vient de découvrir, et nous accumulons les petits souvenirs réunis rencontre après rencontre : un marque-page avec son prénom en japonais, des paroles de chansons allemandes, une recette italienne, quelques mots écrits en russe, plein de bonnes choses à goûter (non, celles-là, nous ne les avons pas gardées !)…

Et un très grand merci à tous ceux qui, d’une manière ou d’une autre ont participé à cette année Première !*

Bon, il ne me reste plus qu’à conclure ce bref récit en vous sollicitant : si vous possédez une autre langue et/ou d’une autre culture, vous pourriez nous enrichir en animant un atelier avec celle-ci. Nous nous tenons à votre disposition pour une aide à l’organisation… Contactez-nous par mail.

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* Je ne peux m’empêcher de redouter un oubli (si jamais vous en êtes victimes, s’il vous plaît, manifestez-vous !), mais un grand merci à Annika, Olivia, Silvia, Michela, Tatiana, Stan, Vicky, Kezia, Anna, Consuelo, Paola, Mako, Nenad, Marine, Eliza…

Un Thé-multilingue international

Par Lise

Ces rendez-vous ne sont pas très réguliers, et parfois assez espacés… malheureusement, n’est-ce pas, parce qu’on y fait des rencontres décidément intéressantes.

Toutes les familles concernées par la présence de plusieurs langues ou cultures à la maison, et même celles qui ont juste envie de passer un moment international, y sont conviées. Et nous espérons que la diversité ira croissant, car l’Europe était, cette fois encore, largement surreprésentée. J’ai envie de le répéter : bilingue, cela ne signifie pas français/anglais. Cette idée vient si automatiquement à un grand nombre de personnes, que nous avons changé l’intitulé premier de « tHé-bilingue » pour celui de « Thé-multilingue ». Et en effet, en ce 28 novembre 2015, la variété était au rendez-vous parmi les langues et les cultures : bébés et enfants franco-russes, franco-polonais, franco-serbes, italo-franco-roumains, franco-croates, germano-américano-français, franco-anglais, franco-italiens, basco-américains, américano-franco-internationaux… et pardon si j’en omets ou déforme !

Nous avons commencé par un petit tour de table permettant à chacun de présenter son parcours et de proposer témoignages et questions. Comment offrir à son enfant suffisamment d’occasions de fréquenter sa langue minoritaire ? Et quand le deuxième parent ne la parle pas ? Quelle langue choisir lorsqu’il y en a un plus grand nombre au sein du foyer ? Comment faire au quotidien, lorsque l’on doit parler sa langue minoritaire au milieu d’une foule qui ne la comprend pas ? Aucune réponse, bien sûr, n’a permis de solution tranchée, mais les suggestions des uns et les témoignages des autres ont ouvert sur une réflexion riche. En ce qui concerne la dernière question de cette liste, nous avons constaté avec un semi-étonnement que, si elle évoquait une difficulté chez tous, elle était prégnante chez les parents dont la langue n’était pas l’anglais ni l’italien, qui mentionnaient là un réel obstacle.

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Pour finir, nous avons déployé une « fleur des idées ». Pendant que les enfants étaient partis chahuter en fond de salle en un joyeux paquet d’âges et de langues mêlées, chaque participant a été invité à choisir une étiquette portant une proposition, ou à rédiger sa propre idée sur une manière d’entretenir et de rendre ludique le bilinguisme dans son foyer. Quelques idées, dont nous avons discuté un moment, avec les parents d’enfants plus grands ayant déjà testé certaines d’entre elles, et ceux d’enfants plus jeunes à la recherche de pistes : multiplions les locuteurs, lisons, échangeons autour des livres, voyageons dans les pays où sont parlées les langues concernées, mettons-nous à la hauteur de l’enfant pour nous adresser à lui, captons son regard, valorisons aux yeux de l’enfant la langue et le bilinguisme, plaçons l’enfant dans un environnement où la langue parlée aura quelque chose de naturel et où nous nous sentirons bien, décrivons ce que l’on fait, ce que l’on voit dès les premiers jours de l’enfant, aménageons un coin de la maison dédié à la langue et la culture minoritaires… Les maîtres-mots restant bien entendu pour les parents patience et persévérance…

Vivement le prochain rendez-vous !

La Semaine Mondiale de l’Accouchement Respecté (SMAR) en 2015 chez Grandissons

Du 18 au 25 mai, nous vous avons préparé de belles choses avec le CDAAD.

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Sur le site du CDAAD : http://cdaad.org/smar-2015/

Le communiqué de presse : communique_smar

Notre programme :

Mardi 19 mai : diffusion du film « Maïeuticiennes »

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Voir la bande-annonce :

L’événement sur notre agendahttp://grandissons.org/?tribe_events=projection-du-film-les-maieuticiennes

Mercredi 20 mai : pique-nique du mercredi sur le thème de la naissance

L’événement sur notre agendahttp://grandissons.org/?tribe_events=le-pique-nique-du-mercredi-smar

Vendredi 22 mai : apéro-débat au Court-Circuit Café en présence de Frédérique Horowitz, qui vient présenter et dédicacer son livre « Fronts de mères ».

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L’événement sur notre agendahttp://grandissons.org/?tribe_events=apero-debat-smar

Samedi 23 mai : Papotons (le café des parents à Cagnes) sur le thème de la naissance. Laurianne Sally, monitrice de portage, avec un atelier de portage spécial nouveaux-nés.

L’événement sur notre agendahttp://grandissons.org/?tribe_events=papotons-chez-grandissons-9

SMAR2015

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Retours sur la 12ème Journée de la Non-Violence Éducative

Par Marie et Lise

Nous avions organisé deux événements à l’occasion de la Journée de la Non-Violence Éducative : l’un à Cagnes-sur-Mer et l’autre à Nice.

Le 30 avril, nous étions installés à côté du manège, cours du 11 novembre à Cagnes avec un stand coloré et en compagnie de la Ludochouette de la ville, venue faire un atelier sur le thème de la non-violence. Marie et Emilie nous ont présenté des scénettes de théâtre avec des animaux en marionnette.

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Un reportage a été réalisé par France 3 lors de cette manifestation [http://france3-regions.francetvinfo.fr/cote-d-azur/emissions/jt-1920-cote-d-azur (à 5’05)].

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Le 3 mai, nous étions cette fois place Garibaldi à Nice avec l’association l’AmorçÂge. Vers 11 heures, autour d’un stand, nous avons affiché plusieurs visuels, panneaux d’informations informant sur le sujet.

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A ce même moment, quatre comédiens-amateurs vêtus de blanc ont proposé une première présentation de théâtre-image, mettant en scène des situations immobiles de violence, qui un bras levé vers un autre se protégeant le visage, qui la bouche grande ouverte pour hurler silencieusement sur un autre se pendant à son bras…

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Les personnes présentes se sont ensuite groupées autour d’un petit repas tiré du sac.

A 14 heures, les personnages sont entrés en scène au centre du rectangle tracé à la craie sur la place et entouré de quelques bancs de bois. Christophe a expliqué au public en quoi consiste le théâtre-forum. Les comédiens allaient jouer une brève scène une première fois. Puis, la même scène serait à nouveau ébauchée, tandis que le public serait invité à lever la main à tout moment pour venir prendre la place de l’un des personnages et, sans modifier trop radicalement son caractère, jouer le rôle à sa façon, afin de tenter une nouvelle manière de se comporter dans la situation, ou d’entraîner un changement dans la réaction des autres personnages.

Un chapeau a circulé parmi le public afin que celui-ci tire au sort l’une après l’autre les situations qui seraient jouées. Ainsi furent mis en scène une mère exaspéré par le comportement de son enfant qui jetait ses jouets tandis qu’elle tapait des messages sur son téléphone si bien qu’elle finissait par l’envoyer au coin, un père qui, ne souhaitant céder à la demande de manège de son fils, l’humiliait verbalement avant de le laisser en larmes sans répondre à sa demande de réconfort, une mère utilisant le chantage pour imposer à son enfant de rester à table et de finir son assiette, un père et une grand-mère employant humiliation et claque pour forcer leur fille à rester assise et silencieuse, et un parent fatigué, entraînant son enfant dans le rythme effréné de sa journée sans entendre les demandes de celui-ci et sans réaliser combien d’efforts faisait en fait son enfant pour le suivre…

Très actif, le public de tous âges, y compris enfantin, nous a rejoint pour proposer des ouvertures à la discussion, des interventions de personnages témoins de la scène, de témoins compatissants envers les divers personnages, des pistes, des remises en questions et des questions tout court.

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Ainsi, nous nous sommes séparés heureux d’avoir réfléchi en commun, et d’avoir échangé sur ce sujet qui nous tenait à cœur, d’avoir ouvert des questionnements et peut-être des fenêtres, partant tous enrichis par cette journée féconde.


Une exposition de l’arbre de la violence avait également été mise en place. Des participants ont pu choisir de déposer des expériences personnelles de violence vécue durant leur enfance. Nous les relayons ici :

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Compte-rendu de la conférence de Carlos González sur l’autorité

Par Lise

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Après sa conférence sur l’alimentation de l’enfant, dont vous pourrez trouver le compte-rendu ici, le docteur Carlos González, invité par l’association Grandissons à Cagnes-sur-Mer a développé le thème de l’autorité et les limites.

Pour rappel, ce pédiatre espagnol est fondateur d’une association catalane d’allaitement maternel, partenaire de La Leche League et auteur de plusieurs livres, dont deux qui ont été traduits en français (Mon enfant ne mange pas, et Serre-moi fort).

Des limites ?

Il démarre sa présentation en montrant plusieurs affiches d’associations d’enfants handicapés, dont les textes exaltent la volonté de leur permettre de « vivre sans limites », se demandant  pourquoi les parents dont les enfants ne sont pas porteurs de handicap tiennent tant à  en imposer à ces derniers. Bien sûr, dit-il, il existe de nombreuse limites « normales », telles que ne pas boire de lessive, ne pas posséder de chameau à la maison… toutes ces choses que chacun sait sans livre, qui ne sont pas des limites artificielles. Eh oui, le titre de la conférence était ambigu : ce dont parlera le docteur González, c’est des limites de l’autorité.

Des changements dans la manière de comprendre les enfants

Il cite ensuite deux exemples. Tout d’abord celui de Cajal, une célébrité espagnole, qui découvrit les neurones et leurs connections. A 11 ans, ce dernier brûla la porte du voisin avec un canon et de la poudre qu’il avait fabriqués. Son père médecin et le maire décidèrent de le mettre en prison pendant une semaine pour le punir. Le grand homme dit n’avoir retenu que les conséquences désagréables de ce qu’il continue à nommer sa « blague », et retiré la leçon d’être plus prudent lors de ses méfaits ultérieurs, continuant ses tirs au canon, mais dans la forêt. Le second est celui de Sainte Thérèse d’Avilla, qui, à l’âge de 7 ans, s’enfuit avec son jeune frère pour aller « chercher les martyrs dans la terre des infidèles » avant d’être retrouvée. Les textes d’alors mentionnent son courage, l’effort et la générosité dont elle fit preuve pour son âge, et non la désobéissance. Aujourd’hui, se demande le Docteur González, un garçon de 11 ans qui commettrait un tel « attentat » dans la ville sortirait-il à temps de prison pour entrer à l’université et obtenir un prix Nobel, à l’image de Cajal ? Dans le meilleur cas, ces enfants ne seraient-ils pas diagnostiqués comme hyperactifs et conduits vers la « normalité » via un traitement ? Ces quarante dernières années ont été marquées par un changement très net dans notre façon de comprendre les enfants.

S’il est vrai que la plupart des adultes ont un mode de vie semblable, nombre d’entre eux diffèrent : certains travaillent de nuit, d’autres dans des cirques ou des travaux acrobatiques… Pourtant, tous les enfants ont strictement le même quotidien, et fréquentent une école identique, les différences de personnalités et de besoins ne sont pas reconnues chez eux. Comme se conformer à ces exigences éducatives a dû être difficile pour les chasseurs de crocodiles ! Pour ces enfants-là, devenir adultes est vécu comme une libération.

L’autorité

Nous avons tous, poursuit le docteur González, de l’autorité, et ne pouvons pas y renoncer. Celle-ci est naturelle et automatique, il n’est pas nécessaire de la « mériter » parce qu’on serait plus intelligent, plus fort ou plus vieux.

L’autorité vient aux parents du fait que leurs enfants les aiment et ont un fort désir de leur obéir. Pourtant, comme l’affirme, paraît-il, la tante de Spiderman, « un grand pouvoir comporte de grandes responsabilités », et, malgré cela, on ne nous a jamais enseigné à avoir de l’autorité. Soudain, alors qu’on nous a toujours appris à obéir et seulement cela, on se retrouve, avec l’arrivée d’un enfant, aux commandes.

On peut alors rechercher des modèles sur lesquels s’appuyer. Dieu, par exemple, se contente de donner dix commandements, il n’a pas besoin de démultiplier les ordres. L’empereur ou le président non plus ne donnent pas de nombreux ordres et ne s’attachent pas aux détails. Seuls les parents assènent à leurs enfants des successions d’ordres (ne bouge pas sur ta chaise, ne mets pas tes doigts dans ton nez…), des reproches et des châtiments.

L’autorité serait pourtant comparable à l’argent. On peut faire beaucoup de choses avec, mais si on le dépense pour quantité de petites choses, on n’en a plus ensuite. Ainsi, l’autorité devrait être conservée pour les choses importantes (ne bois pas d’alcool lorsque tu conduis…).

Accepter les réactions à l’autorité

Pour en revenir aux empereurs, il semblerait que même Napoléon n’ait pas réussi à obtenir de ses grognards (ainsi nommés pour cause) qu’ils le suivent sans râler. Seuls les parents exigent cela de leurs enfants. En l’enjoignant d’éteindre la télévision au milieu de son programme, on attend qu’il nous remercie ? Acceptons au moins qu’il soit normal que l’enfant se sente fâché.

Flexibilité

Notre conférencier nous donne ensuite plusieurs pistes de réflexion, en comparant les situations à notre vécu d’adulte. Ainsi, les policiers donnent leurs ordres avec respect et professionnalisme. Prenons un exemple. Notre mari a besoin de Ventoline d’urgence et nous nous garons sur une place interdite pour aller à la pharmacie. Un policier intervient, expliquant qu’il est interdit de stationner à cet endroit, mais, suite à nos explications, répond « c’est bon pour cette fois, allez-y donc vite. » Pense-t-on alors aussitôt quelque chose comme « Il n’a vraiment aucune autorité, désormais je ferai tout ce que je veux ! », ou bien plutôt « heureusement que je suis tombée sur quelqu’un d’intelligent » ? Et si, au contraire, il refuse de nous écouter, un ordre étant un ordre ?… Alors, qu’attend-on d’un enfant que l’on vient de gronder et de punir ? Qu’il pense « Ah, merci pour les limites ! » ?

Formulation

En tant qu’animaux sociaux qui vivent en communauté, nous recevons et donnons tous des ordres et disposons tous d’autorité. Mais c’est aux ordres donnés de façon appropriée que nous obéissions. Au restaurant, par exemple, nous nous soumettons sans difficulté à « Asseyez-vous, je vous en prie, faites votre choix, donnez-moi votre manteau… ». Qu’en serait-il si nous entendions « Poussez-vous de là, asseyez-vous et dites-moi ce que vous voulez manger, allez, plus vite, je n’ai pas que ça à faire ! » ?

Ainsi, il est important de donner les ordres de façon appropriée aux enfants comme aux adultes. Par exemple : « Pourriez-vous finir votre jeu que nous puissions manger ? »

Collaboration de l’enfant

Carlos González présente ensuite une photographie sur laquelle posent un pédiatre, une mère et son enfant. Il décrit les personnages selon plusieurs niveaux de lecture : le pédiatre, qui est aussi en réalité un modèle, la mère, qui est aussi un modèle, et aussi une mère en vrai, et l’enfant, qui n’est rien d’autre qu’un enfant. Sur la photo comme en vrai, cet enfant regarde sa mère, il lance à sa mère un regard interrogatif pour savoir s’il doit laisser le médecin le toucher. Ainsi, jusqu’à 9 mois, si la mère manifeste de la peur, l’enfant l’imitera. On voit ainsi que l’enfant recherche l’approbation, et combien il est important pour lui d’obéir tant qu’il peut. Pour un enfant, il n’y a en effet rien de plus terrible qu’un parent en colère.

Pourtant, certains parents tendent à croire que les enfants sont de petits monstres, tyrans en herbe prêts à tout pour obtenir ce qu’ils veulent. En réalité, nous dit le docteur González, personne ne souhaite tellement obtenir l’autorité, qui n’est pas agréable, et les enfants non plus. On peut d’ailleurs noter que seules une vingtaine de personnes souhaitent une part d’autorité dans une ville, et moins d’une dizaine pour le pays. En effet, cela implique de prendre des décisions, de résoudre les problèmes, de se faire contrer… Et lorsque l’enfant fait une crise parce qu’il veut une glace, il ne souhaite pas être le roi, il veut seulement… une glace. On pourra décider d’accéder à sa demande ou non, mais on veillera à ne pas l’interpréter.

Sortir de ses gonds

Les crises font souvent sortir les parents de leurs gonds. Ainsi, certains s’écrieront : « Je lui défends de faire quelque chose, et il recommence ! »

Tout d’abord, il faut admettre qu’il est impossible d’obéir toujours. Ni Napoléon ni Hitler n’ont été obéis de tous et en toutes choses. Nous avons tous fait des excès de vitesse, triché un peu aux impôts… Il est donc déraisonnable d’attendre que notre enfant nous obéisse en tout toujours, et ce pour plusieurs raisons.

Tout d’abord, il est extrêmement difficile pour l’enfant de se souvenir des ordres. Nous-mêmes oublions beaucoup de choses. Par exemple, nous avons oublié une immense quantité de ce qu’on nous a enseigné à l’école. Ce dont on se rappelle est ce qui nous a été répété et qu’on a fait des milliers de fois (on se rappelle de comment on fait les additions et multiplications, mais pas des détails des cours de physique…) C’est pour cela qu’il est nécessaire de répéter mille fois chaque ordre.

Ainsi, l’ordre qui a probablement été le plus répété au monde est « buvez Coca-Cola. » Celui-ci apparaît toujours de la même manière, toujours avec la même patience, et ne devient jamais « Mais vous êtes idiots ou quoi, je vous ai dit mille fois de boire Coca-Cola ! » Les publicitaires savent en effet que ce que l’on n’obtient pas par la répétition, on ne l’obtiendra pas non plus par la menace.

Il ne le fait pas exprès

« Je lui dis de ne pas le faire, et il le fait devant moi, en me regardant dans les yeux et en souriant. »

Normalement, lorsque l’on décide de désobéir aux parents, on le fait en cachette. Ce n’est donc logiquement pas un acte délibéré que commet l’enfant qui agit en regardant son parent. Il demande des informations supplémentaires pour pouvoir obéir mieux. En effet, nos ordres ne sont jamais sans équivoque, et ils sont parfois difficiles à comprendre. Il est très difficile, en effet, de formuler un ordre qui ne soit pas interprétable, même les lois rédigées par des professionnels le sont souvent. Le docteur González détaille l’exemple de l’enfant qui dessine sur les murs. Lorsqu’on lui dira non, il pourra se demander « n’est-ce pas le bon mur (à l’école on dessine sur le mur noir), n’est-ce pas la bonne heure, aurais-je dû me laver les mains avant, ou bien utiliser une autre couleur peut-être… ? » Il recommencera donc d’une manière sensiblement différente, en observant notre réaction. Il ne s’agit pas là d’un défi, mais de la recherche de la compréhension de ce que le parent veut précisément. L’enfant sourit tandis qu’il recommence pour montrer qu’il n’est pas fâché… Il est difficile pour lui de comprendre qu’on ne peut dessiner sur aucun mur, d’aucune couleur, à aucune heure… mais lorsqu’il le comprendra, il arrêtera.

Prix et récompenses

Les prix et récompenses, nous dit le Docteur González, sont inutiles pour modifier le comportement, ainsi que le montrent plusieurs études. Ainsi, des ouvriers à qui on a promis une récompense un mois donné travaillent moins le mois suivant si on ne la leur promet pas à nouveau. Il faudrait donc toujours promettre la récompense et surenchérir.

De même, une étude a été réalisée dans deux classes : dans l’une on promettait un prix aux enfants qui dessinaient, dans l’autre pas, avant de leur laisser un temps de jeu libre. Durant ce temps, les enfants à qui on n’avait pas promis de prix précédemment dessinaient spontanément davantage que les autres.

Au-delà de cela, on peut se poser la question du choix de la récompense. Soit on offre une chose que l’on sait mauvaise (« les bonbons ne sont pas bons pour la santé, mais si tu étudies, je t’en donnerai »), soit on offre une chose bonne, dont on privera donc l’enfant qui n’accède pas à notre désir (« si tu n’étudies pas, je ne te donnerai pas de livre »), alors que cette chose bonne devrait être donnée à l’enfant quoi qu’il fasse.

Enfin, le prix détruit la qualité morale de l’acte. Par exemple, si mon enfant garde son petit cousin, joue avec lui et s’en occupe patiemment, il pourra se sentir fier de son acte, peut-être y voir la naissance d’une vocation professionnelle, etc. En revanche, s’il se voit promettre une récompense, il pourra douter lui-même de la raison pour laquelle il a agi, et en même temps son parent lui dit qu’il ne croit pas qu’il le ferait par pure bonté.

Une autre catégorie de prix est celui qui est inattendu, tel l’Oscar. Là, cela peut se révéler motivant. Mais c’est alors la valeur de l’acte du parent qui est dégradée. Ainsi, par exemple, ma fille qui a obtenu de bons résultats sait qu’elle a étudié par goût, mais je lui dis que je l’emmène à la campagne pour la récompenser de ses bonnes notes. Cela sous-tend le message que ce n’est pas juste parce que je l’aime, et que je n’aurais pas pris ce temps avec elle si elle avait obtenu d’autres résultats.

Punitions

Les études montrent que les punitions ne changent pas la conduite de la personne.

Pour commencer, un adulte ne se verra puni que pour des choses vraiment importantes (et pas parce qu’il a oublié de faire son lit), et il aura le droit de se défendre, de prendre un avocat, etc. Ensuite, si l’adulte change après son passage en prison, cela pourra être grâce à la prise en charge psychologique dont il aura bénéficié là-bas, mais en aucun cas grâce à la prison en soi.

Lorsque l’on parle de laisser l’enfant supporter les « conséquences naturelles de ses actes », il doit s’agir de conséquences vraiment naturelles (par exemple, les jouets doivent être vraiment perdus, et pas cachés exprès…). Quelquefois aussi, ces conséquences sont si graves qu’on ne peut pas laisser notre enfant les expérimenter (sauter par la fenêtre, boire de la lessive…). On pourra en revanche le laisser voir les conséquences naturelles qu’il y a à se mettre les doigts dans le nez (euh… il n’y en a pas !). Pour ce qui est du manteau on l’emportera quoi qu’il en soit au cas où. Si l’enfant sent la conséquence naturelle du froid, il pourra ainsi l’enfiler. Dans le cas contraire, c’est le parent qui se rendra compte de la conséquence naturelle de son obsession pour le froid et transportera le manteau toute la journée. Dans tous les cas, il est vraiment inutile de « marquer un point » (« je te l’avais bien dit ! »)

Carlos González détaille ensuite la parabole du Fils Prodigue. Ecrite il y a 2000 ans, elle met en scène un père qui accueille son fils fautif sans sermon, ni punition, ni conséquences, et qui va vers son autre fils pour le supplier de se joindre à eux.

Les enfants d’aujourd’hui

Ainsi, conclut notre orateur, les enfants d’aujourd’hui ont plus de limites que jamais. Ils se lèvent tôt pour aller à l’école, enchaînent avec la cantine, et ainsi de suite. Certes, les enfants de 12 ans ont plus de jouets qu’ils n’en avaient dans le passé. Mais un enfant de 1-3 ans ne demande rien d’autre que contact et attention, et de cela, ils ont bien peu.

Ainsi, une étude de Zussman montre que le fait que les parents qui tentent de se concentrer sur une distraction sans importance (style sudoku) modifient leur comportement vis-à-vis de leur enfant, par rapport à quand ils ne font rien d’autre que s’occuper d’eux. De même, les parents qui regardent la télévision grondent plus et parlent moins avec leur enfant.

Pourtant, il clôt sa conférence sur une note positive, citant une étude qui montre combien, sur 10 minutes, on observe d’interactions positives entre des parents et leurs enfants qui ne se savent pas observés, et d’une autre étude (1) qui montre les possibilités de résilience dont disposent les jeunes, notamment ceux dont les parents auront privilégié plusieurs des comportements suivants : encourager son enfant, passer beaucoup de temps avec lui et lui montrer tendresse et affection, ne pas le punir, encourager son autonomie, rester calme et privilégier la communication, partager des activités, offrir un modèle de conduite… Tous ces comportements, conclut le docteur González, sont accessibles à tous. En tant que parents, recherchons donc avant tout ce que l’on fait de bien…

Une question de sommeil

En réponse à une question du public concernant le sommeil des enfants, Carlos González cite une étude de Jenni (2), qui montre que de nombreux enfants éprouvent le besoin de dormir avec leurs parents, et que c’est à 4 ans que le plus grand nombre d’enfants le font (38% au moins une fois par semaine), pour diminuer ensuite jusqu’à l’âge de 10 ans. Il se demande si cela n’est pas dû au fait que les parents refusent aux enfants plus jeunes le cododo à cause des recommandations, alors que s’ils partagent la chambre de leurs parents dès la naissance, ce besoin diminue ensuite plus tôt, sachant que cette pratique n’est pas risquée si sur un lit et non un sofa et que les parents n’ont pas consommé d’alcool ou de drogue.

(1) https://www.questia.com/library/journal/1P3-2450753531/parenting-behaviours-associated-with-the-development

(2) http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/15866857

Compte-rendu de la conférence de Carlos González sur l’alimentation

 Par Lise

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Le 4 avril 2015, l’association Grandissons a invité à Cagnes-sur-Mer le docteur Carlos González. Ce pédiatre espagnol, fondateur d’une association catalane d’allaitement maternel et partenaire de La Leche League, est auteur de plusieurs livres, dont deux qui ont été traduits en français (Mon enfant ne mange pas, et Serre-moi fort). Il a présenté deux conférences, dont nous vous parlerons ici dans deux articles séparés.


Voici pour commencer ce que le Docteur González a expliqué au sujet de l’Alimentation de l’enfant. (*)

A titre d’introduction, notre orateur nous montre divers instruments et techniques utilisés pour convaincre les enfants de manger, de la cuillère-avion à la cuillère-bateau en plastique.

En tant que pédiatre, le docteur González remarque le nombre important de parents qui consultent au motif que leur enfant « ne mange pas. » Pourtant, dit-il, il y a en Espagne 30% d’enfants en surpoids, mais aucun qui souffre de malnutrition (pour info, environ 20% d’enfants en surpoids en France, selon l’HAS).

  1. Diversifier, pour quoi faire ?

L’allaitement maternel consiste consensuellement en la meilleure alimentation que l’on puisse proposer à l’enfant. Ni la mère ni le médecin ne savent exactement quelle est la quantité ni la composition de ce qu’ingère l’enfant, qui gère totalement ce qu’il prend (par exemple, la composition lipidique du lait varie au fil d’une même tétée, si bien que deux tétées de 50 ml offriront des apports différents d’une tétée de 100 ml.)

Et pourtant, une sorte de mythe vient affirmer que, brusquement, à l’âge fatidique de 6 mois, l’enfant ne trouve plus ce dont il a besoin dans le lait et ne sait plus gérer ce dont il a besoin. « Il devient idiot ! ». Il est alors nécessaire que le médecin précise quels aliments doivent être donnés à l’enfant, à quelle heure, etc. Ainsi tous les enfants d’Espagne se voient donner à 17h pile une demi-pomme, une demi-poire et une demi-banane ni plus ni moins.

Plusieurs recherches ont été menées pour tenter d’établir le nombre de calories dont les enfants auraient besoin selon leur âge. Les résultats en sont si variés selon les dates et les auteurs, et elles sont si peu précises au niveau des fourchettes d’âges, qu’on peut se demander quel est leur bien-fondé. Par exemple, on disait il y a quelques années qu’il fallait donner à un enfant 25 grammes de poulet, arrondissant ce chiffre à 50 grammes, alors que les besoins réels seraient plutôt situés autour de 15 grammes, et encore, de manière variable selon l’enfant et ses goûts « et s’il n’aime pas le poulet ?».

Besoins caloriques (kcal/jour)

Age (en mois)

FAO/OMS/UNU 1985 OMS/UNICEF1988 Butte2000

6-8

784 682

615

9-11

949 830

686

12-23 1170 1092

894

En effet, tous ces calculs ne tiennent pas compte des individus, ni précisément des âges. Pourtant, la docteure Butte a mené une étude bien plus précise, établissant des résultats selon le mode d’allaitement de l’enfant (le lait maternel contenant moins de calories que le lait infantile), son sexe, et son âge au mois près. Mais là encore, le tableau qu’elle a obtenu montre les résultats pour la moyenne de chaque groupe, donc des chiffres éloignés de la réalité pour un enfant donné. En effet, 5 % de la population normale se trouve mise à l’écart des + ou – 2 écarts-types. En bref, ce tableau permet d’observer que certains enfants sains et normaux mangent donc jusqu’à 2 fois plus que d’autres enfants sains et normaux.

En ce qui concerne les besoins en vitamines, à nouveaux les résultats fluctuent d’une étude à l’autre, allant, pour la vitamine C, à titre d’exemple, du simple au double selon si l’étude est américaine ou anglaise. La dernière étude de l’OMS tranche sur un besoin de 30 mg par jour. Cela signifie que les apports du lait maternel en vitamine C sont suffisants jusqu’à 3 ans. Pour ce qui est des nombreuses autres vitamines, on connaît encore moins les besoins réels, mais le lait maternel contient davantage de chacune que n’importe quel aliment, il est donc suffisant dans tous les cas.

Cela conduit notre orateur à mentionner cette fameuse phrase tant entendue : « ton lait ne suffit pas ! »

Et pourtant… Voici le tableau comparant l’énergie en kcal/100g de chaque aliment et celle du lait maternel :

Pomme de terre cuite

65

Pomme

52

Carotte cuite

27

Légumes avec viande (faits maison)

50

Lait maternel

70

Ainsi, même la pomme de terre cuite contient moins de calories que le lait maternel. C’est pourquoi, l’enfant prendra préférentiellement le lait. Si un enfant de 9 à 11 mois ne perd pas de poids, cela signifie qu’il consomme suffisamment de calories, soit environ 1 litre de lait maternel par jour, donc suffisamment de chaque vitamine (puisque le besoin en vitamines est couvert par moins d’un litre de lait).

9-11 mois Besoins/jour

Lait maternel

Energie

738 kcal

1054 ml

Protéines

9,6 g

914 ml

Vitamine A

400 µg

597 ml

Vitamine B12

0,5 µg

515 ml

Vitamine C

30 mg

750 ml

En outre, une étude montre que la quantité de lipides augmente au fil des mois d’allaitement (Mandel, D. et al. Pediatrics 2005;116:e432-e435).

La seule exception concerne le fer, tant en ce qui concerne le lait maternel que le lait de vache. Les réserves en fer de l’enfant (en particulier de celui dont le cordon aura été clampé immédiatement à la naissance) s’épuisent vers 6-12 mois. La consommation en fer de la mère ne permet pas d’augmenter sa quantité dans le lait maternel. C’est la raison pour laquelle on commence la diversification vers 6 mois : pour pallier à une éventuelle carence en fer de l’enfant. Si un enfant de 8-9 mois refuse de manger autre chose, en tant que pédiatre, le docteur González nous indique qu’il prescrit un complément en fer au cas où, sans s’inquiéter davantage (dans le cas d’un prématuré, il faudra le complémenter en fer dès la naissance).

Mais ce n’est pas là le motif principal de la diversification. Si c’était le cas, il serait facile de trouver des solutions moins incertaines que le poulet que mangera peut-être l’enfant, il suffirait de lui donner du fer en gouttes. Non, la raison pour laquelle on commence à diversifier l’enfant est bel et bien l’éducation.

On pourrait peut-être, nous dit le docteur González, continuer à se nourrir de lait maternel toute sa vie : je téterais ma mère, qui téterait ma grand-mère, laquelle tèterait mon arrière-grand-mère… Non, en effet, la chaîne se romprait forcément, il faut donc forcément se sevrer.

Les laits infantiles sont eux aussi plus nutritifs que n’importe quel aliment. On pourrait donc s’en contenter toute sa vie en ajoutant tout ce qui est nécessaire en fonction de notre âge, de notre profession, de notre mode de vie, ce qui nous permettrait d’éviter à tout prix diabète et cholestérol. On pourrait aller à la pharmacie, demander « du lait pour pédiatre espagnol de plus de 50 ans ». Mais, déclare notre conférencier, manger ce qu’il veut est un privilège, auquel il n’est pas prêt à renoncer, même si cela doit raccourcir sa vie de quelques années. Et ce privilège de choisir notre alimentation, nous souhaitons le transmettre à nos enfants. C’est pourquoi il faut le diversifier.

La diversification doit donc être proposée comme un privilège dévolu à une personne à part entière. Ainsi, en lui mettant les cuillères dans la bouche comme un avion et en le distrayant devant la télé pour qu’il avale, on s’éloignera de cet objectif.

 

  1. Mythes autour de la diversification

L’introduction de nouveaux aliments il y a un siècle était plus tardive, en particulier celle des fruits. On ne parlait pas alors de « manque d’appétit », mais on pouvait lire que « trop manger est dangereux ». Le terme de manque d’appétit n’apparaît dans les livres qu’en 1936, pour devenir le principal motif de consultation médicale en 1970.

Un autre mythe que dénonce le docteur González est l’idée que la purée fera prendre à l’enfant davantage de poids que le lait seul. Or, non seulement, comme nous l’avons vu, cela est impossible puisque le lait contient plus de calories et de vitamines que tous les aliments, mais c’est même l’inverse. On peut d’ailleurs observer que tous les enfants prennent plus de poids avant 6 mois, alors qu’ils boivent exclusivement du lait, qu’après. En ce qui concerne la soupe, tant plébiscitée par les parents, notre pédiatre nous explique à quel point elle est peu nutritive en réalité.

L’enfant de 6 mois environ mange tout : les clés, ses doigts, le papier… il mangera donc aussi la soupe le plus souvent. Mais l’enfant de 1 an-1 an ½ devient sélectif. Tous les enfants préfèrent les pâtes, le riz, les frites, le lait et les gâteaux. Ils choisissent plutôt les bananes et les petits pois (qui sont des légumineuses, comme les fèves, et non des légumes verts). En effet, les enfants n’aiment tout simplement pas les aliments pauvres en calories. Leur estomac étant très petit, il se remplit très vite.

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Illustration tirée de « mon enfant ne mange pas » :

« un bébé de neuf mois et une banane dessinés à la même échelle»

Si par exemple un enfant boit de l’eau, il n’aura plus de place dans l’immédiat pour du lait. Ils suivent, finalement, en sélectionnant leurs aliments, une « diète pour grossir ». L’adulte, lui, dispose d’un estomac suffisamment grand pour lui permettre de manger de plus importantes quantités pour obtenir ce dont il a besoin.

 

  1. Une diversification sensée pour une alimentation saine

Carlos González nous présente ensuite longuement la brochure du Health Promotion Unit, ministère de la santé irlandais, qui va à l’encontre de ce à quoi nous sommes habitués en Espagne ou en France à bien des égards. La couverture de cette brochure est illustrée d’un bébé tout sourire, tenant dans une main sa cuillère et dans l’autre son verre, devant son assiette remplie de morceaux. Visiblement, le fait qu’il ouvre ou non la bouche n’a aucune importance ici.

Starting to spoonfeed your baby : https://www.healthpromotion.ie/hp-files/docs/HPM00381.pdf

La suite de la brochure propose un début de diversification à 4 mois pour les enfants nourris au biberon. Celle-ci est prônée par quelques experts, car le lait artificiel n’est pas tout à fait complet encore de nos jours (bien que celui qui était utilisé il y a 50 ans soit aujourd’hui tout à fait interdit). Pourtant, le fait de commencer la diversification à cet âge-là suppose qu’on soit obligé d’ « enfourner l’enfant ». L’illustration montre toutefois qu’il faut laisser l’enfant attraper la cuillère s’il le souhaite, garder le sourire de part et d’autre, et, qu’une fois encore, le fait que l’enfant ouvre la bouche ou non n’a pas d’importance.

S’ensuit l’information selon laquelle il ne faut jamais ajouter de céréales dans le biberon, car la nourriture trop concentrée pourrait être nocive pour l’enfant. De même, l’enfant nourri au biberon se verra proposer de boire son lait au verre dès l’âge de 6 mois, de sorte à ce que le biberon puisse être supprimé avant 12 mois afin qu’il ne prenne pas l’habitude de s’endormir avec le biberon dans la bouche, ce qui peut être cause de caries (voir à ce sujet l’article d’Alice).

Enfin, il est montré que le repas de la famille, par exemple des pommes de terre, sera le même pour l’enfant, pour qui on aura pu écraser une portion à la fourchette, mais à qui on ne donnera pas de nourriture mixée. En effet, cette habitude de mixer est récente, et à l’époque où il fallait utiliser la moulinette manuelle, personne ne s’infligeait ce travail trois fois par jour.

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En ce qui concerne les aliments du commerce, s’ils sont pratiques pour les voyages, ils ne devraient pas être donnés tous les jours. Les céréales pour bébé, par exemple, en plus d’être chères, sont moins bien que celles contenues dans les pâtes, le riz, etc. D’une part elles contiennent beaucoup de sucres, et d’autre part, le goût vanillé qu’elles ont souvent n’enseigne pas le goût salé.

L’âge précis d’introduction d’aliments, l’ordre d’introduction, etc. n’importent pas. La seule chose qu’il faut prendre en compte est que les apports en fer soient comblés (viande…), puis ceux en calories (petits pois…) Le reste n’est proposé que dans l’objectif que l’enfant s’habitue aux goûts. Au-delà de 6 mois, la consistance sera en morceaux.

La règle de sécurité à suivre sera d’être toujours à côté de l’enfant qui mange. L’enfant ne s’étouffe pas avec la nourriture. Il peut lui arriver de s’étrangler, auquel cas il tousse, crache et… remange. Cela ne devient grave que si la nourriture entre dans les voix respiratoires, dans 75% des cas, cela se produit avec des cacahuètes, ce qui peut se produire avec des aliments durs et lisses qui, glissant entre les dents, sauteront et pourront être envoyés au fond de la gorge avec élan (noyaux, noisettes, os, graines…) Avec, par exemple, du pain, cela ne se produit pas, car ce dernier reste collé et mou. On pourra donc prendre quelques précautions avec l’enfant très jeune, telles que couper les pommes en lamelles. Bien sûr, il est important d’éviter d’ajouter sucre et sel aux aliments, de sorte à induire l’habitude à long terme d’en limiter l’usage. Cela devra donc être poursuivi, car ces ajouts sont aussi néfastes à 6 ans qu’à 2 ans, et que les conséquences néfastes, telles que l’hypertension, sont causées par une consommation dans la durée. C’est donc avant tout une habitude de diète avec moins de gâteaux et de sel qu’on s’attachera à transmettre à l’enfant.

Jusqu’à 1 an, le lait de vache et les laits végétaux ne pourront pas être considérés comme un aliment principal.

Avant 1 an, l’enfant devrait être capable de manger la majeure partie de ce que mange la famille. Cela ne signifie pas qu’il devra ingurgiter une certaine quantité, mais qu’il saura le faire. Par exemple, l’enfant qui a mangé seul un petit pois sera considéré comme capable de le faire. En revanche, l’enfant à qui on aura donné 250 grammes de purée-avion ne l’est pas.

L’anglais utilise le mot « baby-led weaning », qui désigne la période entre l’introduction du premier aliment et la fin du sein ou biberon. Il ne s’agit pas de sevrage, mais d’alimentation complémentaire.

Parallèlement à cela, l’enfant conduit plusieurs apprentissages : prendre en main, porter à sa bouche, comparer les goûts et les textures (par exemple des aliments qui comportent des parties molles et d’autres dures, comme le melon)… Il apprend à décider de ce qu’il mange, et ne mange que ce qu’il veut (comme le dit avec humour notre conférencier, cela l’entraînera pour, lorsqu’à 15 ans, il devra choisir une pizza en sortie avec les copains, ne pas avoir besoin de téléphoner à sa mère pour qu’elle lui dise laquelle choisir).

Si enfant mange peu mais seul, il compensera en prenant davantage de lait, que ce soit au sein ou au biberon. S’il mange une grande quantité de purée qu’on lui aura donnée à la cuillère, il lui manquera une grande quantité de vitamines, et il n’aura rien appris… De plus, forcer un enfant à manger est dangereux (risques d’obésité ou de refus) et inutile. Les autres causes de l’obésité sont les aliments pré-cuisinés, le manque d’exercice physique… Ainsi le docteur González nous recommande de ne « manger que ce que ma grand-mère aurait mangé » et de ne boire que de l’eau.

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Carlos González clôt cette conférence en montrant diverses photos et vidéos présentant des enfants de 6 mois et plus en train de manger des aliments divers, souriants et sales.

D’autres vidéos : https://www.youtube.com/watch?v=zzPMAJCPhmAhttps://www.youtube.com/watch?v=tdP1fe38cQY

Euh… oui, lesquels vous semblent prendre le plus de plaisir à manger ? (malgré les titres de cette seconde série de vidéos, oui, oui, avec le mot-clé « funny baby eating » ! [Attention, ils peuvent être durs à regarder])


D’autres vidéos : https://www.youtube.com/watch?v=f4xvuRGq2Sshttps://www.youtube.com/watch?v=nkhHKfmiUzw


(*) : voir aussi notre page sur l’alimentation