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Les jouets préférés du moment (2)

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Stella (2 ans pile) est désormais capable de passer de plus en plus de temps avec un même jouet, et de jouer en interaction avec quelqu’un.

Jeux d’extérieur

Les ballons et balles sont sa grande passion. Lancer et rattraper avec les mains, tirer avec le pied, courir derrière… Tout ce qui sert à rouler, grimper, courir et sauter : trottinette, bilibo, jeu de « trappetrappe »… sont également de grandes sources de plaisir.

Jeux manuels et de société

Le tapis à dessiner à l’eau : facile à mettre en place et à nettoyer, c’est magique, parce qu’on a l’impression de dessiner de toutes les couleurs. On y passe un bon moment, puis on le met à sécher, et on le ressortira demain !

Un des jeux avec lequel Stella aura passé le plus de temps ces derniers jours est le Magnetic’s Coucou de Djeco, composé d’une dizaine de petits animaux en bois aimanté, dont les pattes et le buste sont à assembler ou dissembler pour créer de drôles de bêtes. Le nôtre est sur le frigo, et il a mobilisé les troupes de cousins jusqu’à 12 ans ! Dans le même genre, les puzzle en bois dans lesquels on peut choisir entre plusieurs têtes (affichant différentes émotions), plusieurs bustes et plusieurs pieds, lui plaisent beaucoup : elle trie chaque partie de corps en trois tas, puis essaye toutes les têtes, puis les pieds, et ainsi de suite…

Les petits poissons aimantés de la pêche à la ligne de Djeco sont appréciés aussi : à deux, chacun son tour, on les pêche pour les transporter dans l’autre lac, puis… on recommence dans l’autre sens !

Stella aime aussi se lancer dans de brèves parties de loto, de domino, de Premier Verger. Mettre ensemble ce qui est « payeil », c’est vraiment passionnant ! Il y a aussi le Nanu : bien sûr, on ne joue pas encore selon les vraies règles, mais Stella place les pastilles de couleur sur 5 images de son choix, et s’amuse beaucoup à mémoriser et retrouver la place de chacune de celles qu’on lui nomme, voire à essayer de dire ce qui est caché dessous.

Jeux de faire-semblant

Rouge est la nouvelle poupée. Remplir le biberon seule au bidet, puis le donner à Rouge, la mettre sur le pot, l’emporter au bain, et la faire téter (mais seulement sur maman !) occupent de longs moments.

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En ce moment, Avril (30 mois), adore jouer avec son poupon, elle a toujours (depuis ses 18 mois) aimé Bébé, et maintenant il fait partie de notre famille et de notre vie quotidienne. Elle passe de grands moments à s’occuper de lui, a lui parler, lui raconter des histoires, elle l’emmène partout.

Elle adore jouer aux jeux avec nous elle aime particulièrement les jeux où on doit lancer un dé (1er verger, little circuit) et d’autres comme « little association », les jeux de domino.
Elle joue beaucoup seule avec ses jeux de cubes et animaux avec lesquels elle fabrique des tours y met les animaux, les cache ; elle nous appelle pour que nous trouvions sous quel cube est caché l’animal.
Nous jouons aussi souvent à Bisou dodo avant la sieste.

Avril aime beaucoup les livres, on en lit aussi tous les jours à différents moments de la journée. Elle adore que je lui lise « le loup est revenu » et elle adore « lire » toute seule « de la petite taupe qui voulait savoir qui lui a fait sur la tête ».

Elle aime aussi toujours jouer à se cacher, elle se cache sous la couette et dit: « maman (ou papa) tu dis ou est Avril ?« , et faire de l’escalade et des figures acrobatiques sur son papa.

Le dernier jeu qu’elle aime beaucoup c’est jouer au docteur avec son copain Noé qui a 2 ans, et qui joue souvent le rôle de la victime. Lorsqu’ils jouent au docteur ensemble ils s’enferment dans la chambre et Avril me demande de m’en aller : « bon maintenant maman tu peux t’en aller !« .

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Ce qu’aime le plus Mathilde (2 ans et demi) ce sont les personnages qu’elle met en situation dans sa grande maison de poupée et avec ses véhicules préférés. Elle invente des histoires, rejoue des scènes de sa propre vie (« papa part au kravail » etc.). Les Playmobils (version 1 2 3) se mêlent sans problème avec les poupées en bois et les chevaux en plastique. On a un bac « personnages et véhicules », ça simplifie le rangement !

Sa poupée Aïcha a de très beaux vêtements cousus et tricotés par sa mamie (quelle chance !), elle aime bien l’habiller/déshabiller (et encore mieux si c’est maman qui le fait en respectant ses consignes : « nan, pas co’ ça, fais co’ moi ! »).

Elle joue surtout avec nous, encore très peu seule. On fait la « tamolé » (la pâte à modeler), on en fait de la dînette, on dessine, on peint… Et on fait de la musique : « maman, chante Pi-cacaouhète ! ». Avec son papa, c’est plus les jeux de constructions, les Duplo et aussi les briques géantes qui cumulent les avantages de construire et de faire tomber. Depuis que sa copine Stella a eu un plâtre, on joue au Docteur et depuis peu grâce à un emprunt à la ludothèque puis à Fred, elle a son propre matériel.

Elle se déguise, mets un chapeau et court en disant : « je suis un cowboy ! » ou bien mets une écharpe et prend un sac et dit qu’elle « va à la neige ». Elle joue à cache-cache sous la couverture, et comme lui a montré Avril, se met à l’abri du loup : « attention, un loup arrive ! » (parfois un dragon, ou papa, ou maman, en tout cas, c’est amusant de se faire peur !).

Elle aime aussi beaucoup les activités physiques : danser, sauter, faire du yoga (avec sa Yaya en particulier)…

La semaine des langues

Edit du 19/11/2014 : Lise présente la semaine des langues et parle du versant plurilinguisme de l’association :


 

Convaincu que le plurilinguisme est une richesse, le CAFÉ BILINGUE  lance la SEMAINE DES LANGUES pour « inciter nos concitoyens à considérer la diversité des langues et cultures – toutes les langues et cultures – comme une richesse patrimoniale et un atout économique pour notre pays. »

http://www.lasemainedeslangues.com/

C’est dans ce cadre et comme partenaire que Grandissons vous propose ses événements à Nice et Cagnes-sur-Mer.

Ouverture…

En tant qu’association de soutien à la parentalité, il nous apparaît essentiel de nous ouvrir à la diversité, à la couleur, à la différence et à la richesse de ce que chaque parent, chaque enfant, chaque famille pourra apporter.

Communication…

La transmission de la culture et de la langue, la communication entre parents et enfants sont des domaines qui méritent d’être au cœur de discussions, de questionnements et d’échange à l’intérieur des familles, et entre les familles.

Echanges…

Lors de cette Semaine des Langues, nous espérons ouvrir une porte de rencontre, d’échange et d’enrichissement mutuel entre toutes les familles venues d’ici et d’ailleurs.

Rencontres…

Des rencontres et espaces d’information, de discussion et de dialogue entre parents et professionnels auront pour objectif de permettre à toutes les personnes intéressées ou concernées par le multilinguisme de se rencontrer.

Un atelier ECHO multilingue offrira aux enfants de tous âges et à leurs familles la possibilité de découvrir de nouvelles cultures et d’entendre de nouvelles langues dans un cadre ludique.

La Semaine des Langues s’achèvera sur un grand tHé-multilingue, où nous espérons réunir le plus grand nombre de familles monolingues, bilingues, plurilingues, pour des échanges riches et variés.

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Janusz Korczak…

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Par Lise

[Cette semaine a lieu la journée internationale des droits de l’enfant, Lise vous présente à cette occasion le premier d’une série d’articles sur un grand médecin-pédiatre-écrivain-pédagogue-humaniste, Janusz Korczak.]


On voit quelquefois passer son nom, dans PEPS Magazine, en préface à Olivier Maurel… et pourtant, il ne nous est guère connu, tout au plus à cause de sa mort tragique. Moi-même, je ne l’ai pas vraiment rencontré lors de mes lectures ou recherches sur les thèmes de l’éducation et de la non-violence, mais parce que ma mère m’a prêté deux de ses livres. J’ai commencé ma lecture de Comment Aimer un Enfant d’un œil un peu critique, laissant filtrer des doutes tels que « encore une vieillerie avec des regards préhistoriques et stricts sur l’enfance… », pourtant, rapidement, je me suis laissée prendre par la poésie et l’originalité de l’approche. Oui, certains passages sont réellement durs, certes, ou peuvent agacer un peu, d’autres encore font sourire. Mais plus je lis et relis ces pages (pour tenter d’en faire une synthèse sur le présent blog) plus la puissance du message, sa richesse, sa dimension, m’enthousiasment. Je pense que, à l’époque où fleurissent les livres sur la non-violence éducative et sur les pédagogies alternatives, Korczak mérite absolument d’être connu et reconnu… et il est probable que je ne manque pas de revenir parler de lui ici !

Janusz Korczak est un pédiatre et écrivain polonais né en 1878, qui œuvrait à une refonte de l’éducation et du statut de l’enfant, privilégiant la sauvegarde et le respect absolu de l’Enfance. Il voulait une école de la démocratie et de la participation. Il dirigea deux orphelinats mixtes organisés en républiques d’enfants. Il créa des émissions de radio et des revues et journaux pour enfants, et il écrivit des livres pour enfants et pour adultes. Sur le plan pédagogique, son œuvre s’inscrit dans la lignée de la « pédagogie active » et de « l’École nouvelle », aux côtés de Montessori, Decroly, Neill, Freinet…

Il est aussi le précurseur reconnu de la mise en pratique des droits positifs de l’enfant (droits d’expression, de participation, d’association, etc.) officiellement établis le 20 novembre 1989 par la Convention des Nations Unies pour les Droits de l’Enfant, texte et acte politique majeur dont il exigeait l’élaboration depuis la fin du XIXe siècle (et auquel Aldo Naouri se targue de s’être opposé).

Il fut déporté en 1942 au camp d’extermination de Treblinka, avec les enfants du ghetto de Varsovie qu’il n’avait pas voulu abandonner (cf. le film de A. Wajda : Korczak, 1989).

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Comment aimer un enfant a été écrit au front, en 1915. Dès les premières lignes, le ton du livre frappe : écrit à la deuxième personne du singulier, il s’adresse au lecteur et commence par une question, dont la réponse est… « je ne sais pas. » Et, tout au long du livre, les questions, en longues listes, ne vont cesser de se succéder, laissant au lecteur le soin de réfléchir. Ici, pas de méthode, pas de réponse-type, pas de toute-puissance du scientifique « qui sait » mieux que le parent la manière dont celui-ci devrait élever ses enfants. C’est presque un dialogue qui s’instaure entre le lecteur et l’écrivain, dialogue rendu plus délicieux encore par le nombre des années écoulés depuis sa rédaction et qui donnent un petit goût sépia à certains passages, tandis que d’autres éclatent de modernité. Korczak ne parle pas seulement de démocratie et d’échange, il les montre. Ici, on ne se trouve pas face à un théoricien, mais à un homme d’expérience. Et à un poète. Tout, dans la forme comme dans le fond, appuie sa pensée : ainsi, il insèrera lui-même quinze ans plus tard des remises en cause de ses dires, des précisions, des prises en compte de l’évolution en fin de  plusieurs parties.

Le livre se décline en quatre chapitres : l’enfant dans sa famille, internat, colonies de vacances, la maison de l’orphelin. Chacun d’eux contient son lot d’idées capables d’apporter un regard nouveau ou enrichi aux parents ou aux enseignants d’aujourd’hui. Si je me permettais un petit reproche à la forme du livre, c’est celui que l’auteur semble suivre ses pensées dans un ordre un peu aléatoire, ce qui retire à mon sens un peu de la clarté et de l’intensité du propos.

Je ne parlerai dans cet article, que du premier de ces chapitres, en raison de l’absence de concision qu’à lui seul, il a causé dans mon écrit. Je ne peux m’empêcher, pour commencer, de citer quelques extraits de la première sous-partie, celle ou le médecin-éducateur se fait poète et philosophe pour parler de la grossesse et de la naissance :

« Le battement d’un cœur petit comme un noyau de pêche fait écho à ton pouls. C’est ta respiration qui lui procure l’oxygène. Un sang commun circule en vous deux et aucune de ses gouttes rouges ne sait encore si elle sera à toi ou à lui, ou si, répandue, il lui faudra mourir en sacrifice au mystère de la conception et de l’accouchement. Cette bouchée de pain que tu es en train de mâcher, c’est du matériau pour la construction des jambes sur lesquelles il courra, de la peau qui le recouvrira, des yeux dont il regardera le monde, du cerveau où la pensée flamboiera, des mains qu’il tendra vers toi et du sourire avec lequel il t’appellera « maman ».

« Parmi ces millions d’hommes, toi qui accouché d’un homme de plus. Qui est-il ? Une brindille, une poussière – un rien. (…) Mais ce rien est frère des vagues de la mer, du vent, de l’éclair, du soleil, de la Voie lactée. (…) Dans ce rien, il y a quelque chose qui sent, désire et observe ; qui souffre et qui hait ; qui fait confiance et qui doute ; qui accueille et qui rejette. »

Ce premier chapitre, l’enfant dans sa famille, se décline en 116 sous-parties, chacune porteuse d’une réflexion ou d’une idée, que je regrouperais en quelques grandes idées que j’ai pris la liberté de classer dans les titres ci-dessous :


L’enfant : une personne et une personnalité

Korczak montre l’enfant comme issu de la lignée d’ancêtres dont les milliers de parcelles sont réunies pour former une identité nouvelle. (sous-parties 2 à 5) Il insistera tout au long du livre sur l’individu. Les enfants se déclinent en autant d’identités et de caractères. L’auteur se pose la question de la part d’inné dans le comportement de l’enfant, part qu’il faudra accepter sans espérer changer l’individu,  et celle d’acquise par l’éducation, pour laquelle il s’agit de s’employer à lui donner ce dont il aura besoin pour s’épanouir. Cela donne matière à une riche réflexion sur la part de l’hérédité et celle de l’éducation dans la personnalité (n°49 à 53).

Une idée importante est que l’enfant n’est pas un mini-adulte en attente, mais d’ores et déjà une personne, dont chaque instant de vie a une valeur en tant que telle, et non comme une période de construction (n°40, n°64). La seule différence serait le manque d’expérience, dont Korczak nous donne de succulents exemples (n°65 à 71). Oui, cela va de soi, semble-t-il, et pourtant non, pas tant que cela, et lire ces passages le fait ressentir plus clairement que jamais. C’est ce qu’il définit comme le « droit de l’enfant à être ce qu’il est ».

On trouvera aussi des descriptions, des regards sur les nourrissons, les enfants, les adolescents, leur psychisme, leurs ressentis… oui, en lisant certains passages, on peut croire que l’auteur a vu à travers les yeux d’un enfant juste avant de tracer ses mots. Encore une fois, pas en termes d’âge et d’acquisition, mais en des descriptions rien moins que poétiques, il nous donne à voir ce qu’il croit percevoir chez certains enfants, sans omettre d’insister sur la variabilité des individus qu’ils sont déjà, et cela à plusieurs reprises, selon les périodes de la vie (n°26 à 43).

Ajoutons, pour démodée qu’elle soit, que la partie sur les filles et les garçons (« la fille, en plus des contraintes de l’enfance, doit subir déjà celles de la féminité », si, si, allez donc lire, n°99) n’est pas inintéressante dans les réflexions auxquelles elle peut conduire, ainsi que la réflexion finale et l’analyse de l’adolescent (n°101 à 115, « Nous avons peut-être tendance à y voir une période critique exceptionnelle et mystérieuse alors qu’en fait elle ne constitue qu’un des passages difficiles qui jalonnent la vie de l’enfant » (105)).

Cette vision respectueuse de l’enfant en tant que personne sert de base aux théories éducatives qui sont mêlées à ces descriptions.

« Elle est tout à fait fausse cette image qui nous représente l’enfant comme un anarchiste-né ou un être aussi intransigeant que vénal. L’enfant a le sens du devoir, respecte l’ordre, et ne fuit pas ses responsabilités pour peu que nous ayons la sagesse de ne pas les lui imposer par contrainte et qu’elles ne dépassent pas ses forces. » (n°102)

 


Education respectueuse et liberté

Beaucoup de paragraphes sont étonnants de modernité, et prédisent très nettement ce que l’on lit dans les livres récents : l’inutilité de vouloir faire correspondre l’enfant à un standard, les craintes et les difficultés des jeunes parents face à un jeune enfant qui leur parait difficile, l’importance de l’attachement parental dès les premiers instants (« si la jeune mère pouvait comprendre l’importance capitale de ces premiers jours et semaines… »)…

On trouvera quelques réflexions surprenantes sur la manière d’embrasser son enfant (« ce sont là des manifestations quelque peu douteuse d’une sensualité exaltée », n°32), sur les domestiques, sur la régulation des naissances (n°6)… aussitôt suivie d’une remise en question de la part de l’auteur, qui s’accuse de « bouderie puérile l’ayant longtemps poussé à refuser la nécessité d’un contrôle des naissances »)… Oui, quelques réflexions qui pourraient bien hérisser les cheveux sur la tête, mais… encore une fois, l’époque d’une part, la globalité du livre d’autre part, permettent de les contourner d’un sourire indulgent.

D’autres parties sont un peu en décalage avec ce que l’on connaît à présent, ou montrent combien de chemin déjà, a été parcouru. Tel ce paragraphe complet (n°38) consacrée au « droit de l’enfant à mourir » (eh ! oui, considérons qu’en 1915, le taux de mortalité infantile était d’environ 100 pour 1000 naissances vivantes, 1 sur 10… !) Et cela ne rend que plus précieux le fait d’avoir un enfant souvent bien-portant près de soi…

Mais ce dont Korczak parle le plus, c’est du droit de « vivre sa vie d’aujourd’hui ». Ainsi, il encourage les parents à offrir à leur enfant indépendance et liberté, à le laisser courir, comparant les sorties du petit paysan à la chambre aseptisée du petit citadin, et insistant sur l’importance des expériences que l’enfant effectuera lors de jeux pour ses apprentissages, et sur sa capacité à mesurer les risques (n°37 à 44). Il parle aussi de l’importance de ne pas accéder à tous les désirs de l’enfant, et à lui enseigner l’impossibilité ou l’interdit. Plusieurs parties sont également dédiées à l’importance de l’imagination et du jeu, et la manière dont les enfants s’y impliquent selon leur personnalité (n°72 à 80).

Dans son paragraphe sur l’alimentation, il propose de « donner à l’enfant ni moins ni plus que ce qu’il veut manger ». Idem pour le sommeil (n°62 et 63). Même l’allaitement au sein bénéficie d’une partie remarquablement ouverte, où il n’est pas opposé au biberon, mais à… l’engagement d’une nourrice, vivement condamné par Korczak, qui affirme déjà que chaque mère peut allaiter, et encourage à allaiter (presque) à la demande ! Et celui-ci d’enchaîner en parlant de diversification quasi-menée par l’enfant… (n°19 à 23)

Plusieurs paragraphes sont dédiés à la manière dont les enfants perçoivent les adultes, les mots que ceux-ci leur adressent, les croyances qui peuvent en découler chez les enfants (n°81 à 92). C’est déstabilisant, surprenant… mais ce que cela m’a inspiré avant tout, c’est : enfin un auteur qui essaye de se mettre à la place des enfants dont il parle, qui les a écoutés, qui, peut-être même, se souvient de sa propre enfance et s’appuie sur ses souvenirs pour proposer des affirmations !

En cinq parties (n°54 à 58), il décrira plusieurs milieux éducatifs de manière claire, tout en essayant de montrer ce que chacun pourra apporter ou non à l’enfant selon son caractère. Qu’il est bon de lire quelques pages sur la diversité, quelques lignes qui laissent voir qu’il n’y a pas une seule et unique manière de faire, qui donnent quelque recul !

Toutes ces idées éducatives mettent en avant l’objectif que l’enfant, qui « un jour aura des cheveux gris », devra plus tard « se retrouver dans la société, dans l’humanité, dans l’univers » (n°45).  « Nous lui faisons porter le fardeau de ses devoirs d’homme de demain sans lui accorder ses devoirs d’homme d’aujourd’hui. » (n°64) Dès lors, celui-ci ne devrait pas simplement subir des règles qui lui auront été imposées sans dialogue.


Langage, communication, échange

Enfin, Korczak donne un rôle extrêmement important au langage et au poids des mots.

Il décrit le nourrisson comme un être capable de comprendre, sinon les mots, du moins les situations, dès son plus jeune âge. Je n’aime cependant gère ce passage où il décourage la mère de trop lui parler au moyen de vraies phrases (n°29). Pourtant, il montre combien la manière de s’exprimer de l’enfant est riche et claire avant même qu’il soit capable de parler, et combien déjà il a de choses à dire (n°34). Je suis plus mal à l’aise avec la fin de ce passage, qui dit que le nourrisson pourra également se montrer « despotique avec son entourage » : pourtant Korczak ne veut par là que reconnaître aux enfants, en leur qualité de personnes à part entière, la possibilité de ne pas avoir envers tous et toujours un comportement positif.

Plus tard, il explique le besoin qu’a l’enfant de comprendre le monde qui l’entoure, et la manière dont l’adulte pourra l’aider par des mots, en lui donnant non seulement le nom de l’objet, mais aussi une appréciation sur celui-ci (n°47). Plusieurs parties s’attachent à montrer l’importance des mots dans la compréhension du monde qui nous entoure, quel que soit l’âge, et combien ils sont nécessaire à la construction de la pensée et des questionnements (n°85 à98).

Enfin, plusieurs longs passages sont dédiés au côté conventionnel du langage, et à la difficulté pour l’enfant de maîtriser ces règles (n°65) et de comprendre le langage souvent imagé : « la plupart des erreurs que nous commettons en portant nos jugements sur des enfants viennent du fait que nous prêtons nos pensées et nos sentiments aux mots qu’ils nous empruntent et qui, le plus souvent, ont pour eux une signification différente de celle que nous leur donnons » (n°68-69), quoi qu’il soit capable de raisonnement, mais retenu par une somme d’expérience moindre.

Porteur lui aussi de mots et de langage, l’enfant est capable d’apprécier le monde qui l’entoure, autant que ses valeurs morales. C’est ainsi que Korczak arrive à cette affirmation sensationnelle :

« Je pense que le premier et indiscutable des droits de l’enfant est celui qui lui permet d’exprimer librement ses idées et de prendre une part active au débat qui concerne l’appréciation de sa conduite et la punition. » (n° 37)

C’est d’ailleurs cette idée qu’il a appliqué dans la gestion de ses orphelinats, où opérait un tribunal d’arbitrage d’enfants. Mais de cela, je parlerai dans un prochain article, celui-ci se faisant déjà fort long.

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Conclusion

Combien d’ébauches, d’introductions, de bases… contient ce livre ! Lisez-vous Isabelle Filliozat, Olivier Maurel, Faber et Mazlich, Ginott… ? Je ne crois pas trop m’avancer en suggérant que le bourgeon de tout ce qu’ils décrivent se trouve déjà dans ce livre. Je suis un peu de parti pris, c’est vrai, et on pourra m’opposer que je ne décris que ce qu’il contient de positif, tout en omettant sciemment ce qui pourrait choquer ou ennuyer le lecteur moderne. Oui, mais j’ai déjà trop à dire sur ce que ce livre contient d’enthousiasmant, répondrais-je à cette critique justifiée.

Je ne conseillerais pas ce livre en première lecture à un parent qui s’interroge sur l’éducation non-violente ou s’intéresse au parentage. En revanche, je crois que c’est un enrichissement important, une base historique et un support réel que tout parent ayant déjà de bonnes idées sur la question pourra lire avec plaisir, surprise et curiosité, mais surtout avec avidité, et qu’il devrait appartenir au bagage incontournable de qui s’intéresse à la question.

L’interrogation qui me reste un peu douloureusement posée au coin des lèvres en refermant ce livre est « mais n’est-ce pas tout de même un peu triste et décourageant de constater qu’un siècle après qu’il a été écrit, nous n’en soyons encore QUE là, à croire naïvement que nous découvrons ce que cette homme affirmait déjà, à bâtir des théories utopiques quant à la nouveauté et à la potentialité de ces idées ? »

« Qu’aucune opinion ne soit une conviction absolue, immuable. Que le jour présent ne soit toujours qu’un passage, de la somme des expériences d’hier à celle, enrichie, des expériences de demain… A cette seule condition, notre travail ne sera jamais ni monotone ni sans espoir. »

Serait-ce là la réponse de monsieur Korczak ?


A venir : Les méthodes éducatives et pédagogiques de Januz Korcsak parties 2, 3 et 4 du livre.


Pour aller plus loin :

http://www.gfen.asso.fr/fr/pensee_pedagogique_de_j._korczak

http://korczak.fr/

http://www.unicef.fr/contenu/actualite-humanitaire-unicef/2014/02/14/l-innovation-pour-faire-progresser-les-droits-de-l-enfant-21266

Le grand test de l’été : dis-moi quel parent tu es, je te dirai la météo des plages

Par Lise

Chers parents d’enfants de tous âges, voici notre grand questionnaire de l’été. Nous vous serons reconnaissantes de nous laisser ci-dessous certaines de vos réponses, ou commentaires, ou réactions, ou réflexions, ou tout ce que ce questionnaire aura provoqué en vous ! Gardez toutefois à l’esprit que nous n’avons voulu insinuer aucun jugement ou critique à travers ces questions, qui ont pour tout objectif d’inspirer la réflexion, et certainement pas de provoquer des coups (de soleil, bien sûr !) Allez, c’est l’été, allongez-vous confortablement, mettez vos lunettes de soleil spéciales introspection et…

vacances

Selon vous, quel est le besoin primordial pour un enfant :

  1. Des règles et des limites.
  2. De la liberté.
  3. De l’amour.

 

Et pour un parent :

  1. De l’amour.
  2. De la liberté et du calme.
  3. Aucun.

 

Qu’est-ce que vous aimeriez obtenir de vos enfants :

  1. La volonté de toujours comprendre, discuter et échanger avant d’obtempérer.
  2. La compréhension et l’exécution des règles primordiales de sécurité, la capacité à chercher un consensus pour les autres règles.
  3. L’obéissance à ce que vous leur demandez.

 

Pourquoi ?

  1. Les enfants sont comme les adultes, ils savent mieux que quiconque quels sont leurs besoins.
  2. Les enfants sont des personnes à part entière, qui ont besoin d’être soutenus, conseillés, rassurés par les adultes, et guidés pour s’adapter à leur environnement et à la société.
  3. Les enfants ne savent pas ce qui est bon pour eux, ils doivent se plier aux demandes des adultes pour pouvoir se développer correctement, sans alourdir les exigences de la vie quotidienne des parents.

 

Quelle est la place que vous voudriez laisser à l’échange, à la discussion, à la communication avec votre enfant ?

  1. Assez peu, d’une part parce que les jeunes enfants ne comprennent pas grand-chose, d’autre part parce que si on doit tout discuter, on n’est pas sorti de l’auberge.
  2. Je lui parle comme à un autre adulte, puisque j’estime qu’il peut tout comprendre.
  3. Une place primordiale dès ses premiers jours, car l’enfant comprend très tôt bien davantage que ce qui semble, et que l’échange, y compris concernant les règles, les désaccords ou les obligation des uns et des autres, est la base d’une relation solide et réciproquement respectueuse, quel que soit l’âge de l’enfant ou de l’adolescent.

 

A long terme, quelle est la chose la plus importante que vous voulez donner à votre enfant :

  1. La possibilité de réaliser tout ce qu’il voudra quand il voudra sans souffrir de barrières et sans se préoccuper des qu’en dira-t-on.
  2. La capacité de se fondre dans la société, de savoir obéir sans souffrir.
  3. De bonnes capacités d’adaptation, tout en épanouissant sa personnalité et la possibilité de s’exprimer et de s’opposer, ainsi que de garder du recul par rapport à son quotidien. Autour de cela, l’empathie et le respect d’autrui.

 

Pourquoi ?

  1. Le monde est dur, et il est important de le savoir et de s’y habituer très tôt.
  2. Réussir à trouver sa place et son bonheur dans la vie telle qu’elle est nécessite de s’y intégrer tout en sachant rechercher à titre individuel ce qui est important pour soi.
  3. La société est pourrie, mieux vaut s’en détacher pour se créer une vie meilleure.

 

De quelle manière aimeriez-vous arriver à ces objectifs ?

  1. En exerçant l’autorité qui me revient de droit en tant que parent, y compris cris, punitions, corrections…
  2. En offrant mon regard bienveillant.
  3. Par le dialogue et l’explication.

 

Quelle est votre plus grande crainte ?

  1. Que ma relation avec mon enfant se dégrade.
  2. Que mon enfant échoue dans la vie, voire entre dans la délinquance.
  3. Que mon enfant ne se sente pas épanoui et manque de confiance en lui et en la vie.

 

Quel est votre sentiment par rapport à la manière dont vous exercez votre parentalité ?

  1. J’ai l’impression de sans cesse tout redécouvrir, et pour cela j’éprouve le sentiment de lire et d’échanger avec d’autres parents pour me conforter dans mes choix et me questionner sans cesse.
  2. J’ai peur de ne pas être à la hauteur, de ne pas offrir à mon enfant tout ce qu’il mérite, qu’il ne trouve pas en moi ce dont il a besoin.
  3. Ma manière d’agir est proche de celle que mes parents ont employée avec moi. Ça ne m’a pas tué, j’estime même avoir plutôt réussi, donc je ne me suis jamais vraiment posé la question.

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Si vous avez une majorité de chiffres entre 1 et 3 (2 inclus) :

Parmi ces questions, laquelle ne vous étiez-vous jamais posée ? Laquelle au contraire vous paraît primordiale ? Etes-vous certain que la réponse à cette dernière justifie toutes vos autres réponses ? Seriez-vous prêt à tenter « juste pour voir » de changer le regard que vous portez sur votre enfant ? Parvenez-vous dans votre vie de tous les jours à agir en fonction des réponses que vous venez de donner ? Cela vous satisfait-il pleinement ? Avez-vous déjà songé à essayer de « faire autrement » ? Le souhaitez-vous ?

Jeu n°1 : pendant quelques heures (ou plus !), faites semblant d’avoir répondu autre chose aux questions (choisissez soit au hasard, soit selon votre curiosité !) et voyez ce que cela peut évoquer dans votre façon de voir les choses.

Jeu n°2 : recherchez un souvenir de votre enfance ou vous avez été en conflit avec vos parents. Essayez de vous souvenir de ce que vous avez ressenti, de ce que vous vous êtes dit à ce moment-là. Vous pouvez éventuellement essayer de vous mettre une fois à la place de votre enfant en vous.

O-Liste-tâches

Par Lise

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Les mille et une tâches du quotidien tendent à devenir un milliard aussitôt qu’on est trois. Et ne plus avoir à s’occuper que de soi décuple encore les efforts. C’est ainsi que ces bêtes choses à faire peuvent se transformer en montagne et prendre trop de place dans le temps de la journée, au point de se faire  carrément douloureuses, car pour autant, elles ne deviennent pas valorisantes.

C’est pourquoi j’ai, un jour de grisaille, dessiné ce tableau que je souhaite aujourd’hui partager avec vous. La colonne de gauche contient toutes les tâches de la maison que j’ai pu recenser chez nous. Sur la ligne du haut, ce sont les 31 jours d’un mois. Eh ! bien, croyez-le ou non, mais cette simple première étape m’a fait du bien : tout ce qu’il fallait faire tenait sur une page A4, c’était déjà un petit peu moins grand qu’une montagne.

A ce stade-là, j’en ai parlé avec Papa-Loutre. J’ai choisi un moment où j’étais tranquille et où il était disponible. Il ne s’agissait pas reproches et lamentations flous, de la catégorie « tu auraispu, yaka, ilfaut, j’enai »… Je lui ai montré ma feuille en lui proposant de faire une sorte de jeu pendant quelques temps, peut-être juste une semaine ou deux, où chacun noterait ce qu’il faisait dans la maison au fur et à mesure, par son initiale dans sa couleur préférée. Comme cela, ai-je dit (aussi diplomatiquement que possible), chacun pourrait se rendre compte de ce que faisait l’autre, car on ne remarque pas les tâches que l’on n’a jamais remplies soi-même et se réalisent jour après jour comme par enchantement. Et aussi, cette liste nous aiderait à voir ce qu’il restait à faire en s’épargnant l’effort de réfléchir. Ainsi fut fait. Nous cochâmes nos cases avec entrain et force couleurs pendant trois semaines environ.

Résultat des courses :

–          Le fait de noter tout ce que je faisais me soulageait par le côté matériel que mes actions prenaient à la fin de la journée : plein de « L » rouges au lieu d’un grand vide, d’une journée passée à faire des trucs déjà oubliés qu’il faudrait recommencer le lendemain.

–          Savoir que Papa-Loutre voyait la quantité de « L » rouges que j’inscrivais m’a aidé à me sentir valorisée, quitte à insister un peu le soir d’un « tu as vu tout ce rouge » (oui, c’est peut-être puéril, mais j’assume parfaitement !) Et cela lui a permis de se rendre compte du nombre de choses qu’il fallait accomplir chaque jour.

–          En effet, le côté liste m’a un peu simplifié la vie, m’évitant la double-tâche de planifier puis agir.

–          Le tableau m’a fait remarquer clairement combien de « A » turquoises il contenait également, et combien de choses je n’avais jamais besoin de faire. Dans la foulée, cela m’a permis de remercier Papa-Loutre pour cela, et à lui de se sentir aussi valorisé dans ses actions.

–          Papa-Loutre a augmenté le nombre de tâches qu’il a accomplies lui-même, à présent qu’elles étaient clairement énoncées.

–          En parlant de puérilité, je crois bien que cela a causé un petit effet émulation du type : « c’est moi qui ai le plus de croix » chez nous deux…

–          Il a bien fallu remarquer que personne n’avait lavé les vitres (entre autres cases qui ne seraient jamais cochées), et que cela ne serait probablement pas fait dans les deux prochaines années !

Depuis, je remarque une différence notable dans la répartition des tâches à la maison. Cela va et vient, de part et d’autres nous avons nos petits moments de grosse flemme et ceux d’hyper-activité, mais nous en sommes tous les deux conscients, et il n’y a plus de mystère concernant ce qui doit être fait et ne se fait jamais tout seul. Je ne doute pas qu’il nous faille ressortir le tableau de temps en temps, et je crois même qu’il pourra prendre une autre dimension quand nous serons davantage de personnes à nous acquitter de tâches dans la maison.

Vous le trouverez ici au format Word afin de pouvoir le modifier en fonction de ce qu’il y a à faire chez vous (à moins que vous ne décidiez d’enlever tout bonnement la ligne « laver les vitres ») !

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Faites-nous part ci-dessous de votre expérience, si vous testez ce tableau ou si vous avez eu une idée analogue, ou si, au contraire, vous trouvez tout ça plutôt bof… !

Une naissance dans la jungle

(Ou comment je me suis auto-hypnotisée pour accoucher)

Par Lise

[Un (beau !) récit d’accouchement pour commencer la Semaine Mondiale de l’Accouchement Respecté]

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Cette histoire d’autohypnose a commencé par hasard. Bruxelles, début 2012, nous serons bientôt trois, l’univers de la nouveauté infinie s’ouvre à nous.

Pour vous donner une idée, à ce moment-là, tout ce que nous avions lu était un livre grand-public qui racontait au papa que sa femme allait probablement se mettre à l’insulter et à hurler pendant son accouchement, et Futur-papa n’était même pas tout à fait sûr de vouloir être présent à ce moment-là. Quant à moi, eh ! bien, comme beaucoup de monde, j’avais juste une sorte de trouille de l’inconnu qui m’empêchait de seulement penser sérieusement à ce qui m’attendait… sans m’ôter l’envie de trouver un moyen de changer cela.

J’avais par deux fois entendu parler d’haptonomie (1) par des amies nouvellement mamans, et l’idée m’avait enthousiasmée, je suis donc partie naviguer sur Internet à la recherche d’une sage-femme proposant cette technique de préparation à la naissance (2). 6 à 8 séances de préparation en couple sont proposées (mais le coût de ce genre de préparation est toutefois notable).

C’est ainsi que voilà rendez-vous pris dans un cabinet de sages-femmes proposant, outre un suivi pour retour précoce à domicile, portage, accouchement à domicile ou en milieu hospitalier, massages pour femmes enceintes, consultation en allaitement… différents types de préparation à la naissance, tels que haptonomie, préparation globale à la naissance, préparation en milieu aquatique, et… hypnonaissance. De cette dernière, je n’avais jamais entendu parler, et cela ne m’inspirait pas grand-chose (comme tannnnt de choses qui m’ont enthousiasmée depuis), et même, je n’en ai pas parlé à mon scientifique de mari, pensant que le simple nom le ferait fuir.

C’était donc pour une préparation haptonomique que j’ai pris le premier rendez-vous. Je ne vous parlerai pas de celui-ci ici car ce n’est pas le propos, mais juste pour en dire un mot, nous en sommes ressortis enthousiasmés, et cela nous a énormément apporté tout au long de ma grossesse, par la manière nouvelle dont, après cela, nous avons su entrer en contact, ensemble, avec le bébé.

Mais après cela, la seule sage-femme du cabinet (appelons-la Sarah) ayant des disponibilités convenant à nos horaires n’étant pas formée à l’haptonomie mais à l’hypnonaissance, et nous ayant paru sympathique au premier abord, nous avons décidé d’essayer cette dernière.

Elle a commencé par nous expliquer dans le détail la physiologie, les étapes et le déroulement de l’accouchement. Ainsi, nous avons eu accès à des schémas de l’utérus présentant les différents muscles et leur action, à une courbe représentant la durée et la fréquence des contractions de manière à avoir notion de leur caractère non-anarchique et de la possibilité de se reposer entre deux d’entre elles, à un tableau représentant les multiples positions possibles selon les moment du travail, à une description des différentes phases de l’accouchement, à une liste des questions à poser au gynécologue, à des aides pour rédiger un projet de naissance, à une masse de conseils pour le papa sur la manière dont il pourrait aider sa compagne, à des articles  parlant d’épisiotomie, de péridurale… Bref, à une véritable information nous permettant de savoir ce qui nous attendait de manière avisée, confiante et paisible, et d’opérer à des choix.

Durant la deuxième partie des séances, nous avons appris ensemble à respirer efficacement « par le ventre », à nous relaxer profondément, à nous ancrer dans un lieu imaginé. Il a été montré à Futur-papa comment m’aider à accéder à l’ancrage en posant sa main sur mon épaule, à me masser, m’effleurer, m’apaiser, des gestes qui soulagent. Et puis, nous nous sommes vu confier un enregistrement conduisant à la relaxation, que j’ai utilisé jour après jour tout au long de la suite de ma grossesse, trouvant dans cet exercice un repos et un soulagement importants. De plus en plus rapidement, je pouvais, en l’écoutant, m’apaiser, me détendre, souvent m’endormir. Futur-papa, quand il était là, trouvait le même effet. Eh ! non ! Pas de pendule, pas d’yeux qui tournent, pas de murmures étranges… l’hypnonaissance, c’est seulement le fait de se détendre profondément, d’enlever toute tension et toute peur, de se relaxer. Ca marche donc même sur les scientifiques !

Enfin, lors de la troisième partie des séances, nous nous sommes vu offrir des explications sur l’allaitement (avec poupon à l’appui pour tester les différentes positions !) et quelques précisions sur les difficultés possibles. Nous avons eu un cours sur la manière de donner le bain au nourrisson, enveloppé dans un lange, et sur la réalisation de cet enveloppement pour l’apaiser en toutes circonstances, ainsi qu’une démonstration de massages pour soulager les douleurs au ventre du nouveau-né, quelques explications concernant le portage, et même une discussion sur la manière de réagir et de répondre aux pleurs du nouveau-né (eh ! oui, ça pleure un bébé, et se préparer même à cela ôte quelques surprises angoissantes…)

Beaucoup de choses dans notre vision de la parentalité à deux ont changé grâce à ces renseignements concrets. Nous faisions les exercices ensemble, et ensemble nous constations comme cette méthode de relaxation nous apportait de nouvelles sensations… Premièrement, cela nous a rapprochés en tant que couple, deuxièmement cela nous a rassurés en tant que futurs parents. C’est ainsi que ma préparation à l’accouchement nous a également ouvert la porte du parentage proximal…

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Et nous voilà à Nice, fin septembre, le jour de la DPA pile poil, 4 heures du matin. Il fait encore sombre quand je me réveille. Cela fait plusieurs nuits que je ne peux pas dormir à cause de contractions assez fortes et répétées, mais cette fois-ci, elles deviennent rapidement bien plus intenses ; je commence à penser qu’enfin, là, c’est peut-être ça. Je suis très calme. A Bruxelles, Sarah m’avait expliqué que le plus confortable était d’attendre le plus longtemps possible chez soi jusqu’à-ce que les contractions arrivent environ toutes les 3 minutes depuis environ 2 heures. Oui, cette fois, c’est sûr, ce doit être le début de mon accouchement, voilà véritablement les « vagues » que l’on m’avait décrites, leur fréquence et leur intensité continue à croître, croître… Mon souffle devient court, il s’écoule bien moins de 10 minutes entre deux contractions, il est 8 heures déjà, la douleur me fait vomir. Sans bruit, dans la nuit pas encore tout à fait levée, je retourne me coucher et mets en marche le fameux enregistrement sur lequel, depuis plusieurs mois désormais, je m’entraîne à atteindre cet état de relaxation profonde, celui qu’on appelle autohypnose. Peu à peu, tout s’apaise en moi, je regarde les montagnes que j’ai décidé de mettre dans ma tête, hautes, blanches, silencieuses, tranquilles et somptueuses. Je me rendors. Oui, pendant deux heures, à nouveau, je dors. A deux reprises, une contraction plus forte me fait me relever d’un bond, mais je réussis à m’apaiser à nouveau et à entrer dans le sommeil. A 10 heures, j’ai faim, et puis je sais qu’on ne me laissera pas manger ni boire plus tard, à l’hôpital (l’anesthésiste de l’hôpital me l’a dit, même si à Bruxelles, ça aurait été différent). C’est parti pour une platée de coquillettes (que je toucherai à peine, vomirai, et qui restera sur la table pendant plusieurs jours ensuite !) Quand les contractions deviennent insupportables, je vais sous la douche, et l’eau chaude me soulage un peu. Je respire profondément. Il faut songer à partir. Il est midi, cela fait longtemps que les vagues sont fort proches l’une de l’autre. La voiture, ce n’est pas très agréable, attendre dans le garage bondé que futur-papa fasse un parking parfait avec un millimètre de chaque côté de la voiture non plus. Et puis il faut encore marcher, se prêter aux analyses et aux longues questions des infirmières à l’accueil, qui n’ont pas l’air de bien croire que ce soit vraiment « le moment »… Respirer profondément, lentement, que l’air descende en chaque partie douloureuse du corps et la détende, tandis que la douleur se fait plus intense, plus aiguë, plus générale, plus grande que le corps lui-même…

Nous voici en salle de travail. Je donne mon projet de naissance à la sage-femme qui va s’occuper de moi. Je ne la sens pas très enthousiaste, et elle le commente, la moitié de mes requêtes bénéficiant d’un « ça va de soi », l’autre d’un « ce n’est pas possible »… Ce qui est sûr, c’est que j’ai envie qu’on me laisse tranquille, dans le calme, la pénombre et le silence, seule avec Futur-papa, qui, mis à part le temps d’un petit sandwich, sera toujours à mes côtés, et cela sera assez respecté. Nous jouons à regarder la courbe du monitoring, monsieur le scientifique essaye de comprendre comment ça marche (mal, ça marche mal, ça sonne sans arrêt parce que ça s’est déplacé). Je reprends mon enregistrement d’hypnonaissance, et il s’émerveille sur la manière dont les contractions se font aussitôt plus intenses tandis que je deviens calme et que la douleur s’apaise un peu. Je perds les eaux. Libérée du monitoring obligatoire, je vais du ballon aux bras de Futur-papa, d’agenouillée à accroupie, penchée, droite… Je passerai la majeure partie du temps assise sur le ballon, le buste soutenu par Futur-papa, qui me tient, me retient, me soutient, la 7e symphonie de Dvorak nous accompagnant… Je n’ai plus guère de répit entre deux « vagues ». Je meurs de soif, j’ai faim, je commence à trembler, je n’ai plus de forces, je… demande la péridurale. Je suis un peu déçue, j’aurais aimé faire sans, mais son éventualité est comme une bouée de secours. Et puis la sage-femme a dit qu’il y en avait encore pour 5 heures au moins. On m’allonge, on fait sortir Futur-papa, on me palpe le dos, l’anesthésiste me parle musique et voyage, j’ai envie de lui dire « shut, j’accouche, là ! Vous ne voyez pas ? », mais je suis trop bien élevée, et je me contente de fermer les yeux et de contempler mes montagnes. Une sensation nouvelle s’empare de moi. Les contractions vont plus loin encore, mais elles sont différentes. Je le dis. Je crois que le bébé veut sortir. On rappelle la sage-femme, on me dit que oui, c’est peut-être le moment, je réponds que non, la sage-femme m’avait dit qu’il y en avait pour encore longtemps, on me répond que oui, mais non, là, c’est la sage-femme elle-même qui me parle. J’entrouvre un œil : c’est vrai, tiens, c’est elle. Je respire à fond. Je sais que j’entre dans la phase d’expulsion, telle qu’elle m’avait été expliquée par Sarah. Je sais ce qui se passe en moi et ce qui va arriver. Je me sens mieux. Je respire. J’ai repris le contrôle. Je vais y arriver. Je me répète une fois de plus cette idée que, dans 24 heures tout au plus, ce sera fini, et qu’un jour est si bref, par rapport au souvenir à venir, qui me fera sembler ce moment si loin pendant si longtemps. J’annonce que je préfèrerais qu’on ne me fasse pas de péridurale finalement, je suis vraiment, vraiment désolée d’avoir dérangé tout ce monde pour rien, mais… Tout le monde quitte la chambre. Futur-papa revient, ouf ! Nous sommes à nouveau dans la pénombre, lui et moi dans mes montagnes, lui et moi dans le calme, lui et moi, et le bébé qui arrive lentement. Nous remettons mon enregistrement d’hypnonaissance en marche, et soudain, je repars. Loin, là où la douleur n’envahit plus de pointes aigues et brûlantes mon corps et ma tête, là où je peux respirer. Futur-papa m’effleure le bras comme Sarah le lui a enseigné. Toujours il garde un contact physique avec moi. Je suis au bout de l’univers, mais pas seule. Le temps n’a plus d’emprise sur moi. Futur-papa me dira plus tard que la sage-femme et son assistante présente échangent des sourires en entendant mon enregistrement (oui, oui, c’est vrai, ça fait marrer, en fait, les «Libérez votre corps pour qu’il se mélange au vert et sentez-vous complètement en harmonie avec la nature » sur fond de musique New-age, vu de l’extérieur…, et j’avais clairement le sentiment d’être l’allumée de service qui arrive avec son projet de naissance et ne veut rien faire comme tout le monde), mais elles me laissent faire. Jusqu’à l’expulsion. Soudain, c’est le moment. Fini Dvorak, adieu hypnonaissance, je suis brusquement envoyée au milieu d’une compétition sportive, probablement d’escalade, au milieu des huées m’enjoignant de dépasser la fameuse limite des dix mètres, celle au-delà de laquelle je commence habituellement à avoir les jambes qui flageolent, à grand renforts de « Allez-y, allez-y, jusqu’au bout ! On respire, et… on y va, allez, sans s’arrêter, jusqu’au bout, jusqu’au bout ! », et de souffler comme des trains en encourageant Futur-papa à faire de même. Je n’ai pas envie ici de m’attarder sur les autres commentaires stressants et semi-menaces (3), ni même sur mes sensations. Physiquement, j’ai atteint depuis longtemps la limite de ce que les mots savent décrire. Mais dans ma tête, toujours le calme absolu, et ni la pression de la sage-femme ni l’effort intense n’y peuvent rien. Je sais ce qui se passe, je sais que cela marche, et je sais que cela s’arrêtera.

Et en effet, arrive le moment où ELLE est là. Il est 17 heures. Elle est aspirée malgré mes requêtes, et je me tortille pour ne pas la lâcher un instant du regard, « rendez-la-moi… » mais cela ne dure qu’un instant, et elle revient contre moi. Ma toute petite. Les yeux grands ouverts, s’accrochant à mon sein, blottie comme si là toujours avait été sa place, comme si elle avait été moulée au négatif de ma poitrine, tiède, douce, aussi calme et tranquille que moi. Nous nous regardons, tous les trois. Nous avons réussi. Une larme. Le temps ne reprend pas son cours : j’ai déjà l’impression qu’elle est là depuis toujours…

Respectant mon souhait, deux heures plus tard, le personnel me transportera dans ma chambre toujours allongée contre mon bébé, et on me laissera là aussi longtemps que je le souhaiterai. Jusqu’à-ce que son Devenu-papa la prenne à son tour tout contre lui, puis, qu’à regret, nous l’habillions pour la nuit, que nous passerons tous les trois seuls dans notre chambre d’hôpital. Seuls comme une famille toute neuve. Seuls dans notre bulle de bonheur.

Epilogue

Pendant les mois suivants, nous continuâmes à utiliser l’hypnonaissance assez fréquemment. Je continuais à m’endormir en me relaxant en écoutant mon enregistrement, et Bébé-Loutre semblait également apaisée. En ce qui concerne les techniques d’effleurement, d’ancrage et de massage qui avaient été enseignées à Devenu-papa, il les utilisa à bon escient pour me soulager lors de mes débuts douloureux d’allaitement. Pour finir, je ne peux m’empêcher d’être convaincue que toute cette préparation et cette naissance avec l’hypnonaissance ne sont pas tout à fait étrangères à la manière dont notre petite fille est paisible et éveillée… En effet, depuis ses premiers instants, nous l’avons trouvée calme et tranquille, et puis nous l’étions aussi, et je crois que nous nous sommes renvoyés les uns aux autres cette paix rassurante comme un cercle vertueux. (4)

En conclusion, j’ai envie de dire que, plus que tout, il est à mon avis primordial que les femmes, que les couples, soient préparés à la naissance, et cela principalement dans le sens « informés ». Savoir exactement ce qui se passe physiologiquement, ce que cela produit comme sensation, ce qui va suivre. Je pense à quelle panique cela peut causer, que d’aller de surprise en surprise, ne pas savoir si c’est « normal », si « ça va aller », si on va « y arriver », si la douleur va continuer à monter à l’infini sans aucun répit, si… Informés aussi qu’ils peuvent soumettre des projets de naissance, informés que la « voie standard » toujours présentée dans les films et que l’on vous propose d’emblée n’est pas la seule possible, informés qu’ils peuvent demander autre chose, informés que la manière dont on met au monde son enfant est le premier choix que l’on fait pour lui, et pas le moins important… et qu’on devrait avoir le droit de l’effectuer en connaissance de cause.

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1) http://www.haptonomie.org/fr/espace-public/accompagnement-haptonomique-pre-et-postnatal.html

http://www.haptonome.be/haptonomie-grossesse.htm

2) Et en tapant « haptonomie Bruxelles », c’est vrai que l’on tombe sur un nombre de réponses assez important…

3) Je n’avais envie de parler ici que des côtés positifs de cette naissance, mais je ne voudrais pas non plus avoir l’air d’idéaliser tout ce qui s’est passé. J’ai accouché au CHU, peu après notre déménagement dans cette ville que nous ne connaissions pas, loin, donc de la gynécologue et de la sage-femme qui avaient suivi la majeure partie de ma grossesse. Et, puisque nous parlons d’accouchement respecté, force est pourtant de mentionner un extrait de ce que je n’ai pas perçu comme tel (un jour, peut-être, pourrais-je écrire le pendant que j’intitulerais « comment j’ai ressenti mon accouchement comme pas été tout à fait respecté » !). Ainsi, le rendez-vous avec le gynécologue du CHU pour le dernier bilan, alors que je lui parle timidement de projet de naissance : « Autrefois, les parents faisaient des enfants plus jeunes et ne se posaient pas tant de questions. Je ne vois pas pourquoi vous vous compliquez tant que ça la vie. Nous savons faire des accouchements. Et puis, croyez-moi, tout ira bien, les problèmes, vous les aurez pendant les 25 années qui vont suivre. », et, riant : « Ce n’est même pas votre enfant, que vous faîtes naître, mais celui de la société. C’est pour cela qu’il faut d’ores et déjà se plier aux protocoles » (sic !)

En ce qui concerne la salle de naissance, quelques phrases telles que « Votre femme ? elle veut avoir mal, eh ! bien elle a mal ! », ou « Si vous acceptiez l’épisiotomie, votre bébé serait déjà là », « Si vous ne poussez pas plus fort, votre bébé ne va pas bien aller »… n’ont pas été non plus tout à fait dans le sens de ce que j’attends d’un « accouchement respecté ».

Mais l’idée et le souvenir généraux que je veux garder de cette naissance sont tout de même,  grosso modo, ceux d’un beau souvenir paisible. En me laissant partir, c’est d’ailleurs ce qu’a dit la sage-femme : « Vous voyez, j’ai bien respecté votre projet de naissance », et, oui, elle avait fait des efforts, et je suis convaincue que c’est un bon début, dont je veux donner une image globalement positive.

4) Il ne s’agit, une nouvelle fois, pas de tout idéaliser ! Oui, il y a eu des « coliques » provoquant des heures de hurlements le soir, oui, il y a eu des difficultés à mettre l’allaitement en route, oui, des problèmes de santé et une grande fatigue, oui, des tas de questionnements sur que faire et comment le faire… Je veux seulement dire que tout cela n’a pas causé de panique et que, malgré tout, de manière générale, nous avons pu préserver notre « bulle de bonheur » malgré les incidents que nous savions normaux.

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Quelques sources :

http://hypnonaissance.eu/accueil.html

http://www.hypnonaissance.com/

http://douce-naissance.com/philosophie/

Livre : HypnoNaissance, la Méthode Mongan (disponible dans notre bibliothèque) : brève histoire de l’accouchement, préparation, techniques de respiration, techniques de relaxation, descriptions et explications sur l’accouchement. Un livre dont la lecture rassure et donne de bonnes pistes pour un accouchement paisible. A lire avec assez de recul pour ne pas s’arrêter aux affirmations un peu allumées, au ton de supériorité et de critique envers le reste, à la très mauvaise traduction de l’américain…

Livre : Pour une Naissance Heureuse, d’Isabelle Brabant (disponible dans la bibliothèque)

Livre : Préparer son accouchement, aire un projet de naissance, Sophie Gamelin-Lavois (disponible dans l bibliothèque) : une bonne liste d’informations à avoir afin de choisir ce qui nous semble important et d’en informer l’équipe médicale. L’ouvrage ne donne malheureusement pas de conseils de rédaction, mais à venir prochainement ici un article sur le projet de naissance.

 

Nos trois porte-bébés, ou comment se reposer les bras en gardant bébé près de soi

Par Lise

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Je pense que l’achat que j’ai mis le plus de temps à réaliser de ma vie a été celui de la poussette ! Je me suis renseignée sur internet, blogs, forums, consobaby… J’y ai passé des heures. Il fallait qu’elle soit légère, pliable et compacte, réversible pour que je puisse avoir mon bébé face à moi, qu’elle ait des roues un tant soi peu tout-terrain, qu’elle soit associée à une coque auto qui ait de très bons résultats aux crash-tests et à une nacelle… Et je pense que finalement, j’ai passé moins de temps à l’utiliser qu’à la choisir, sans parler du prix ! Bon, c’est vrai qu’entre chez moi et la ville, il y a tellement d’escaliers que ce n’est pas propice à l’utilisation d’une poussette dans tous les cas. Mais, même une fois descendus de notre colline, la moindre volée d’escalier (à la gare par exemple !), les encombrements dans le tram, les crises de larmes de bébé, tout devient compliqué.

Et pourtant, il existe bien un moyen vraiment léger, compact, qui permet de passer partout, de rester en contact avec son bébé et de le consoler ou même faire téter discrètement en tout lieu et qui coûte moins cher… le portage !

J’ai donc envie, aujourd’hui, de vous parler des trois moyens de portage qui nous ont facilité la vie. Mon propos n’est nullement de faire une quelconque publicité, seulement de présenter ceux que j’ai testés.


1) L’écharpe de portage 

La nôtre est une Néobulle (de fabrication française) en sergé croisé (un tissage qui associe confort et soutien). Les immenses avantages qu’elle nous a offerts ont été de nous donner un moyen d’apaiser mini-nourrissonne et de sortir brièvement sans mettre en marche la mise en place de la grosse poussette. J’ai même le souvenir de quelques siestes, où j’étais moi-même allongée, Stella endormie contre moi dans l’écharpe. Et puis le simple fait de savoir que je pouvais utiliser l’écharpe lorsque bébé pleurait trop fort m’a énormément rassurée les premières semaines.

Les inconvénients, dans mon cas, ont été la douleur au dos suite à la grossesse, qui ne m’a pas permis de porter autant que je l’aurais souhaité, et le manque d’aisance avec la mise en place des nœuds (que le manque d’entraînement n’a pas aidé à améliorer !) Il y a aussi eu une période, vers 3 mois, où la demoiselle se tordait en arrière et n’appréciait pas trop d’être ainsi attachée, même si cela n’a pas duré.

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2) Le Manduca

Celui-là, il nous accompagne non-stop depuis que la demoiselle a 5 mois (elle en a aujourd’hui 19, mais on n’est pas prêts de s’arrêter de s’en servir). Je crois que c’est l’objet qu’on a le plus utilisé et aimé. Il a conquis le papa, qui, un peu réticent aux nœuds de l’écharpe, s’est mis à porter sans compter, il a conquis le bébé, et il m’a conquise. J’ai porté devant jusqu’à environ 8 mois, puis en alternance devant ou derrière jusqu’à 13 mois, et à présent (12 kg), je porte presque essentiellement dans le dos. Avec le Manduca, on peut bavarder (même si cela demande une certaine souplesse du dos quand bébé est derrière), on peut téter (en cas de portage devant, bien entendu, la nature étant ce qu’elle est), on peut se faufiler partout, on peut prendre le train et l’avion en voyageant léger… Quand bébé marche, on peut le laisser monter et descendre à volonté en quelques instants, et, tout le temps qu’il est par terre, on a les mains libres. Bon, un seul inconvénient : il faut porter le sac. On peut aussi varier la manière de clipper les bretelles, ainsi que les serrages, de sorte à varier les appuis. Même en randonnée, nous, on aime notre Manduca. Oui, on a un peu chaud, mais c’est bien moins lourd que tout autre moyen.


3) Le Suppori

Il s’agit d’une sorte de filet qui se porte en bandoulière. Il doit peser dans les 300 grammes, ce qui permet de l’emmener vraiment partout, et il est en synthétique, ce qui permet de se baigner avec. Bon, ce n’est qu’un portage d’appoint, mais suffisamment confortable pour aider dans bien des situations. Au départ, nous l’avons utilisé à la piscine et à la mer, quand la Loutre (de 8 à 12 mois) n’était pas très rassurée. Depuis qu’elle marche, il nous accompagne partout, quand on sait qu’il faudra la porter seulement quelques instants. C’est bien plus vite installé que le Manduca (on l’enfile, on glisse bébé dedans, et c’est fait !), et cela fatigue beaucoup moins que juste avec les bras quand bébé est un peu lourd. Pour transporter des objets en portant un mini qui ne veut plus marcher, pour achever une promenade trop fatigante, pour faire un câlin vraiment très long, pour téter debout, pour prendre l’avion (quand bébé marche, c’est ce qu’il y a de plus simple, vu qu’il faut le détacher au contrôle, puis le remettre, puis le re-laisser se dégourdir les pattes, puis le re-remettre, puis le re-détacher pour le mettre sur son siège, tout en portant au moins un bagage…), ou pour tenir dans des bras un grand bébé qui ne marche pas encore mais qui aime bien être transporté dans la maison….

Voilà. Si vous aussi vous avez des coups de cœur portage à nous communiquer ou des commentaires, ou même des questions, n’hésitez pas à laisser un commentaire ci-dessous !

Compte-rendu de la conférence d’Olivier Maurel

Par Lise et Marie

Nous avons eu l’honneur de recevoir Oliver Maurel qui est venu nous faire une conférence vendredi 25 Avril, à l’occasion de la 10ème journée de la Non-Violence Éducative sur le thème : Pourquoi et comment s’orienter vers une éducation sans violence ? Comme promis, en voici un compte-rendu.


Olivier Maurel est né en 1937. Il était près de Toulon lors de la guerre, et a été témoin de combats près de chez lui, ainsi que de la déportation et des récits de sa sœur ainée. Marqué par ces faits, devenu professeur de lettres, il s’est interrogé sur ce qui pouvait être à l’origine des la violence chez les humains et découvre les ouvrages d’Alice Miller, en particulier « C’est pour ton bien ». C’est à la demande de cette dernière qu’il a rédigé son premier livre, « la Fessée ». Il est également le fondateur de l’Observatoire de la Violence Éducative Ordinaire.

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Il observe que, dans les pays où les enfants sont davantage frappés, la situation se répète, car elle apparaît comme la normalité aux nouveaux adultes. Ces méthodes d’éducation s’apparentent pourtant, dit-il, à un virage dangereux à signaler.

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Compétences et comportements innés de l’Homme

 

L’Homme est, nous dit Olivier Maurel, un animal social, doué de compétences innées, qui se développent seules, avec le soutien de l’adulte. L’organisme sait qu’il ne peut pas vivre seul. Cela se décline en quatre capacités :

  • Les enfants agissent dans la mesure où l’attachement leur est absolument nécessaire (John Bowlby (1)). En effet, le fait que le nourrisson cherche à téter dès la naissance est le premier des comportements relationnels, lié également à la production d’ocytocine, cette hormone de la tendresse, chez la mère. De même, les pleurs de l’enfant bras tendus vers l’adulte, et le physique séducteur des bébés ont pour rôle d’éviter un abandon qui signifierait la mort.
  • L’imitation est caractéristique de tous les enfants. On parle de neurones-miroirs, qui enregistrent les comportements observés et se préparent à reproduire le geste, toujours dans un rôle lié à la relation avec l’entourage.
  • Dès leur plus jeune âge, les enfants sont capables de manifester de l’empathie, ils peuvent identifier les émotions et les intentions des autres. Ainsi en témoigne l’observation des bébés qui se mettent parfois à pleurer tous en même temps dans les maternités.
  • Les jeunes enfants font preuve d’un altruisme spontané. Ils ont des capacités de consolation, et apportent naturellement leur aide à l’adulte s’ils remarquent que c’est nécessaire, par exemple lorsqu’ils voient un adulte trop chargé pour ouvrir la porte de l’armoire (Warneken, voir la vidéo ci-dessous).

 

 

En outre, les enfants manifestent des capacités de réflexion précoces, qui, par exemple, leur permettent de réfléchir à un ordre avant d’agir et de ne pas obéir s’ils ne trouvent pas de raison à le faire. De même, ils manifestent une préférence pour les figurines de jeu qui ont offert leur aide aux autres qu’à celles qui ont des rôles négatifs.

Pour vivre, l’enfant est prêt à s’adapter à tout, y compris à son environnement éducatif, quel qu’il soit, pour garder un lien avec ses parents. Ainsi, les neurones se connectent en fonction de l’éducation reçue, qui peut, par exemple, induire la peur, un manque de confiance dans les autres et en soi… L’enfant n’ayant pas de point de comparaison, il croit ce qu’on lui dit, y compris si on lui affirme qu’il est méchant, paresseux… Ainsi, l’enfant frappé continue à aimer ses parents, mais il cesse de s’aimer lui-même.

 


Définition de la violence éducative

 

Olivier Maurel nous décrit la violence éducative comme un iceberg. L’iceberg figure la différence entre violence éducative et maltraitance : la partie émergée figure la maltraitance reconnue (qui dépend de la société dans laquelle on vit. En France, on considère par exemple que si la fessée est admise, il n’en est pas de même pour des coups de bâtons). Sous la mer, toutes les formes de violences destinées à l’éducation des enfants.

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36 pays ont fait totalement émerger cet iceberg en interdisant toute forme de violence. L’UNICEF a obtenu que dans la majorité des pays, la violence à l’école soit interdite. Il reste donc plus de 150 pays où on continue, parfois dans les écoles aussi, parfois seulement à la maison, à employer la violence. Dans les sud des Etats-Unis, par exemple, on peut utiliser une latte de bois pour corriger les élèves (Olivier Maurel nous dit posséder un exemplaire qui lui a été envoyé).

Parallèlement à la violence physique, il y a aussi la violence verbale, celle qui consiste à asséner à l’enfant des « tu es nul », « tu feras le trottoir », comportant les insultes, le chantage… Et la violence psychologique (manque d’attention, attitudes méprisantes, etc).

Pour reconnaître s’il s’agit de violence, il suffit de se demander si on supporterait un tel comportement de la part de quelqu’un qu’on aime. Si ce n’est pas le cas, ce n’est pas bon non plus pour l’enfant.

La banalisation de la violence éducative provoque une sorte de mépris des enfants. L’idée qu’il faut corriger les enfants remonte à fort loin : la Bible contient une douzaine de proverbes qui recommandent de frapper les enfants, St Augustin invente au 4ème siècle le péché originel, Freud décrit les enfants comme parricides, porteurs d’inceste, Kant écrit que L’homme a été taillé dans un bois si tordu qu’on n’en pourra jamais tirer quelque chose de tout à fait droit.» De tout cela perdure l’idée que seule la violence peut fonctionner pour redresser l’enfant (corriger = rendre droit), cela reste présent dans le vocabulaire et dans la culture. Ainsi : « une bonne fessée n’a jamais fait de mal à personne »… Quant aux enfants, ils seront affublés de termes comme « mouflets, morveux, chiard, merdeux, pisseuse… » qui n’ont pas une étymologie très tendre…

La violence éducative se transmet aussi par les neurones miroirs, et enseigne la violence. Lorsqu’elle est utilisée lors de petits conflits, elle enseigne à lier conflit et violence. Elle entraîne l’impulsivité à laquelle on s’habitue dès l’enfance, au lieu de montrer le conflit comme quelque chose de normal, y compris quand on s’aime, et qui peut être une bonne chose quand on le dépasse.

Olivier Maurel nous dit qu’un des rôles essentiels des parents est de permettre le découplage entre conflit et violence.

 


 Les conséquences physiques et mentales de la violence 

 

  • Le stress est une des principales conséquences physiques causées par la violence. A l’origine, le stress est un moyen de défense face au danger, qui provoque fuite, paralysie ou défense. Il se caractérise par un flot d’hormones qui apporte à l’organisme plus de sang de sorte à préparer les muscles à réagir. Or, des études menées sur des rats montrent que si on ne peut ni fuir ni se défendre d’un stress répété, le système digestif s’altère. Les hormones de stress (cortisol et adrénaline) pourraient détruire les capacités cognitives ; le système immunitaire est également atteint, ainsi que la croissance, délaissés au profit de la préparation de l’organisme à lutter contre le danger.
  • Sur les capacités relationnelles : en ce qui concerne l’attachement, s’il est mélangé aux réactions de violence dans la famille, l’enfant risquera de mêler les deux, ce qui augmentera la possibilité qu’il reproduise ce schéma, par exemple en violence conjugale.
  • Sur la sexualité : il semble exister une relation entre la violence éducative et le développement d’une sexualité déviante. JJ Rousseau raconte par exemple dans ses confessions que la fessée l’a rendu masochiste.
  • Sur l’imitation des comportements : d’après Olivier Maurel, on acquiert un seuil de tolérance à la violence lors de notre enfance ou de notre adolescence. Pour quelqu’un qui n’a pas subide violences lors de l’enfance, la violence est perçue comme une anomalie.

Olivier Maurel nous rappelle qu’il ne s’agit là que d’une augmentation statistique des risques et qu’il est bien sûr possible d’échapper à ces conséquences d’un point de vue individuel. Mais le fait que la violence éducative soit répétée et sur une longue période joue un rôle important. En effet, celle-ci peut débuter lors des premières « bêtises » du tout petit enfant et perdurer jusqu’à la majorité ou même après (à titre d’exemple, Olivier Maurel nous conseille le livre de Gavino Ledda, Padre Padrone).

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Olivier Maurel mentionne une étude réalisée sur des chiens, et qui montre que, lorsqu’ils sont enfermés dans une cage électrifiée dont ils n’ont pas la possibilité de sortir, ils n’ont par la suite plus l’idée d’essayer de s’enfuir lorsque cela devient possible. Il s’agit là de « détresse acquise ». Ainsi, la violence ne prépare pas à supporter la « dure vie » qui attend le futur adulte, mais au contraire, peut causer de tels comportements de passivité.

Enfin, obligé de s’endurcir pour supporter la violence, il arrive que l’enfant devenu adulte oublie cette violence qu’il a subie, ce qui entraîne également des problèmes au niveau de ses capacités d’empathie.

Les enfants sont capables d’acquérir très jeune les notions de justice et de bien et de mal. L’adage « ne fais pas à autrui ce que tu ne veux pas qu’on te fasse », attribué à Confucius (probablement parce qu’il fut le premier à l’écrire), représente un principe élémentaire de la morale. Olivier Maurel nous cite une thèse réalisée sur l’emploi de cette formule, de Confucius en 500 avant J.C. à Barrack Obama en 2004. Il aura fallut attendre la fin du XXème siècle pour qu’un psychologue américain remarque que cette formule n’était jamais appliquée aux enfants : ils se retrouvent en dehors du domaine de la morale !

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Quels comportements adopter pour essayer de sortir de la violence éducative ?

Il est important tout d’abord de réaliser un travail sur soi-même dans le but de se déconditionner, en particulier d’oublier l’idée qu’il pourrait exister une bonne violence. Notons que l’enfant que l’on a été est notre base fondamentale et qu’il est important de s’y reconnecter.

Certaines thérapies peuvent être utiles pour se faire aider dans ce travail, tels que des psychothérapies, le neuro-feedback (http://www.neurofeedback-france.fr/4.html) ou encore l’EMDR (http://www.emdr-france.org/spip.php) (Olivier Maurel nous raconte avoir personnellement testé cette dernière avec beaucoup de réussite).

En situation de crise, l’adulte pourra parler d’avoir la « sensation que la main le démange », l’instinct tendant à chercher à reproduire le passé (Olivier Maurel parle du geste venant du passé à travers la main du parent). On peut alors tenter de se recentrer sur soi-même : respirer profondément pour se détendre, compter mentalement, chanter, sortir de la pièce… sont autant de petites aides pour essayer de ne pas réagir par réflexe, mais de faire passer la réflexion avant.

Il est important de se mettre dans une position intérieure de question. On peut aussi demander à voix haute « qu’est-ce qui nous arrive ? », ce qui peut aider à se calmer et l’enfant aussi.

Ensuite Olivier Maurel nous conseille plusieurs auteurs qui offrent des pistes pour trouver des solutions (2), tels que :

–          Les ouvrages d’Isabelle Filliozat, en particulier « j’ai tout essayé ! » et « Il me cherche ! »

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–          Le dernier livre de Catherine Guéguen « Pour une enfance heureuse »

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–          Jesper Juul : « Regarde… ton enfant est compétent : Renouveler la parentalité et l’éducation»

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–          Catherine Dumonteil-Kremer « Une nouvelle autorité sans punition ni fessée »

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–          PEPS magazine (en particulier le dernier numéro) : Olivier Maurel est désormais auteur régulier de chroniques pour le magazine

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Il est, en outre, primordial d’accueillir les émotions de l’enfant. Entre 18 mois et 4 ans, on parle du « pic de violence », lié au nombre important de découvertes qu’il fait au quotidien, aux émotions dont il est le centre, et que l’enfant peut manifester en donnant des coups. Cela disparaît bien avant l’adolescence et n’a rien à voir avec la violence des adolescents et des adultes, qui, elle, est acquise culturellement. Nommer les émotions peut aider le tout-petit à prendre ses distances avec elles. L’utilisation de signes de la langue des signes pourra l’aider à le faire avant de savoir parler.

Enfin, il s’agit de définir clairement notre rôle en tant que parents. Le psychothérapeute Pierre Lassus (auteur de livres sur la maltraitance des enfants) suggère les trois principes de base «  Protéger, Pourvoir, Permettre »

  • Protéger : ce qui ne veut pas dire se faire trop de souci et empêcher l’enfant d’agir, mais de mesurer ce qu’il peut faire par rapport à son âge. En effet, l’enfant se protège aussi lui-même le plus tôt possible.
  • Pourvoir : aux besoins fondamentaux physiques, affectifs et intellectuels (en utilisant le langage, en évitant le mensonge…), ce qui ne veut pas dire accéder à tous les désirs immédiatement. Ceux-là, on pourra les écouter, les noter par écrit, jouer autour par l’imaginaire… Dans ce domaine, les réponses principales seront apportées par l’exemple.
  • Permettre : laisser l’enfant aller vers un but. Olivier Maurel nous donne cette définition : « le rôle de l’autorité, c’est de savoir permettre. » Le but de l’éducation, en effet, est de conduire l’enfant à l’autonomie. Il s’agit donc d’avoir confiance en ses capacités, tout en restant lucide par rapport à son âge. Notre conférencier fait ici une distinction claire entre « veiller sur », qui rime avec bienveillance, et « surveiller », qui sous-entend méfiance.

Il faut pourtant savoir dire non, expliquer, établir des règles claires pour la vie familiale. Elles seront d’autant plus respectées qu’il y en aura aussi pour les parents à l’avantage des enfants (par exemple, « papa doit lire une histoire chaque soir ») et faites avec l’enfant.

Isabelle Filliozat propose de préférer le « stop » : qui vise un comportement et s’exprime souvent avec un visage ouvert, au « non », qui peut sonner comme un refus sur la personne, et s’accompagne de sourcils froncés. De même, il est préférable de parler positivement (« on reste sur le trottoir »), plutôt que d’employer la négation (« on ne traverse pas la route »), difficile à assimiler par les enfants, compte tenu de l’immaturité de leur cerveau.

Enfin, comme le dit Jasper Juul, on peut se demander : « si j’avais un conflit avec mon ami, comment me comporterais-je ? » pour obtenir quelques réponses quant au comportement à adopter. « Il faut rendre les conflits constructifs plutôt que chercher à avoir raison à tout prix », nous dit-il encore.

Bien sûr, tout ceci est plus facile à dire qu’à faire, d’où l’importance de se ménager un réseau de soutien : le conjoint, les livres, les listes de discussion (telles « Parents-conscients » sur Yahoo (3)), les associations (comme Grandissons (4)) pourront aider.

Quelques autres pistes lancées par Olivier Maurel et tirées de son expérience familiale : écrire les difficultés du moment (permet de prendre du recul par rapport à la situation présente) ou encore se dire que c’est le regard qu’on lui porte qui peut causer les difficultés de l’enfant, créant un cercle vicieux, et essayer de changer ce regard.

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 Les questions du public 

(Nous ne citerons que des pistes de réponses, par soucis de concision)

1 –      A propos du pic de violence chez les enfants : comment gérer la violence entre frères et sœurs en tant que parent ?

L’arrivée du 2ème enfant peut parfois être à l’origine de la violence éducative (système de protection du plus jeune). Suggestion de la lecture de « Frères et sœurs sans rivalité » d’Adèle Faber et Elaine Mazlish

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2 –      Quelles alternatives à la punition ?

Olivier Maurel cite en particulier le dernier numéro de PEPS qui parle entre autres des alternatives aux punitions et aux récompenses.

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3  –      Loi d’interdiction de la fessée, où en est-on en France ?

Olivier Maurel suggère de voir le documentaire de Marion Cuerq « si j’aurais su… je serai né en Suède ! » (on en a parlé ici même).

4  –      Y’a-t’il un lien entre l’éducation que l’on reçoit et la non-réaction à une scène d’agression ? (au sujet de l’agression dans le métro à Lille)

Difficulté de réagir dans un groupe parce qu’on a tendance à attendre que quelqu’un réagisse à notre place.

Etude sur les Justes (personnes qui ont recueilli, protégé ou défendu des personnes menacées durant la période du Régime de Vichy).

5  –      Que penser des cris ? Est-ce traumatisant pour les enfants de crier?

Dans PEPS magazine, Anne-Marie Bosems suggère de transformer les cris en manifestations théâtrale (voir article « La Castafiore », rubrique Anti-pétage de plombs dans le numéro 6 ).

castafiore« Oui, je l’avoue, parfois j’aimerais que le pyjama qui traîne au milieu du salon soit ramassé par son propriétaire, que le départ pour la médiathèque se fasse vite et bien ou que les bagarres s’arrêtent. Entre autres choses qui m’agacent et pour lesquelles je souhaiterais une coopération enthousiaste de toute ma tribu ! Le plus souvent, je parle plus fort, je crie même parfois. […] Mais dans les très bons jours, c’est-à-dire quand j’ai de l’énergie et que je suis joyeuse, je réussis souvent quelque chose d’épatant : je chante. […] il ne faut pas hésiter à faire la Castafiore […] elle prend des poses, le dos de la main sur le front, elle est prête à défaillir… C’est à la fois un moment de détente, une bouffée d’oxygène, un éclat de rire et un moment de coopération. »

 

(5) 

6 –      Enseignante confrontée à 30 enfants de 3 à 5 ans : situation anti-naturelle, existe-t-il des solutions pour qu’elle soit plus sereine ?

Piste : témoigner du respect, voire de l’affection, pas vraiment de réponse…

 


Conclusion

Peu de temps avant le début de la conférence, Olivier Maurel nous a parlé d’une émission de France Inter où il était invité avec Aldo Naouri (un pédiatre s’étant récemment illustré pour son apologie du viol conjugal (6)) pour débattre sur le thème « Faut-il être un dictateur avec ses enfants ? ». Autant vous dire que l’on se rend compte très rapidement, rien que dans la forme des prises de parole de l’un et de l’autre, dans quel camp se situe la violence… (7)

Un grand merci à Olivier Maurel pour sa venue, la clarté de son exposé et sa gentillesse. Merci également au public (8) venu nombreux et ses excellentes questions qui ont fait avancer la réflexion.

 


 

Notes en bas de la page :

 

(1) Nous reparlerons d’attachement ici très bientôt.

(2) Nous avons quelques livres d’Isabelle Filliozat, d’Alice Miller et d’Olivier Maurel dans notre bibliothèque de prêt.

(3) Nous avons nous aussi listé un certain nombre de ressources sur notre page Education non-violente.

(4) oui, oui, nous sommes là aussi pour ça !

(5) Vous pouvez aussi aller consulter la page fb 21 jours sans crier sur mon enfant 

(6) Pour en savoir plus : http://leplus.nouvelobs.com/contribution/820245-violez-la-l-etrange-humour-du-pediatre-aldo-naouri-et-la-complaisance-de-elle.html

(7) Emission radio France Inter « ça vous dérange » 2008 : Olivier Maurel et Aldo Naouri. En 4 parties :
1 : http://www.dailymotion.com/video/x6eilb_fr-inter-ca-vous-derange-060808-pt1_lifestyle#.UWMlsJONhqc
2 : http://www.dailymotion.com/video/x6ek9c_fr-inter-ca-vous-derange-060808-pt2_lifestyle#.UWMlzJONhqc
3 : http://www.dailymotion.com/video/x6ekcy_fr-inter-ca-vous-derange-060808-pt3_lifestyle#.UWMl4JONhqc
4 : http://www.dailymotion.com/video/x6ekf1_fr-inter-ca-vous-derange-060808-pt4_lifestyle#.UWMl85ONhqc

(8) Merci spécialement à Ludivine qui a très rapidement mis son résumé en ligne, il nous a aidé à organiser notre compte-rendu.

Le vent dans les langues

Par Lise

Face à la vitre, on voit le reflet du jardin, calme et vert. Mais traversons la fenêtre et passons un peu dans l’herbe pour de vrai, et c’est tout autre chose : le vent vous siffle dans les oreilles, vos pieds se mouillent et tous les sons vous étourdissent.

C’est la comparaison qui me vient à l’esprit après quelques jours passés à l’étranger avec  ma fille. Cette fois, la langue dominante n’est plus la mienne, ni la culture, et je suis corps et âme plongée dans le paysage, dont le vent fait frémir mes volontés pourtant ancrées dans mes convictions.

Et j’entends me souffler à l’oreille :

– Parlez avec votre enfant dans votre langue maternelle, que vous maîtrisez mieux, et qui, dans un premier temps, sera sa langue forte, autour de laquelle il construira son langage. Oui, c’est ce que, de derrière ma vitre, je suis intimement persuadée qu’il faut faire. D’autant que, lorsque je suis en France, entendre quelqu’un parler sa langue avec son enfant ne m’inspire que plaisir et admiration.

– Et puis : parlez avec votre enfant, parlez lui beaucoup, expliquez-lui les situations, échangez avec lui. Ca aussi, c’est une chose précieuse à observer, lorsque je suis derrière ma vitre…

Et me voilà en Allemagne, au parc de jeux, avec ma petite de presque-dix-sept mois. Me voilà un peu seule, un peu isolée, pas toujours sûre de comprendre ce que l’on me dit, ce que l’on dit à ma fille, ou ce que les gens se disent (sont-ils en train de parler de moi ?) Et soudain, je me rends compte que je ne lui parle presque plus, et à voix presque basse. Même, j’aurais plutôt envie de lui parler à l’oreille, ou en allemand, ou n’importe quoi du moment que cela ne crie pas immédiatement à la face du monde que je suis… étrangère. J’ai beau lutter, j’ai du mal à lui parler comme d’habitude. En effet, en le faisant, plusieurs impressions s’imposent à moi :

– j’écarte les autres enfants et parents, qui ne comprennent pas ce que je lui dis.

Et pourtant… Française en France, lorsqu’un parent parle une autre langue à son enfant, je ne me sens pas écartée, je ne ressens que du positif. Mais c’est si facile, depuis « chez soi ».

– je la rends elle aussi incompréhensible, donc « à part ». Par exemple, lorsque je lui suggère de « dire merci », et que sa tentative reste sans retour, qu’elle insiste, mais que personne ne peut saisir ce qu’elle dit… à moins que je ne « traduise », mais alors, c’est elle qui ne comprend pas et me regarde, un peu étonnée.

– je m’isole encore plus, en laissant penser que je ne parle pas la langue du pays, risquant ainsi de décourager qui voudrait s’adresser à moi (et, il faut bien le dire… personne ne le fait, mis à part d’autres allophones !)

– je deviens paranoïaque, tantôt avec le sentiment de parler trop fort si bien qu’on « n’entend que moi », tantôt avec la sensation que les gens me regardent de travers ou parlent de moi.

Par-dessus cela, j’ai aussi du mal à saisir les nuances dans la manière dont les parents se comportent avec leurs enfants. Il me semble qu’ils restent très près de leurs tout-petits, et tendent à ne pas leur laisser échanger jouets et bisous comme j’ai tendance à le laisser faire à ma fille. Est-ce une différence culturelle, est-ce une idée fausse que je me fais, est-ce simplement une différence en cet instant entre ces parents présents et moi ? Je n’en sais rien. Seulement, cela m’ébranle et me fait me poser ces questions qui ne m’auraient probablement pas même effleurées en étant en France. Au point que je m’efforce de les imiter, pour ne pas avoir l’air d’être « celle qui laisse sa fille tout faire parce que ces Français élèvent n’importe comment leurs enfants ».

Bien sûr, je ne me suis pas dit tout cela dans le feu de l’action, mais en rentrant, j’ai ressenti un petit goût amer qui m’a inspiré ces réflexions, d’autant que je m’intéresse beaucoup à cette question de bilinguisme, tout en faisant grandir ma fille (italo-française) dans ce qui est ma langue et ma culture. Toujours est-il que c’est à présent avec une admiration et des encouragements redoublés que j’entendrai des parents parler dans leur autre langue à leur enfant.

Lorsque l’on est « chez soi », on ne se rend pas compte de l’isolement qui s’empare si aisément de celui qui ne vit pas dans le pays de sa langue. Tout est pour lui plus difficile, plus fatigant, plus inquiétant. Tout devient défi dès qu’on ne maîtrise pas à la perfection la langue qui nous entoure : comprendre les mots sympathiques du voisin sans le faire répéter trois fois, finir par sourire en « ayant l’air d’avoir compris », s’habituer  aux comportements différents des gens, saisir tout ce à quoi on n’est pas accoutumé, s’adapter à tout dans la discrétion… et même, faire une recherche sur internet pour trouver des groupes où rencontrer d’autres parents ou d’autres étrangers !

Pourtant, ces difficultés, je les ai rencontrées dans un pays occidental de culture assez proche de la mienne, dont je parle assez bien la langue, où j’ai déjà vécu (mais sans enfant alors), où j’ai des amis… je ne peux qu’effleurer la réalité qui peut être celle de personnes venant de bien plus loin sans en avoir fait le choix, sans rien connaître de la langue, ni avoir de relations… Oui, je pense qu’il est bon, souvent, d’essayer de comprendre les situations en les l’observant quelquefois depuis l’autre côté de la vitre…

Casse-tête sur l’appuie-tête

Par Lise

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Ça y est, ça recommence ! Plus d’un an après en avoir fini avec les choix de poussette, porte-bébé, lit, baignoire, table à langer et toutes ces choses à acheter ou pas, revoilà à nouveau le problème du siège-auto ! (Dans notre cas, c’est aussi tardif car nous avions une coque fonctionnant jusqu’à 13 kg)

Pour tout le reste, emprunts, occasions ou bricolage me conviennent parfaitement, mais dans le domaine de la sécurité, pour moi, les concessions sont hors de question ! C’est ainsi que me revoilà plongée dans les sites comparateurs, les forums et autres articles sur les fameux sièges. Et il y en a !

Pourtant, il faut fouiller un peu déjà pour entendre parler de sièges Rear-Facing (oui, oui, dos à la route, vous avez bien compris !) On tombe facilement sur les crash-tests comparant les sièges existant sur le marché (et prouvant déjà que tous ne sont pas égaux !), mais peu d’entre eux mentionnent les fameux RF, pourtant tellement utilisés… en Suède, où le taux d’accidents est parmi les plus bas d’Europe !*

Eh ! Eh ! J’entends la voix de certains fidèles lecteurs ayant à peine d’achever de lire l’article « les écharpes de portage c’est comme les camping-cars » et s’esclaffant que, décidément, j’y tiens à ce que ma fille ne regarde jamais devant elle. Si, si, pourtant, je vous assure, non seulement elle a une chaise « face à la table » pour manger, mais aussi lorsqu’elle marche, je la laisse avancer dans la direction de ses orteils!

Mais en voiture, en effet, c’est différent. En RF, lors d’un choc frontal, le poids exercé sur la nuque est 6 fois moindre, ce qui est primordial chez le jeune enfant, dont la tête est plus lourde et le cou moins robuste que plus tard. Le risque de blessure grave en voyageant dos à la toute jusqu’à 4 ans est 5 fois inférieur.

Alors certains diront : « Nous avons toujours attaché nos enfants dans leurs sièges face à la route et n’avons jamais eu de problème ». Mais le siège est une assurance « au cas où », n’est-ce pas ? Et le but est qu’il assure « au cas où » l’accident serait grave, et qu’il le fasse au mieux. De même, on pourrait entendre de la génération précédente : « De mon temps, nous n’attachions pas les enfants ! D’ailleurs, nous ne mettions pas non plus notre ceinture, et nous n’avons jamais eu de problème.» Tant mieux. Pourtant, on recense 18 000 tués sur la route en 1972, contre 3 653 en 2012. Et le durcissement continu des normes de sécurité n’est certainement pas étranger à cela. Vous n’êtes d’ailleurs certainement pas sans savoir que la norme a changé au 9 juillet 2013, qui vise à normaliser le système Isofix, durcit les mesures d’homologation par les crash-tests, classe les sièges en fonction de la taille de l’enfant et non plus du poids, et surtout, prévoit le transport des enfants dos à la route jusqu’à 15 mois (contre 9 mois auparavant). Et alors, pourquoi, encore 15 mois seulement, alors que les Suédois l’encouragent jusqu’à 4 ans au moins ? Évolution à petits pas de tortue. Mais vous qui me lisez, ne pourriez-vous pas souhaiter que votre enfant bénéficie dès à présent de ce qui est clairement plus sûr, et sera probablement conseillé dans quelques années ici aussi ?


Notes en bas de la page :

* Tiens, la Suède, encore… Voir aussi : « si j’aurais su… je serais né en Suède »

Statistiques et nouvelles normes : http://service.autoplus.fr/les-sieges-auto-que-choisir/

Un site extrêmement complet sur les sièges auto, et en particulier les Rear-Facing : http://www.securange.fr/#!dcouvrir-rear-facing/cw7t

Statistiques de sécurité routière en Europe : http://www.securite-routiere.org/Fiches/statistiques/statinter.htm

Un forum sur lequel on rencontre plein de gens bien renseignés : http://puericulture.forumactif.com/f8-bebe-en-voiture