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Lien de connexion atelier d’écriture 23 juin

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Le respect : le replay est en ligne pour 15 jours !

Et voici le Replay de notre table ronde sur le respect !

Pour la Journée de la Non-Violence Éducative, Grandissons a proposé une table ronde participative sur le thème du RESPECT.

Qu’est-ce que le respect ? Qui est concerné ? Comment est-ce qu’il se manifeste et comment est-ce qu’il se perçoit ? Est-ce que ça s’apprend ? Est-ce que ça se doit ? Et dans les classes, comment ça se passe ? Bébés, enfants, ados, adultes, parents, enseignants, grands-parents… Toutes et tous concerné.e.s pour le manifester et pour le recevoir, pour vivre ensemble. Vous êtes venu.e.s en parler avec nous, exprimer vos interrogations, vos difficultés ou vos réussites !

Il est toujours temps de partager vos réflexions et commentaires ici !

Débat animé par Lise Rebattu, co-fondatrice de Grandissons, avec :

Ariane, éducatrice de jeunes enfants

Emmanuel Fouché, professeur des collèges

Vicky Brougiannaki, conseillère parentale

Vincent, directeur d’école et enseignant

Aude Renson, accompagnante parentale

JNVE – LE RESPECT : Pour qui ? Pourquoi ? Comment ?

Pour la Journée de la Non-Violence Éducative, Grandissons vous propose une table ronde participative sur le thème du RESPECT. Qu’est-ce que le respect ? Qui est concerné ? Comment est-ce qu’il se manifeste et comment est-ce qu’il se perçoit ? Est-ce que ça s’apprend ? Est-ce que ça se doit ? Et dans les classes, comment ça se passe ?Bébés, enfants, ados, adultes, parents, enseignants, grand-parents… toutes et tous concerné·e·s pour le manifester et pour le recevoir, pour vivre ensemble.

Venez en parler avec nous, exprimer vos interrogations, vos difficultés ou vos réussites !Débat animé par Lise, co-fondatrice de Grandissons, avec :
Ariane, éducatrice de jeunes enfants
Emmanuel, professeur des collèges
Vicky, conseillère parentale
Vincent, directeur d’école et enseignant
Aude, accompagnante parentale

Évènement gratuit sur la plateforme Zoom, inscription obligatoire sur :
https://www.helloasso.com/…/even…/table-ronde-le-respect
Le lien zoom vous sera communiqué après validation de votre inscription.
Informations également disponibles sur grandissons.org

Les devoirs : comment accompagner votre enfant Dys ou TDA/H ?

Grandissons collabore avec l’association Dys à Munich pour proposer une conférence interactive.

Deux dates au choix.

Conférences en ligne, gratuite, sur inscription, ouverte à toutes et tous.

Culpabilité

Par Elisabeth

Alors là, je ne vois pas du tout de quoi vous vous voulez parler !
La culpabilité, déjà, c’est un mot compliqué.
Et puis, moi, me sentir coupable ?! Jamais ! Et coupable de quoi, d’abord ? De ne pas être là à 100% avec mes enfants ? De les laisser de côté quand je suis occupée ? De les envoyer balader ? D’avoir parfois envie d’être seule, ou seulement à deux ? De partir deux, trois, quatre jours pour le travail ? De les laisser seuls avec leur père-super-artiste-cuisinier ? (Arg, quelle horreur !! … Ah zut, il est juste à côté de moi. Je crois qu’il m’a entendue… !)
Réflexion faite, effectivement, la culpabilité me parle un peu… En réalité, c’est un mot livré à la naissance du premier enfant. Une sorte de package : 1 bébé = 1 kit culpabilité offert !! Je dois désormais composer avec.
Mais là, maintenant tout de suite, la culpabilité, c’est soi-disant « priver mes enfants d’écran » (à 22h !). Ils sont là, mes deux chérubins, avec leurs yeux doux de petits chouchous. Ils essaient de m’amadouer et de me faire culpabiliser. Mais là, pour de vrai, ce soir, c’est sûr, promis, juré, à bas la culpabilité, non, c’est non, ça ne marchera pas !

Cinq minutes (Encore !)

Grandissons propose des ateliers Ecrivons entre parents. L’objectif ? s’amuser et laisser échapper toutes les pensées qui nous tournent dans la tête. Sur un thème lancé, chacun rédige son texte. Puis ceux qui le souhaitent lisent leur production, dans le plaisir du partage. Grandissons aura le plaisir pendant les prochains jours de pouvoir vous proposer certains des textes ainsi créés.

– Encore 5minutes et on passe à table !

– Oh nooooooo, on veut encore jouer maman, allez, encore 4 minutes, ou 3 minutes !

Par Lise

Il y a les cinq minutes éternelles, qui semblent ne jamais vouloir prendre fin, qui pèsent, qui angoissent.

Dans 5 minutes, si vous poussez bien, vous aurez votre bébé dans les bras…

Dans 5 minutes il va se réveiller, vite, dormir, dormir, il faut que je dorme au moins 5 minutes !

Combien de tranches de 5 minutes cette crise de hurlements durera-t-elle ?…

Dans 5 minutes, on part, chaussures-manteau-sac, hop hop hop ! Naaaaan, tu n’as même pas commencé à t’habiller, on est déjà en retard !…

Quand rentrera-t-il ce soir ? Encore 5 minutes et je lui téléphone…

Et puis, il y a les 5 minutes éclair, volatiles, insaisissables, que l’on voudrait pourtant conserver à jamais…

5 minutes de tétée volées seuls tous les deux, à la nuit…

5 minutes de regard intense, plongés dans les yeux l’un de l’autre…

5minutes tout blottis….

5 minutes de récits plein de «et tu sais, tu sais, tu sais, en fait, moi je voudrais bien être une une une licorne, et toi tu serais, eh ben tu serais la plus belle préférée du monde maman que j’aime !»…

5 mn dans la rue petite main dans ma main…

5 minutes de conversation avec toi que je connais si bien…

5 minutes à te fixer pendant que tu grandis et que tu suis ton chemin, dont l’horizon est si loin de mes bras…

Minuit

Ce 25 mars 2021, Grandissons a proposé son premier atelier Ecrivons. L’objectif ? s’amuser et laisser échapper toutes les pensées qui nous tournent dans la tête. Sur un thème lancé, chacun rédige son texte. Puis ceux qui le souhaitent lisent leur production, dans le plaisir du partage. Grandissons aura le plaisir pendant les prochains jours de pouvoir vous proposer certains des textes ainsi recueillis.

Deux Haïkus par Olivier

Minuit, l’heure du crime
C’est pas l’heure de se coucher ?
Cinq minutes, j’y vais…

Milieu de la nuit
ça se lève pour faire pipi
Plus léger, ravis…

Cinq minutes (une autre fois)

Par Delphine

Cinq minutes Le temps qu’il me reste avant la sonnerie. Cinq minutes. Si je marche à reculons, elles rallongeront. Je me retourne. Le brouhaha dans mon dos forme comme un immense coussin sonore, fait de voix d’enfants entremêlées, certaines joyeuses, d’autres effrayées, toutes chargées de vitalité. Des bribes de conversations me parviennent. Les questions soulevées passionnément me paraissent absurdes, leur logique enfantine m’échappe. Quelques pas de plus et me voilà déjà au cœur de la mêlée. Si je ferme les yeux, les minutes s’étireront.

Près de mes pieds roulent des billes. Un avion en papier couvert de messages guerriers frôle mon oreille. Toute une troupe de galopins passe à cent à l’heure sans me remarquer. Deux petites mains s’agrippent soudain à ma jambe, cachette inespérée, le petiot pivote puis s’élance dans un rire strident, échappant à ses poursuivants.

Encore dix pas, rythmés par une grande corde qui frappe le sol régulièrement, toujours à l’instant même où s’élèvent six pieds d’acrobates en herbe, si bien coordonnés. L’air fouetté par la corde soulève mes cheveux, caresse ma joue. Une voix, haute et légère, fredonnant un refrain presque oublié, se faufile à travers la mêlée et parvient à mes oreilles. À moins que ce ne soit un souvenir, mon propre chant enfin revenu, alors que je l’avais laissé s’enfouir de plus en plus profondément dans les tréfonds de ma mémoire, étouffé sous les épaisseurs toujours plus nombreuses des expériences nouvelles, sous ce amas quasiment impénétrable des préoccupations quotidiennes, impérieuses qu’elles soient graves ou futiles. Ce refrain familier s’est frayé un chemin jusqu’à moi, et voilà qu’en retour, à travers le tourbillon des jeux et cris d’enfants, je parviens peu à peu à glisser vers lui. J’ai découvert le sentier sinueux menant à ce souvenir, à mille autres aussi, plus jamais je ne le laisserai s’effacer de nouveau.

Quand la sonnerie retentit, je ne crains plus l’oubli. Ce sentier, je le connais maintenant, et me sens prêt à le retrouver dès qu’un moment paisible m’en laissera le loisir. Confiant, je relève les paupières, laisse un instant la lumière silencieuse m’envahir, et avec elle la conscience aiguë des tâches à accomplir jusqu’à la prochaine pause, aux prochaines « cinq minutes »

Cinq minutes

Par Olivier

Ce 25 mars 2021, Grandissons a proposé son premier atelier Ecrivons. L’objectif ? s’amuser et laisser échapper toutes les pensées qui nous tournent dans la tête. Sur un thème lancé, chacun rédige son texte. Puis ceux qui le souhaitent lisent leur production, dans le plaisir du partage. Grandissons aura le plaisir pendant les prochains jours de pouvoir vous proposer certains des textes ainsi recueillis.

Premier thème : « Cinq minutes ».

J’ai un quart d’heure pour penser à tout ce qu’on peut faire en cinq minutes. C’est parfait, je me glisse dans la peau de mes enfants pour qui « vite », ça veut dire « tranquille » et « plus que cinq minutes de Switch », ça veut dire un quart d’heure justement (voir plus). Les vaches… Des fois, c’est à mon avantage. « Tu vas voir, le mauvais goût du médicament, ça reste à peine cinq minutes dans la bouche ». Bim ! Un quart d’heure plus tard, c’est encore tout amer. Ou alors « ne vous inquiétez pas, je bois un café sur la place et j’arrive dans cinq minutes ». Un quart d’heure plus tard « Allo Papa, t’es où ? On s’inquiète ! ». « Oui bon, tranquille quoi, on n’est pas aux pièces… ». Cinq minutes, ça veut dire parfois trente-sept secondes, ou trois minutes vingt-deux, ou six minutes quarante-sept. Ça veut tout et rien dire quoi. On pourrait dire « deux secondes » à la place, ça serait plus pratique. « Papa, tu restes encore cinq minutes pour l’histoire ? ». Et hop, deux secondes plus tard, me voilà peinard pour ma soirée.

La naissance de Soline par son papa, Olivier

par Olivier


Je suis à mon bureau. Mon téléphone est devant moi et sonne. C’est Clo qui m’annonce qu’elle a des contractions plutôt irrégulières, mais fréquentes depuis quelques minutes et que cela ne passe pas malgré le fait qu’elle soit allongée.
Depuis ces derniers jours, les alertes de ce type sont régulières et finissent par passer.
Je descends et en voyant le visage de Clo, je sais. Je sais que ce sera pour cette nuit. J’en suis sûr, je connais ce visage. Je l’ai déjà vu. Je ne suis pas sûr qu’elle le sache encore et je la laisse me dire son avis, ses ressentis. Pas d’utérus…pas d’avis. Il est 22h40-45.
Clo va prendre une douche et je l’entends, à chaque contraction. Je regarde l’heure. Le temps est comprimé, compressé. On était à environ 7 min d’intervalle dans le lit, on arrive à 5 en arrivant dans la douche… il ne s’est pourtant écoulé que quelques minutes. Soit la maison est vraiment grande…soit… Clo marche vraiment lentement… les deux ?
C’est vrai que nous avons fait des travaux. Une belle extension, une chambre pour chacun des enfants… en tous ças sur les plans. C’est qu’elle est grande cette maison maintenant, la chambre est devenue « loin » de la salle de bains. Et puis, une fois les plans signés, le garage abattu, les fondations et la dalle coulées, la maçonnerie faite, nous apprenons qu’il nous manquera finalement 12-15 m2… une chambre quoi. Mais revenons au 12 mars 22h55.
Avant que Clo n’aille dans sa douche, je vais allumer le petit poêle pour qu’elle ait plus chaud dans la salle de bains, allumer la lampe de sel prêtée par Leslie pour la lumière douce et tamisée…
J’envoie un SMS à Cindy, notre amie la plus proche de la maison et d’astreinte pour garder le reste de la descendance : « Tiens-toi prête, je pense que c’est pour ce soir. Je te redis. ». Dans la foulée, j’appelle S., la sage-femme qui nous a suivi durant toute la grossesse avec M.    S. a une 1h30 de route et vu la vitesse de rapprochement des contractions, je sais que S. ne sera pas là pour l’arrivée de la puce. C’est pas grave, on l’avait, anticipé…prévu… et Clo l’a tellement souhaité. Ça va le faire…

Dix minutes après mon SMS, je rappelle Cindy pour confirmer, oui, il faut que tu viennes !

Depuis 10 min, je navigue à vue : Clo à une contraction, je la rejoins dans la salle de bains. Elle est sous sa douche, cambrée, je lis la douleur sur son visage, accrochée aux poignées de la porte… (pourvue qu’elles ne cassent pas ses poignées, on serait bien emmerdés -> Oui parfois la pensée joue des tours, mais c’est pas le moment de le dire… pas sûr qu’elle apprécie ma remarque pleine de pragmatisme pourtant) Il fait chaud, humide et presque noir pour moi qui viens de pièces éclairées… j’ai l’impression de rentrer dans un hammam. La contraction est passée, je file chercher la caisse avec toutes les affaires prévues pour l’accouchement, le matelas… une nouvelle contraction (déjà !!!). Je retourne dans la salle de bains. Whaou, il fait chaud, tellement chaud ici. Le chauffage marche tellement bien dans ce petit espace…(et toujours ces poignées de porte de douche, non parce que ça a l’air fragile quand même tout ça…surtout qu’elle a de la force dans ces moments là…). Le choc thermique entre chaque pièce est énorme. J’ai l’impression d’être partout et nulle part, de passer d’une action à une autre. Je sais ce que j’ai à faire, à préparer, mais ces contractions sont tellement proches. Je suis partagé entre l’envie de tout préparer pour que Clo soit dans les meilleures conditions, l’envie d’être avec elle lors des contractions pour la soutenir (y paraît que je sers à ça dans ces cas là…moi j’ai juste l’impression d’être inutile, de la regarder avoir mal, sans rien pouvoir faire…). Ha mes pensées !

Cindy arrive, on se fait un rapide briefing de la situation et je la mène vers son « poste de veille ». Nous échangeons rapidement parce que Clo à une nouvelle contraction (ouf, elle s’est tournée dans la douche ! – les poignées sont sauvées…). Elle gère, je la sens « bien ». Elle ne me semble pas submergée par la douleur et accompagne vraiment bien ces contractions, les montées, les descentes. Elle respire bien et à l’air de profiter des pauses… ha oui !!! Merde ! Attiser le feu de cheminée, parce que la température de la salle de bain est vraiment bien différente du salon… Même devant la cheminée. Mettre les vieux draps en guise d’alèse, préparer le duvet, les serviettes…Une nouvelle contraction !

De 5 minutes d’intervalle en début de douche, nous voici à 3, 1 minute en sortie de douche. Il doit être au alentour de 23h20-30… je ne sais plus trop en fait. Je ne chronomètre plus les contractions depuis longtemps maintenant. Clo est sortie tant bien que mal de la douche, postée en appui sur le bac à linge, ça contracte fort… Mes pensées disent: non ! Pas ici, pas dans la salle de bains…. Oui, je sais que M. et S. trouvaient l’endroit « adapté » pour l’accouchement : pièce petite, chaude, bien cocon… position debout (bah parce que c’est le plus fréquent d’accoucher debout à la maison…) la pièce semble sympa pour un accouchement à domicile… sinon la chambre (mais Clo ne veut pas pour ne pas risquer de tâcher le cisal – moi c’est les poignées de douche… elle le cisal de la chambre… chacun son truc)…

Mais NON ! Je ne veux pas ici, je n’aime pas trop cette pièce, en tout cas pas au point de vouloir voir ma fille naître ici. Mais Clo, sa position, le rythme des contractions me laisse penser que ça peut se faire ici…et maintenant. « Elle descend ! » Non, pas ici !

J’arrive à l’entraîner dans le salon. Tout est prêt, même la bougie est allumée… Pfff, j’ai mis 35-40 minutes pour installer 3 conneries… mais qu’est-ce que j’ai foutu en fait !!!

Clo arrive dans le salon. Ouf ! C’est le plan, l’image prévue depuis le début de la préparation… accoucher devant la cheminée allumée seulement éclairé par une bougie…
On y est ! Maintenant c’est quand tu veux !

Je suis assis sur le canapé. Posé. Le répit est très court. Clo veut se poser avec moi, mais ne parvient qu’à rester à accroupi devant la table basse. Une contraction.
Ok, ce sera là… là, dans cette position qu’elle accouchera… Dans combien de temps ?

En quelques secondes, je revois, repense à la genèse de ce projet, aux discussions avec M. et S. lors la préparation. Le vortex de la naissance. Pour le moment, j’ai surtout l’impression que Clo stagne dans un état du vortex et ne monte pas. Elle n’est pas « partie », loin, sans moi, vers sa destinée de femme qui met au monde un enfant. Je la sens avec moi, bien présente. Elle gère, encore et comme toujours la douleur. Je suis impressionné. Impressionné par ma femme, ce qu’elle est capable de faire lors des accouchements. Impressionné par ce qu’on est en train de faire. On va accoucher ici, c’est sûr ! On va accoucher à la maison ! Seuls ! Truc de ouf !
Quelle aventure un AAD. Je me rappelle la première fois que Clo m’en a parlé. Elle était enceinte de Liam.
Nous sommes dans le salon, elle regarde un groupe Facebook sur l’AAD. Je vois sa fascination, son envie…ses yeux… et ma peur. Dans ma tête, c’est juste l’horreur : Accoucher à la maison ! A quoi sert 200 ans de sciences et de progrès médicaux pour aller risquer un accouchement à la maison !!! Oui mes premières pensées ne sont jamais vraiment fun en fait… j’me rends bien compte !
Mais j’écoute Clo, elle me raconte, m’explique et me fais rire. Elle s’emballe dans ses explications, les vit… j’aime tellement la voir dans ces moments, je n’écoute plus en fait, je vibre, je contemple et je finis par dire oui. Je finirais de toute façon par dire oui. Je le sais déjà. Quand elle est enflammée comme cela, elle est irrésistible… de quoi parle-t-elle au fait… Accoucher à la maison… ouioui… euh nonnon ! C’était il y a près de trois ans. Les circonstances avaient fait que cela avait été impossible à faire pour Liam.
Mais là… plus d’excuse. Clo me reparle très vite de ce projet, son projet. Je l’accepte sans contrainte même si je reste sur la réserve. J’ai toujours un peu peur quand même mais je la sens tellement sûre d’elle… et puis il y a Sophie et Marie. Les peurs sont surtout dûes à mon conditionnement, mon ignorance. Clo le sait et me connais trop bien donc elle me guide et me rassure. Et puis je lis, sur la physiologie de l’accouchement, sur comment ça se passe dans des pays où le système de santé est moins performant qu’ici. J’intellectualise et me rassure et puis il y a S. et M. Avec elles, ça a l’air tellement simple, et tellement normal d’accoucher… et puis Clo est tellement bonne accoucheuse ! Ça devient tellement naturel en fait. Elles me rassurent toutes les trois. Au fil des semaines, Clo me partage son rêve…que l’on accouche tous les deux, seuls et que S. ou M. arrive après coup. Bizarrement, ça ne me fait pas peur, je m’en doutais…et puis je trouve ça cool comme naissance pour notre dernier enfant.

23h40-42. Clo est accroupie devant la table basse… elle n’a pas réussi à se lever. Les contractions s’enchaînent plus rapidement 1, 2, 3… s’il y a une minutes entre chaque, ce sont de toutes petites minutes. Je lui propose de pendre ses bras autour de mon cou pour relever son buste. Par le passé, cela l’avait soulagée… Trop douloureux ! Il faut plutôt se remettre les mains sur la table.

« Elle est là !!! Je sens sa tête !!! ».

Ses mots sont teintés d’excitation, d’assurance et de terreur…mélange particulier.

Nouveau flashback dans ma tête: « si sa tête arrive, tu poses ta main, et tu ne fais RIEN ! Tu l’accompagnes et tu fais en sorte qu’elle ne tombe pas »… facile à dire… t’as vu la position !

Rapide coup d’oeil, je vois ta tête et une main… Je pose ma main sur ta tête, c’est particulier, chaud, humide, un peu poisseux. Je sens tes cheveux…Ma main est tellement plus grande que la circonférence de ton crâne… La dernière contraction arrive. Je te sens arriver, doucement, facilement et dans mon esprit, sans bruit. Maman est à quatre pattes…en fait non, elle tient en équilibre, un genou au sol, une main sur la table l’autre sur moi…une jambe en l’air… je pense qu’à voir cela doit être drôle. Moi j’ai toujours ma main sur ta tête.
Doucement, je te sens arriver et je parviens à prendre ton épaule.
Je ne comprends toujours pas comment, mais entre la position de maman, la mienne, ta venue…un ballet tellement naturel se met en place, un seul mouvement, harmonieux se dessine… nous allons pivoter, maman se redresse pour finir assise, j’étais sur son côté et je finirais face à elle, et toi… Dans les bras … de maman.
Tu es sonnée…tu nous fixes…tu cries. Une fois. Tu as l’air d’aller bien. Il est 23h45.

Tes yeux noirs nous fixent… je connais ce regard, tes frères et ta sœur avaient le même. Intense, fragile, perçant, tu sembles lire en nous, mettre enfin des images sur ces voix que tu as entendu depuis plusieurs mois.
Tu es au chaud avec maman.
J’appelle S. pour lui annoncer ta naissance. Plus besoin de se presser ou quoi que ce soit… elle sera là dans 1h environ de toute façon.

Mahé a entendu maman et il descend. Tu as juste 2 minutes lorsque tu le rencontres pour la première fois. C’est beau ! Il est doux avec toi, comme toujours.

Je suis anesthésié en fait. Je ne sais plus ce qui se passe durant plusieurs heures ensuite, ce que je ressens. Comme pour toutes les autres naissances, mon premier ressenti a été du soulagement. C’est fait ! Tu es là et tu as l’air en forme. J’entends et sens ta respiration. Je sens ton odeur qui est bien la même pour tous mes bébés. Quel réconfort !!! Et puis très vite je ressens ta grande fragilité, et ma responsabilité à ton égard. Te faire grandir, te proposer les meilleures conditions pour que tout ton potentiel puisse s’exprimer un jour.

Et l’amour…? Ça fait plusieurs mois que je t’aime, que je suis inquiet pour toi, que tu fais partie de moi. Avant même de naître tu es déjà ma fille, mon 5e enfant. Tu as déjà y’a de la place dans notre famille, tu es déjà attendue. Alors que l’on ne se connaît pas, dès ce premier regard je te reconnais pourtant.

Dans ce moment, je ne perçois pas ce qu’on vient de faire… tu es née à la maison, dans notre maison… je suis le premier qui ai posé sa main sur toi, ton premier contact avec le monde, c’est moi. Voilà 1 mois que tu es née et je réalise seulement que c’est rare, exceptionnel ce qu’on a fait avec maman. Je ne ressens pas de fierté particulière pour cela, sauf que l’on a fait ce que l’on souhaitait et c’est sympa. Tu as pu rencontrer Éléa et Mahé un peu plus tard dans la nuit et Loïs et Liam le lendemain matin. À chaque fois, cela a été très sympa de les voir t’observer avec tendresse et délicatesse.

Je suis aujourd’hui un papa comblé d’enfants. Jamais je n’avais imaginé en avoir autant et j’en suis très heureux. Vous êtes chacun unique et en même temps un tout. Je vous aime.